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CINETOM
25 janvier 2024

DÉCÈS DU CINÉASTE AUSTRALIEN NORMAN JEWISON

         

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           DÉCÈS DU CINÉASTE AUSTRALIEN

         NORMAN JEWISON     1926 - 2024

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Le réalisateur canadien Norman Jewison, auteur de films devenus cultes à Hollywood qui comprend notamment les films "Dans la chaleur de la nuit" et "Jesus Christ Superstar", est mort samedi 20 janvier 2024 à l'âge de 97 ans. Le cinéaste est "décédé paisiblement", selon un communiqué de son agent Jeff Sanderson, qui indique que des cérémonies en son honneur auront lieu "ultérieurement à Los Angeles et à Toronto".

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Norman Jewison est né le 21 juillet 1926 à Toronto (Canada), Norman Jewison est élevé par des parents protestants qui tiennent un commerce en-dessous de leur appartement. Mais à cause de son nom, le jeune homme est harcelé à l'école par ses camarades qui le croient juif, selon le New York Times.

Des études de lettres, d'arts et de musique, partir tenter sa chance à Londres. Entretemps, il avait exprimait très tôt un intérêt pour le cinéma et le théâtre, et, après avoir gagné ses premiers deniers comme chauffeur de taxi, trouve un emploi à la télévision canadienne CBC dans les années 50. Il y passera sept ans avant de s'aventurer dans l'univers de la télévision américaine, puis du cinéma. Son premier film en tant que réalisateur à Hollywood, "Des ennuis à la pelle", remonte à 1962.

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Au début des années 60, plusieurs réalisateurs d'origine canadienne passèrent de la télévision au cinéma. Norman Jewison est le plus connu d'entre eux; il est aussi celui qui a remporte le plus de succès. Après avoir obtenu son diplôme de l'Université de Toronto, il débute comme réalisateur en Angleterre, à la BBC. Il enchaîne en signant diverses réalisations pour CBS-TV, au Canada, puis pour CBS toujours, mais à New York.

En 1962, il est engagé à Hollywood par Universal. Dès lors, tout ce qu'il va tourner figurera au box-office en bonne place, si l'on excepte toutefois quelques films réalisés en dehors des Etats-Unis dans les années 70. Son œuvre est dans son ensemble une vue panoramique des Etats-Unis du XXe siècle. Notons qu'il filmera beaucoup en extérieurs, présentant tour à tour le Chicago des années 1910, Cleveland vers la fin des années 30, Washinghton dans les années 50 et le Sud "profond" dans les années 40. Mais il nous montrera également de nombreuses villes comme Los Angeles, Boston ou Baltimore, telles qu'elles sont actuellement. A l'étranger, il tournera aussi plusieurs films, mais avec des acteurs américains bien souvent. Par exemple, "Jésus-Christ Superstar" (1973) "Rollerball" (1975) et "Un Violent sur le toît" (Fidder On the Roof,1971) seront réalisés respectivement en Israël, à Munich et en Yougoslavie ainsi qu'aux studios Shepperton, en Angleterre.

Jewison débute donc à Hollywood en 1962 : "Des Ennuis à la pelle" (40 Pounds of Trouble), une comédie avec Tony Curtis. Il réalise le film au Nevada et en Californie. On ne retiendra qu'une remarquable poursuite à travers Disneyland. Ensuite, toujours pour Universal, il signe notamment  deux comédies avec Doris Day. Jewison expliqua : "Si, à cette période, j'ai néanmoins beaucoup aimé travailler avec Doris Day, certains critiques l'ont classée comme étant le stéréotype artificiel de la fille-que-l'on-rencontre-partout. J'apprécie pourtant beaucoup ses performances dans ce rôle." 

En 1965, on lui offre de remplacer Sam Peckinpah sur le tournage du "Kid de Cincinnati" (The Kid Cincinnati Kid). C'est pour lui l'occasion de prouver enfin qu'il est capable d'innover; Jewison nous fait découvrir la Nouvelle-Orléans; Karl Malden, Steve McQueen et Edward G. Robinson excellent dans les rôles de joueurs de poker professionnels. On dira cependant que ce n'est qu'un remake de "L'Arnaqueur" (1961), en moins bien; et le succès de ce "premier film d'auteur" sera modeste. Toutefois, l'année suivante, le réalisateur signe "Les Russes arrivent, les Russes arrivent" (The Russians Are Coming, The Russians Are Coming,1966), beaucoup mieux accueilli par le public. C'était un projet professionnel, Jewison s'était associé au scénariste William Rose qui avait adapté très librement un roman de Nathaniel Benchley, "The Off-Islanders". Les deux hommes avaient eu beaucoup de difficulté à convaincre une major company de les financer. Finalement, la société de Walter Mirisch avait accepté de produire le film, United Artists se chargeant de la distribution. c'était donc la première fois que Jewison allait être producteur exécutif pour le compte de Mirisch. Le film est une parodie de la Guerre Froide : une petite communauté isolée de la Nouvelle-Angleterre se persuade qu'elle est attaquée par un sous-marin soviétique ! Celui-ci apparaît comme le requin blanc des "Dents de la mer". La performance de Alan Arkin, dans le rôle tout aussi comique du lieutenant de vaisseau russe, sera récompensée par une nomination à l'Oscar.

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En 1967, Jewison signe "Dans la chaleur de la nuit" (In the Heat Of the Night), le scénario est de Stirling Silliphant, le montage du futur cinéaste Hal Ashby. Tous deux sont récompensés par l'Academy Award, tandis que le réalisateur reçoit sa première nomination à l'Oscar, mais, surtout, le film lui-même reçoit le prix. Or, son thème est profondément anti-raciste : le shérif interprété par Rod Steiger d'une petite ville du Sud accepte de collaborer avec un inspecteur réputé de Philadelphie joué par Sidney Poitier, bien que ce dernier soit un Noir. Certes, au cours de leur enquête commune sur un meurtre, cette "association", fortuite, ne se fera pas sans heurts, mais le message est clair !. Mais aux Etats-Unis, son héritage reste surtout celui d'un cinéaste intéressé par la question sociale. Grâce notamment à la marque laissée par "Dans la chaleur de la nuit", qui a remporté cinq Oscars en 1967, dont celui du meilleur film.

L'année suivante, Jewison remporte un autre grand succès avec "L'Affaire Thomas Crown" (The Thomas Crown Affair,1968). C'est un film sophistiqué, habilement réalisé, même s'il ne fait que reprendre un vieux thème : celui du jeune-beau-riche héritier qui s'amuse à défier la loi. Steve McQueen et Faye Dunaway nous y représentent la plus érotique des parties d'échec de l'histoire du cinéma. Après Boston, Jewison nous montre Chicago au début du siècle : c'est "Gaily, Gaily" (1969), officiellement d'après le récit autobiographique de l'écrivain Ben Hecht, qui aurait passé son enfance dans une maison close de cette ville. En fait, Jewison traite superficiellement un sujet qui aurait pu être fascinant. Tôt ou tard, ce réalisateur de "Special TV" (pour Harry Belafonte, Judy Garland et bien d'autres) allait se lancer dans la comédie musicale. C'est à présent chose faite : la même année, il a adapté à l'écran une pièce à succès de Broadway "Un Violon sur le toît" (A Fiddler On the Roof,1969). Son film suivant est également une comédie musicale d'après une pièce de théâtre célèbre, "Jésus Christ Superstar" (1970).Ses nombreux films lui ont notamment valu d'être nominé trois fois pour l'Oscar du meilleur réalisateur.

En revanche, "Rollerball" (1975) est une remarquable rétrospective sur les jeux du cirque dans notre société, dans un futur proche. On lui reprochera néanmoins sa violence extrême (les émeutes sur les terrains de football n'avaient pas encore fait la une de la presse !). "F.I.S.T." (1978), écrit par Joe Eszterhas, devait être l'histoire de la naissance du Syndicat des camionneurs (tout puissant aux Etats-Unis). Nous aurions dû découvrir ce que fut sa lutte pour être reconnu. Hélas, Sylvester Stallone n'accepte de tenir le rôle principal que s'il peut "revoir" le script. De ce fait; le film se transforme en une sorte de Rambo-Rocky chez les syndicalistes !

Jewison veut, avec son film suivant, dénoncer les "injustices de la justice". Mais son..."Justice pour tous" (And Justice For All,1979) ne nous montre que des juges pervers ou fous, que des avocats hystériques ou anticonformistes; en s'éloignant ainsi de la vérité, il perd tout chance de nous convaincre. Al Pacino, enfiévré comme à l'habitude, est néanmoins nominé pour sa performance dans le rôle d'un "avocat-justicier". Les deux scénaristes, Valerie Curtin et son mari Barry Levinson (futur réalisateur du film "Le Meilleur avec Robert Redford"), également nominés, proposent au réalisateur un autre script, "autobiographique" celui-là, puisqu'il s'agit des mésaventures d'un couple de scénaristes ! Jewison l'accepte, et réalise "Les Meilleurs amis" (Best Friends,1982), avec deux têtes d'affiche, Burt Reynolds et Goldie Hawn. C'est bien sûr une comédie, durant laquelle on s'amuse parfois. Jewison décide alors de prendre à nouveau des risques, ce qu'il n'avait pas fait depuis longtemps. Adaptant à l'écran la pièce de Charles Fuller (Prix Pulitzer), il tourne "Soldier's Story" (A Soldier's Story,1984) avec des comédiens presque tous noirs. On retrouve le thème anti-raciste de "Dans la chaleur de la nuit", mais cette fois, l'action se située dans une base militaire, au sud des Etats-Unis, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale : le seul gradé noir, un sergent, a été assassiné. Le Pentagone envoie un officier enquêter sur place. Quelle n'est pas la surprise des officiers blancs en poste lorsqu'ils découvrent qu'ils devront subir des interrogatoires de la part d'un lieutenant noir, avocat dans le civil.

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Le film est plusieurs fois nominé. Depuis, Jewison, a adapté une autre pièce "sérieuse" de Broadway, "Agnès de Dieu" (Agnes of God,1985), avec Jane Fonda, Meg Tilly et Anne Bancroft. Norman Jewison s'est imposé au cours de sa carrière comme l'un des cinéastes les plus éclectiques d'Hollywood. Ses nombreux films lui ont notamment valu d'être nominé trois fois pour l'Oscar du meilleur réalisateur. Jewison a également réalisé un film avec Denzel Washington dans "Hurricane Carter" (1999): au cours de sa longue carrière, Norman Jewison a dirigé les plus grands noms d'Hollywood. Il a également collaboré avec le Français Gérard Depardieu, qu'il met en scène avec Whoopi Goldberg dans "Bogus" en 1996.

Sous les atours d'un simple film policier, le cinéaste y aborde les tensions raciales américaines, fracture fondatrice des Etats-Unis. La légende Sidney Poitier, première vedette noire d'Hollywood, y incarne un policier de Philadelphie qui se retrouve accusé de meurtre dans le Mississippi, et doit mener l'enquête avec le shérif blanc local en composant avec le racisme des habitants."Les films qui traitent des droits civiques et de la justice sociale sont ceux qui me sont les plus chers", avait déclaré Norman Jewison, rappelle lundi le New York Times. Le Centre canadien du film, institution de formation créée par Norman Jewison en 1988, a dit lundi pleurer un "visionnaire" et une "icône nationale", connu "pour son engagement en faveur de la justice sociale".

Denzel Washington dans "Hurricane Carter" (1999): au cours de sa longue carrière, Norman Jewison a dirigé les plus grands noms d'Hollywood. Il a également collaboré avec le Français Gérard Depardieu, qu'il met en scène avec Whoopi Goldberg dans "Bogus" en 1996. Un ultime film aura été tourné en 2003 "Crime contre l'humanité" ( (The Statement) avec Michael Caine, Alan Bates et Charlotte Rampling. Ses films ont récolté 46 nominations aux Oscars au total et ont été récompensés 12 fois. De quoi notamment permettre à la chanteuse pop Cher de remporter l'Oscar de la meilleure actrice, pour sa romance avec Nicolas Cage dans "Eclair de Lune" (Moonstruck,1987). Norman Jewison décède le 20 janvier 2024 à l'âge de 97 ans à Los Angeles (Etats-Unis).  

                            Le Piment de la vie - 1963 -

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             Gare à la peinture - 1965 -

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          Crime contre l'humanité - 2003 - 

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 *Affiches-cine * Cinetom

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