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CINETOM
27 janvier 2024

JOHN CASSAVETES, UN CINÉASTE SOUS INFLUENCE

     JOHN CASSAVETES      1929 - 1989 

      Cinéaste, Acteur, Producteur, Scénariste Américain

   AA01JC004                                                                                                                                                                                                                                                              John Cassavetes occupe une place unique dans le cinéma américain pendant plus d'une trentaine d'années. Excellent acteur, mais refusant de s'intégrer au "système", il ne s'est orienté vers la réalisation que dans un seul but, celui d'avoir un contrôle plus grand sur sa propre carrière cinématographique. Ses conceptions personnelles de la création et son refus des concessions ne lui ont pas simplifié la tâche, surtout à ses débuts. Il le reconnaît volontiers : "Pour être créatif, il vous faut d'abord découvrir ce que vous avez à dire, puis vous arranger pour l'exprimer. C'est ce que je m'efforce de faire dans mes films et c'est la même raison pour laquelle je tourne des films !"

John Cassavetes est né le 9 décembre 1929 à New York, fils d'un immigré grec qui avait fait fortune dans les affaires avant de tout dilapider, Cassavetes étudie au Colgate College et se spécialise dans la littérature anglaise. Enfant, il déteste l'école, il est indiscipliné. Très jeune, il abandonne ses études mais c'est pour rejoindre des amis à l'American Academy Of Dramatic Arts pendant une année; pour lui, ce n'est qu'un système pour pouvoir draguer les filles ! Néanmoins, on remarque son talent. Marlon Brando et James Dean ont du succès depuis peu.

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Il fait ses débuts dans une troupe théâtrale. Au cinéma, on le voit pour la première fois dans "Quatorze heures" (Fourteen Hours,1951) de Henry Hathaway, où il tient un petit rôle. C'est grâce à la télévision qu'il commence à percer avec des rôles de jeunes délinquants. Au milieu des années 50, il donne un condensé de tous ces personnages de voyous dans un film qui raconte l'histoire d'une famille prise en otage par un bande de malfaiteurs dont il tient le rôle du chef de bande dans "Face au crime" (Crime In the Streets,1956) de Don Siegel, puis celui d'un héros rebelle (à la Marlon Brando, dans "Sur les quais") dans "L'Homme qui tua la peur" (Edge Of the City) de Martin Ritt, deux films sortis en 1956. Ses airs de dur au cœur tendre pourraient bien séduire le public de la même façon, selon les producteurs. On lui fait jouer "son" personnage dans une série TV. Puis, en 1955, il débute au cinéma dans "Nuit de terreur" (The Nights Holds Terror) de Andrew L. Stone.

En 1957, il fonde avec son ami Burt Lane un atelier de perfectionnement d'acteurs à New York. Cette année-là lui vient l'idée de tourner en 16mm un exercice d'improvisation. Pour financer l'opération, des milliers d'auditeurs de l'émission de John Shepherd prennent le pari de se cotiser. S'il avait longtemps hésité, il ne peut plus reculer à présent. L'entreprise va l'occuper à temps partiel pendant près de trois ans. Il n'a pas l'expérience de la réalisation. Aussi l'acquiert-il progressivement avec le système classique "essai-erreur". Comme il continue d'apparaître dans divers films, il a bientôt les moyens financiers de poursuivre sa production; on lui a proposé d'être la vedette d'une série TV, "Johnny Staccato" en 1959-1960. Cassavetes va utiliser l'argent ainsi gagné pour financer son premier film expérimental. Il accepte et termine ainsi "Shadows"; c'est un petit film très efficace, interprété par des inconnus talentueux habitués à répéter sur des sujets proposés par Cassavetes. Le film raconte les tensions raciales existant dans une même famille, entre deux frères noirs et leur sœur qui pourrait presque passer pour une femme blanche. "Shadows" mieux accueilli à Londres qu'aux Etats-Unis, retient néanmoins l'attention d'un dirigeant de la Paramount qui invite Cassavetes à Hollywood pour tourner "La Ballade des Sans-Espoirs" (Too Late Blues,1961), avec Stella Stevens et Bobby Darin. Même s'il ne se sent pas à l'aise au milieu de tout ce "beau monde", le réalisateur réussit à rendre à l'écran l'univers du jazz. Toutefois, il ne sera pas satisfait de son propre travail.

L'année suivante, il signe  "Un Enfant attend" (A Child Is Waiting,1963), avec Burt Lancaster et Judy Garland. Situé dans un institut pour enfants attardés, ce film sera d'ailleurs achevé par le producteur Stanley Kramer, qui remplace Cassavetes au bout de quatre mois de tournage. Officiellement, la cause de ce renvoi tenait à certaines divergences entre les deux hommes sur la façon de traiter un sujet aussi délicat, mais selon Cassavetes le différend, contrairement à ce que soutient Kramer, vont de ce qu'il estimait qu'il était impossible de mettre en scène un drame sur de jeunes débiles mentaux. Apparaissait dans ce film une actrice de talent issue du théâtre : Gena Rowlands, future femme de Cassavetes et interprète d'au moins cinq films réalisés et produits par son mari.

Il ne faudra pas moins de cinq ans avant que John Cassavetes ne fasse un retour en force à la réalisation. Cela se produisit en 1968 avec un drame psychologique, "Faces", centré sur la classe moyenne américaine urbaine - milieu qu'il allait retrouver dans deux œuvres postérieures : "Husbands" (1970) et "Ainsi va l'amour" (Minnie and Moskowitz,1971). Mais durant ces cinq années John Cassavetes n'était pas resté inactif. Outre le tournage et le montage de "Faces", film en 16 mm, il donnait quelques-unes de ses meilleures compositions : en 1967 dans "Les Douze Salopards" (The Dirty Dozen) et en 1968 "Rosemary's Baby". Cette fois encore, il puisa dans ses revenues d'acteur pour financer son projet. Curieux rapprochement : dans "Rosemary's Baby", il jouait le rôle d'un acteur qui vend sa femme au diable, et qui reçoit en échange un contrat avantageux. Un peu avant, en 1964, Cassavetes avait joué dans "A bout portant" (The Killers, nouvelle version modernisée du chef-d'œuvre de Siodmak.

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Après avoir, à force de ténacité, monté "Faces", dont la première version durait six heures, Cassavetes le réduit à 126 minutes, le "gonfle" ensuite au format 35 mm, avant de consacrer beaucoup de temps et d'énergie au lancement du film. Ses efforts sont récompensés par un succès indiscutable. Cette sorte de saga de la frustration sexuelle, où les aventures d'un couple de banlieusards paumés incarnés par Lynn Carlin et John Marley se mêlaient à celle d'une call-girl, joué par Gena Rowlands et d'un gigolo interprété par Symour Cassel, un des acteurs préférés de Cassavetes, rencontre la faveur du public sensible à ses éclats de rire nerveux, à ses personnages mal dans leur peau et solitaires. Avec ce film le style de Cassavetes, un style dont on a dit qu'il consiste à donner aux acteurs assez de corde pour se pendre, s'impose définitivement.

"Husbands", premier film indépendant qu'il tourne en couleurs et en 35 mm est aussi le premier dont Cassavetes ait signé la réalisation et le scénario, en plus du rôle de premier plan qu'il y joue. Pour ce film, Cassavetes reçoit l'aide de deux amis, les acteurs Ben Gazzara et Peter Falk, qui formèrent avec lui un trio de boit-sans-soif noyant dans l'alcool le malheur qui les a frappés : la mort d'un ami très cher. En décrivant l'errance du petit groupe de la banlieue new-yorkaise à Londres et retour, Cassavetes affirme plus que dans tout autre film l'aspect dépouillé et nerveux de son style.

Au début des années 70, Cassavetes se voit proposer le rôle principal d'un film écrit et dirigé par Elaine May "Mikey and Nicky" (1976). L'affaire tourne au véritable cauchemar non seulement à cause de son intrigue, une histoire d'obsession paranoïaque et de trahison entre deux gangsters amis se déroulant à Philadelphie en une seule nuit, mais aussi à cause d'une série de difficultés; le film ne sera achevé et distribué que six ans plus tard. "Ainsi va l'amour", petite comédie décontractée sur la liaison d'un gardien de parking (Seymour Cassel) avec une femme employée dans un musée (Gena Rowlands), est suivi, en 1974, d'un retour au drame psychologique sans concession avec "Une Femme sous influence" (A Woman Under the Influence), qui obtint un grand succès. Portrait désespérant d'une mère de famille d'origine ouvrière, incarnée par Gena Rowlands, mariée ici à Peter Falk, poussée à la dépression nerveuse par son milieu répressif, le film est une sorte de prolongement de "Faces".

Comme on le remarque une fois de plus avec ce film, Cassavetes semble ne pouvoir s'exprimer qu'avec ceux qu'il connaît bien : famille et amis sont régulièrement mobilisés. On relève en effet au générique les noms des Cassavetes, des Rowlands et des Cassel - grands parents et enfants compris. Il en sera de même dans les trois réalisations suivantes : "Meurtre d'un bookmaker chinois" (The Killing of a Chinese Bookie,1976), "Opening Night" (1978) et "Gloria" (1980). Les moments les plus forts de "Meurtre d'un bookmaker chinois" sont accompagnés d'une chanson intitulée "I Can't Give You Anything But Love" (Je ne peux te donner rien d'autre que de l'amour). ces mots résument bien ce qu'il y a de passionnel, de libre et d'intuitif dans le cinéma de Cassavetes. C'est une manière de filmer qui plonge au plus profond des personnages pour saisir leur vérité au-delà des blocages et des refoulements. Démarche empreinte de générosité : connaître et comprendre l'autre n'est-ce pas finalement l'accepter tel qu'il est ?.

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Après le tournage de "Opening Night en 1978, film difficile qui ne sortira qu'en 1992. Son film suivant obtiendra le plus large succès public avec "Gloria", polar tourné à New York, il met en scène la mafia de la ville à la poursuite d'une certaine Gloria Swenson, une forme d'hommage non dissimulé à Gloria Swanson, jouée par Gene Rowlands. Présenté au Festival de Venise, le film obtient le Lion d'or. John Cassavetes reviendra ensuite à un cinéma bien plus autobiographique avec "Love Steams". Adapté d'une pièce de théâtre de Ted Allan et mise en scène par le cinéaste en 1981 avec Gena Rowlands et Jon Voigt, le film est, de manière détournée, le bilan du couple Cassavetes-Rowlands et se déroule en grande partie dans leur propre maison, où l'on retrouve les décors de "Faces" et les quelques tableaux peints par le réalisateur. On y retrouve les thèmes chers au réalisateur, comme la folie, la mort et la solitude. Mais c'est aussi le grand retour de John Cassavetes  à l'interprétation dans un grand rôle. C'est alors la consécration du public et de la critique car le film est considéré comme étant la somme de toute une carrière. Présenté au Festival de Berlin en 1984, "Love Streams" obtient l'Ours d'or, a ainsi bénéficié une large publicité qui a aidé sa diffusion et permis la réédition en France de "Meurtre d'un bookmaker Chinois", précédemment distribué en France sous le titre "Le Bal des vauriens". Cassavetes enchaîne avec "Big Trouble" (1985). Une comédie, interprétée par Peter Falk, Alan Arkin et Robert Stack est produite par la Columbia. Elle ne fut distribuée en salle que de manière éphémère. Curieusement, il n'est pas distribué en Europe, malgré l'intérêt du public aux oeuvres de Cassavetes et la notoriété des interprètes.

Alors que dans les films des autres Cassavetes continue à incarner des personnages odieux, comme dans "Furie" (The Fury,1978) de Brian De Palma avec Kirk Douglas, dans ses propres films les personnages négatifs ne sont jamais totalement antipathiques. C'est le cas du tenancier de maison close de "Meurtre d'un bookmaker chinois" incarné par Ben Gazzara, de l'actrice entre deux âges d' "Opening Night" (Gena Rowlands), de la femme dure et peu maternelle de "Gloria" toujours avec Gena Rowlands. Lorsqu'on considère l'ensemble de la carrière de Cassavetes - du jeune voyou qu'il incarnait à ses débuts dans les années 50 au réalisateur de mélodrames violents mettant aux prises des gangsters, tels "Meurtre d'un bookmaker chinois" et "Gloria", on découvre qu'elle forme en quelque sorte un monde fermé, mais à l'intérieur duquel grandit et se renforce la dimension profonde de ses personnages : des personnages complexes, vibrants, débordants de vie.

John Cassavetes, certainement l'un des cinéastes les plus controversés et les plus paradoxaux du cinéma indépendant américain, a toujours placé les comédiens et l'art dramatique au centre de sa conception du septième art. Lui-même acteur, il se sert de ses gains pour financer ses propres productions, lesquelles sont, à leur tour, des célébrations de l'art dramatique. Dans un entretien accordé à la fin des années 60, Cassavetes avait déclaré : "Etre réalisateur est pour moi un hobby très absorbant. Je me considère comme un amateur dans ce domaine, mais comme un acteur professionnel par ailleurs". Auteur et personnage indépendant, en marge du cinéma de son pays, John Cassavetes est mort le 3 février 1989 à Los Angeles, il avait 59 ans.

 

                                              REALISATEUR

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                La Ballade des sans-espoir - 1961 -

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                Un Enfant attend -1963 -

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             Ainsi va l'amour - 1971 -

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                                        INTERPRETATIONS

                   Nuit de terreur -1955 - Andrew L. Stone

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          AA01JC0027

          AA01JC0024

 

          AA01JC0029

                Libre comme le vent - 1958 - Robert Parrish

          AA01JC0020

          AA01JC0017

                  Les Anges de l'enfer - 1967 - Daniel Haller

          AA01JC0014           

           AA01JC0035

          AA01JC008 

            AA01JC0022 

           Un Tueur dans la foule - 1976 - Larry Peerce

          AA01JC0021

 

                 Furie - 1978 - Brian De Palma 

          AA01JC0032

 

                 Tempête - 1982 - Paul Mazursky

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*Affiches-cine * Cinetom

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