DÉCÈS DU CINÉASTE AMÉRICAIN WILLIAM FRIEDKIN
DÉCÈS DU CINÉASTE AMÉRICAIN
WILLIAM FRIEDKIN 1935 - 2023
Le réalisateur américain William Friedkin est décédé ce lundi 7 août 2023 à Los Angeles à l'âge de 87 ans. Il avait rencontré un immense succès dans les années 1970 avec ""French Connection" (1971) pour lequel il reçut un Oscar du meilleur réalisateur, il fut consacré maître de l'épouvante avec "L'Exorciste" (1973), il avait renouvelé les codes du film de genre. Son dernier film, un remake d’Ouragan sur le Caine sera présenté à la prochaine Mostra de Venise.
Friedkin avait remporté l'Oscar du Meilleur réalisateur en 1972 pour son travail sur The French Connection, qui était également reparti avec les statuettes du Meilleur film, du Meilleur acteur, du Meilleur montage et du Meilleur scénario adapté. Son précédent long métrage, le documentaire "The Devil and Father Amorth", remontait à 2017, et se penchait sur l'exorcisme d'une femme italienne pratiqué par le père Gabriele Amorth. Ce dernier a d'ailleurs inspiré le scénario du suspense d'épouvante , sorti plus tôt cette année.
De cette nouvelle génération de cinéastes surdoués qui grandissent après la guerre, leur arrivée coïncidant avec l'avènement de la télévision, William Friendkin est le premier à se faire remarquer dans les années 50. Bien qu'ayant dix ans de moins que John Frankenheimer par exemple, il débute comme réalisateur de télévision bien avant lui.
William Friedkin est né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois), il avait débuté au service courrier d'une chaîne de télévision locale. En moins de deux ans, à peine âgé de dix-sept ans, il devient réalisateur dans cette même chaîne. En huit ans, il réalisera plus de deux mille émissions, la plupart étant des shows en direct et surtout des documentaires tournés en 16mm, notamment "The Last Stand" (1960), "Power to Destroy" (1960), "Ordeal by Fire : The People versus Paul Crump" (1962). Ce dernier film, consacré à un homme ayant passé huit ans dans le quartier des condamnés à mort d'un pénitencier, lui vaut d'être nommé à la direction du département "Documentaire" de la chaîne.
Présenté au Festival du Film de San Francisco, où il obtient un Golden Gate Award, ce même film attire sur Friedkin l'attention du producteur David Wolper pour lequel il réalisera ultérieurement, en 1965, "The Bold Men", sur des chercheurs scientifiques, "The Thin Blue Line", sur la police, et "Mayhem on a Sunday Afternoon", sur les joueurs professionnels de football américain. Au cours de cette période, William Friedkin a cependant signé, en 1964, une œuvre de fiction, le quatre-vingt sixième épisode de la série "The Alfred Hitchcock Hour" : "Thou Still Unravished Bride". Le producteur Steve Brody lui offrant l'occasion de tourner un long métrage de fiction, William Friedkin quitte la télévision en 1966 pour réaliser son premier long métrage "Good Times" (1967), avec Sonny et Cher, auquel se succèdent, quasiment sans interruption, "The Night They Raided Minsky's", sur la rencontre à New York d'une jeune Amish avec un comédien de burlesque, "The Birthday Party" (1968), adaptation de "L'Anniversaire" de Harold Pinter avec pour acteur principal Robert Shaw, œuvre mineure ayant disposé d'un très petit budget.
En 1968, le producteur scénariste Norman Lear lui donne sa première vraie chance. Pour la Columbia, il s'agit de concurrencer "Funny Girl", la comédie musicale de William Wyler avec Barbara Streisand. Pour commencer, on confie au mari de l'actrice, Elliott Gould, son premier grand rôle. On l'entoure de "grands" professionnels comme Jason Robards Jr ou Bert Lahr (sa mort durant le tournage posera des problèmes de raccords!) et on lui donne pour partenaire Britt Ekland, dont la beauté semble plus évidente que celle de Barbra! Le film est drôle, distrayant, mais Friedkin n'y est pas pour grand-chose ! Néanmoins "The Night They Raided Minsky's" (1968) lui vaut tous les honneurs, et l'offre de porter à l'écran une pièce licencieuse de Mart Crowley "Les Garçons de la bande" (The Boys in the Band,1970), autre adaptation d'une pièce à huis-clos mettant en scène neuf amis, dont huit homosexuels, réunis pour un anniversaire dans laquelle se dessine l'univers du cinéaste, monde sombre et violent où s'entre-déchirent des êtres brutaux et aux mobiles égoïstes.
Son film suivant : "French Connection" (The French Connection,1971) est un immense succès, et raconte des événements qui se sont produits réellement huit ans plus tôt à New York. Film noir sur la lutte sans merci que deux policiers new-yorkais mènent contre de gros trafiquants de drogue, qui lui valut l'Oscar du meilleur réalisateur, le propulse au premier rang des cinéastes de renommée internationale. Friedkin signe un film dramatique, plein de suspense et de scènes d'action se succédant tout à tour. De plus la performance de Gene Hackman dans le rôle du "flic des stups" est extraordinaire et lui vaudra d'ailleurs l'Oscar. Academy Awards également pour le film, le réalisateur, le scénariste Ernest Tidyman et le monteur.
Nouveau triomphe pour le réalisateur, deux ans plus tard et conforte son statut avec "L'Exorciste" (The Exorcist,1973), histoire vraie pour laquelle, le cinéaste a édulcoré le véritable phénomène qu'a vécu ce prêtre et cette jeune fille, champion toutes catégories au box-office des films d'épouvante. "L'Exorciste" bat tous les records de recettes, après lequel Friedkin interrompt son activité pendant près de cinq ans. Désormais Hollywood regarde le réalisateur comme un "faiseur d'or". Aussi lui donne-t'on carte blanche et un budget de 20 000 000 dollars pour tourner son nouveau film
Il fait son retour derrière la caméra l'année où il épouse Jeanne Moreau, avec "Le Convoi de la peur" (Sorcerer,1977), remake "musclé" du "Salaire de la peur"avec Roy Scheider et Bruno Cremer. Le film de Friedkin fut un échec retentissant, "Le Convoi de la peur" va vider les caisses que Friedkin venait de remplir !. Il enchaîne ensuite à raison d'un film tous les deux ans environ, dont cinq films qui à l'exception de "Deal of the Century" (1983), comédie satirique sur les marchands d'armes, restée inédite en France et fait à la demande de la Warner, relèvent tous du genre policier, mais sont de factures, de tons et d'inspirations diverses : "Têtes vides cherchent coffre plein" (The Brink's Job,1978) avec Peter Falk, Peter Boyle et Gena Rowlands, relation humoristique du hold-up de la Brink's; puis "Cruising" ou "La Chasse" (1980), descente aux enfers d'un policier incarné par Al Pacino, enquêtant dans le milieu gay new yorkais et plus particulièrement dans les discothèques gays. Al Pacino est chargé de "s'intégrer" dans le milieu homosexuel sadomasochiste afin d'y découvrir un tueur fou; ce qui n'était qu'un jeu dangereux deviendra une réalité.
Puis "Police Fédérale Los Angeles" (To Live and Die in L.A.,1985), lutte à mort que se livrent un policier suicidaire et un faussaire assassin, pure merveille de thriller remarquablement photographié par Robby Muller, lui fera rapidement oublier cet échec. Les spectateurs préfèreront certainement découvrir l'univers des services secrets du F.B.I. et apprécieront le montage trépidant, percutant de Scott Smith; et "Le Sang du chatiment" (Rampage,1988), sur l'itinéraire moral d'un jeune procureur chargé du dossier d'un meurtrier psychopathe. En 1990, sort sur les écrans son film suivant "La Nurse" (The Guardian), adaptée d'un roman de David Greenburg, cette œuvre riche en scènes gore marque son retour au fantastique. Avec "Blue Chips" (1994) interprété par Nick Nolte, Mary McDonnell et J.T. Walsh, le réalisateur change totalement de registre, amateur de basket-ball, Friedkin démontre son talent de technicien en filmant à l'aide de plusieurs caméras, des matches en temps réel. Il enchaîne l'année suivante avec "Jade", thriller érotique dans la veine de "Basic Instinct", dont le scénariste Joe Ezsterhas reprend les mêmes ingrédients, à savoir sang, sexe et violence. Le succès mitigé de ses deux derniers films le contraigne à se tourner vers la télévision afin de réaliser un remake du film de Sidney Lumet "Douze hommes en colère" avec une impressionnante distribution entre autres : Jack Lemmon, George C. Scott, James Gandolfi ou Hume Cronyn.
En l'an 2000, il réalise "L'Enfer du devoir" (Rules of Engagement) interprété par Tommy Lee Jone, Samuel J. Jackson et Guy Pearce, film d'action militaire, déçu par la critique qui le jugea démagogique et réactionnaire car le sujet n'était autre que le procès interminable d'un vétéran de la guerre du Vietnam, accusé du massacre d'une centaine de civils lors d'une intervention au Yémen. Friedkin revient au film d'action efficace avec "Traqué" (The Hunted,2003), toujours avec Tommy Lee Jones et Benicio Del Toro. Film purement physique sur la survie, entièrement tourné en extérieur dans des décors naturels, presque muet, opposant un instructeur des forces spéciales à un ancien élève devenu une machine à tuer, figure incontestablement parmi ses plus grandes réussites.
Avec le tournage de "Bug" (2006) avec Ashley Judd et Michael Shannon, le film est présenté au Festival de Cannes 2006, il obtient le Prix de la critique à la Quinzaine des réalisateurs, au décor presque unique, met en scène la folie paranoïaque d'un couple hanté par les insectes. Cinq ans plus tard, "Killer Joe", nouvelle plongée dans la noirceur de l'humanité avec Matthew McConaughey est une série B délirante où se mêlent cynisme, sexe, violence et humour noir. Ce n'est qu'en 2022, que le cinéaste se décide à reprendre la caméra et tourner le remake de "Ouragan sur le Caine", le sien s'intitulant "The Caine Mutiny Court-Martial" (2023) avec Kiefer Sutherland dans le rôle principal. En 2013, William Friedkin avait obtenu un Lion d'or à la Mostra de Venise, pour l'ensemble de sa carrière. William Friedkin décède le 7 août 2023 à Los Angeles à l'âge de 87 ans.
Les Garçons de la bande - 1970 -
*Affiches-cine * Cinetom
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