FAYE DUNAWAY, UNE ÉTOILE AU FIRMAMENT
FAYE DUNAWAY 1941
Actrice Américaine
Faye Dunaway est incontestablement une des rares actrices qui ont tourné avec un égal bonheur sous la direction de cinéastes aussi différents qu' Otto Preminger; Elia Kazan, John Frankenheimer, Roman Polanski ou Sidney Lumet. Sans aucun doute parce qu'il y a en elle quelque chose qui n'appartient qu'aux héroïnes hitchcockiennes.
Dans l'autobiographie de Joan Crawford, on peut lire : "De toutes les actrices, à mon avis, seule Faye Dunaway possède le talent et le courage qui font les vraies grandes stars". Il n'est pas certain que l'extraordinaire Joan Crawford ait tout à fait approuvé le portrait que Faye Dunaway fait d'elle dans le biopic filmée qui la concerne, dans "Maman très chère" (Mommie Dearest,1981) de Frank Perry. Elle a su reconnaître une âme-sœur. D'ailleurs, Faye Dunaway a elle même tracé un parallèle entre sa carrière et celle de Crawford, saluant dans le même temps les femmes volontaires, impitoyables, qu'elle s'est plu à personnifier en tant qu'actrice.
Faye Dunaway de son véritable nom Dorothy Faye Dunaway est née le 14 janvier 1941 à Bascom en Floride. Dès l'âge de cinq ans, sa mère lui fait suivre des cours de danse classique et moderne, de claquettes, de piano et de chant. Son père n'est pas, comme on pourrait fort bien l'imaginer après une tirade aussi passionnée, un pauvre petit agriculteur, mais un officier de carrière. La jeune Faye quitte très tôt Bascom. Elle fait ses études dans diverses villes de garnison américaines et européennes, où elle suit son père. Après avoir terminé ses études secondaires à la Leon Tallahasse, elle entre à l'université de Floride. C'est là qu'elle débute sur les planches. Elle joue "Médée", montée par la troupe universitaire.
Après cette pièce, Faye Dunaway prend la décision de faire du théâtre son métier. Tout en travaillant comme serveuses dans un bar, elle suit à Boston les cours de Ted Kazanoff. Un an plus tard, elle décroche le rôle principal dans la pièce "The Crucible" dirigé par Richard Lloyd. C'est à cette époque qu'elle obtient une bourse pour poursuivre ses études à l'Académie d'Art Dramatique de Londres, mais dans le même temps, Richard Lloyd la fait auditionner par Elia Kazan et Robert Whitehead qui recherchaient des jeunes comédiens pour le Lincoln Center Repertory Compagny qui venait d'être crée. Ayant passé son examen d'entrée avec succès, elle renonce à la bourse et commence à travailler avec Kazan.
Son premier emploi pour la compagnie lui fait interpréter le rôle d'une infirmière dans la pièce d'Arthur Miller "Après la chute", la mise en scène est de Kazan. Dans de petits rôles, on trouve John Philip Law que Faye Dunaway retrouvera deux ans plus tard dans son deuxième film "Que vienne la nuit" (Hurry Sundown,1966) d'Otto Preminger. Mais le cinéma l'intéresse plus que tout. Après quelques expériences dans des théâtres d'avant-garde, elle fait ses débuts à l'écran dans "Les Détraqués" (The Happening,1966) d'Elliot Silverstein, curieuse comédie dramatique, où elle joue l'un des membres d'une bande de jeunes désœuvrés qui kidnappent fortuitement un caïd de la Mafia incarné par Anthony Quinn. Puis, après. le tournage du film de Preminger "Que vienne la nuit", elle décroche le rôle de Bonnie Parker dans "Bonnie and Clyde" (1967). Hormis le producteur-vedette Warren Beatty et le réalisateur Arthur Penn, peu croient au succès commercial du film, lequel battra pourtant tous les records d'entrées, non sans avoir donné lieu à des controverses, il est vrai. C'est par son impact sociologique que "Bonnie and Clyde" peut-être comparé aux œuvres du jeune cinéma français des années 60, en ce sens que le film d'Arthur Penn permet aujourd'hui de mieux comprendre toute une période de l'histoire américaine. Le film apparut à toute une génération de jeunes Américains comme une réaction corrosive contre l'anachronisme des genres hollywoodiens moribonds.
Faye Dunaway se fait un nom du jour au lendemain. cette élégante beauté aux yeux verts frappe davantage par sa présence dans "L'Affaire Thomas Crown" (The Thomas Crown Affair,1968) de Norman Jewison, thriller bien rôdé, dans lequel elle fait équipe avec Steve McQueen. "Le Temps des amants" (Amanti,1968), mélodrame franco-italien réalisé par Vittorio de Sica, consacre un couple insolite formé par Faye Dunaway et Marcello Mastroianni, dont la prestation força le respect. On ne peut pas ne pas signaler enfin Ella Fitzgerald qui chante avec la douloureuse nostalgie nécessaire le thème du film. Malgré quelques erreurs de parcours comme "The Extraordinary Seaman" (1968) de John Frankenheimer, éphémère farce nautique, elle travaille à nouveau avec Elia Kazan dans la version filmée de son roman "L'Arrangement" (The Arrangement,1969), portrait mésestimé et souvent puissant d'un riche homme d'affaires incarné par Kirk Douglas parvenu à un tournant de sa vie, enmêlé entre son épouse (Deborah Kerr) et Faye Dunaway sa maîtresse. Le film ne remporte pas le succès escompté, tout comme celui de Jerry Schatzberg, terriblement prétentieux, "Portrait d'une enfant déchue" (Puzzle of A Downfall Child,1970), dans lequel elle se retrouve mannequin entravé par des problèmes psychologiques, et malgré les divers accoutrements à la Sternberg que lui fait revêtir le réalisateur, jamais la malheureuse ne fait songer un seul instant à l'inoubliable Marlene Dietrich. Elle fait une bonne prestation dans "Little Big Man" (1970) ou les extravagantes aventures d'un visage pâle...mais comme le titre l'indique, c'est surtout l'acteur principal, Dustin Hoffman, qui en tire tous les honneurs. Faye Dunaway marque, malgré tout, un point, et de taille. Dans "Chinatown" (1974) de Roman Polanski, superbe pastiche des films de détectives, elle est cette femme fatale qui garde enfoui au plus profond de son cœur le plus noir des secrets. De même son partenaire, Jack Nicholson, réussit de main de maître à dénouer les fils de l'intrigue en faisant irrésistiblement penser à cette magie qui a symbolisé les films de Bogart, de même évoqua-t'elle à merveille, toute cette galerie de portraits féminins auréolés de gloire qui ont fait Hollywood par le passé. A noter sa prestation dans le film de Frank Perry "Doc Holliday" (1971), ainsi que celui du cinéaste français René Clément "La Maison sous les arbres" (1971) où le rapt d'un enfant tient en haleine ce mélodrame.
Faye Dunaway fait une pause en jouant Milady, l'héroïne malveillante des "Trois Mousquetaires" (The Three Musketeers,1973) de Richard Lester, d'après l'oeuvre d'Alexandre Dumas, puis enchaîna avec Paul Newman, Steve McQueen, William Holden dans le film catastrophe : "La Tour infernale" (The Towering Inferno,1974) de John Guillermin, et, enfin le sublime film de Sydney Pollack "Les Trois jours du Condor" (Three Days Of the Condor,1975), film d'espionnage riche en suspense entre Robert Redford et Max von Sydow. L'Oscar qui l'avait par deux fois ignorée lui revient finalement pour sa magistrale interprétation dans "Network" ou "Main basse sur la télévision" (1976) de Sidney Lumet, en responsable d'une chaîne de télévision obsédée par les indices d'écoute, même lors des interludes romantiques qu'elle vit auprès de William Holden. Comme Peter Finch, troisième acteur cité au générique, qui reçut aussi un Oscar mais à titre posthume, Faye Dunaway semble avoir compris que le seul moyen de faire passer à l'écran le scénario de Paddy Chayefsky est d'en accentuer la charge comique. Ensemble, ils ont réussi à faire un film divertissant qui aurait fort bien pu devenir une satire empreinte de solennité forcée. Peut-être à cause de son jeu dans ce film et de sa personnalité hors du commun lui sera-t-il difficile désormais de trouver des rôles d'envergure, susceptibles de la faire évoluer. Des films comme celui d'Irvin Kershner, "Les Yeux de Laura Mars" (The Eyes Of Laura Mars,1978), où elle joue le rôle d'une photographe de mode version Helmut Newton, qui découvre avec stupeur que ses clichés se mettent à vivre dans une sordide histoire de meurtre, ou "Maman très chère" de Frank Perry, possèdent certainement un charme particulier, mais ne peuvent satisfaire une actrice qui, lorsqu'elle le choisit, peut littéralement. crever l'écran. En 1979, on la retrouve aux côtés de Jon Voigt dans "Le Champion" (The Champ) de Franco Zeffirelli.
La carrière exceptionnelle de Faye Dunaway a fait l'objet du livre de Pascal Mérigeau aux Editions Pac. Les années 80-90, ne furent pas exceptionnelles dans la carrière de l'actrice, on peut citer "Wicked Lady" (1983) de Michael Winner, vulgaire remake inspiré du succès de Margaret Lockwood. Cette brillante actrice méritait mieux. Volker Schlöndorff tourne son troisième film américain "La Servante écarlate" (The Handmad's Tale,1989) avec Faye Dunaway et Robert Duvall. Mais le succès n'est plus au rendez-vous, les chefs d'œuvres sont absents, elle se détourne pour des films moins intéressants comme "Supergirl" (1984) de Jeannot Szwarc. Heureusement le cinéaste franco-serbe Emir Kusturica lui propose de jouer dans "Arizona Dream" sorti en 1993 avec Johnny Depp et Jerry Lewis lui permet de marquer des points. On la voit avec Marlon Brando dans "Don Juan DeMarco" (1995) de Jeremy Leven, elle est magistrale dans le film de Luc Besson dans le rôle de Yolande d'Aragon dans "Jeanne d'Arc" (1999). En 2000, elle donne la réplique à Mark Whalberg et Joaquim Phoenix dans "The Yards". En 2002, elle interprète une mère accroc au Xanax, laquelle ignore tout de l'homosexualité de son fils dans "Les Lois de l'attraction" (The Rules Of Attraction)
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