JAMES MASON, LE MÉCHANT ROMANTIQUE ET DÉBONNAIRE
JAMES MASON 1909 - 1984
Acteur, Producteur Britannique
Aujourd'hui, on a du mal à imaginer James Mason, acteur jamais décevant et toujours sympathique pendant près de cinquante années de carrière, à la voix si expressive, en méchant romantique et débonnaire dans des films anglais comme "L'Homme en gris" (The Man In Grey,1943) ou "Le Masque aux yeux verts" (The Wicked Lady,1945), tous deux réalisés par Leslie Arliss, ou encore frappant de sa baguette les doigts d'Ann Todd, au piano dans "Le Septième voile" (The Seventh Veil,1945) de Compton Bennett. Pourtant, ce sont les films qui lui ont permis de se faire un nom, bien que le meilleur soit "Huit heure de sursis" (Odd Man Out,1947) de Carol Reed.
James Mason est né le 15 mars 1909 à Huddersfield en Angleterre, où il pense d'abord faire une carrière d'architecte à Cambridge. Mais sa rencontre avec le théâtre en 1931 lui montre sa voie, il sera comédien, et s'oriente vers une troupe de théâtre : la Old Vic Company sous la direction de Tyrone Guthrie.
Ses débuts au cinéma remontent à 1935, dans des films à petit budget, le premier film "Late Extra" d'Albert Parker remporte un vif succès auprès du public britannique. Dès 1941, la critique anglo-saxonne fut enthousiaste allant même jusqu'à affirmer que "Le Chapelier et son château" (Hatter's Castle) de Lance Comfort avec Robert Newton, Deborah Kerr et James Mason, était l'un des meilleurs films jamais tournés pour l'année 1941. Pour James Mason, il s'agissait déjà de son quatorzième film. En 1943, le critique et le public le sacrent meilleur acteur de l'année pour son rôle dans "L'Homme en gris". Avec sa composition de révolutionnaire irlandais dans "Huit heures de sursis", il acquiert une renommée outre-Atlantique. Ce qui l'incite à tenter sa chance à Hollywood. Durant dix ans en Amérique, il campe une pittoresque galerie de "méchants" fascinants et sympathiques.
En 1947, au faite de la gloire, il avait quitté l'Angleterre pour les Etats-Unis, manifestant ainsi son hostilité au protectionnisme instauré par J. Arthur Rank pour défendre le cinéma anglais contre l'invasion des films américains. Entre-temps, James Mason avait tourné sous la direction d'Anthony Asquith dans "L'Homme fatal" (Fanny By Gaslight,1944) avec Phyllis Calvert et Stewart Granger. Cette année 1947, il venait d'incarner un homme traqué dans une œuvre dont le titre apparaît, à posteriori, symbolique : "Huit heures de sursis".
Aux Etats-Unis, sa carrière hollywoodienne démarre lentement avec deux films tournés par Max Ophüls : "Caught" ou "Pris au piège" (1949) et "Les Désemparés" (The Reckless Moment,1949) aux côtés de Joan Bennett, jusqu'au superbe rôle principal de "L'Affaire Cicéron" (Five Fingers,1952), film d'espionnage de Mankiewicz. Il est excellent, jouant tout en nuances l'espion Diello "Cicéron", dont le personnage est basé sur un incident authentique intervenu lors de la Seconde Guerre mondiale. James Mason donna la réplique à Danielle Darrieux. Bien qu'il n'ait pas une formation classique suffisante pour être un Brutus tout à fait convaincant dans "Jules César" (Julius Caesar,1953) de Mankiewicz, il se surpasse dans "Une Etoile est née" (A Star is Born,1954) de George Cukor, par contre il sut créer un parfait anti-héros dans le rôle de Norman Maine, comédien alcoolique et condamné à disparaître pour que brille son épousé (Judy Garland) au firmament des stars. Une de ses prestations les plus grandioses, qui lui vaut une première nomination aux Oscars, et lorsqu'il incarne le Capitaine Nemo de "20 000 lieues sous les mers" (20,000 Leagues Under The Sea,1954) de Richard Fleischer, adaptation réussie de l'œuvre de Jules Verne, produit par le studio Disney.
James Mason déclara : "J'ai débuté ma carrière américaine avec cinq "flops", l'un deux est "L'Impasse maudite" (One Way Street,1950) de Hugo Fregonese" (le personnage désabusé que joue James Mason rappelle parfois son rôle dans "Huit heures de sursis" qui lui valut d'être engagé à Hollywood; il venait de tourner "Caught" et "Les Désemparés", "Madame Bovary" (1949) de Vincente Minnelli et "Ville haute, ville basse" (East Side, West Side,1949) de Mervyn LeRoy). "Alors j'ai fais du théâtre, de la radio, des petits travaux d'écriture dans les journaux. Et je me suis fait une réputation d'intellectuel; ça m'ennui!". En effet, d'intellectuel à "empêcheur de filmer en rond" et à "méchant", il n'y avait qu'un pas que les producteurs se hâtèrent de franchir. Mason sera allemand, plus souvent qu'à son tour : Rommel dans "Le Renard du désert" (The Desert Fox,1951) de Henry Hathaway. Tourné en 1951, le film ne fut distribué en France que douze ans plus tard, en mai 1963, le film avait connu un tel succès à sa sortie outre-Atlantique que la Fox mis en chantier un second film pour vanter le courage et les mérites de ces armées britanniques qui s'opposèrent victorieusement à l'avance de l'Afrika Korps de Rommel dans la campagne de Lybie. ce fut "Les Rats du désert" (The Desert Rats,1953) signé par Robert Wise.
Dans les années 50, James Mason tourne souvent on peut citer "Histoire de trois amours" (The Story of Three Loves,1953) film à sketches de Vincente Minnelli et Gottfried Reinhardt, "Prince Vaillant" (Prince Valiant,1954) de Hathaway, "Une Ile au soleil" (Island in the Sun,1957) de Robert Rossen, il incarnera de nombreux personnages, il sera fourbe prince d'origine carpatique dans "Le Prisonnier de Zenda" (The Prisoner of Zenda,1952) de Richard Thorpe, inquiétant chinois dans "Genghis Khan" (1964) de Henry Levin, entre autres rôles dont le cosmopolitisme rime avec xénophobie... Il est "L'Homme de Berlin" (The Man Between,1953) de Carol Reed, idéal, "l'entre-deux" difficile à situer, entre l'Est et l'Ouest, le Bien et le Mal, la vie et la mort comme dans "Le Ciel peut attendre" (Heaven Can Wait,1978) de Warren Beatty et Buck Henry, dont James Mason incarne Mr Jordan qui est le "passeur" du royaume des vivants à celui des ombres !.
Ce globe-trotter des écrans produisit quelques films, espérant échapper
ainsi à une image de lui-même trop négative. Dans "Derrière le miroir" (Bigger Than Life,1956) de Nicholas Ray, il est un Américain moyen auquel un traitement à la cortisone donne l'illusion d'être "Plus fort que la vie". Et dans "Pandora" (Pandora and the Flying Dutchman,1950) d'Albert Lewin, il est le Hollandais volant condamné à hanter les mers jusqu'à ce qu'on l'aime. Son plus beau rôle : il lui ressemble...Il termine en beauté une décennie déjà très fertile en succès avec une autre adaptation de Jules Verne "Voyage au centre de la terre" (Journey To The Centre of The Earth,1959) de Henry Levin et surtout en incarnant l'inoubliable méchant hitchcockien de "La Mort aux trousses" (North By Northwest,1959) avec Cary Grant et Eva Marie Saint, sans oublier le film de Guy Hamilton "Un Brin d'escroquerie" (A Touch of Larceny,1959), lequel sera jugé par la critique anglo-saxonne et loua la performance de James Mason qui, après une impressionnante galerie de "méchants" au cinéma, faisait preuve de qualités insoupçonnées dans un domaine qui lui était auparavant étranger.
De retour en Europe dans les années 60, Mason tourne des films d'inégale qualité. Retenons "Lolita" (1962) de Stanley Kubrick, d'après Nakobov, une nomination pour l'Oscar du meilleur second rôle masculin dans "Georgy Girl" (1966) de Silvio Narizzano et une excellent prestation dans "Le Verdict" (The Verdict,1982) de Sidney Lumet avec Paul Newman. A noter également sa prestation dans le film de Michael Powell "Age of Consent" (1969), "Mandingo" (1975) de Richard Fleischer, ainsi que dans le film de Franklin J. Schaffner "Ces Garçons qui venaient du Brésil" (The Boys From Brazil,1978) avec Gregory Peck et Sir Laurence Olivier.
ainsi que "La Partie de chasse" (The Shooting Party,1984) de Alan Bridges dont ce fut le dernier film pour le cinéma qu'ait interprété James Mason, il s'éteignait peu après, le 27 juillet 1984 à Lausanne (Suisse) à l'âge de 75 ans. De son ultime personnage au cinéma il précisait : "Ce n'est pas un homme qui appartient exclusivement à une époque. C'est également un homme tourné vers l'avenir et non pas le type même de l'aristocrate terrien figé dans son monde. Il est capable de voir et de sentir ce que les autres voient et sentent".
Ville haute, ville basse - 1949 - Mervyn LeRoy
L'Affaire Cicéron - 1952 - Joseph L. Mankiewicz
Les Procès d'Oscar Wilde - 1960 - Edward Carson
Meurtre au soleil - 1982 - Guy Hamilton
*Affiches-cine * Cinetom
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