ANTHONY ASQUITH, ENTRE RIGUEUR ET RAFFINEMENT
ANTHONY ASQUITH 1902 - 1968
Cinéaste Britannique
Cinéaste sérieux, Anthony Asquith a tourné un certain nombre de films à succès divertissants et dirigé bien des stars, anglaises ou internationales. Fils de Lord Herbert Asquith, célèbre Premier ministre libéral anglais de 1908 à 1916, Anthony Asquith est né le 9 novembre 1902 à Londres. le futur réalisateur reçoit une bonne éducation, en 1925, le jeune Asquith part étudier l'art cinématographique à Hollywood. Il rentre en Angleterre l'année suivante, parfait ses connaissances en devenant assistant-réalisateur, scénariste et monteur, puis signe en 1928 la co-réalisation avec A.V. Bramble de "Un Drame au studio" (Shooting Stars), jugé à l'époque exceptionnellement inventif dans son montage.
Il s'intéresse de près à la réalisation vers la fin du muet, entre 1927 et 1929. On lui doit d'ailleurs un film muet digne d'intérêt "Un Cottage à Dartmoor" (Cottage On Dartmoor,1929), auquel fait suite un premier film parlant, "Tell England" (1931), film de guerre comportant quelques séquences de bataille bien réglées. Il acquiert dans son pays une réputation comparable à celle d'Hitchcock, et demeurera, tout au long de sa carrière, l'un des cinéastes favoris du Royaume-Uni grâce à son élégance, son manque de prétention et son libéralisme. Sa carrière cinématographique stagne dans les années 30, et ce n'est pas "Les Nuits moscovites" (Moscow Nights,1935) avec Laurence Olivier, produit par Alexander Korda, qui peut la faire avancer.
Le grand tournant a lieu en 1938 lorsque Asquith est appelé à co-réaliser "Pygmalion", d'après Bernard Shaw, avec Leslie Howard, dans le rôle du professeur Higgins et Wendy Hiller, dans celui d'Eliza Doolittle. Grâce à la merveilleuse prestation des acteurs, nominés aux Oscars, et au retentissement international du film, en compétition pour l'Oscar du meilleur film mais finalement récompensé pour l'adaptation et le scénario, Asquith devient un "grand" du cinéma britannique. "L'Ecurie Watson" (French Without Tears,1939) adapté par le dramaturge lui-même, Terence Rattigan, avec le concours du producteur et scénariste Anatole De Grunewald, est le point de départ d'une collaboration épisodique entre le cinéaste et ces auteurs.
Le renouveau intervenu dans la carrière d'Asquith vers la fin des années 30 coïncide avec celui de l'industrie cinématographique britannique, qui connaît un regain d'activité sans précédent pendant la guerre et l'après-guerre. C'est la période où le réalisateur tourne "Plongée à l'aube" (We Dive At Dawn,1943), relatant les aventures d'un sous-marin, et "Le Chemin des étoiles" (The Way To the Stars,1945) dans lequel il analyse l'héroïsme tranquille des hommes et des femmes chargés d'exploiter une base de bombardiers de la RAF, et travaille pour la première fois avec Michael Redgrave. Dans le même temps, il met en scène un film en costumes "L'Homme fatal" (Fanny By Gaslight,1943) dont James Mason sera le lord dissolu et Phyllis Calvert la mièvre héroïne victorienne, sauvée par le pétulant héros, alias Stewart Granger. On se souvient de de "L'Etranger" (The Demi-Paradise) également en 1943, pour la remarquable composition de Laurence Olivier, en ingénieur soviétique visitant l'Angleterre en 1939.
La fin des années 40 marque l'apogée de la carrière d'Asquith, devenu réputé pour sa direction d'acteurs. Entre 1948 et 1952, il porte à l'écran trois pièces de qualité. Le talentueux Robert Donat n'a jamais été plus efficace que dans "Winslow contre le roi" (Winslow Boy,1948), en vibrant avocat de la défense. Quant à Michael Redgrave, il compose remarquablement deux rôles à l'opposé l'un de l'autre : dans "L'Ombre d'un homme" (The Browning Version,1950), du même Rattigan, il incarne un professeur déchu et désillusionné. Présenté au Festival de Cannes en 1951, a obtenu un grand succès. Dans "Il importe d'être constant" (The Importance Of Being Earnest,1952), d'après Oscar Wilde, il enlève avec élégance la comédie face à Joan Greenwood et l'extraordinaire Edith Evans. A noter également sa réalisation de "La Femme en question" (The Woman In Question,1950), film à la lisière de deux genres, le "polar" spéculatif et l'étude psychologique ou de mœurs, style cinéma noir américain. Un peu plus tard, Asquith adapte à nouveau Bernard Shaw, avec "The Doctor's Dilemma" (1958), puis "Les Dessous de la millionnaire" (The Millionairess,1960), remarqué pour l'association surprenante, mais heureuse, de Peter Sellers et de Sophia Loren.
Asquith s'est plu également à travailler avec de grands acteurs de la nouvelle génération, entre autres Dirk Bogarde et Leslie Caron, et il donne à Paul Massie son meilleur rôle dans ce thriller efficace qu'est "Ordre de tuer" (Orders To Kill,1958). Un autre duo d'acteur Leslie Caron et David Niven furent dirigés par Anthony Asquith dans "Sept heures avant la frontière" (Guns Of Darkness,1962). David Niven avait déjà tourné sous sa direction "Cour martiale" (Carrington V.C,955). Le cinéaste termine sa carrière sur deux productions étoilées mais bien différent de sa période propice comme celle des années 40 avec "Hôtel International" (The V.I.P.'s,1962), avec les monstres sacrés Richard Burton et Elizabeth Taylor et "La Rolls Royce jaune" (The Yellow Rolls Royce,1964), interprété par Rex Harrison, Ingrid Bergman, Shirley MacLaine ou Alain Delon.
Dans "Trente ans de cinéma britannique", Raymond Lefèvre et Roland Lacourbe écrivirent : "A travers son œuvre abondante, on retrouve les mêmes constantes de style : la distinction, le raffinement, le goût du travail soigné, la rigueur discrète. Représentant typique du cinéma anglais traditionnel, il s'efface volontiers devant le sujet choisi, préférant le conformisme élégant à l'engagement personnel. C'est donc souvent la valeur du scénario qui fait la qualité de ses films". Anthony Asquith est mort à Londres le 20 février 1968 à l'âge de 65 ans.
Pygmalion - 1938 -
Winslow contre le roi - 1948 -
La Femme en question - 1950 -
1958
La Nuit est mon ennemie - 1959 -
*Affiches-cine * Cinetom
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