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CINETOM
13 novembre 2022

DAVID LEAN, UNE PASSION CINÉMATOGRAPHIQUE

            

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            DAVID LEAN           1908 - 1991

            Cinéaste, Producteur, Scénariste Britannique

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En 1983, lorsque David Lean sort de la semi-retraite dans laquelle il se trouvait depuis treize ans pour réaliser "La Route des Indes" (A Passage To India,1984), cette entreprise marque le retour de l'une des figures les plus respectées du cinéma britannique. La carrière de David Lean, d'abord stagiaire, puis monteur avant de devenir le grand réalisateur des succès commerciaux que l'on connaît, s'est effectuée parallèlement à l'évolution de l'industrie cinématographique en Grande-Bretagne, laquelle est passée de la morosité des années 30 au renouveau des années 40, pour aboutir plus près de nous aux gigantesques coproductions internationales.

David Lean est né le 25 mars 1908 à Croydon (Angleterre). Attiré très tôt par le cinéma, malgré une éducation stricte qui lui interdisait de fréquenter les salles obscures, Lean est l'un des derniers serviteurs du septième art anglais qui ait débuté à l'époque du muet sur "Quinneys" de Maurice Elvey en 1927. Au cours des années suivantes, de clapman il devient assistant-monteur, puis assistant réalisateur.

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Vers 1930, monteur en titre, il travaille sur les bandes d'actualités et les courts métrages "contingentés" (petits films bon marché tournés par les studios anglais dans les années 30). Il refusera toujours de réaliser ces films de second ordre, préférant parfaire ses talents de monteur. Vers le milieu des années 30, il collabore à des films importants comme "Escape Me Never" (1935) de Paul Czinner, "L'Ecurie Watson" (French Without Tears,1939)  d'Anthony Asquith ou "49e Parallèle" (49th Parallel,1941) de Michael Powell. Au début des années 40, tout le monde s'accorde à reconnaître en lui un grand monteur. Sans son savoir-faire "Pygmalion" (1938), pour prendre un exemple, n'aurait pas été aussi bien rythmé.   

Enfin, en 1942, David Lean est choisi par Noël Coward pour co-réaliser "Ceux qui servent en mer" (In Which We Serve), hommage rendu à la marine britannique. Ici, l'excellent scénario de Coward, selectionné aux Oscars, utilise la technique du flashback pour nous raconter les exploits de marins à bord d'un navire de guerre anglais torpillé en Méditerannée. Coward y tient le rôle d'un capitaine de destroyer. Il a aussi composé la musique et produit le film, qui fera partie de la sélection pour l'Oscar du meilleur film. Coward se verra remettre un Oscar spécial à titre honorifique. Très applaudi en Grande-Bretagne et outre-Atlantique, ce film vient à point nommé pour lancer la carrière de réalisateur de David Lean. En effet, Lean à la réalisation, Coward comme scénariste et producteur, Anthony Havellock-Allan comme producteur associé et le futur réalisateur Ronald Neame, comme chef-opérateur, forment une équipe si bien rôdée qu'ils tourneront trois autres films ensemble, produits par leur propre société, Cineguild, elle-même financée par J. Arthur Rank. Parmi la distribution de "Ceux qui servent en mer", on remarque le jeune Richard Attenborough dans son premier rôle à l'écran et Celia Johnson, également débutante. On la verra apparaître auprès de John Mills et de kay Walsh, première femme de David Lean, dans la première entreprise en solo du cinéaste "Heureux mortels" (This Happy Breed,1944).

Autre effort de guerre à la gloire des Anglais, adapté par Coward lui-même d'après sa propre pièce, il s'agit d'une oeuvre de propagande de la plus haute qualité, tendre hommage rendu au mode de vie britannique et filmé en technicolor, dans laquelle on nous montre la vie d'une famille du sud de Londres dans l'entre deux-guerres. Malgré le ton un peu condescendant employé à l'égard des classes défavorisées, ce film restitue admirablement l'atmosphère propre à un certain milieu, aidé en cela par l'excellente performance d'acteurs comme Robert Newton, Stanley Holloway, Celia Johnson, John Mills et Kay Walsh. Si bavardage et théâtralité caractérisent habituellement les pièces filmées, "Heureux mortels" donne l'impression d'avoir été tourné dans une vraie maison, et non en studio. Le cinéaste y évolue librement des intérieurs aux extérieurs, en se ménageant une profondeur de champ grâce aux paysages entrevus par les fenêtres; et se limite à l'essentiel pour les dialogues.

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Avec ce film, Lean prouve amplement qu'il est un solide professionnel, particulièrement à l'aise avec les acteurs. Les mêmes qualités apparaissent dans le film suivant, "L'Esprit s'amuse" (Blithe Spirit,1945) tourné en technicolor. Là encore, il s'agit d'une pièce de Coward, plaisante version britannique de la comédie loufoque teintée de fantastique si populaire à l'époque des Etats-Unis. Alors que "Ma femme est une sorcière" (1942) de René Clair et "Le Défunt récalcitrant" (1941) d'Alexander Hall, ont été tournés en noir et blanc, "L'esprit s'amuse" bénéficie de la couleur. Quel plaisir de voir apparaître la fantomatique première femme de Rex Harrison en vert, tandis que la seconde affectionne les rouges profonds ! Les honneurs reviennent à Margaret Rutherford, l'excentrique spirite Madame Arcati.

"Brève rencontre" (Brief Encounter,1945), au contraire, est un drame conjugal tourné en noir et blanc, salué par plusieurs nominations aux Oscars : Celia Johnson, Noël Coward pour le scénario, là encore tiré de l'une de ses pièces, et David Lean, en compétition pour la première fois. Aujourd'hui, cette histoire d'amour illicite entre une femme et un médecin incarné par Trevor Howard, mariés tous deux, peut paraître démodée, pourtant à l'époque elle a considérablement accru le prestige de Lean, même si celui-ci l'a traitée de façon un peu maniérée.

Délaissant Noel Coward pour Charles Dickens, Lean fait preuve d'un talent particulier pour l'adaptation d'oeuvres littéraires à l'écran. Plus que jamais, il prend part à l'écriture de ses propres scénarios et profite de la liberté de création que lui offre Rank. Comme il l'écrit lui-même : "On entend souvent dire de J. Arthur Rank qu'il est un monopolisateur absolu que l'on doit avoir à l'oeil si l'on ne veut pas qu'il écrase dans l'oeuf la créativité de l'industrie du cinéma britannique. Laissons parler les faits et, personnellement, je doute qu'il y ait ailleurs dans le monde un groupe de cinéastes qui puisse revendiquer semblable liberté." Sur les films adaptés de Dickens, "Les Grandes espérances" (Great Expectations,1946) et "Oliver Twist" (1948), la tâche du cinéaste est simplifiée par la présence des meilleurs techniciens anglais derrière la caméra et la participation d'acteurs comme John Mills, Sir Alec Guinness, Robert Newton et Jean Simmons. Le décorateur John Bryan et le chef opérateur Guy Green, futur réalisateur lui-même, seront "oscarisés" pour avoir si bien rendu à l'écran l'Angleterre victorienne dans "Les Grandes espérances", et rejoindront Lean sur le plateau de "Oliver Twist". Pour le cinéaste, c'est le point de départ d'une longue et fructueuse collaboration avec Sir Alec Guinness. Malheureusement le personnage de fagin incarné par Guinness, qui se voulait une caricature brossée à grands traits d'un mauvais juif, sera taxé d'antisémitisme aux Etats-Unis. Lean connaîtra les pires moments de sa carrière avec la censure.

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Un changement de registre moins heureux intervient chez le cinéaste. Il tourne deux films interprétés par sa seconde femme, Ann Todd : "Les Amants passionnés" (The Passionate Friends,1948) est une variation sur le thème de l'infidélité déjà abordé dans "Brève rencontre" avec de multiples flashbacks à la clé, et "Madeleine" (1949) s'appuie sur l'histoire véridique d'une femme de l'époque victorienne accusée d'avoir trucidé son amant. En 1950, David Lean quitte Rank pour entrer à la société London Films d'Alexander Korda. Tout en travaillant déjà avec le soin méticuleux qui caractérise ses projets ultérieurs, il signe deux films en quatre ans pour Korda. Il s'intéresse au phénomène du "Mur du son" (The Sound Barrier,1952) et s'attarde énormément aux recherches liées à ce projet avant d'engager les services de Terence Rattigan pour écrire un solide scénario dramatique réservant un bon rôle à Ann Todd et Sir Ralph Richardson. La complexité du personnage central Ridgefield constructeur d'avions qui s'est juré de réussir là où les autres ont échoué, permet à Richardson de nous surprendre encore par son jeu intériorisé, grâce auquel il recevra le Prix d'Interprétation de la Critique new-yorkaise. De la même façon, "Chaussure à son pied" (Hobson's Choice,1954) restera en mémoire comme une plaisante comédie dédiée à un autre acteur favori de Korda, Charles Laughton. Pour son dernier film en noir et blanc, Lean parvient à capter l'atmosphère authentique du Lancashire des années 1890, en tournant en décors naturels à Salford. Par la suite, son souci de l'authenticité cinématographique l'emmènera dans le monde entier.

La première étape sera Venise pour "Vacances à Venise" (Summertime,1955). Superbement photographié en couleur, ce film marque le retour en force du romanesque, à partir de la brève aventure entre une touriste américaine incarnée par Katharine Hepburn et un bel Italien joué par Rossano Brazzi. Exemple réussi du film "avec portrait de femme" cher aux années 50, il est particulièrement bien reçu outre-Altantique. L'actrice sera nommée, de même que Lean, qui remportera le Prix de la Critique new-yorkaise pour sa réalisation. Ce sera sa première production internationale : sa carrière change de cap. Le ralentissement des productions britanniques au cours des années 50 coïncide avec l'augmentation des investissements américains dans l'industrie cinématographique européenne. Lean sera l'un des premiers cinéastes à profiter de cette mutation, et il choisira de traiter exclusivement des sujets historiques, davantage adaptés à une projection sur écran large. Il commencera sous de bons auspices avec "Le Pont de la rivière Kwaï" (The Bridge On the River Kwaï,1957), tourné dans le pittoresque décor de l'île de Ceylan. Malgré un budget de 3 000 000 dollars, il concentre son analyse sur le conflit psychologique entre Sir Alec Guinness, lauréat de l'Oscar pour son rôle de colonel intraitable et Sessue Hayakawa, nominé pour son rôle de commandant japonais tout aussi inflexible.

Pour la première fois, il montre ce savoir-faire qui lui permet d'insérer un rapport conflictuel vécu à petite échelle à l'intérieur d'évènements plus lourds de conséquences. Le film est un indéniable succès commercial, sanctionné par sept Oscars dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, Michael Wilson et Carl Forman, auteurs du scénario également récompensé par la profession, ne seront pas cités : ils figurent sur la liste noire...

Les difficultés rencontrées pendant le tournage à Ceylan feront couler beaucoup d'encre,mais elles seront effacées par le film le plus ambitieux du cinéaste, "Lawrence d'Arabie" (Lawrence d'Arabia,1962), tourné en plein désert. Autre superproduction historique, ce film lance deux jeunes acteurs, Peter O'Toole et Omar Sharif, auprès de Sir Alec Guinness, en prince Feisal. Ecrite par Robert Bolt et photographiée par Freddie Young, l'épopée de trois heures et demie se gâte dangereusement dans la seconde moitié. Cela ne l'empêche pas de recevoir la statuette, de même que David Lean pour sa réalisation. Après les batailles au coeur du désert, Lean nous transporte vers les étendues neigeuses de la Russie divisée par la révolution : ce sera  "Le Docteur Jivago" (Dr Zhivago,1965) d'après le roman de Boris Pasternak, filmé en Finlande et dans une rue moscovite recontruite en Espagne. Cette fois, sa distribution déçoit un peu, de Omar Sharif à Julie Christie en passant par Rod Steiger et Tom Courtenay, Russes peu convaincants.

Quoique bien interprété, "La Fille de Ryan" (Ryan's Daughter,1970) sera un échec commercial qui mettra provisoirement un terme à la carrière de son réalisateur. Sans se laisser décourager par l'effondrement de son projet "The Bounty" dans les années 70, il se remet à la tâche en 1983 avec l'un de ces sujets exotico-littéraires dans lesquels il excelle, "La Route des Indes", adaptation cinématographique de l'ouvrage de E.M. Forster. En 1984, il a été fait chevalier, non sans juste raison, pour les services qu'il a rendus au septième art. David Lean décède à Londres le 16 avril 1991 à l'âge de 83 ans.

 

                                  Heureux mortels - 1944 -

 

                                  L'Esprit s'amuse - 1945 

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                 Les Grandes espérances - 1946

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              Chaussure à son pied - 1954 -         

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*Affiches-ciné * Cinetom

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