BRIGITTE FOSSEY, LE CHEMIN DU BONHEUR
BRIGITTE FOSSEY 1946
Comédienne Française
Bien sûr, nous ne pouvons pas oublier la sublime Brigitte Fossey dans le film de René Clément "Jeux interdits" de l'année 1952. Film aux multiples récompenses dont le Lion d'or de Saint-Marc, premier prix au Festival de Venise 1952, l'Oscar du meilleur film étranger. Elle fut inoubliable, attachante, émouvante. Le prénom de "Michel" avec sa petite voix d'enfant perdu, restera longtemps gravé dans nos mémoires.
Brigitte Fossey est née le 15 juin 1946 à Tourcoing (Nord) où son père était professeur d'anglais. Le cinéaste René Clément recherche une petite fille pour interpréter le rôle principal de "Jeux interdits" lors d'une diffusion d'une petite annonce dans un journal. Sa tante persuade la mère de Brigitte Fossey de l'emmener au casting. Elle est finalement choisie parmi d'autres candidates, elle n'a que cinq ans et incarnera la jeune Paulette. C'est ainsi qu'elle devient l'héroïne de "Jeux interdits", puis c'est la révélation au Festival de Venise, en 1951.
A dix ans, l'une des ses tantes lui propose de revenir à Paris, et se retrouve aux côtés de Gene Kelly dans une apparition dans "La Route joyeuse" (The Happy Road,1956) de Gene Kelly. Mais la jeune Brigitte Fossey ne souhaitait pas devenir comédienne. C'est ainsi qu'elle va poursuivre sa scolarité en obtenant deux diplômes de philosophie et se rend à Genève pour y suivre les cours de l'école d'interprétariat.
Ce n'est qu'en 1966, que le cinéaste Jean-Gabriel Albicocco lui propose d'incarner Yvonne de Galais dans "Le Grand Meaulnes" d'après le roman d'Alain-Fournier; ce qui lui permettra à la jeune actrice de démarrer une nouvelle carrière. Elle déclara : C'était un cadeau empoisonné. Je n'étais pas du tout à la hauteur. Seul mon physique romantique jouait en ma faveur. Je ne savais ni rire, ni pleurer. Je me souviens avoir dû recommencer quatre-vingt fois une scène car je n'arrivais pas à éclater en sanglots. Je faisais mille efforts pourtant, m'inventant des histoires tristes. Eh oui, je croyais que c'était ainsi que les larmes couleraient..."
Dès lors, elle abandonne ses projets : elle deviendra une véritable comédienne. Elle devra se battre avec la petite fille de "Jeux interdits", pour détruire l'image persistante qu'on se fait d'elle. "Il fallait me défaire - dit-elle - du cliché cheveux blonds, yeux pâles, sourire, pureté douceur. Bref, je ne voulais pas être l'éternelle romantique du "Grand Meaulnes"." Elle suis des cours d'art dramatique au Conservatoire et travaille avec Andreas Voutsinas, un des créateurs de l'Actor's Studio. Elle fait la connaissance de Jean-François Adam qui sera son partenaire et un an plus tard, son époux, dans la pièce de Romain Weigarten "L'Eté".
En mars 1969, naissance de sa fille, Marie. Elle se consacre alors au théâtre : bourgeoise libertine de "Bleus Blancs Rouges", de Planchon ou adepte farouche du MLF dans "Slag", de David Hare. A la télévision, elle est Célia, dans "La Chartreuse de Parme" et Dominique, des "Gens de Mogador". Au cinéma, elle incarne désormais des personnages très différents dans des films de jeunes auteurs ou de réalisateurs consacrés. En 1968, elle donna la réplique à Alain Delon dans "Adieu l'ami" de Jean Harman. Trois ans plus tard, c'est avec Maurice Ronet qu'elle partage l'affiche de "Raphaël le débauché" de Michel Deville. Elle sera troublante, surprenante aux côtés de Gérard Depardieu et Patrick Dewaere dans "Les Valseuses" (1974). En 1976-1977, on se souviendra de ses interprétations magistrales dans "Les Enfants du placard" de Benoît Jacquot et "Le Pays bleu" de Jean-Charles Tacchella.
En 1978, Brigitte Fossey est à l'affiche du film de Robert Altman avec Paul Newman dans "Quintet". La jeune femme sensuelle et volontaire des années soixante-dix à conservé tout son éclat, son pouvoir de séduction et sa farouche volonté d'indépendance. L'âge a infléchi sa douceur, elle incarnera avec conviction l'épouse de Martin Gray dans son récit autobiographique de "Au nom de tous les miens" (1983) réalisé par Robert Enrico. Mais c'est en fait "La Boum" de Claude Pinoteau, en 1980, qui a sans doute engendré et entériné, par un second volet en 1983, cette image de la femme à maturité. Le triomphe public lors de la sortie de cette comédie de mœurs ou Brigitte Fossey y est par excellence représentative d'une petite bourgeoisie : elle travaille, se bat lorsque son mari, le dentiste Claude Brasseur, la trompe, affronte la crise d'adolescence de sa fille interprétée par Sophie Marceau, débutante. Figure sociologique qui coïncide avec d'autres créations marquantes dans un style de "femme libérée" qu'elle affectionne, comme les beaux personnages écrits par Bertrand Van Effenterre dans "Mais où est donc Ornicar?" (1979) et par un Claude Sautet dans "Un Mauvais fils" (1980) aux côtés de Patrick Dewaere.
Parallèlement, Brigitte Fossey continue à jouer les séductrices; celle qui détourne Richard Berry du "oui" fatidique dans "Le Jeune marié" (1983) de Bernard Stora, celle qui fait tourner la tête de Christophe Malavoy dans "La Scarlatine" (1983) de Gabriel Aghion. Sa distinction et son caractère passionné en font l'interprète toute désignée de Kleist, dans une adaptation d' "Un Amour interdit" (1984) de Jean-Pierre Dougnac et les mêmes qualités l'amènent à l'étonnante création du téléfilm "L'Affaire Caillaux", en 1984, où elle incarne la femme du député de la troisième République, restée célèbre pour avoir tiré sur le patron du "Figaro" Gaston Calmette.
La deuxième partie des années 80, Brigitte Fossey choisit de moins apparaître au cinéma, elle tourne sous la direction de René Manzor "3615, Code Père-Noël" (1990), mais aussi dans "Les Enfants du naufrageur" (1992) de Jérôme Foulon et en Italie, Giuseppe Toratore la dirige dans la version longue de "Cinéma Paradiso" (1989). Son dernier film fut tourné en 2021 : "Le Chemin du bonheur" de Nicolas Steil.
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