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13 septembre 2022

DÉCÈS DU CINÉASTE DE LA NOUVELLE VAGUE : JEAN-LUC GODARD

       

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         DÉCÈS DU CINÉASTE DE LA NOUVELLE VAGUE 

        JEAN-LUC GODARD          1931 - 2022 

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Jean-Luc Godard n'est plus. Le cinéaste emblématique de la Nouvelle Vague s'est éteint le 13 septembre 2022 à l'âge de 91 ans. Dans Libération, son entourage a révélé les causes de son décès.

Réalisateur engagé, cinéaste emblématique et précurseur de la Nouvelle Vague, personnalité parfois controversée, Jean-Luc Godard s'est éteint en Suisse, à son domicile situé sur les rives du lac Léman. Un décès que l'on pouvait supposer comme étant issu de causes naturelles vu l'âge avancé du réalisateur (91 ans), même s'il en est en réalité tout autre.

En effet, dans "Libération" son entourage a expliqué que Jean-Luc Godard avait eu recours au suicide assisté, une pratique légale en Suisse. Il n'était ainsi "pas malade", a expliqué un de ses proches en précisant que le cinéaste était "simplement épuisé". Et de continuer : "Il avait donc pris la décision d'en finir. C'était sa décision et c'était important pour lui que ça se sache." L'épouse du réalisateur, Anne-Marie Miéville, et ses producteurs ont fait savoir dans un communiqué que Jean-Luc Godard était décédé "paisiblement", "entouré de ses proches" et, comme un dernier pied de nez de la part du réalisateur, qu'aucune cérémonie officielle n'aurait lieu. Le réalisateur du "Mépris" sera incinéré.

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De tous les réalisateurs français de l'après-guerre, aucun n'a suscité autant d'admiration et d'hostilité que Jean-Luc Godard, porte-drapeau de la nouvelle vague, dont il fut le représentant le plus radical et le plus révolutionnaire. Quoi qu'on puisse penser de ses films, on ne peut nier que Jean-Luc Godard soit un des réalisateurs les plus importants des années 60-70-80. Sa manière de faire du cinéma n'a pas seulement influencé des réalisateurs de toutes nationalités; elle aussi, et surtout, révolutionné le cinéma lui-même.

Jean-Luc Godard est né le 3 décembre 1930 à Paris, dans une famille protestante. Des études secondaires en Suisse et au Lycée Buffon à Paris; études supérieures à la Sorbonne; où il obtient un certificat d'ethnologie. Fonde en 1950 avec Maurice Scherer plus connu sous le nom de Eric Rohmer et Jacques Rivette "La Gazette du Cinéma", où il publie quelques articles, dont un manifeste. Il passera ensuite à "Arts" et aux "Cahiers du Cinéma".

Comme Louis Delluc, dans les années 20, il arrive au cinéma par la voie théorique. Dès le début, il se considère comme un "raconteur" plutôt que comme un théoricien. "J'écris des essais sous forme de romans ou des romans sous forme d'essais. Au lieu d'écrire mes critiques, à présent je les filme", comme il le déclare lui-même. Et il est vrai que la structure narrative traditionnelle n'a jamais été un élément important de ses films. Godard estime qu'un des traits caractéristiques de l'art moderne consiste à "ne jamais raconter une histoire". En réalité, ses premiers films se ressentent encore du besoin de prendre appui sur la narration : "Je n'aime pas raconter une histoire. Je préfère une sorte de tapisserie, une trame sur laquelle je puisse tisser mes idées. Bien sûr, j'ai besoin d'une histoire comme point de départ, mais plus elle est conventionnelle, mieux c'est."

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En tant qu'histoire, "A bout de souffle" (1960) ne s'éloigne guère des autres romans noirs américains que Godard adaptera par la suite : "Pigeon vole" de Dolores Hitchens dans "Bande à part" (1964) et "Obsession" de Lionel White dans "Pierrot le fou" (1965). Mais quelle que soit l'œuvre qu'il décide d'adapter à l'écran, y compris les plus renommées, comme "Le Mépris" de Moravia dans le film du même titre en 1963, Godard modifie toujours le matériau original en y introduisant, à dose souvent très forte, des éléments nouveaux. "On peut partir de la fiction ou de la réalité, mais en partant de la fiction on finira inévitablement par rencontrer la réalité, et vice versa." Il semble que pour Godard la réalité l'ait emporté.

On dit souvent des films de Godard qu'ils relèvent de deux périodes bien distinctes : avant et après mai 68. Rétrospectivement, cette frontière ne semble pas si nette. Les films qui précèdent "La Chinoise" (1967), où un groupe d'étudiants fondent une cellule marxiste pendant leurs vacances, sont certes moins explicitement politiques que ceux qui suivront, il n'en reste pas moins que "Vivre sa vie" (1962) n'était pas seulement l'histoire de "Nana", le personnage principal, mais aussi une étude sur le phénomène social de la prostitution; que "Le Petit soldat" (1960) fut le premier film français qui tenta d'évoquer la guerre d'Algérie; ce qui lui valut d'ailleurs d'être interdit par le gouvernement jusqu'en 1963. Même les films les plus intimistes de Godard comme "Une Femme mariée" (1964) et "Le Mépris", peuvent être considérés comme des essais de micro-politique (politique du couple et politique du sexe). Quant à "Deux ou trois choses que je sais d'elle" (1967), c'est sous de nombreux aspects, un véritable essai sociologique.

La différence entre Godard et la plupart de ses contemporains réside dans le fait qu'il n'était pas intéressé par le seul message social, mais surtout par la mise en scène. Le fondement de la poétique de Godard, c'est qu'il ne veut pas seulement exposer des idées politiques, mais également abolir les formes d'expression artistique conventionnelles. Selon Godard, la seule manière d'attaquer l'idéologie dominante consiste à attaquer les formes artistiques qui en sont, inconsciemment peut-être, le véhicule. Faire un film politique ne suffit pas; le problème, c'est de faire "politiquement" un film.

Tous les films de Godard révèlent, si on examine attentivement, une structure formelle très complexe. Outre le souci du "réalisme", son en prise directe, tournage en extérieurs, Godard prend soin d'abstraire de leur contexte ces fragments de réalité. Il isole un moment de la vie réelle, un instant dans le temps, et en fait de l'art grâce au montage. La plupart de ses films sont fractionnés en tableaux, en chapitres, les différentes séquences ont souvent la structure d'une mosaïque, où chaque plan est une des minuscules tesselles qui finiront par former l'image globale. Godard est fasciné par la possibilité de saisir la réalité sur la pellicule et se permet alors, mais alors seulement, de la manipuler.

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S'il n'y pas eu, comme certains le prétendent, de grande rupture entre les films de Godard des années 60 et ceux de la décennie suivante, il n'en est pas moins vrai que dans les années 70, et déjà dans des œuvres comme "Un Film comme les autres" (1969), le réalisateur renonce aussi bien aux "histoires" qu'aux stars. Il cherche délibérément à réaliser des films impopulaires, et il y parvient. Il parle de cette période en ces termes : "La seule façon d'être un intellectuel révolutionnaire, c'était de cesser d'être un intellectuel." Godard ne veut pas que ses films puissent plaire, devenir des produits de consommation, éventuellement acceptés de la bourgeoisie. Son intention est de provoquer et de frustrer son public, et même de mettre sa patience à l'épreuve. Par là même; hélas, Godard renie délibérément son talent de réalisateur. Sans être un narrateur, il avait laissé jaillir, dans ses premiers films, son génie lyrique; et tout en distribuant ses acteurs dans des rôles qui ne leur convenaient guère, il leur soutirait cependant des interprétations exceptionnelles, ainsi celle de Mireille Darc dans "Week-end" (1967), et bien sûr celles d'Anna Karina et de Belmondo dans "Pierrot le fou".

Juste après 1968, période de total ascétisme pour Godard, celui-ci, non sans masochisme, s'offre le luxe de donner le moins bon de lui-même. Un critique déclara à propos de "Vladimir et Rosa" (1971) qu'il était faible et sous-alimenté, exactement comme quelqu'un qui est obligé, après avoir versé tout son salaire à la "cause" de vivre d'amour et d'eau fraîche. Métaphoriquement, c'est bien ce que Godard est en train de faire. S'il en faut une preuve, il suffit de comparer les films de cette période avec "Tout va bien" qu'il réalise en 1972 : la présence de Yves Montand et Jane Fonda permit à Godard de démontrer une fois de plus son talent de directeur d'acteurs. Bien que réalisé avec un petit budget, ce film voit reparaître l'inspiration du cinéaste et sa manière inimitable d'utiliser le son et le montage. Il est revenu au récit, toujours en traité comme un simple prétexte, dans lequel il insère une forte dose de matériaux documentaires. C'est précisément cette dialectique entre la réalité et la fiction qui fait de "Tout va bien", selon certains, le film de Godard le plus réussi.

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Mais "Tout va bien" n'obtient pas le succès public escompté. Godard quitte alors Paris et le monde du cinéma commercial. Il se retire à Grenoble, où il réalise , pour son studio Sonimage, des expériences en vidéo, dont certaines connaissent une diffusion à la télévision. Les films réalisés à Grenoble sont intéressants à plus d'un titre, notamment "Ici et ailleurs" (1976), dans lequel Godard cherche à expliquer pourquoi il n'est pas parvenu à terminer en 1971, son film propalestinien, "Jusqu'à la victoire". Peu de gens cependant voient ces films, et dès lors Godard se consacre surtout à la télévision. En 1969, il avait tourné deux films pour le petit écran : "British Sounds" pour la London Weekend Television anglaise, et "Le Gai Savoir" pour l'O.R.T.F., mais aucun des deux ne fut programmé. Godard aura plus de chance en 1978 avec "Sur et sous la communication", qui est retransmis par la télévision française, mais à une heure tardive et en plein été, alors qu'une grande partie de la France est en vacances. Après une autre tentative, Jean-Luc Godard revient au long métrage avec "Sauve qui peut (la vie)" (1980), son plus grand succès depuis "Week-end".

Ce film n'est pourtant pas un chef-d'œuvre, car il souffre d'un certain déséquilibre. D'une part, il s'agit d'une récapitulation de toute l'œuvre précédente de Godard, aussi bien les longs métrages des années 60 que les essais documentaires de la décennie suivante; de l'autre, on y perçoit l'intention d'aborder les thèmes qui lui sont chers sous un angle différent. "Si sauve qui peut (la vie) n'a pas la perfection de "Deux ou trois choses que je sais d'elle", cela est dû au fait que Godard s'est aventuré dans un domaine complètement nouveau et parce que sa sensibilité reflète la confusion qui saisit le monde au début des années 80. Le personnage principal du film (Jacques Dutronc) s'appelle, et cela n'est pas fortuit, Paul Godard, un homme qui traverse une profonde crise existentielle. Méditation pessimiste et fragmentaire sur le chaos de la fin des années 70, ce film est un véritable "journal de la catastrophe".

Bon nombre des éléments présents dans les premiers films de Godard réapparaissent dans "Sauve qui peut (la vie). On assiste par exemple à une version parodique de la séquence finale de "Vivre sa vie", avec la scène où la prostituée incarnée par Isabelle Huppert n'est pas tuée cette fois par son souteneur, mais reçoit simplement une fessée. Dans ce film la structure "éclatée" que le cinéaste avait adoptée dans "Made in USA" (1965) est largement dépassée, ainsi le mouvement le plus simple s'y trouve morcelé par le recours à des techniques d'animation. Probablement inspiré par les effets spéciaux utilisés pour les retransmissions sportives télévisées, mais aussi par les expériences pré- cinématographiques d'Etienne-Jules Marey et d'Edward Muybridge, Godard donne à voir toutes les phases d'un mouvement, de même que dans d'autres films il avait fragmenté les séquences en plans de très courte durée.

Après "Sauve qui peut (la vie)" qui fut présenté au Festival de Cannes 1980,  est sorti "Passion" (1982) qui a relancé le débat sur Godard, chercheur infatigable de nouveaux moyens d'expression, et qui n'a pas fini d'étonner. Suivront "Détective" en 1985. "Prénom Carmen" (1984) révéla trois jeunes comédiens, Maruschka Detmers, Jacques Bonnaffé et Myriem Roussel, se vit décerner le Lion d'Or au Festival de Venise 1984. Godard est revenu, en force, au tout premier plan de l'actualité cinématographique. Comme avant 1967, il a retrouvé son rythme, très rapide, de création, cinq longs métrages et deux courts de 1980 à 1985; à nouveau, les sujets qu'il aborde suscitent, comme "Je vous salue Marie", protestations, manifestations et censure, en France et dans le monde; plus que jamais, il est considéré par la majeure partie de la critique comme le maître à penser du cinéma contemporain. Le grand public, seul, ne semble pas suivre une œuvre qui, pour le moins dérange, surtout lorsque comme "Détective", elle se présente à lui sous les apparences du cinéma traditionnel.

En mai 1986, TF1 a diffusé, dans le cadre de "Série Noire", émission à forte audience, un téléfilm de Jean-Luc Godard, lointainement inspiré d'un roman policier de James Hadley Chase : "Grandeur et décadence d'un petit commerce de cinéma". Interprété par Jean-Pierre Léaud et Jean-Pierre Mocky, ce film est, selon "Télérama" : "Un poème chaotique, une plongée dans les soutes de la création, un reportage au cœur même de la pellicule". Qu'un tel film soit diffusé par une chaîne de télévision, un samedi soir à l'heure de la plus grande écoute, voilà encore un défi que seul sans doute, Jean-Luc Godard était capable de lancer. Qu'il ait gagné ou perdu, selon les indicateurs d'audience, importe peu. L'essentiel est, pour lui comme pour le cinéma, qu'il tourne.

En 1996, la première mondiale de "For ever Mozart" eut lieu le 14 juin 1996 à Sarajevo en ouverture d'une quinzaine cinématographique organisée par le journal "Le Monde" et "Les Cahiers du Cinéma". En 2004, sort sur les écrans de cinéma "Notre musique" lequel fut présenté hors compétition lors du cinquante-septième Festival de Cannes. C'était le septième film de Jean-Luc Godard à avoir eu les honneurs d'une sélection cannoise. En 2010, fut présenté dans le cadre de la Sélection officielle "Un Certain Regard" du 63 ème Festival de Cannes, le film de Jean-Luc Godard : "Film socialisme", mais le cinéaste ne vint pas à la conférence de presse. Jean-Luc Godard meurt le 13 septembre 2022 à l'âge de 91 ans, à Rolle en Suisse, ayant eu recours au suicide assisté. 

 

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