PHILIPPE NOIRET, LE BIENHEUREUX
PHILIPPE NOIRET 1930 - 2006
Comédien Français
Philippe Noiret est devenu au fil du temps, l'un des visages les plus familiers du cinéma français; il était capable de jouer dans tous les registres que le cinéma peut offrir, aussi bien la tendresse que la cruauté, la bonhomie généreuse que la lâcheté cynique. Philippe Noiret est né le 1er octobre 1930 à Lille.
Il fréquente de nombreux établissements scolaires avant d'échouer trois fois de suite au bachot, il déclara plus tard que ce n'est pas par manque d'intelligence mais par paresse. C'est à la suite d'une fête de fin d'année à Juilly où il participe à un spectacle théâtral, qu'il rencontre Henri de Montherlant qui l'encourage à devenir comédien.
En 1950, Philippe Noiret suit des cours d'art dramatique chez Roger Blin avant de travailler au sein du Centre Dramatique de l'Ouest puis de revenir à Paris où il joue au théâtre de l'Oeuvre. En 1953, il fréquente le Théâtre National Populaire (T.N.P.) où il restera dix ans aux côtés de Jean Vilar, Gérard Philipe, Sylvia Monfort, Georges Wilson et tant d'autres. C'est là qu'il rencontre Agnès Varda qui le fait débuter au cinéma dans "La Pointe courte" en 1955, c'est le premier film de la cinéaste, photographe au TNP sous la direction de Jean Vilar. Philippe Noiret remplaça Georges Wilson souffrant. Noiret déclara : "C'était un personnage très loin de moi. Il aurait sûrement fallu quelqu'un de plus âgé - et le cjoix de Wilson n'avait pas été un hasard - quelqu'un qui ait une certaine expérience de la vie. Je pensais que ça demeurerait une expérience unique. Je n'ai jamais songé que ça pourrait m'ouvrir quoi que ce soit au cinéma."
Philippe Noiret ne reviendra au cinéma que cinq ans plus tard, avec "Zazie dans le métro" (1960) réalisé par Louis Malle, d'emblée, il s'impose comme l'un des grands acteurs de sa génération. De nombreux cinéastes le réclament, Pierre Gaspard-Huit lui propose de donner la réplique à Jean Marais dans "Le Capitaine Fracasse" (1960), Georges Franju dans "Thérèse Desqueyroux" (1962) avec Emmanuelle Riva, Yves Robert dans "Les Copains" avec une pléiade de comédiens (Pierre Mondy, Claude Rich, Michael Lonsdale, Christian Marin, Jacques Balutin et Guy Bedos). Noiret tournera également dans le premier film du cinéaste Jean-Paul Rappeneau dans "La Vie de château" (1966) qui fut couronné du Prix Louis Delluc en 1966.
Noiret tourne film sur film; il avoue "Je choisis mes rôles non seulement en fonction du talent du metteur en scène, mais en fonction de la sympathie que j'ai pour lui". Dès lors, Noiret impose un personnage nouveau dans le cinéma français, on l'aperçoit désinvolte, nonchalant, mais aussi profondément humain. Son nouveau statut d'acteur lui fait comprendre qu'il doit choisir entre le théâtre et le cinéma. Son choix se fera en 1966 après avoir joué "Un Drôle de couple" au Théâtre de la renaissance, il se consacrera essentiellement au septième art. En 1966, il donne la réplique à Jean-Paul Belmondo dans "Tendre voyou" de Jean Becker; l'année suivante sous la direction de René Allio il incarne un comédien dans "L'Une et l'autre".
A la fin des annes soixante Philippe Noiret a déjà derrière lui une double carrière fort bien remplie. L'interprétation du rôle de "Alexandre le bienheureux" (1968) va le rendre encore plus célèbre, sa notoriété est au beau fixe et lui permet de s'imposer au tout premier plan des comédiens français. Le tandem Noiret et Kaly le petit chien feront le bonheur du cinéaste Yves Robert, lequel signe l'un de ses plus beaux films. Le cinéaste retrouvera Noiret pour le tournage de "Clérembard" (1969) qui arrivait après "Alexandre le bienheureux", c'était le même metteur en scène, le même acteur principal...Autant "Alexandre...était déjà parti sur les chapeaux de roues le mercredi à deux heures, autant "Clérembard" a été le désert ou presque.
Après le tournage des "Caprices de Marie" (1970) de Philippe de Broca avec Marielle, Noiret tourne cinq films en 1971, dont "La Vielle fille' de Jean-Pierre Blanc où il a pour partenaire Annie Girardot. Quant à Edouard Molinaro, il le dirige au côté de Roger Hanin dans "Les Aveux les plus doux". En 1973, Il apparaît aux côtés de Michel Piccoli et Marcello Mastroianni dans cette "Grande bouffe" qui fit couler beaucou d'encre. C'est aussi la même année le premier des trois films qu'il interprète pour Bertrand Tavernier : "L'Horloger de Saint-Paul" (1974) (Prix Louis Delluc 1974) que suivront "Que la fête commence" (1975) et "Le Juge et l'assassin" (1975). Dès lors Philippe Noiret se montre de plus en plus intransigeant quant au choix des sujets que chaque jour il reçoit. Tout comme les cigares qu'il affectionne, il sélectionne ses films.
En 1975, Philippe Noiret et Romy Schneider tournent sous la direction de Robert Enrico "Le Vieux fusil", un énorme succès populaire, récompensé du meilleur film, meilleure musique à François de Roubaix et meilleure interprétation masculine à Philippe Noiret. Il tournera film après film avec boulimie. Entre 1973 et 1978, on peut citer huit autres films que Noiret aura tourné avec Pierre Tchernia dans "Les Gaspards" (1973) avec Michel Serrault, "Un Nuage entre les dents" (1974) de Marco Pico avec Pierre Richard, "Le Secret" (1974) de Robert Enrico avec Jean-Louis Trintignant et Marlène Jobert, "Mes chers amis" (Amici Miei,1975 de Mario Monicelli avec Ugo Tognazzi et Bernard Blier, "Une Femme à sa fenêtre" (1976) de Pierre Granier-Deferre avec Romy Schneider, "Le Désert des Tartares" (1976) de Valerio Zurlini avec Vittorio Gassman, Jacques Perrin, Francisco Rabal, Fernado Rey, Laurent Terzieff et Jean-Louis Trintignant, "Un Taxi mauve" (1977) de Yves Boisset avec Fred Astaire, Charlotte Rampling et Peter Ustinov et enfin "Le Témoin" (1978) de Jean-Pierre Mocky avec Alberto Sordi.
Philippe Noiret déclara : "J'aime vraiment le tournage et si j'y étais obligé, je serais prêt, je crois à faire quasiment n'importe quoi." Rares sont pourtant, dans une filmographie particulièrement dense, les films dont le comédien ait à rougir. Sans doute est-il protégé par son "goût de l'objet artisanal bien pensé et bien exécuté, avec goût, intelligence, passion." Il interprète des personnages à forte personnalité. On se souvient en particulier du mari jaloux et assassin de "Coup de torchon" (1981) de Tavernier, du démagogue de "Masques" (1987) de Chabrol, qui en pleine émission, crache son mépris à ses téléspectateurs et des "héros" pour le moins équivoques de "L'étoile du Nord" (1982) de Granier-Deferre et de "Pile ou face" (1980) de Robert Enrico. Médecin homosexuel dans "Les Lunettes d'or" (1987) de Giuliano Montaldo, flic peu orthodoxe dans "Noyade interdite"(1987) de Pierre Granier-Deferre ou aristocrate condamné par l'Histoire dans "Chouans" (1988) de Philippe de Broca.
Tous ces films qu'il a tourné lui permettra d'interpréter des personnages à forte personnalité, comme le demande son talent multiple. Philippe Noiret se révélera encore excellent dans le flic cynique et débonnaire des "Ripoux" (1984) de Claude Zidi dont ce fut son premier grand succès critique. Il retrouve à plusieurs reprises son ami Jean Rochefort avec lequel il tournera "Il faut tuer Birgitt Haas" (1981) de Laurent Heynemann, "L'Ami de Vincent" (1983) de Pierre Granier-Deferre, puis en 1996 sous la direction de Patrice Leconte "Les Grands Ducs".
On peut noter également les duos au cinéma des années 80 comme avec Roger Hanin dans "Le Grand carnaval" (1983) de Alexandre Arcady, avec Ugo Tognazzi dans "Mes Chers amis no2" (1982) de Mario Monicelli, Catherine Deneuve dans "L'Africain" (1982) de Philippe de Broca, Gérard Depardieu dans "Fort Saganne" (1983) de Alain Corneau, Jean-Louis Trintignant dans "L'été prochain" (1982) de Nadine Trintignant, Nicole Garcia dans "Le Quatrième pouvoir" (1985) de Serge Leroy, Christian Clavier et Bernard Blier dans "Twist again à Moscou" (1986) de Jean-Marie Poiré. En 1989, au Festival de Cannes, le public de la grande salle du Palais des Festivals, debout, applaudit à tout rompre, pour "Cinéma Paradiso" réalisé par Giuseppe Tornatore; c'est un triomphe. Le film obtiendra d'ailleurs le Grand Prix du jury et sera couronné d'un joli succès en salles. Noiret confirmant qu'il est très apprécié du grand public
Sa bonhomie le préserve de tout effet de mode. Il suscite toujours la sympathie, qu'il y incarne un aristocrate éclairé ballotté par les évènements de la Révolution, dans "Chouans !" (1988) de Philippe de Broca; l'empereur du Brésil dans "Toascanini" (1988) de Franco Zeffirelli avec Elizabeth Taylor à l'affiche ainsi que le projectionniste sicilien de "Cinéma Paradiso". Ce sont ces qualités humaines, ainsi que sa facilité d'incarner des personnages sympathiques ou "les bourrus-au-grand-coeur" comme dans "La Vie et rien d 'autre" (1989) de Tavernier. ce film lui vaudra en 1990, son second César d'interprétation et le Félix du meilleur acteur européen. Il sera également partant pour tourner des suites aux "Ripoux" avec "Ripoux contre Ripoux" (1990) de Claude Zidi et treize ans plus tard "Ripoux 3", mais il étonne en abordant un cinéma estampillé d'auteur avec un contre-emploi d'homosexuel las et perdu, dans "J'embrasse pas" (1991) de André Téchiné. De son abondante filmographie ressortent ausis sa création puissante et ambigüe d'un écrivain inspiré d'Emile Ajar alias Romain Gary dans "Faux et usage de faux" (1990) de Laurent Heynemann, etl'ampleur qu'il a donné au tueur retraité de "Max et Jérémie" (1992) de Claire Devers.
Philippe Noiret semble effectivement fonctionner à l'envie, s'amuant beaucoup en compagnie de ses compères Marielle et Rochefort dans "Les Grands ducs" (1996) que réalisa Patrice Leconte ou jouant son propre rôle dans "Grosse fatigue" (1994) de Michel Blanc. Il est également savoureux en mousquetaire sur le retour, bedonnant et perclus, dans "La Fille de d'Artagnan" (1994) de Tavernier. Il semble au-dessus des préoccupations de box-office et tourne certains films intimistes pour le plaisir; ainsi dans "Nous deux" (1192) de Claude Zidi, celui de donner la réplique à son épouse Monique Chaumette. En 1995, le réalisateur Dominique Maillet lui propose un rôle de monstre sacré dans "Le Roi de Paris", inspiré de Sacha Guitry. Il incarne un personnage historique, Pablo Neruda, dans "Le Facteur" (1995) de Michael Radford, qui connaît un succès mondial. Après trente ans d'abscence sur les planches, il en revient en septembre 1997 en compagnie de Michel Bouquet dans "Les Côtelettes", première pièce écrite par bertrand Blier, qui fut un énorme succès public; et deviendra un long métrage du même nom en 2003 et sera selectionné en compétition officielle au Festival de Cannes 2003. C'est avec Michel Boujenah en tant que réalisateur que Noiret terminera sa carrière cinématographique, d'abord en 2003 "Père et fils" et en 2007 "Trois amis". Philippe Noiret décède le 23 novembre 2006 à Paris à l'âge de 76 ans d'un cancer.
Ses meilleurs films : "Zazie dans le métro" de Louis Malle, "Thérèse Desqueyroux" de Georges Franju, "La Vie de château" de Jean-Paul Rappeneau, "Alexandre le bienheureux" de Yves Robert, "La Vieille fille " de Jean-Pierre Blanc, "La Grande bouffe" de Marco Ferreri, "L'Horloger de Saint-Paul" de Bertrand Tavernier, "Que la fête commence" de Bertrand Tavernier, "Le Secret" de Robert Enrico, "Le Vieux fusil" de Robert Enrico, "Mes Chers amis" de Mario Monicelli, "Le Juge et l'assassin" de B. Tavernier, "Le Désert des Tartares" de Valerio Zurlini, "Trois Frères" de Francesco Rosi, "Coup de torchon" de B. Tavernier, "L'étoile du Nord" de Pierre Granier-Deferre, "Le Grand carnaval" de Alexandre Arcady, "Fort Saganne" de Alain Corneau, "Masques" de Claude Chabrol, "Cinéma Paradiso" de Giuseppe Tornatore, "La Vie et rien d'autre" de B. Tavernier, "Faux et usage de faux" de Laurent Heynemann, "J'embrasse pas" de André Téchiné, "Le Facteur" de Michael Radford.
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