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1 juin 2020

MONGOMERY CLIFT, L'HOMME QUI FAISAIT CAVALIER SEUL

  

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           MONGOMERY CLIFT           1920 - 1966

            Acteur Américain  

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Hors écran, il n'est guère différent de ses personnages : hypersensible, enclin à l'instrospection, voire à l'auto-destruction. Son jeu trahit une certaine peur de ce que la caméra pourrait révéler de sa personnalité. Hésitant, manquant de confiance en lui, souvent torturé, il réunit trois personnages en un seul : l'acteur que le public découvre à ses débuts, d'une beauté mystérieuse et romantique; l'homme victime en 1957, d'un accident de voiture dont il ressort défiguré; et enfin celui qui, dans sa vie privée, cache un penchant pour l'alcoolisme et la toxicomanie.

Edward Montgomery Clift est né le 17 octobre 1920, à Omaha (Nebraska, USA). Montgomery Clift débute très jeune dans des productions d'amateur, attiré très tôt par le métier d'acteur. Et dès l'âge de quatorze ans, il fait des tournées d'été avec une troupe d'acteurs débutants. Un an plus tard, il joue son premier rôle à Broadway dans "Fly Away Home", puis apparaît dans "The Skin Of Your Teeth" et "Our Town" de Thornton Wilder. 

Par la suite, Elia Kazan l'encourage à étendre son répertoire en entrant à l'Actor's Studio de New York. Son premier rôle à l'écran est celui du fils adoptif de John Wayne dans "La Rivière rouge" (Red River,1948) d'Howard Hawks, où l'acrimonie tranchante de Montgomery Clift contraste avec l'assurance paternaliste de John Wayne, créant une tension qui donne à ce western une profondeur inattendue.

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La sortie de "La Rivière rouge" ayant été retardée, le public découvre pour la première fois dans "Les Anges marqués" (The Search,1948) de Fred Zinnemann, où il joue le rôle d'un orphelin entrant à Berlin ravagé par la guerre. Un critique du New York Times écrira au sujet de ce film : "Tout comme l'officier américain qui l'adopte, le jeune acteur Montgomery Clift interprète son rôle avec un mélange parfait de passion et de désinvolture." Pour cette interprétation, il sera nommé à l'Oscar du meilleur acteur.    

Ces éloges ne seront pas justifiés par les deux rôles suivants qui manquent d'intérêt, malgré la bonne interprétation du duo Olivia de Havilland-Montgomery Clift dans "L'Héritière" (The Heiress,1949), adaptation très académique du roman d'Henry James par William Wyler, et celui d'un pilote, dans "La Ville écartelée" (Big Lift,1950), un film sur la force aérienne de Berlin qui fait plutôt figure de documentaire. Par contre, le rôle plus ardu de l'arriviste qu'il joue dans "Une Place au soleil" (A Place in the Sun,1951) auprès de Shelley Winters et Elizabeth Taylor est infiniment plus louable. Le film comprend quelques gros plans superbes sur ces trois acteurs. Après avoir travaillé avec Fred Zinnemann sur "Tant qu'il y aura des hommes" (From Here to Eternity,1953) aux côtés de  Burt Lancaster, Deborah Kerr, Frank Sinatra et Ernst Borgnine (le film obtint 8 Oscars et fit une carrière internationale), et avec Hitchcock sur "La Loi du silence" (I Confess,1952), il part en Italie où il tourne avec Jennifer Jones dans "Station terminus" (Stazione Termini,1953) de Vittorio de Sica. Il s'agit des interminables adieux d'une femme mariée incarnée par l'actrice Jennifer Jones à son amant Montgomery Clift. C'est la première fois que De Sica fait appel à de grandes vedettes, mais ce film n'a eu aucune incidence sur la carrière de l'acteur.

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Après quatre ans d'abscence durant lesquels il "se cherche" Monty Clift revient avec "L'Arbre de vie" (Raintree Country,1957) d'Edward Dmytryk, avec pour partenaire son amie et confidente Liz Taylor. C'est pendant le tournage de ce film que le 13 mai 1956, se produit le terrible accident de voiture, son visage est très marqué; séquelles importantes, mais aussitôt remis de ses blessures, il revient sur le plateau. Dans "Le Bal des maudits" (The Young Lions,1958) également réalisé par Edward Dmytryk, il incarne un jeune soldat en proie à la tyrannie de ses camarades, il est éclipsé par Marlon Brando et Dean Martin. Dans "Coeurs à la dérive" -adaptation assez insipide de l 'amère nouvelle de Nathanael West Miss Lonelyheart - il paraît aussi accablé par son rôle que son personnage est harcelé par le directeur du journal. Très laconique face à ses deux partenaires, Elizabeth Taylor et Katharine Hepburn, dans "Soudain l'été dernier" (Suddenly, Last Summer,1959), magistralement mis en scène par Joseph L. Mankiewicz. Il sera nettement passif dans dans un film d'Elia Kazan qui a fait grande impression : "Le Fleuve sauvage" (Wild River,1960), aux côtés de Lee Remick et Jo Van Fleet. Kazan avait déjà dirigé Montgomery Clift en 1942 au théâtre, dans la pièce "The Skin of our teeth". N'ayant peu avoir Marlon Brando pour le rôle de Chuck, il engagea Clift. Ce dernier buvant beaucoup à l'époque, il lui fit promettre de ne rien boire durant le tournage. Trois jours avant la fin, Monty arriva devant Kazan, lui dit bonjour et tomba droit sur le nez. Il avait recommencé à boire. C'est sans doute l'un des meilleurs rôles de Montgomery Clift; le film n'eut aucun succès à l'époque.

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Enfin dans "Les Désaxés" (The Misfits,1960) de John Huston (d'après un roman d'Arthur Hiller), il incarne un éleveur de chevaux, mais donne l'impression, dans ce rôle, de n'avoir pas confiance en lui. D'ailleurs, il semble que l'atmosphère tragique de ce film ait dépassé les limites de la fiction : c'est le dernier film de Marilyn Monroe et de Clark Gable avant leur mort. Monty Clift sera plus pathétique dans ses derniers films, dont les thèmes laissent une large place à la névrose. Dans "Jugement à Nuremberg" (Judgment At Nuremberg,1961) réalisé par Stanley Kramer, il incarne l'un des principaux témoins, déséquilibré mental victime des camps de concentration, et dans "Freud, passion secrètes" (Freud,1962) de John Huston, on le voit en Sigmund Freud affublé d'imposants favoris, qui développe la théorie du complexe d'Oedipe avec un regard lourd de sous-entendus. Curieusement, c'est pendant le tournage de ce film qu'il a dû se faire opérer d'une cataracte aux deux yeux. Son dernier film sera un morne film d'espionnage français, "L'Espion" (1966), réalisé et produit par Raoul Lévy avec Hardy Kruger et Roddy MacDowall, dans lequel il interprétera une fois de plus un rôle qu'il a joué tout au long de sa carrière, celui de l'homme qui fait cavalier seul.

Après "Freud" , son état physique se dégradant de plus en plus, il reste presque quatre ans sans travailler, il devait jouer dans "Reflets dans un oeil d'or". Le 23 juillet 1966, Montgomery Clift meurt à l'âge de quarante-cinq ans, victime d'une crise cardiaque. Malade, usé prématurément, vaincu par ses démons intérieurs et secrets. 

 

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                         L'Héritière - 1949- William Wyler 

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                  Jugement à Nuremberg -1961 - Stanley Kramer

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