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11 novembre 2019

AVA GARDNER, LA COMTESSE AUX PIEDS NUS

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         AVA GARDNER                          1922 - 1990

           Actrice Américaine

 

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Elle est le buste de Maria Vargas, idole d'argile sur laquelle s'ouvre et se ferme son plus célèbre film, "La Comtesse aux pieds nus". Seules les déesses sont statufiées, direz-vous, mais précisément, Ava Gardner (qui est, dans le film de Joseph L. Mankiewicz, cette Maria Varga transformée en star par un metteur en scène ayant les traits d'Humphrey Bogart) a été de celles qu'on a surnommées les "déesses d'Hollywood.

Des femmes d'une beauté hors du commun, sculpturale, que les hommes, dans leur quête d'une féminité idéale, aiment à considérer comme inaccessibles. Un journaliste américain disait, justement à propos d'Ava Gardner, que ces déesses de l'écran ont une influence redoutable : par elles, les adolescents s'éloignent de leur mère et reportent ailleurs leur amour incestueux. Beauté de feu, bien terrestre pourtant que celle d'Ava Gardner. Beauté noire et veloutée des femmes du sud (elle est originaire de Caroline), qui a ravagé charnellement bien des hommes - Mickey Rooney, Frank Sinatra, Clark Gable...Car Ava Gardner a toujours préféré une vie privée mouvementée à la discipline des studios. Pour elle, ses seuls vrais films de comédienne ont été "Le Dernier rivage", "La Nuit de l'Iguane" et "La Bible", parce que, selon sa propre formule, elle s'y montrait "sans artifice aucun". Qu'elle nous permette d'ajouter à cette liste toute personnelle "Les Tueurs", "Pandora", "Show Boat, "Mogambo" et "La Maja nue", où sa présence et sa sensualité brute, presque animale, nous hanteront encore longtemps. Georges Cohen

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Ava Lavinia Garner est née le 24 décembre 1922 à Grabtown en Caroline du Sud. Elle est la plus jeune fille d'un fermier exploitant des plantations de tabac. Après une jeunesse studieuse mais dans une certaine pauvreté, elle se rend à New York chez sa soeur aînée, mariée à un photographe professionnel, Larry Tarr. Impressionné par la beauté de la jeune fille, alors âgée de 17 ans, il prends des centaines de photos d'elle et les expose dans des galeries. C'est là qu'un employé de la MGM les remarque et propose à Ava de faire un bout d'essai.     

Pourtant, comme beaucoup de créatures de rêve, Ava eut des débuts prosaïques, comme indiqué ci-dessus, naissance dans une famille pauvre de fermiers, études primaires suivies de vagues cours commerciaux, premières tentatives pour devenir mannequin. Convoquée à Hollywood, au vu de quelques photos, elle décourage tout le monde par son désastreux accent du Sud. Un professeur de diction réputé mettra quelques mois à l'en débarrasser, au prix d'un travail impitoyable. Ensuite les événements vont se précipiter. Elle a dix-sept ans quand elle fait ses débuts au cinéma, avant d'épouser l'acteur Mickey Rooney, alors en pleine gloire, grâce à sa série de films d'André Hardy. Les débuts sont obscurs et le mariage ne durera pas deux ans, mais Ava qui a le pied à l'étrier s'accroche dur. ²²

Elle tourne une bonne quinzaine de films (figurations et rôles minuscules) avant d'avoir enfin son nom au générique en 1944. Son nom apparaît pour la première fois au générique de "Trois hommes en blanc" (Three Men in White) en 1944. Dès l'année suivante, elle paraît en vedette dans un film qui, terminé et présenté en 1946, suffira à la porter au premier rang. Pourtant son partenaire, George Raft, est déjà sur la pente déclinente, et le metteur en scène, Léonide Moguy, est loin d'être le plus fameux des Européens émigrés à Hollywood mais la chance lui sourit enfin, avec "Tragique Rendez-vous" (Whistle Stop,1946) qui parvient à imposer sa beauté et son talent naissant. Ceux-ci éclatent définitivement, la même année, dans "Les Tueurs" (The Killers), un thriller de Robert Siodmak, d'après une nouvelle d'Ernst Hemingway, écrivain dont elle incarnera plusieurs héroïnes. Par un curieux mimétisme, sa vie et son personnage ressembleront d'ailleurs tout à fait aux créations du romancier américain le plus célèbre.

Les films qui suivent, dans l'ensemble, ne seront pas des réussites, pas plus que son deuxième mariage avec le clarinettiste de jazz Artie Shaw, en 1945-1946. Cette période de déboires prend fin en 1951 qui est une année importante dans la vie d'Ava. Elle épouse Frank Sinatra, mariage qui connaîtra le même échec que les précèdents; mais surtout elle tourne "Pandora" (Pandora and the Flying Dutchman,1951), film d'Albert Lewin qui contribuera le premier à créer le mythe qui va se développer autour du personnage d'Ava. Il ne s'agit pas d'un chef-d'oeuvre, comme l'a montré une reprise parisienne trente ans après, et, du reste, dès 1958, dans un article mémorable des "Cahiers du cinéma" consacré à la célébration de la star, Claude Gauteur écrivait : "Comment défendre ce film inégal où le meilleur côtoie le pire, où quelques agréables grains de folie ici et là parsemés ne font jamais oublier l'esthétisme trop souvent frelaté de la plupart des séquences." Malgré ces critiques méritées, la magie qui émanait du personnage qu'incarnait Ava Gardner était telle qu'elle illuminait tout le film, l'imposant à la mémoire des cinéphiles bien mieux que d'autres oeuvres plus réussies.

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Toujours en 1951, Ava Gardner donnait une autre de ses grandes interprétations, passée à peu près inaperçue à l'époque, mais finalement beaucoup plus durable "Show Boat", parfaite adaptation de l'opérette fameuse de Jerome Kern par George Sidney. Ava conférait une intensitéé bouleversante à sa création du personnage émouvant de Julie Laverne, la mulâtresse humiliée. A la fin du film, en femme déchue, elle était extraordinaire. Sa beauté, remarquablement mise en valeur par les toilettes 1900, ainsi que par une photographie d'une qualité rare, n'a jamais été plus éclatante que dans ce film, aussi réussi que méconnu.

 

A "Show Boat" succédèrent quelques films séduisants, desquels on peut retenir tout de même "Les Neiges du Kilimandjaro" (The Snows of Kilimandjaro,1952), assez bonne adaptation d'Hemingway par Henry King, elle est l'épouse de Gregory Peck, Ava reprend le rôle de Jean Harlow dans un remake de "Red Dust" : "Mogambo" (1953) de John Ford avec Clark Gable et Grace Kelly, malheureusement ce film n'est généralement pas considéré comme une oeuvre majeure de John Ford, très grand cinéaste, assez dépaysé dans une Afrique de convention. Son interprétation lui vaut d'ailleurs sa seule nomination à l'Oscar. Mais c'est avec la fameuse "Comtesse aux pieds nus" (The Barefoot Contessa,1954) de Joseph L. Mankiewicz, que l'image mythique d'Ava Gardner allait connaître son apothéose et sa plus parfaite incarnation. Dans "ce film subtil et intelligent, fort bien mis en scène, joué à la perfection avec un rien de théâtral" comme l'écrivit à l'époque François Truffaut, elle était Maria Vargas, petite danseuse espagnole propulsée au firmament hollywoodien puis dans la haute société cosmopolite. Enigmatique et fatale, émouvante à force de froideur concentrée, Ava y donnait d'elle-même l'image la plus fidèle et la plus achevée, dans une histoire originale de Mankiewicz qui évoquait le climat de certaines histoires d'Hemingway. Avant de retrouver celui-ci dans "Le Soleil se lève aussi" (The Sun Also Rises,1957) d'Henry King, Ava allait obtenir un nouveau grand rôle grâce à George Cukor, dans "La Croisée des destins" (Bhowani Junction,1956) avec Stewart Granger. Ce superbe mélo, baroque et flamboyant, curieusement situé dans le cadre de l'Inde des premiers jours de l'indépendance, fournit à l'actrice l'occasion d'arborer de seyants saris, en même temps que de composer un de ses plus insolites personnages. Encore une manière de chef-d'oeuvre méconnu, sauf des admirateurs inconditionnels de Cukor et d'Ava Gardner. Lorsque Cukor lui proposa le rôle difficile de Victoria Jones mais l'actrice devait rendre crédible le personnage d'une métisse déchirée par l'appartenance à deux cultures radicalement différentes. Cette proposition allait à l'encontre du mythe auquel Ava Gardner s'identifiait depuis la fascination qu'elle exerçait dans "Pandora". En rupture avec les impératifs du mythe, Cukor réussit à obtenir de l'actrice qu'elle accepte un visage maculé pour la séquence de la catastrophe ferroviaire et qu'elle porte des vêtements déchirés dans les plans de la tentative de viol. 

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"La Maja nue" (The Naked Maja,1959) de Henry Koster, elle incarne la Duchesse d'Albe est un échec. Après quelques rôles importants, mais de courte durée dans "Le Dernier rivage" (On the Beach,1959) de Stanley Kramer, "Les 55 Jours de Pékin" (55 Days at Peking,1963) de Nicholas Ray avec Charlton Heston et David Niven et "Sept jours en mai" (Seven Days in May,1964) de John Frankenheimer, le dernier film dont elle tient un rôle important restera "La Nuit de l'Iguane" 'The Night of the Iguana,1964) de John Huston avec Richard Burton. Depuis ce jour, Ava Gardner apparaissaît régulièrement sur l'écran, elle est la touchante Sarah de "La Bible" (The Bible,1966) de John Huston, l'impératrice Elizabeth dans "Mayerling" (1969) de Terence Young aux côtés de Catherine Deneuve et Omar Sharif. Comme Lana Turner avant elle et Kim Novak après elle, Ava Gardner est un pur produit hollywoodien.. Elle est devenue une star malgré elle. 

"Le Soleil se lève aussi" fut pour cette dernière, alors âgée de trente-cinq ans, l'occasion d'être entourée de Tyrone Power, Errol Flynn (tous deux proches de leur fin) et Mel Ferrer, elle y était idéalement Lady Brett Ashley, l'héroïne du romancier, dont l'aventure n'était pas sans invoquer "La Comtesse aux pieds nus", tout comme le climat espagnol du récit. Le film ne restituait pas toute l'ardeur douloureuse du roman, mais la réalisation de Henry King était sobre et parachevait l'image d'Ava Gardner telle qu'elle se fixerait définitivement dans le souvenir de ses admirateurs. 

Les films suivants perpétueraient tant bien que mal, et peu de temps, cette image, qui ensuite, ne cesserait de s'altérer, de se déformer, jusqu'à devenir méconnaissable, voire tragique, dans ses dernières apparitions comme "Juge et hors-la-loi" (The Life and Times of Judge Roy Bean,1972) de John Huston ou "L'Oiseau bleu" (The Bluebird,1976) de George Cukor. Dans ce visage épaissi, marqué, ridé où rien, sauf le regard, ne subsiste de l'éclatante beauté de Maria Vargas et de Julie Laverne, les épreuves d'une vie excessive et tumultueuse ont durement imprimé leurs marques. Après avoir longtemps défrayé la chronique par ses liaisons avec Clark Gable et Walter Chiari, notamment comme par ses extravagances, Ava, la soixantaine venue semble s'être assagie et retirée du devant de la scène. Bienheureuse retraite qui permet aux adorateurs de la star d'effacer les souvenirs flétris d'une créature trop humaine, pour garder seule l'éblouissante mémoire d'Ava-Maria, Ava-Julie, ou Ava-Pandora. Ayant quitté la MGM, elle s'installera en Espagne, avant de se retirer à Londres. Celle qui restera l'une des plus belles stars d'Hollywood, voire la plus belle femme du monde s'est éteinte le 25 janvier 1990 à l'âge de 67 ans.   

  

                     

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              Marchands d'illusions - 1947 - Jack Conway

 

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              Un Caprice de Vénus - 1948 - William A. Seiter

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              L'Ile au complot - 1949 - Robert Z. Leonard           

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Pandora Bande Annonce

                   Coeurs inconsolables - 1951 - Robert Stevenson

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                 Les Chevaliers de la Table ronde - 1953 - Richard Thorpe

               

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LA COMTESSE AUX PIEDS NUS de Joseph L. Mankiewicz

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                    La Petite Hutte - 1957 - Mark Robson

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              L'Ange pourpre - 1960 - Nunnally Johnson 

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                     La Bible - 1966 - John Huston            

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              Tremblement de terre - 1974 - Mark Robson

            

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