ROMAN POLANSKI, RÉALISATEUR IMPRÉVISIBLE ET TALENTUEUX DU CINÉMA MONDIAL
ROMAN POLANSKI 1937
Cinéaste, Acteur, Producteur Franco-Américain d'origine Polonaise
Pour ma part, le cinéaste Roman Polanski est l'un des plus grands cinéastes de ces cinquante dernières années, pour ne pas dire plus. Depuis "Répulsion" avec Catherine Deneuve en passant par "Cul-de-sac" avec Françoise Dorléac et Donald Pleasance. Il y eut un film culte "Le Bal des vampires" où il partageait l'affiche avec son épouse Sharon Tate, ou "Rosemary Baby" avec Mia Farrow. La liste est longue, nous allons détailler la carrière cinématographique de ce légendaire cinéaste, qui a également laissé à la postérité un des plus beaux films sur la période trouble de l'Occupation avec "Le Pianiste"
Si Roman Polanski connaît une grande réussite professionnelle, le destin ne lui a cependant pas épargné les drames intimes. Il ne dut en effet qu'au hasard de ne pas figurer parmi les riches et célèbres victimes de l'hallucinant massacre perpétré dans le quartier hollywoodien huppé de Bel-Air par Charles Manson et sa "famille", alors que sa jeune femme enceinte, l'actrice Sharon Tate, était elle poignardée à mort. Les circonstances qui l'amenèrent à quitter les Etats-Unis ne furent pas non plus agréables, puisqu'il s'agissait d'échapper à l'instruction d'un procès pour viol intenté contre Polanski par une jeune fille de treize ans et par sa mère.
Pourtant, malgré tous ces avatars personnels, Polanski a su chaque fois surmonter le handicap s'affirmant au fil des ans et de film en film comme un des cinéastes les plus talentueux et les plus originaux de sa génération. On peut ne pas aimer les films de Polanski, mais il est en revanche impossible de nier son talent. Internationale, sa carrière semble faire écho à ses propres origines et à son enfance cosmopolite. Né de parents polonais, Roman Polanski vit le jour à Paris, le 18 août 1933, et la nationalité française lui fut utile lorsqu'il dut faire face à des difficultés d'ordre juridique aux Etats-Unis. Ayant passé l'essentiel de son enfance en Pologne, Polanski suit les cours de l'Ecole nationale de cinéma de Lodz et fait ses débuts comme acteur à l'âge de vingt et un ans, en jouant dans "Une Fille a parlé" (Pokolenie,1955) d'Andrzej Wajda. On le voit ensuite dans deux autres films de Wajda, "La Dernière charge" (Lotna,1959) et "Les Innocents charmeurs" (Niewinni czarodzieje,1960). Polanski est également l'assistant d'un certain nombre de réalisateurs polonais, dont Andrzej Munk.
Il réussit, à la même époque, à tourner son premier film, un court métrage intitulé "Rozbijemy zabawa" (1958) qui sera suivi par "Deux hommes et une armoire" (Dwaj Ludzie z szafa,1958). Ce court métrage obtient un étonnant succès international : après avoir reçu plusieurs récompenses, il est distribué dans le monde entier. Il s'agit d'un bref apologue, manifestement inspiré du théâtre de l'absurde alors à la mode : deux hommes surgissent de la mer en portant sur leurs épaules une grande armoire; après divers conciliabules sur la plage déserte, ils s'en retournent là d'où ils sont venus, toujours avec l'armoire sur le dos. Polanski tourne tout de suite après trois courts métrages dans la même veine que son premier : "La Chute des anges" (Gdy spadaja anioly,1959), "Le Gros et le maigre" (1961) et "Les Mammifères" (Ssaki,1962), qui est primé au Festival de Tours.
C'est en 1962 que Polanski, plein d'ambition, décide de passer au long métrage avec "Le Couteau dans l'eau" (Noz w wodzie,1962) sur un scénario qu'il écrit en collaboration avec Jerzy Skolimowski. Prenant pour prétexte le classique "triangle" du drame bourgeois, Polanski se livre à une étonnante analyse de la lutte pour le pouvoir : une femme est l'objet d'un affrontement acharné entre son mari et un jeune étudiant invité à bord du yacht du couple. Situé dans un contexte apparemment plus réaliste que celui des courts métrages, "Le Couteau dans l'eau" n'est pourtant guère éloigné par sa structure, de "Deux hommes et une armoire" et surtout des "Mammifères" qui repose entièrement sur la chorégraphie rituelle d'une rivalité et d'un piège mortel mise en place dans un décor hivernal. Ces trois films partagent en outre le même ton cynique et destructeur. "Le Couteau dans l'eau" rencontre un certain succès dans les pays de l'Ouest et Polanski est considéré comme un des cinéastes les plus créatifs et les plus originaux parmi la nouvelle génération de réalisateurs polonais. Sans doute trop créatif et trop original pour un pays où règnent l'ordre et la conformisme : ce n'est pas par hasard si Polanski décide, après ce film, de quitter la Pologne où son énergie risquerait d'être bridée. Sans pour autant s'exiler, il conservera toujours de bonnes relations avec son pays d'origine même si celles-ci ont été parfois distantes.
Roman Polanski passe à l'Ouest pour réaliser trois films de production anglaise, tous liés au problème du mal et de l'inconscient. Le premier est "Répulsion" (1965) où Catherine Deneuve incarne une jeune femme apparemment normale mais qui souffre en réalité d'une forme évolutive de schizophrénie. Ces troubles mentaux qui engendrent chez elle des hallucinations, des angoisses, la poussent à un rejet de la sexualité et du monde, et exploseront dans une crise de révolte meurtrière aiguë.
"Répulsion" est suivi de "Cul-de-sac" (1966), un film d'un humour féroce et très noir, entièrement tourné à l'intérieur et autour d'une maison de Holy Island au large de la côte orientale de l'Angleterre. Deux gangsters se réfugient chez un couple de névrosés qu'ils commencent à terroriser mais finissent eux-mêmes par être terrorisés, conformément aux jeux pervers du pouvoir si chers à Polanski. Le troisième film de cette période, "Le Bal des vampires" (Dance of the Vampires,1967) où il se réserve un rôle important, se veut beaucoup plus léger et, comme le titre le laisse entendre parodique. En effet, ce film ne se réfère pas seulement à toute la tradition sanguinolente des vampires de l'écran, il est aussi, pour peu qu'on prenne la peine de décrypter les images, une anthologie des lieux communs du cinéma surtout du cinéma hollywoodien de pure évasion, avec ses mythes et ses partis pris stylistiques. Polanski apparaît donc comme un excellent connaisseur des mécanismes du spectacle. "Le Bal des vampires", premier long métrage en couleurs de Polanski, est aussi le premier film qu'il tourne directement pour une grande firme de production américaine.
Avant même son arrivée aux Etats-Unis, Polanski y est déjà considéré comme un personnage. Son premier film hollywoodien a pour titre "Rosemary's Baby" (1968). Adaptée d'un roman à succès d'Ira Levin sur la pratique de la sorcellerie et de la possession diabolique dans le New York contemporain, cette oeuvre reste dans le droit fil des films précédents de Polanski tant par les angoisses de l'héroïne interprétée par Mia Farrow, mais aussi par John Cassavetes dans le rôle du mari ambigu qui vend son épouse au diable, "Rosemary's Baby" eut un tel succès qu'il relança la mode des films traitant de l'occultisme et de la sorcellerie.
Rétrospectivement, le film jette une lumière sinistre sur l'assassinat de la femme de Roman Polanski, Sharon Tate. Le cinéaste traverse alors une période pénible et incertaine, dont il ne sortira qu'en se lançant dans le travail avec une adaptation controversée de "Macbeth", réalisée en 1971 et présentée au Festival de Cannes l'année suivante. Même si le film ne fut guère apprécié au moment de sa sortie, il s'impose à présent comme une des meilleures adaptations cinématographiques de Shakespeare, une des rares qui ai su insuffler un sang neuf au texte sans pour autant le trahir.
L'année 1972 voit la sortie sur les écrans d'une sorte de charade sexuelle et fantastique, "Quoi ?" (What ?), tournée en Italie avec pour interprète principale Sydne Rome. Ces derniers films sont loin d'être des champions du Box-office; mais Polanski n'est pas homme à se laisser rayer tranquillement de la liste des réalisateurs à succès. Contre toute attente, il revient dans le peloton de tête avec une oeuvre qui devait être le plus grand succès de sa carrière, "Chinatown" (1974); son premier film entièrement tourné à Hollywood. "Chinatown" est une reconstitution en forme de pastiche du Los Angeles d'avant-guerre tel que l'avaient décrit Raymond Chandler et les autres grands spécialistes du roman noir de la côte ouest. Ecrit par Robert Towne, le scénario respecte cette tradition littéraire faite d'intrigues compliquées et de tensions paroxystiques. Cette histoire de luttes d'influence tortueuses et mystérieuses, pleines de motivations secrètes et perverses s'accorde assez bien à l'univers mental de Polanski. On savait déjà que Polanski était un brillant réalisateur : avec "Chinatown", il montre aussi toute sa maîtrise dans la direction d'acteurs, une de ses qualités trop souvent reléguée au second plan au profit de dons plus évidents : il obtient ainsi d'excellentes interprétations de Jack Nicholson dans le rôle du détective privé, de Faye Dunaway, femme fatale qui se trouve être la clef de l'énigme, et de John Huston, deus ex machina sournois et impitoyable de toute l'affaire.
Immédiatement après "Chinatown" Polanski enchaîne avec un film beaucoup plus personnel, plus intimiste, "Le Locataire" (1976). Auprès d'une Isabelle Adjani glacée et ambiguë, Polanski campe un étonnant antihéros. Tourné à Paris, le film rappelle sous plusieurs aspects le thème de "Répulsion", mais cette fois le personnage sujet à des hallucinations n'est pas une femme; c'est un homme qui s'identifie peu à peu à la personnalité de la femme qui avait habité l'appartement qu'il occupe et s'y était suicidée. Fort de l'énorme succès de "Chinatown", Polanski à nouveau commercialement "en grâce", revient donc à Hollywood avec l'enviable privilège de pouvoir choisir les sujets de ses films. C'est alors qu'éclate le scandale de sa liaison avec une "Lolita" qui l'oblige à se réfugier en France.
C'est en France que Polanski réalise aussi son nouveau film, "Tess" (1979), ambitieuse adaptation en langue anglaise du roman de Thomas Hardy "Tess of the d'Urbervilles", avec, en premier plan, la toute jeune fille du comédien Klaus Kinski, Nastassia. "Tess" raconte la destinée d'une humble jeune fille anglaise victime de la cruauté de deux hommes : son cousin qui la séduit et son mari qui, mis au fait de ce qui s'est passé, la répudie selon les règles de la puritaine société victorienne. Le tragique épilogue qui condamne "Tess" au gibet pour avoir tué son cousin renvoie à la tradition du mélodrame romantique.
Polanski reste un des réalisateurs les plus imprévisibles et les plus talentueux du cinéma mondial. Après avoir fait l'objet d'un véritable culte auprès des cinéphiles grâce à d'excellents films réalisés avec de petits budgets, il a également prouvé qu'il était exceptionnellement doué pour mettre sa poétique personnelle du mal, du pouvoir et de la corruption au service du cinéma populaire, "Tess" a remporté le César du meilleur film de l'année, celui du meilleur réalisateur, ainsi que celui de la meilleure photographie. Il faudra attendre l'année 1986 pour enfin revoir Polanski mettre en scène "Pirates" avec Walter Matthau et Chris Campion mais sera considéré comme un échec commercial. C'est ainsi que deux ans plus tard, il réalise un thriller "Frantic" avec Harrison Ford dans le rôle d'un architecte américain en vacances à Paris, où il devra affronter un monde parfois violent afin de retrouver la trace de son épouse qui a été kidnappée. Pour l'aider à retrouver sa femme c'est Emmanuelle Seigner qui sera sa partenaire et deviendra l'épouse du cinéaste Roman Polanski.
La maîtrise technique de ses films lui ont permis de donner une dimension exceptionnelle à nombreux de ses films, on peut citer "Lunes de fiel" (Bitter Moon,1992), mais également l'excellent suspense orienté dans huis clos "La Jeune fille et la mort" (Death and the Maiden,1994) avec Sigourney Weaver et Ben Kingsley. Il lui faudra attendre 2002 pour connaître à nouveau la consécration avec "Le Pianiste" (2002) pour lequel il proposera le rôle principal à Adrien Brody. "Le Pianiste" sera récompensé par la Palme d'Or au Festival de Cannes 2002 de sept César et trois Oscars. Roman Polansky considérera ce film comme le plus personnel, le plus intimiste de tous ses films. Son dernier film "J'accuse" (2019) portant sur l'affaire Dreyfus fut récompensé lors de la Mostra de Venise 2019 en remportant le Grand Prix du Jury. La cérémonie des César du samedi 29 février 2020 a couronné le cinéaste du César du meilleur réalisateur ainsi que du meilleur scénario, alors que la présentatrice de cette soirée a été d'une totale incorrection. En effet, on ne se moque pas d'un physique surtout lorsqu'on compare le talent du cinéaste par rapport à l'humour déplacé de l'animatrice, qui de plus a été d'une totale hypocrisie entre son long monologue du début de soirée et son départ avant la fin de soirée alors que ses appointements étaient allégrement importants.
Merci à Fanny Ardant, Jean Dujardin, Lambert Wilsonn Isabelle Huppert, Catherine Deneuve, Brigitte Bardot, Mathilde Seigner, Emmanuelle Seigner, Mimi Mathis, Nicolas Bedos, et tant d'autres de faire la part des choses. Car lorsqu'on est pas satisfait d'une récompense à autrui, il est préférable de ne pas venir à cette cérémonie que de nous faire un numéro de cinéma bien médiocre en quittant la salle avant la fin de la soirée. Trop de personnes ont tendance à tout mélanger, on fête le cinéma et non pas la vie privée des gens. Surtout 43 ou 47 ans après des faits. Une époque est révolue, le siècle a changé, mais on essaie à tout prix de réveiller un passé de près d'un demi-siècle.
Cul de sac - Bande Annonce
Le Bal des Vampires - Bande Annonce Officielle (VOST) - Roman Polanski
Bande-annonce : Rosemary's Baby VOST
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FRANTIC - Bande Annonce Officielle (VOSTFR) - Harrison Ford / Roman Polanski
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Il faudrait que Jean Dujardin (comme lui, son absence brillera un certain temps sur ce site) apprenne le droit français, et surtout la présomption d'innocence qui est bien trop souvent bafoué à notre époque, il suffit de désigner pour être coupable de tout. On a pu déjà constater le cas pour Woody Allen, innocent lors de deux procès y compris en Appel pour constater que même innocenté, vous n'avez plus le droit d'exploiter vos films aux Etats-Unis et tant de privilèges retirés. Comme l'a dit Alain Delon, Michel Sardou, je confirme, une sale époque, je préfère de loin, me replonger dans les souvenirs d'antan, où les humains avaient quand même plus de respect des institutions, de la justice, de la police, des pompiers et tant d'autres hommes et femmes qui ne sont là que pour nous protéger. Quant à ceux qui auront des discours pour nous expliquer que certains d'entre eux ont fait des fautes, des erreurs, des injustices...il y aura de tout temps, des individus qui sortiront des rangs, ne seront plus aux services des citoyens mais ils sont tellement minoritaires qu'il ne faut surtout focaliser sur cela.
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