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CINETOM
29 avril 2019

JEAN-PIERRE MARIELLE, QUEL BONHOMME DE CINÉMA !

        DÉCÈS D'UN IMMENSE ACTEUR FRANÇAIS          

         JEAN-PIERRE MARIELLE                       1932 - 2019   

 

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Le comédien français Jean-Pierre Marielle, inoubliable interprète de Monsieur de Sainte-Colombe dans "Tous les matins du monde" (1991) et grande figure du cinéma et du théâtre français, est décédé mercredi 24 avril 2019 à l'âge de 87 ans. " Jean-Pierre Marielle s'est éteint le 24 avril (...)  à Saint-Cloud (dans la banlieue ouest de Paris, ndlr) des suites d'une longue maladie", a annoncé son épouse dans un communiqué.

Cinémathèque hexagonale à lui tout seul, incarnant une France populaire avec sa voix caverneuse et sa gouaille inoubliable, il a joué dans une centaine de films, comiques et tragiques, d'auteur et grand public, et d'innombrables pièces et téléfilms.

"J'ai été dans tous les genres avec des gens qui ont très bon genre", disait-il avec l'humour de celui qui, désabusé, prétendait être revenu de tout et de tous... Sauf des jolies femmes, comme il le montre si bien dans la tragi-comédie "Les Galettes de Pont-Aven" de Joël Séria (1975).

De grande taille, larges épaules, moustache fournie, barbe poivre et sel, regard ironique, narquois, il aimait bien jouer les sales bonhommes, les beaufs bêtes et méchants, cyniques: "pour un acteur, ce n'est pas très intéressant de jouer un type sympa. L'instabilité, le trouble sont beaucoup plus riches".

Il a été sept fois nominé aux César sans en remporter un seul.

Né à Paris le 12 avril 1932, ce Bourguignon fils d'un industriel de l'agroalimentaire et d'une mère couturière sort du Conservatoire de Paris dans la même fournée que Jean-Paul Belmondo, Bruno Cremer, Claude Rich, Françoise Fabian et Jean Rochefort, l'ami de toute une vie.

Stagiaire à la Comédie-française, il entame une carrière dans le théâtre léger, fait du cabaret.

Au cinéma, après de timides débuts en 1960, il lui faut attendre une décennie et une bonne vingtaine de rôles avant de se faire remarquer. On le voit dans "Le diable par la queue" de Philippe de Broca, "Sex-shop" de Claude Berri, "La valise" de Georges Lautner ou "Comment réussir quand on est con et pleurnichard" de Michel Audiard. 

S'ensuit une intense activité devant les caméras. Il enchaîne (comme par exemple en 1976) jusqu'à cinq films par an, tournant sous la direction de Blier, Labro, Molinaro, Mocky, Sautet, Tavernier, Miller et d'autres. A son répertoire : "Que la Fête commence", "Dupont Lajoie", "L'imprécateur", "Coup de Torchon", "Tenue de soirée", "Uranus", "Un, deux, trois, soleil", "La Petite Lili", "Les âmes grises" etc.

Discret sur sa vie privée - marié à l'actrice Agathe Natanson, il avait un fils d'un précédent mariage -, il aimait le vélo, le jazz et New York. 

 

Je suis Jean-Pierre Marielle

Jean-Pierre Marielle déclara "Souvent, on m'a fait jouer des "beaufs" forts en gueule et un peu imbéciles, des personnages burlesques pour lesquels je fais un travail d'humoriste, de caricature." 1,85 m, le front haut et dégarni avec le temps, la voix basse et chaude, souvent vêtu de noir, couleur qui achève de lui conférer prestance et autorité, Jean-Pierre Marielle a le physique de celui qu'on devrait craindre et respecter.

Jean-Pierre Marielle est né le 12 avril 1932 à Dijon. Fils d'un industriel en agro-alimentaire et d'une mère couturière, il aura connu une enfance tranquille à Précy-Le-Sec dans l'Yonne. Pensionnaire dans un lycée à Dijon, il monte avec l'aide de quelques camarades de petits spectacles récréatifs dont quelques pièces de Tchekhov. L'un de ses professeurs l'incite à persévérer dans cette voix et ses études achevées, il se rend à Paris. Il commence à suivre des cours d'art dramatique  au Centre d'Art dramatique de la Rue Blanche avant d'entrer au conservatoire où il obtient une deuxième prix de comédie classique en 1954. C'est à cette même époque que Marielle se lie d'amitié avec quelques-uns des élèves du Conservatoire comme Jean-Paul Belmondo ou Jean Rochefort. 

Ses débuts il les fera en tant que stagiaire au théâtre français, joue sur de petites scènes de la rive gauche avant d'être engagé par la Compagnie Grenier-Hussenot. Il connaît ses premiers succès dans "Se trouver" de Pirandello et "L'anniversaire" de Pinter. C'est en 1957 qu'il débutera à l'écran dans le film de Henri Decoin : "Tous peuvent me tuer". Après l'échec public de "Climats" (1961), il tente sa chance au cabaret, notamment aux côtés de Guy Bedos et revient au théâtre. En 1963, il refait une nouvelle tentative au cinéma, expérience qui s'avèrera brillante. Dès lors, Jean-Pierre Marielle ne cesse de tourner sous la direction des réalisateurs les plus divers, passant de la tragédie à la comédie avec une parfaite aisance.

C'est donc au début des années 60 que l'on vit les débuts au cinéma de Jean-Pierre Marielle dans des rôles secondaires, dont certains, les français, les cinéphiles et surtout les inconditionnels de Louis de Funès connaissent comme "Faites sauter la banque" (1963) de Jean Girault, ou avec Belmondo dans "Peau de banane" (1963) de Marcel Ophüls, "Dragées au poivre" (1963) de Jacques Baratier, "Echappement libre" (1964) de Jean Becker ou bien on peut se remémorer Marielle aux côtés de Belmondo, Pierre Mondy, François Périer et Pierre Vernier dans cette sublime tragédie de guerre racontée magnifiquement par Henri Verneuil dans "Week-end à Zuydcoote" (1964), il avait également donné la réplique à Fernandel dans "L'Homme à la Buick" (1968) de Gilles Grangier, Michel Simon dans "Pierrot la tendresse" (1960) de François Villiers. Mais on se souviendra de sa prestation dans quelques-unes de ses scènes du "Monsieur de compagnie" (1964) de De Broca.

Dans la deuxième partie des années 60, Marielle va développer son jeu d'acteur, le rendre plus consistant, plus perspicace et le cinéaste Jean-Daniel Pollet sera l'un des premiers à le mettre en valeur dans "L'Amour c'est gai, l'Amour c'est triste" (1969) aux côtés de Bernadette Lafont, Marcel Dalio et Claude Melki. Philippe de Broca lui renouvelle sa confiance lors du tournage du "Diable par la queue" (1968) ainsi que l'année suivante avec "Les Caprices de Marie" ce qui lui permet de donner la réplique à Philippe Noiret. 

Dès les années 70, il change quelque peu de registre, affirme ses capacités à tenir les premiers rôles, sa voix basse et chaude est dans toutes les mémoires, comme celles de Noiret ou Rochefort dans un même registre ! Il est l'ogre du "Petit Poucet" réalisé par Michel Boisrond, le partenaire idéal de Mirelle Darc et Michel Constantin dans "La Valise" (1973) de Lautner ainsi que dans "On aura tout vu" où Pierre Richard se partage l'affiche avec Miou-Miou. Mais il lui faudra attendre le tournage de "Que la fête commence" (1974) mis en scène prodigieuse de Bertrand Tavernier pour le voir s'épanouir totalement dans ses différentes prestations comme "La Traque" (1975) de Serge Leroy, "Les Galettes de Pont-Aven" (1975) de Joël Séria qui nous laisse sans voix, tellement son interprétation est juste et puissante. Même si "Calmos" (1976) fut un échec commercial pour Bertrand Blier, cela n'empêche que Marielle, Jean Rochefort et Bernard Blier sont excellents de justesse, certes ils ont un charisme d'acteur très prononcé et même si le film n'est pas à la hauteur comme l'indique si bien Bertrand Blier, certains cinéphiles pensent le contraire!... On ne peut pas oublier non plus sa magistrale interprétation d'un père meurtri en apprenant que sa fille aurait a eu une relation sexuelle avec un homme quadragénaire dans la comédie : "Un Moment d'égarement" (1977) réalisé par Claude Berri. En 1977, ce fut la troisième fois que le cinéaste Joël Séria dirigea Marielle, après "Charlie et ses deux nénettes" (1973) et "Les Galettes de Pont Aven" dans "...Comme la lune" (1977) avec Sophie Daumier et Dominique Lavanant. 

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Marielle apparaît en V.R.P. hâbleur et vulgaire dans "L'Entourloupe" (1980) de Gérard Pirès aux côtés de Jacques Dutronc et Gérard Lanvin, il est un certain Delacroix, marchand de sperme d'hommes célèbres "Voulez-vous un bébé Nobel?" (1980) de Robert Pouret, (cinéaste qui avait déjà réuni le tandem Jean-Pierre Marielle- Annie Girardot  dans "Cours après moi que je t'attrape" (1976) et trois ans plus tard "Cause toujours... tu m'intéresses" signé par Edouard Molinaro), il est également M. Tardel, P.D.G. cauteleux et combinard dans "Pétrole, Pétrole" (1981) de Christian Gion, M. Pourrat, automobiliste inconscient et vantard dans "Asphalte" (1981) réalisé par Denis Amar ou "le chouan", nobliau dérisoirement imbu de sa personne dans "Jamais avant le mariage" (1982) qu'avait jadis mis en scène le comédien Daniel Ceccaldi.

En vérité, ce comédien, qui "depuis plus de cinquante ans, traîne à ses basques une image de franchouillard paillard, séducteur et humoriste", se délecte à ridiculiser "les gens qui courent après le bonheur et veulent toujours gagner" alors qu'il éprouve de la tendresse pour les "orphelins, les désespérés, les hommes perdus" comme les ambigus frères jumeaux de "Coup de torchon" (1981) de Bertrand Tavernier, l'acteur de second plan alcoolique de "Partenaires" (1984) de Claude d'Anna ou le flic désabusé et suicidaire de "Les Mois d'avril sont meurtriers" (1987) mis en scène par Laurent Heynemann, lequel aura eu l'idée géniale du duo : Jean-Pierre Marielle et le regrétté Jean-Pierre Bisson. D'ailleurs, Marielle le confirme : "J'aime bien jouer les biscornus" et le prouve, au théâtre dans "Oncle Vania" de Tchékhov ou Clérambard" de Marcel Aymé, à la télévision - "La Vie continue" (1982) de Dino Risi; "Les Capricieux" (1983) de Michel Deville; "Les Idiots" (1985) et "Bouvard et Pécuchet" (1989) de Jean-Daniel Verhaeghe; "Le Château d'Artus" (1987) de Robert Mazoyer, entre autres - et au cinéma pour lequel il avoue lui-même s'être comporté en "mercenaire"; "Il y a beaucoup de mes films que je n'ai jamais vus; je n'aime pas déjà pas me regarder pour me raser, alors voir mes films...ça me gêne !"

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Le passage de la cinquantaine lui  amène des bouffées de sensations différentes qui lui ont permis d'élargir son image de marque, démoniaque et manipulateur dans "L'Indiscrétion" (1982) de Pierre Lary, riche et dépressif dans "Tenue de soirée" (1986) de Bertrand Blier, candide et pitoyable dans "Quelques jours avec moi" (1988) de Claude Sautet, pétri de scrupules dans "Uranus" (1990) réalisé par Claude Berri, il a en effet administré la preuve qu'il pouvait désormais tout faire. En particulier interpréter, sobrement et avec vérité, un joueur de viole de gambe du XVIIe siècle, intransigeant, austère et passionné, le Sainte-Colombe de "Tous les matins du monde" (1991) mis en scène totalement réussi de Alain Corneau avec autour de Jean-Pierre Marielle : Gérard Depardieu, Anne Brochet, Guillaume Depardieu, Michel Bouquet, Jean-Claude Dreyfus et Myriam Boyer. Personnage "d'autant plus fort qu'il refuse les honneurs et, ce faisant, fait preuve d'un orgueil démesuré" et qui, selon Alain Corneau, ressemble beaucoup à celui qui l'incarne. Un rôle qui lui vaudra une nomination au César du Meilleur Acteur 1991 et couronne la carrière de Jean-Pierre Marielle, lequel - pudeur ou/et provocation - n'en persiste et signe pas moins : je me fous de ma carrière et de mon image." Ces citations sont extraites d'entretiens publiés dans "Première" et "La Revue du cinéma".  

Il est possible de citer de nombreux autres films tournés par Jean-Pierre Marielle, tant il a incarné de nombreux français moyens, il est Pierre-François, neuropsychiatre dirigeant une clinique en province dans "Le Sourire" (1994) de Claude Miller. C'est encore en interprétant un médecin pendant l'été 1958 dans "Le Parfum d'Yvonne" (1984); l'année suivante, le cinéaste Sébastien Grall le dirige dans "Les Milles" (1995), en jouant le capitaine Charles Perrochon dans l'action se situe pendant la débacle de 1940 dans l'ancienne briqueterie des Milles près d'Aix-en-Provence. Patrice Leconte réunit en 1996, le trio d'acteurs Marielle/Noiret/Rochefort pour une belle aventure auprès d'acteurs de compléments courant le cacheton d'un théâtre à l'autre dans "Les Grands Ducs" et enfin, lorsque Jean-Pierre Marielle demande qui va pouvoir réaliser son film, François Perrot lui conseille de s'adresser à Claude Lelouch dont le dernier film, "Hasards ou coïncidences" a été un échec. On peut citer également sa participation dans le film de Bertrand Blier "Les Acteurs", excellent, comme la plupart des comédiens français qui défilent tout au long de ce long métrage qui ne ressemble à aucun autre !. Son dernier film auquel il aura participé est "Une heure de tranquillité" (2013) de Patrice Leconte. Fidèle à ses amis, il aura donné une ultime fois, la réplique à Jean-Paul Belmondo dans "Un Homme et son chien" (2008) de Francis Huster. En ce qui me concerne, dernier film vu "La Fleur de l'âge" (2012) de Nick Quinn avec son ami Pierre Arditi.   

*Voir lien Cinetom du 2 août 2018 

http://www.cinetom.fr/archives/2018/08/02/36604525.html

 

 

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