CLAUDIA CARDINALE, LA BEAUTÉ MÉDITERRANÉENNE
CLAUDIA CARDINALE 1939
Actrice Italienne
Claudia Cardinale est née le 15 avril 1939 à Tunis (Tunisie), de parents d'origine sicilienne. De la Sicile, Claudia a gardé le côté secret, introverti, ombrageux et orgueilleux, mais aussi l'impulsivité et le désir de connaître d'autres horizons. Pourtant son allure douce et réservée ne dois pas tromper : Claudia est une femme de tête.
La famille Cardinale s'installe en Ialie en 1959. Peu avant, Claudia avait joué en Tunisie dans un premier et modeste film, mais ne pensait déjà plus au cinéma. Elle voulait devenir enseignante. Un concours de circonstances l'amena à fréquenter, sans enthousiasme particulièr, le Centre expérimental de cinématographie. Elle s'y sentit mal à l'aise, se jugeant en outre handicapée par sa voix éraillée et son accent français. Elle allait renoncer quand une de ses photographies publiée dans un hebdomadaire suscita l'intérêt des producteurs : c'est ainsi qu'elle signa un contrat inespéré pour la société de production : Vides de Franco Cristaldi qui lui proposa un contrat de sept ans, qu'elle accepta.
René Vautier lui offre son premier rôle au cinéma dans "Chaines d'or" (1956). L'année suivante, elle donna la réplique à Omar Sharif dans "Goha" de Jacques Baratier. La comédienne reconnaît que sa carrière fut lancée de main de maître, on ne lui confiait que des seconds rôles, mais souvent dans des films importants : "Le Pigeon" (I Soliti ignoti,1958) de Mario Monicelli, qui remporte un énorme succès international ce qui favorise l'avenir de la jeune actrice. Suivront "Meurtre à l'italienne" (Un maledetto imbroglio,1959) de Pietro Germi. C'est à cette époque que remonte un évènement qui allait peser lourd dans la vie et la carrière de Claudia Cardinale : la naissance d'un enfant illégitime, adopté plus tard par Cristaldi. A cette occasion, on put apprécier la force de caractère de la comédienne : faisant fi des ragots, elle refusa de révèler le nom du père de l'enfant, qu'elle éleva seule. Assumant courageusement ses positions contre les mentalités conformistes de l'époque et ne voulant dépendre de personne, elle se consacra entièrement à sa carrière.
Sa beauté méditérranéenne, et notamment ses yeux, capables d'exprimer aussi bien l'humilité que la malice ou la colère, son jeu naturel et pourtant subtilement intériorisé, sans artifices, sont appréciés par Luchino Vusconti qui l'engage pour "Rocco et ses frères" (Rocco e i suoi fratelli,1960) et lui permettent de briguer des rôles plus ambitieux. En 1961 et en 1963 elle bénéficie de deux rôles difficiles : dans "La fille à la valise" (La Ragazza con la valigia) de Valerio Zurlini, un film particulièrement émouvant et dans "La Ragazza" (La Ragazza di Bube) de Luigi Comencini, elle se montre poignante et émouvante, Claudia Cardinale reçut pour sa prestation le "Nastro d'argento", l'équivalent du César. Celle-ci tournera de nouveau sous la direction du cinéaste dans "La Storia" (1986) aux côtés de Lambert Wilson et Francisco Rabal.
Entre-temps, on l'avait vue dans des films qui exploitaient avant tout sa beauté physique : "Le Bel Antonio" (Il bell' Antonio,1960) de Mauro Bolognini avec Marcello Mastroianni; "La Viaccia" (1961), toujours de Bolognini avec Jean-Paul Belmondo où elle campe une prostituée de la Florence du XIX siècle; enfin "Le Guépard" (Il gattopardo,1963) de Visconti, où elle incarne la très belle Angelica. La critique, qui jusque-là l'avait mésestimée parce qu'elle était doublée en raison de sa voix rauque et basse, fut perplexe lorsque l'actrice prit la décision de refuser tout doublage. Passage difficile que Claudia Cardinale sut franchir avec brio autant dans sa participation à "Huit et demi" (Otto e mezzo,1963) de Federico Fellini, que dans ses interprétations hollywoodiennes - "La Panthère rose" (The Pink Panther,1963) de Blake Edwards, "Le Plus grand cirque du monde" (Circus World,1964) de Henry Hathaway avec John Wayne et Rita Hayworth et "Les Professionnels" (The Professionals,1966) de Richard Brooks avec Burt Lancaster, Lee Marvin, Robert Ryan et Jack Palance. Toutes ces superproductions, elle n'y est qu'une présence sans réelle personnalité artistique, à l'exception de "Il était une fois dans l'Ouest" (C'era una volta il west,1968) de Sergio Leone avec Henry Fonda et Charles Bronson. Le succès considérable du film concrétise alors la carrière de l'actrice qui commence à interpréter en vedette des rôles dans des films de plus en plus importants.
C'est en 1961 qu'elle se fait réellement connaître du public français avec "Cartouche" de Philippe de Broca où elle partage l'affiche avec Jean-Paul Belmondo. Elle a connu des rôles difficiles comme celui de "Sandra" (Vaghe stelle dell'Orsa,1965) de Luchino Visconti avec Jean Sorel et "Désirs pervers" (Gli indifferenti,1963) de Francesco Maselli. L'actrice jouit alors d'une immense popularité, comme en témoignent les milliers de lettres que lui adressent ses admirateurs.
Dans "La mafia fait la loi" (Il giorno della civetta,1968) de Damiani, Claudia Cardinale donne une de ses meilleures interprétations en redevenant l'espace d'un film la fille du peuple sicilienne qu'elle a été. Jouant délibérement de sa voix, désormais bien acceptée, elle se caricature elle-même dans "Certo, certissimo, Anzi... Probabile" (1969) de Marcello Fondato, conférant au film sa justesse de ton. Jean Herman lui confie un rôle dans "Popsy Pop" (1970), long métrage pour lequel elle enregistre un disque, tentative qu'elle renouvellera en 1977. C'est aux côtés de Brigitte Bardot qu'elle nous apparaîtra en 1971 dans "Les Pétroleuses" de Christian-Jaque. "La Scoumoune" (1972) de José Giovanni réunira pour la troisième fois à l'écran Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale. Visconti lui propose une ultime collaboration dans "Violence et Passion" (Gruppo di famiglia in un interno,1974) au côté de Burt Lancaster.
Puis ce fut la période où Claudia Cardinale donna l'impression de vouloir devenir une star, tournant dans tous les pays, voyageant sans arrêt. Mais à chaque fois qu'elle s'essaye à la comédie, on la sent mal à l'aise, résultat prévisible pour une actrice vouée surtout aux rôles dramatiques. Après un film controversé, "Liberté, mon amour" (Liberà, amore mio,1975) de Bolognini, et "Il comune senso del pudore" (1976) d'Alberto Sordi, s'amorce un nouveau tournant dans sa vie : séparée de Cristaldi, elle est désormais liée au réalisateur Pasquale Squitieri. Les films se font alors plus rares, les rôles plus modestes, mais elle trouve l'occasion de manifester ses dons innés dans trois films de Squitieri : "L'affaire Mori" (Il prefetto di ferro,1977) (elle incarne une paysanne sicilienne avec Giulianno Gemma), "L'Arma" (1978) et "Corleone" (1978). Le caractère de Claudia s'affermit encore, mais malgré son attitude qui lui vaut bien des sympathies, elle reste parfois plusieurs mois sans travailler.
En 1981-1982, en dépit d'une nouvelle maternité, elle est redevenue une des actrices les plus demandées. A la fin des années soixante-dix, Claudia Cardinale alterne les tournages dans son pays, particulièrement sous la direction de son époux, comme indiqué ci-dessus ou dans de grosses productions internationales comle le film de guerre "Bons baisers d'Athènes" (Escape to Athena,1980). Elle devient dans les années quatre-vingt une habituée de la compétition officielle du Festival de Cannes, où elle avait triomphé avec "Le guépard", elle est en effet présente sur la Croisette en 1981 avec "La Peau" (La Pelle) fiction située par Liliana Cavani dans Naples libérée par les Alliés en 1943, puis "Fitzcarraldo" (1982), fresque d'aventures enfiévrée de Werner Herzog, avec Klaus Kinski, "Henry IV" (1983) sur la vie agitée d'un empereur germanique peu connu en France, vue par Marco Bellochio, et avec "Un homme amoureux" (1987), comédie sentimentale de Diane Kurys. Elle retrouve en outre José Giovanni et Lino Ventura pour un film d'aventures tourné au Canada, "Le Ruffian" (1983), apparaît dans le vaudevillesque "Cadeau" (1982) de Michel Lang et dans l'attachante chronique familiale "L'été prochain" (1985) de Nadine Trintignant. Elle incarne aussi Claretta Petacci, la maîtresse de Mussolini dans un film controversé de Squitieri.
Si plusieurs de ses films ne sont pas distribués en France, Claudia Cardinale y jouit d'une solide notoriété. L'âge ne semble pas avoir prise sur elle et son sourire amical et doux lui attire immédiate et respecteuse sympathie. Son plus grand succès personnel "La Storia" (1987), dont Luigi Comencini tire deux versions, l'une pour le cinéma, l'autre pour un feuilleton de télévision. Dans cette fresque adaptée du célèbre roman d'Elsa Morante, l'actrice incarne avec une grande force une institutrice romaine violée par un soldat nazi, et dont l'un des films est un militant des jeunesses fascistes. Claudia Cardinale trouve un rôle de mère-courage dans lequel elle fait preuve de beaucoup d'émotion.
Elle poursuit dans ce registre dans les deux films autobiographiques d'Henri Verneuil, où elle interprète la mère du cinéaste, joué par Richard Berry : cette "Mayrig" débordante d'amour maternel dans "Mayrig" (1990) et "588, Rue du Paradis" (1991) au côté d'Omar Sharif. En juin 1992, son prestige est célébré par un hommage à la Cinémathèque française, et par la remise officielle de la médaille de commandeur des Arts et Lettres. L'année suivante, c'est la Mostra de Venise qui la distingue, à travers un Lion d'Or, dédié à "l'ensemble de sa carrière". C'est donc une figure mythique, à l'aura internationale, qui revient dans son quartier d'origine, à Tunis, pour le second long métrage de Férid Boughédir, où elle joue...son propre rôle, et on peut se demander si l'accueil triomphal que lui réservent les habitants de la Goulette participe de la fiction ou d'une réalité documentaire. Parallèlement est paru "Moi, Claudia, toi Claudia" où l'actrice se raconte à Anna Maria Mori mesurant le chemin parcouru depuis son titre de "Plus belle Italienne de Tunis", dans les années cinquante.
1958
1959
1960
1961
1962
1963
1964
1965
1966 1967
1968
1970
1971
1972
1974
1975
1977
1980
1981 - 1984
1985 - 1989
Affiches : Affiches-cine - cinema français - Cinetom