TOTO, LE GENIE DE LA COMMEDIA DELL'ARTE
TOTO 1898 - 1967
Acteur Italien
Antonio De Curtis Gagliardi Ducas Comnène de Byzance, dit Toto, est né le 15 février 1898 dans l'un des quartiers les plus populaires de Naples. Son enfance est marquée par la misère et l'observation de la rue. Il quitte l'école à 13 ans, fait des petits boulots et s'imprègne de Gustavo De Marco, grand "macchiettista", dont le jeu outré et parodique est fait de contorsions et de désarticulations. Sous le pseudonyme de Clermont, Toto débute à seize ans dans des petits théâtres. Son nez cassé, sa mâchoire déviée par un coup de poing lorsqu'il pratiquait la boxe, la mobilité de ses traits en fait un acteur idéal pour le "varieta".
En 1922, il joue à Rome et impose sur scène son personnage : chapeau melon usé, jaquette trop large, chemise râpée, lacet de chaussure comme cravate, pantalon trop court. Il fait des tournées triomphales et fonde en 1932 sa propre compagnie. Toto amuse les Italiens même hors de la scène, notamment lors d'un procès où il revendique en justice, à juste titre d'ailleurs, le titre d'Altesse impériale de Byzance.
Toto s'est fait connaître sur les scènes napolitaines et romaines bien avant d'entamer une carrière cinématographique qui ne le fera, d'ailleurs, jamais renoncer au théâtre. L'originalité de son jeu comique, fondé sur la pantomime, s'est illustrée au café-concert et au music-hall dès la fin de la Première Guerre mondiale. Et lorsqu'il tourne son premier film en 1937 sous la direction de Gero Zambuto "Fermo con le mani!", sa personnalité est alors définitivement affirmée, il incarnait en vedette, un vagabond nettement inspiré de Charlot.
Celle-ci ne laisse pas d'être déroutante. Toto se targuait en effet d'une fabuleuse ascendance princière. C'est pourtant dans la tradition populaire napolitaine que s'enracine le comique de Toto, la faim et la misère en étant les principaux ressorts : "Je connais par coeur la misère, et la misère est le scénario du vrai comique. On ne peut faire rire si l'on ne connaît pas bien la douleur, la faim, le froid, l'amour sans espoir, le désespoir de la solitude de certaines chambres meublées sordides, à la fin d'une représentation dans quelque petit théâtre de province, et la honte des pantalons troués, l'envie d'un café au lait, l'odieux pouvoir des imprésarios, la méchanceté d'un public sans éducation. Bref, on ne peut pas être un vrai acteur comique sans avoir fait la guerre contre la vie". Il y a cependant peut-être quelque choses de profondément "aristocratique" dans le cynisme et la cruauté dont il témoigne dans ses compositions, dans son refus de toute espèce de sentimentalité et d'apitoiement.
"Toto, Apôtre et Martyr" (San Giovanni decollato,1940) est le troisième film tourné par le grand comique napolitain, le titre original signifie "Saint-Jean" (Le Baptiste) décapité", est librement adapté d'une comédie "San Giovanni decullatu". Parmi ses films les plus caractéristiques, on peut citer "Gendarmes et voleurs" (Guardie e ladri,1951) de Steno et Monicelli et l'admirable "Toto, misère et noblesse" (Miseria e noblità,1954) de Mario Mattoli, tiré d'une pièce de l'auteur napolitain Eduardo Scarpetta.
Jusqu'en 1949, Toto se consacre au théâtre, crée des revues-spectacles avec Anna Magnani. En 1949, sa carrière cinématographique prend la relève. Des réalisateurs comme Mattoli, Bragaglia, Steno, Mastrocinque se contentent de mettre en image le génie comique de Toto, véritable auteur de ses films, tant ses qualités d'improvisations et sa maîtrise de la "commedia dell'arte" transcendent n'importe quelle situation.
En 1957, pendant un spectacle à Palerme, Toto devient aveugle. Il continue pourtant encore dix-ans à travailler, jusqu'à sa mort le 15 avril 1967. Cette période est entièrement conscrée au cinéma. Dans ses films, il s'adjoint parfois un comparse comme Peppino De Filippo, Aldo Fabrizi ou même les français Fernandel dans "La loi c'est la loi" (1957) de Christian-Jaque, Louis de Funès dans "Fripouillard et Cie" (1959) et "Toto, Eva e il pennello proibito" (1958) tous deux de Steno. Il participe à l'excellente comédie "Le Pigeon" (I soliti ignoti,1958) de Mario Monicelli, et tourne à deux reprises avec Pier Paolo Pasolini : "Des oiseaux, petits et grands" (Uccellacci e uccellini,1966) ainsi que le sketch "La Terre vue de la Lune" (La Terra vista dalla Luna) correspondant à l'un des trois sketches du film "Les sorcières" (Le Streghe,1966).
Pour le reste, des films médiocres sauvés par la prestation de Toto et sa violence libératrice, allant jusqu'à l'obscénité. Dans le documentaire "Toto -une anthologie" (1978) de Jean-Louis Comolli, Dario Fo a magnifiquement défini l'originalité de Toto : "Toto est le timide qui s'insurge et qui, au moment de céder, pour vaincre si possible ou du moins rétablir l'égalité face au pouvoir, se met à agir, c'est-à-dire à faire des gestes.(...)Toto agit sur le mode du paradoxe, à la limite du paranoïque, il insulte, il frappe, fait semblant de pleurer, hurle et...ce qui est fondamental, crache. Il crache, mord, griffe, joue des coudes, donne parfois de grands coups de chaussure dans l'estomac, éternue. Ce fameux éternuement prolongé...assumé comme un cri, une souffrance, un ébranlement sexuel, et donné pour folie et candeur à la fois. Pourquoi tout cela ? C'est que le personnage de Toto, d'un homme écrasé, humble, exclu de la société, essaie à travers une violence paradoxale, absurde, de retrouver un équilibre en face d'un pouvoir immobile et statique. Toto, lui, bouge, s'agite, court, gueule, hurle, pleure, éternue, crache et fait des gestes obscènes pour arriver précisément à détruire le pouvoir dans ce qu'il a de sacré, d'essentiel, de la détruire jusque dans la pyramide qui assure sa statique." Peu avant sa mort, Toto interpréta huit épisodes pour la série Tv "Tutto Toto", réalisée par Daniele D'Anja et débuta le tournage de "Il Padre di famiglia", de Nanni Loy mais fut remplacé par Ugo Tognazzi.
I due orfanelli - 1947 de Mario Mattoli
Arènes en folies - 1948 de Mario Mattoli
1949
Toto cercla Moglie - 1950
Naples millionnaire - 1950 de Eduardo De Filippo
Deux légionnaires aux arènes - 1950 de M. Mattoli
Gendarmes et Voleurs -1951 de Mario Monicelli
Toto E Il re di Roma - 1951 de Mario Monicelli
Toto a colori - 1952 de Steno
1953
1954
1955
1958
Mon Gosse - 1958 de Antonio Musu
1959
1962
Les Motorisées -1963
Il Comandante - 1963
Des Oiseaux, petits et gros - 1966 de Pier Paolo Pasolini
__________________________Robert Wagner_________