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CINETOM
29 juillet 2012

BLANCHETTE BRUNOY, DE CLAUDINE A L'ECOLE A LA MATERNELLE...

         BLANCHETTE BRUNOY                1915 - 2005      
          Actrice Française 

 

          

               

            

               

Blanchette  Brunoy de son véritable nom Blanche Bilhaud  est née le 5 octobre 1918. Sa jeunesse se déroule dans la bonne humeur. Issue de la bourgeoisie confortable, elle a pour parrain Georges Duhamel, académicien d'importance, qui lui ouvre volontiers volontiers sa propriété de Valmondois. On y joue de temps en temps la comédie et Léon Bernard, puissant sociétaire du Français, discerne le jeu de la petite Bilhaud l'étincelle d'un tempérament. Il l'oriente vers le Conservatoire. Elle y entre avec l'espoir de s'amuser. Elle travaille pourtant, figure même avec détachement à la Comédie-Française. Le concours de son sortie ne lui accorde rien au désespoir de son professeur André Brunot.

Madame Paulette Pax fait alors la loi au théâtre de l'Oeuvre. A l'affût d'une jeune première candide, naïve, sans cesse entre ciel et terre, elle reçoit la postulante qui en trois auditions enlève le premier rôle de "Nationale 6", charmante pièce de Jean-Jacques Bernard (1935).   Blanchette Brunoy, beau nom de théâtre choisi en feuilletant un annuaire, vient de rencontrer le personnage, qu'elle devra au long des années nuancer à l'extrême. Louanges de la critique, applaudissements des salles, et Jean Cocteau qui lui apporte la consécration. La voici fragile et vaillante parmi "Les chevaliers de la table ronde" (1937), côtoyant Michel Vitold, Georges Rollin et Jean Marais. Elle rejoint plus tard le clan des Pitoëff. Éblouie, elle découvre la conception dépouillée de l'aventure théâtrale, ce qui la bouleverse.

La scène l'attirera toujours. Elle en gardera la curiosité et passera au mélo "Les deux orphelines" à la verve drue de Crommelynk (Une femme qu'a le coeur trop petit). Sa bonne grâce lui permit de retenir à l'affiche, le temps d'une saison, des titres dont ne perçoit plus l'écho. L'un deux pourtant la résume : Cucendron ou la pure Agathe.

Les honnêtes propositions d'une dame-cinéma lui font découvrir les studios berlinois et leurs coproductions "La Peau d'un autre" (1936) de René Pujol avec Armand Bernard. A Londres, le rugissant Raimu, sensible aux charmes des jeunes femmes en fleur, rentre ses griffes et fait ami-ami avec elle pendant le tournage de "La Chaste Suzanne" (1936) d'André Berthomieu. A son retour, elle décroche la timbale : le rôle convoitée de "Claudine à l'école" (1937) adaptation du roman de Colette et Willy, filmée par Serge de Poligny. Sous le ciel du pays bourguignon, une sourde volupté émane des arbres, des prairies, des étangs. Blanchette Brunoy, dans les paysages gorgés de sève; déforme à son avantage le personnage de Claudine. Elle gomme sa perversité, adoucit ses émois, oublie ses ambiguités. Elle n'en retient que la silhouette élancée, les gamineries, les regards prometteurs. Si les déceptions légères  l'adieu à la prime jeunesse mouillent encore ses yeux, elle sourit déjà au bel avenir. Claudine aux lourds cheveux noirs à gagné la partie mais Blanchette aux cheveux dorés en est bénéficiaire. Aux côtés de Blanchette Brunoy, Pierre brasseur, Max Dearly, Margo Lion, Jeanne Fusier-Gir et Marcel Mouloudji.

Blanchette Brunoy anime ensuite d'une vie inquiète cette Flore, décrite par Zola, fixée par Renoir qui éclaire le drame de Jacques Lantier alias Jean Gabin dans "La Bête humaine" (1938). Au risque d'altérer sa sérénité, elle subit en 1940 à l'occasion d'un livre de Maxence Van Den Meersch "L'empreinte du Dieu" de Léonide Moguy, des violences inhabituelles, des conflits familiaux, des cas de conscience aigus tranchants comme le vent d'hiver qui glace les Flandres. Blanchette Brunoy aborde le rôle de Karelina qui cumule les excès du mélodrame avec une déchirante simplicité. Sa retenue dans un contexte paroxystique la libère de trop de films aux couleurs sans danger : malices provinciales égrenées dans la salle à manger Henri II de "La Famille Duraton" (1939) de Christian Stengel avec Nöel-Nöel, Jules Berry et Julien Carette, papotages mondains dans des salons où au début de la guerre, se rejoignent des dames huppées en manque de messieurs mobilisés "Elles étaient douze femmes" (1940) de Georges Lacombe et Yves Mirande avec Gaby Morlay, Françoise Rosay, Micheline Presle, Mila Parély et Blanchette Brunoy.

Il y a aussi le groupe d'alpinistes isolés par l'avalanche dans un refuge propice aux règlements de compte "Altitude 3200" (1938) de Jean Benoît-Lévy et Marie Epstein avec Jean-Louis Barrault, Odette Joyeux, Fernand Ledoux, Bernard Blier et Blanchette Brunoy. C'est aussi le temps du "Quartier Latin" (1938) de Pierre Colombier vu avec des lunettes d'un rose écoeurant. On aperçoit un instant Blanchette sous le voile nuptial dans "Cavalcade d'Amour" (1938) de Raymond Bernard. Elle s'identifie à "Jeannette Bourgogne" (1938) : Jean Gourguet célèbre ainsi le mérite des institutrices de la France profonde dans une oeuvre de commande modestement diffusée.

Dix films pendant l'Occupation. La campagne encore, la province toujours. En dépit des soucis, des tracas, des désillusions dont on l'accable, Blanchette n'arrête pas de sourire, image de la femme courageuse. C'est "Dernière Aventure" (1941) de Robert Péguy avec Annie Ducaux et André Alerme, "Le Briseur de chaînes" (1941) de Jacques Daniel-Norman avec Pierre Fresnay et Ginette Leclerc, "Le Camion blanc" (1942) de Léo Joannon avec Jules Berry et François Périer, "Ceux du rivage" (1943) de Jacques Séverac avec Fernand Charpin et Aimé Clariond où au milieu des bancs d'huîtres du bassin d'Arcachon s'assouvissent de vieilles rancunes.

En 1942, Jacques Becker et Pierre Véry tendent brusquement un miroir sans tendresse aux paysans cupides enserrés dans leur cocon, unis par les liens du sang pour le meilleur et surtout pour le pire. Blanchette Brunoy représente la gracieuse Muguet au regard franc. Elle lui communique un caractère résolu sans être blessant, la sage obstination et le charme direct de la ménagère qui sait observer, prête l'oreille et s'échapper à pas menus. Surprenant coup de tonnerre dans le ciel délavé du retour de la terre, "Goupi Mains Rouges" avec Fernand Ledoux, Robert Le Vigan, plante un jalon essentiel dans la carrière de l'actrice.

Blanchette Brunoy triomphe encore dans l'adaptation à grands traits du roman de Zola "Au Bonheur des Dames" (1943) d'André Cayatte. Elle se montre d'une dignité parfaite dans le rôle de Denise Baudu, obligée de tenter sa chance dans le Paris du baron Haussmann. Fine et clairvoyante, fourmi sympathique, rien ne la rebute : ni l'entêtement sénile de son oncle, apôtre du petit commerce, ni la bienveillance appuyée du patron des Grands Magasins, ni la méchanceté dédaigneuse d'une dame sans scrupules, ni les sottises de son frère cadet, ni la perfidie cauteleuse du chef du personnel. Contre vents et marées, elle poursuit son chemin, règle ses problèmes sans élever la voix et reçoit la récompense suprême en ménageant sa vertu.

Après ces deux réussites, elle marque le pas et reprend son souffle. Il y a bien sûr, "Le Café du Cadran", réalisé en 1946 par Henri Decoin, interdit de tournage, et signé par Jean Gehret, simple prête-nom. Un couple de jeunes mariés débarqués d'Auvergne cherche fortune à Paris en exploitant un café à l'enseigne réputée. Louise s'abandonne un peu trop aux tentations qui s'offrent. Julien devient jaloux, l'entreprise si bien commencée s'achève en fait divers. Récit amer et film désenchanté où Blanchette fait preuve de beaucoup d'émotion tandis que sur les vitres du bistrot s'inscrivent les reflets d'un quartier en proie au désarroi de l'après-guerre.

Elle reconnaît avoir repris avec plaisir le rôle de Madeleine Renaud dans la nouvelle version de "La Maternelle" (1948) d'Henri Diamant-Berger, qui n'eut pas la même prétention. Blanchette donna la réplique à Marcel Cerdan dans "L'Homme aux mains d'argile" (1949) confectionné par Léon Mathot à la gloire du fameux boxeur. Et puis....  

Et puis, la suite est différente, sa filmographie très inégale, elle incarnera souvent des filles simples et morales, les femmes courageuses, mais aussi des rôles bien différents comme dans  "Coiffeur pour dames" (1952) de Jean Boyer avec Fernandel. Blanchette Brunoy va de Jean Gourguet à Jacques Daniel-Norma, de Maurice Gleize à Jacques Houssin, à Maurice Debroka, à Yvan Govar. Tout étonné, elle joue les mères dans "La Vie conjugale" (1963) d'André Cayatte avec Marie-José Nat et Jacques Charrier. Le tournage de "L'Enfer" (1964) (Sortie en DVD pour la première fois,  le 17 mars 2010) dont elle espérait beaucoup, fut interrompu et ne sera jamais repris. (Sortie en DVD pour la première fois, le 17 mars 2010). Soyons donc reconnaissant  à Jean Delannoy de nous la restituer, discrète et perspicace en patronne d'estaminet, séduite par Gabin qui s'éloignera pourtant au fil des eaux "Le Baron de l'écluse" (1960);

Son image convenue était trop ancére chez le spectateur pour qu'il supporte de la voir ternie. Ni la fille volage des "Cadets de l'océan" (1942) de Jean Dréville, ni la perverse belle-soeur du "Voyageur sans bagage" (1943) de Jean Anouilh au côté de Pierre Fresnay, ni la machiavélique Maria de "La Taverne du Poisson couronné" (1948) de René Chanas avec Michel Simon n'ont laissé beaucoup de traces. En revanche, l'artiste a modelé avec ironie la molle compagne du propriétaire de la brasserie de Port-en-Bessin. Elle paresse dans son lit, se vautre dans sa tiédeur, jusqu'à succomber aux avances d'un freluquet et, ce faisant, tue la poule aux oeufs d'or dans "La Marie du Port" (1949) de Marcel Carné avec Jean Gabin, Nicole Courcel et Carette.

Après de nombreuses années d'absence, elle retrouve le cinéma. Toujours avenante, toujours rayonnante, toujours bienveillante, elle décroche à coup sûr le titre de reine du troisième âge dans "Roulez Jeunesse" (1992) film à contre-courant de Jacques Fansten avec Daniel Gélin et Jean Carmet. Le cinéaste Pierre Salvadori lui réserve une place de choix dans "Comme elle respire" (1997). On dit que la méchanceté conserve, peut-être mais la bonté maintient en forme, proclame Blanchette Brunoy. Sans exubérance ni extravagance, elle a découvert un filon peu exploité de notre cinéma : l'amabilité, et se l'est approprié.

Blanchette Brunoy décède le 3 avril 2005 à Manosque  (Alpes-de-Haute-Provence)à l'âge de 89 ans.

 

Avec le concours de Noir&Blanc d'Olivier Barrot et Raymond Chirat - Editions Flammarion 

 

 

        

 

                      

    

                

 

     

   
    

   

     

 

               

 

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