HENRY FONDA, HEROS LOYAL ET HONNETE
Acteur Américain
L'Oscar, qui lui fut attribué en 1982 pour récompenser son interprétation dans "La Maison du Lac" a consacré un des acteurs les plus appréciés du public qui a su incarnée à l'écran une longue et remarquable série de héros honnêtes et loyaux. Le 12 Août 2012 disparaîssait l'un des plus grands acteurs américain, il y a 30 ans.
Henry Fonda (Henry Jaynes Fonda) naquit le 16 mai 1905, à Grand Island, dans le Nébraska (USA), où son père possédait une imprimerie. Pour réaliser ses aspirations de jeunesse et devenir écrivain, il s'inscrit au cours de journalisme de l'Université de Minnesota mais ne parvenant pas à concilier travail et études il renonça au bout de deux ans. La femme de Marlon Brando Sr, le fit entrer à l'Omaha Community Theatre où il resta pendant trois années; totalement envoûté par le monde de la scène, il y joua bénévolement avant d'aborder le vaudeville et d'apparaître dans une série de sketches écrits par lui-même avec la collaboration de George Billinger, un vieil acteur spécialiste du rôle d'Abraham Lincoln.
Il travailla ensuite avec les University Players, une compagnie de Nouvelle-Angleterre dont faisait partie, entre autres, Joshua Logan, James Stewart et Margaret Sullavan (qui fut sa première épouse). A cette époque, l'art dramatique l'intéressait autant que la décoration mais dès qu'il obtint son premier rôle, c'était en 1935, dans une comédie s'intitulant : "La Jolie Batelière" (The Farmer Takes a Wife) son avenir fut tracé. Son talent n'avait pas échappé à Brooks Atkinson, un critique du New-York Times; "Henry Fonda, écrivait-il...donne une interprétation virile et mesurée, menée avec une simplicité désarmante." Plus tard, évoquant ce personnage qui lui ressemblait si bien, jeune garçon gauche et dégingandé, typiquement américain, dont l'idéalisme ingénu s'alliait à un caractère bien trempé, Fonda commentera lui-même :"Ce garçon timide et embarassé n'était nullement mal à l'aise sur les planches...Derrière le masque façonné par l'auteur dramatique, je pouvais faire n'importe quoi parce que ce n'était pas moi qui me trouvais alors en scène; ce n'est pas moi que le public regardait mais le personnage que j'incarnais."
Fonda tira toujours sa fierté de cette capacité à s'éffacer derrière ses rôles; cette discrétion qui confine à l'ascèse fait précisémment la force de jeu de l'acteur : "Généralement, je n'ai pas de méthode....Ou bien le rôle me plaît, je sais que je "m'en tirerai"."
En 1934, Henry Fonda signa un contrat avec Walter Wanger qui l'engageait pour deux films par an tout en lui laissant la liberté de jouer au théâtre. Il fut choisi pour "La Jolie Batelière" version cinématographique de son grand succès théâtral, mais seulement après le double refus de Gary Cooper et de Joel McCrea, contactés avant lui mais indisponibles. Fonda n'oublia jamais les conseils que lui prodigua le metteur en scène Victor Fleming à propos des différences qu'imposent le cinéma et le théâtre sur la technique de jeu. Son perfectionnisme l'amena à se montrer sans cesse exigeant sur la qualité des rôles qui lui étaient proposés et à n'accepter que ceux convenant parfaitement à sa sensibilité.
Au cours des années 30, Henry Fonda tourna des films de genres différents, comédies brillantes ou récits socialement engagés comme "J'ai le droit de vivre" (You Only Live Once,1937) entre autres. Bien que ce film fût un succès, il détestait travailler avec Fritz Lang (réalisateur du film) qu'il qualifia un jour de "réalisateur d'opérette". Trois films tournés avec John Ford :"Vers sa Destinée" (Young Mr. Lincoln,1939), "Sur la piste des Mohawks" (Drums Along the Mohawk), également de 1939, et "Les Raisins de la Colère" (The Grapes of Wrath,1940) lui valurent un succès mérité. Tous furent produits par la 20th Century-Fox, de même que "Le Brigand bien-aimé" (Jesse James,1939) de Henry King, un film dans lequel, avec beaucoup d'intuition, Fonda accepta le rôle de Frank, ayant senti qu'il était, de loin, plus intéressant que le personnage principal, Jesse, interprété par Tyrone Power.
A Noter la prestation d'Henry Fonda dont l'un de ses premiers films "La Fille du Bois Maudit" (The Trail of The Lonesome Pine,1936) d'Henry Hathaway avec Sylvia Sidney et Fred MacMurray dans les trois principaux rôles. Il y eut aussi "Miss Manton est folle" (The Mad Miss Manton,1938) de Leigh Jason avec Barbara Stanwyck
A l'époque, Henry Fonda connut un retentissant succès avec son interprétation du rôle d'Abraham Lincoln, plus grand même que pour celle du Tom Joad des "Raisins de la colère". Rappelons que l'astucieux Darryl F. Zanuck, son producteur, se servit du rôle de Tom Joad comme d'un appât pour se lier l'acteur par un contrat à long terme. A part "L'étrange incident" (The Ox-Bow Incident,1943), Fonda avoua d'ailleurs détester tous les films tournés au cours de cette période par la 20th Century-Fox. Il se trouva selon lui beaucoup plus à son aise lorsqu'il fut "prêté" à la Paramount pour "Un Coeur pris au piège" (The Lady Eve,1941) de Preston Sturges et à la Warner pour "The Male Animal" (1942) d'Elliott Nugent. Lorsqu'il fut mobilisé, Zanuck lui obtint un sursis afin de terminer le tournage d' "Aventure en Lybie" (The Immortal Sergeant,1943). Dès qu'il fut enfin libéré de ses engagements professionnels, Henry Fonda entra dans la marine; sa participation aux combats du Pacifique lui valut la Bronze Star, une citation et le grade de lieutenant.
Une fois la guerre terminée, il revint à la Fox où il retrouva John Ford, faisant l'unaminité de la critique pour l'interprétation du placide et flegmatique Wyatt Earp de "La Poursuite Infernale" (My Darling Clementine,1946). Cependant, il ne pouvait se défaire de la nostalgie du théâtre. C'est ainsi qu'après avoir incarné à l'écran le fanatique lieutenant-colonel de cavalerie Owen Thursday du "Massacre de Fort-Apache" (Fort Apache,1948). Il renonça au cinéma jusqu'en 1955, n'apparaissant que dans quelques documentaires et tournant, en participation exceptionnelle dans le film de Fletcher Markle, "Jigsaw" (1949). A noter son interprétation dans "The Long Night" (1947) remake du film de Marcel Carné "Le jour se lève", ainsi que le film de John Ford "Dieu est mort" (The Fugitive,1947) avec Dolorès Del Rio et Pedro Armendariz.
Sa formation d'homme de théâtre-habitué à perfectionner continuellement son jeu par de nombreuses répétitions, le rendait très sévère à l'endroit de ses propres films, même de ceux qui avaient été favorablement accueillis par la critique; Sans avoir jamais cherché la publicité, Henry Fonda a toujours suscité une certaine curiosité dans le public, curiosité à laquelle une succession de mariages malheureux et des rapports souvent orageux avec ses enfant Peter et Jane, l'un et l'autre excellents comédiens comme leur père, ne sont pas étrangers. Si dans le privé, Fonda peut être considéré comme un homme difficile à vivre, pas toujours aimable, il demeure maître de lui en toutes circonstances. On rappelle, à ce propos, la réponse qu'il fit à la femme d'un producteur qui, un jour, sans le moindre tact, lui avait demandé : "Qu'éprouve t'on à avoir eu tant d'épouses, dont deux se sont suicidées?". Calmement, il avait répliqué : "Je les ai toutes aimées et, d'une certaine façon, je les aime encore. Mais je n'aurais pu sauver aucune d'elles, comme il ne leur était pas possible de me sauver moi-même. Chacun doit-être son propre sauveur!"
1957 lui apporta deux de ses plus grands rôles : celui de l'homme victime de la fatalité dans "Le Faux-Coupable" (The Wrong Man) d'Alfred Hitchcock et celui du juré de "Douze Hommes en colère" (Twelve Angry Men) qui parvient par la seule force de sa conviction à sauver de la mort certaine un misérable meurtrier. Il prit part à la préparation du film, et rappelle avec une grande satisfaction "L'unique occasion de faire du bon cinéma, je l'eus avec Sidney Lumet, en tournant "Douze hommes en colère"...La plupart des acteurs choisis venaient du théâtre et, comme au théâtre, nous répétâmes pendant deux semaines...les acteurs eurent l'avantage - et l'angoisse, aussi - du commencement à la fin, de construire leur rôle avec la précision d'un graphique.
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La Jolie Batelière (The Farmer Take A wife,1935)de Victor Fleming
A Travers l'Orage (Way Down East,1935) de Henry King
Une certaine femme (That Certain Woman,1937) d'Edmund Goulding
J'ai retrouvé mes amours (I Met My Love Again,1938) de Joshua Logan
Blocus (Blockade,1938) de William Dieterle
1939
1939
1940
La Belle écuyère (Chad Hanna,1940) de Henry King
Tu m'appartiens (You Belong To Me,1941) de Wesley Ruggles
Qui perd gagne (Rings on Her Fingers,1942) de Rouben Mamoulian
La Poupée Brisée (The Big Street,1942) d'Irving Reis
Aventures en Lybie (The Immortal Sergeant,1942) de John M. Stahl
Six Destins (Tales of Manhattan,1942) de Julien Duvivier
Alfred Hitchcock - Henry Fonda
Avec sa silhouette élancée, sa sérénité, sa voix ferme et douce à la fois, Henry Fonda a vieilli avec élégance, passant de l'interprétation de héros de l'Ouest et de jeunes opprimés, à celles des généraux, de présidents et d'hommes politiques. Contrairement à d'autres acteurs comme Robert Taylor, Tyrone Power et Alan Ladd sacrifiés sur l'autel du star system dès que leur popularité subit la première atteinte, Henry Fonda a su maintenir les positions acquises, résistant aux flatteries et aux manipulations des studios. On peut même dire que sa carrière est une constante ascension.
Dans la deuxième partie des années 50, Henry Fonda donna la réplique à Anthony Perkins dans "Du Sang dans le désert" (The Tin Star,1957) d'Anthony Mann, James Cagney, Jack Lemmon et William Powell dans "Permission jusqu'à l'aube"(Mister Roberts,1955) de John Ford et Mervyn Le Roy (Le rôle fut crée par Fonda au théâtre et le joua plus de 1100 fois et eut un succès retentissant.), Anthony Quinn, Richard Widmark et Dorothy Malone dans "L'homme aux colts d'or" (Warlock,1959) d'Edward Dmytryk.
Dans les années 60, Fonda affine son jeu d'acteur, confirme ses talents exceptionnels de comédien et enchaîne en participant au tournage du "Jour le plus long" (The Longest Day,1962) de Bernard Wicki, Andrew Marton et Ken Annakin avec une pléiade d'acteurs (John Wayne, Robert Mitchum, Robert Ryan, Richard Burton, Sean Connery, Bourvil...) On le voit également dans "La Conquête de l'Ouest" (How The West Was Won,1962) de John Ford, Henry Hathaway et George Marshall; C'est en pleine période de "Guerre froide", psychose de guerre nucléaire que Fonda incarne le Président des Etats-Unis au côté de Walter Matthau dans "Point Limite"(Fail Safen1964) de Sidney Lumet. Cette même année, Fonda s'entoure de Cliff Robertson et Eddie Adams afin de tourner "Que le meilleur l'emporte" (The Best Man) de Franklin J. Schaffner.
Dirigé par l'in des co-réalisateurs du "Jour le plus long", "La Bataille des Ardennes" (Battle Of The Bulge,1965) tentait de renouer avec le succès du film produit par Darryl F. Zanuck en s'appuyant sur les mêmes recettes. C'est avec des moyens financiers colossaux que de nombreux acteurs ont été engagé (Fonda, Robert Shaw, Robert Ryan, Dana Andrews et Charles Bronson). Le film de Richard Fleischer : "L'étrangleur de Boston" (The Boston Strangler,1968) s'appuie d'après un volumineux livre-enquête, ce fut Tony Curtis qui incarna Albert De Salvo.
"Il était une fois dans l'Ouest" (C'era una volta Il West,1969) fut tourné en Italie, en Espagne et aux Etats-Unis avec une distribution américaine et italienne. On confia à Henry Fonda le rôle du méchant pour la première fois de sa carrière et Charles Bronson celui d'un vengeur taciturne. La carrière de Fonda pris un nouvel essor, on le vit aux côtés de Paul Newman, Lee Remick et Michael Sarrazin dans "Le Clan des Irréductibles" (Sometimes A Great Notion,1971) réalisé par Paul Newman, lui-même. Après avoir renouvellé l'expérience du western italien, il accepta la proposition de Sergio Leone, qui supervisa le tournage de "Mon Nom est Personne" (Il Mio Nome E Nessumo,1973) de Tonino Valerii avec Terence Hill.
Depuis longtemps, Jane Fonda cherchait un scénario dans lequel elle pourrait donner la réplique à son père :"Je voulais que nous fassions ce flm "La Maison du Lac" (On Golden Pond,1981) de Mark Rydell, pour pouvoir l'offrir à mon père :dit-elle....La nature même du film nous a fait réfléchir au temps qui passe; mon père et moi, nous nous sommes efforcés de saisir toutes le chances qui nous étaient offertes d'apprendre quelque chose, l'un de l'autre, de profiter l'un de l'autre. "La maison du lac" a été tourné en dix semaines entre le 21 juillet et le 23 septembre 1980. Il marque la première rencontre de Katharine Hepburn et Henry Fonda, dans un film et dans la vie. Ce dernier a obtenu pour ce rôle, l'Oscar du meilleur acteur, à Holywood, le 29 mars 1982. Henry Fonda meurt le 12 août 1982 à Los Angeles.
Les Feux du Théâtre (Stage Stuck,1958) de Sidney Lumet
L'Homme qui comprend les femmes (The Man Who Understood Women,1958)
1962
Première Victoire (In Harm's Way,1965) d'Otto Preminger
Police sur la Ville (Madigan,1968) de Don Siegel
Les Tiens, les Miens,le Nôtre (Yours, Mine and Ours,1968) de Melville Shavelson
La Maison du Lac (On Golden Pond,1981) de Mark Rydell
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Jane Wyman, Henry Fonda, Ronald Reagan, Boris Karloff, Gene Kelly
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