PAULINE CARTON, PINCE-SANS-RIRE
PAULINE CARTON 1884 - 1974
Comédienne Française
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On a tendance, devant la multitude de rôles qu'elle a défendus depuis le début du parlant, à oublier que sa carrière cinématographique était, en 1920, déjà largement entamée. Avec l'humour corrosif qui la caractérise. Pauline Carton, revenue de ses tournées théâtrales qu'elle a décrites dans son livre "pince-sans-rire "Les Théâtres de Carton", surgit dans le cinéma muet le chignon pointé vers le ciel, le binocle fulgurant, hargneuse et méprisante. Il lui manque évidemment le considérable atout de sa voix à la vinaigrette dont le filet coule jusqu'à e qu'elle ait dit tout ce qu'elle avait à dire.
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"Au physique, mon visage a toujours été apparenté avec celui du pou.(...) J'ai eu la chance harmonieuse d'avoir à la fois, une vois de canard, un nez en pomme de terre et le goût des rôles ancillaires." "J'avais à peine onze ans que dans les comédies que nous jouions à l'école (...), je réclamais en pleurant les rôles de domestiques.(...) Ces rôles-là, au moins, personne ne me les disputait. On a donc fini par me les distribuer automatiquement." C'est ainsi que Pauline Carton décrit son physique et caractérise ses "emplois" favoris (in "Pauline Carton" par G. Debot, Edition Dullis,1975)
Pauline-Aimée Biarez est née le 4 juillet 1884 à Biarritz. D'après ses dires, Pauline raconte que ses parents l'ont emmené au théâtre dès l'âge de cinq ans : "A aucune période de mon existence, je n'ai pensé autre chose, visé un autre but que d'arriver à vivre sur un théâtre et jouer la comédie. C'est d'ailleurs chez ses parents qu'elle débuta sur les "planches" dans une adaptation familiale de "Maman Sabouleux" de Eugène Labiche, on lui confia le rôle de la petite Suzanne. Quelques années plus tard, elle fit ses véritables débuts sur une vraie scène dans le rôle d'une demoiselle de petite vertu nommée Carton : Pauline en garda le patronyme !
Accaparée par le théâtre, le vaudeville, le cabaret, Pauline Carton se souvient avoir fait sa première apparition devant une caméra en 1907 ou 1908. On se souvient bien de la vieille fille au martinet qui traque une innocente enfant dans "Le Sang d'un poète" (1930) de Jean Cocteau, mais allez donc la retrouver dans les vieux films de Diamant-Berger ou dans "Blanchette" de René Hervil qui lui vaut en 1921, le rôle de la vieille dame. Persuadée qu'elle est "laide comme un pou", suivant sa propre comparaison, Pauline abdique définitivement toute coquetterie et cultive l'originalité. Remarques justes mais acerbes sur les uns et sur les autres, mots qu'on ne mâche pas pour les envoyer à la figure des petites copains, dédain de la toilette, méfiance instinctive à l'égard de ceux qui la côtoient, mystère à peine dévoilée de sa vie privée qui lui fait rejoindre quand l'envie l'en prend (quitte à laisser en plan théâtre et représentations) l'être cher qui habite en Suisse. Eviter avant tout de s'attacher, aussi bien aux êtres qu'aux meubles, et ce n'est pas à l'honneur de Sacha Guitry d'avoir apprivoisé - dans une certaine mesure - cette bête de théâtre.
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Elle entame en 1927 une collaboration qui ne prendra fin qu'avec la mort de l'auteur-acteur, en jouant la cuisinière de "Désiré", rôle qu'elle reprend plus tard au cinéma en 1937. D'une naïveté joviale, elle lance ses répliques sur ce ton à l'emporte-pièce qui fait sa fortune. Claironnant et péremptoire. Sacha, qui s'exclame en présentant une de ses pièces "Et j'ai Carton.. Cette Pauline!... avec le maximum de points d'admiration, lui écrit pour chaque comédie nouvelle, pour chaque film nouveau, celui-ci talonnant celle-là, des petits sketches propres à réjouir le spectateur sans le distraire de l'action principale. La guerre seule, et l'Occupation, qui exile Pauline en Suisse, interrompent leur collaboration qui compte vingt-deux films. On y trouve des dactylos éperdues "Le Nouveau Testament" (1936), de sadiques créatures moustachus et binoclardes "Le Roman d'un tricheur" (1936), des sous-préfètes fielleuses "Le Mot de Cambronne" (1936), des cartomanciennes "Le Diable boiteux" (1948), des tenancières d'hôtel borgne "La Vie d'un honnête homme" (1952), des simili madame Maigret "Les Trois font la paire" (1957), des commères ironiques, à qui on ne la fait pas "La Poison" (1951) et même des criminelles de haut vol promises à la Chambre Ardente "Si Versailles m'était conté" (1953). Quant aux boniches, servantes et soubrettes mûries à l'office, elles pullulent. Citons au moins deux d'entre elles; l'énergique épouse de Raymond Aimos dans "Ils étaient neuf célibataires" (1939), l'effarouchée et rougissante femme de chambre de "Quadrille" (1937), dessinée en trois coups de crayon par Pauline au mieux de sa forme.
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Alors ? Hors Sacha Guitry, point de salut? c'est oublier le museau pointu et les mitaines de la créatrice des corsets à busc "Ces messieurs de la Santé" (1933) de Pierre Colombier, la concierge curieuse et ravie de l'infortune conjugale de Marguerite Moreno "Train de plaisir" (1935) de Léo Joannon, la sœur du colonel qui veut faire jouer son drame en vers : "L'Orgie romaine" par "Les Dégourdis de la Onzième" (1937) de Christian-Jaque et celle du capiston qui cause bien du tracas au soldat Cochu "Le Tampon du capiston" (1950) de Maurice Labro, c'est méconnaître la myopie de la surveillante du "Mioche" (1936) de Léonide Moguy, les soupirs et les regrets de la dame des toilettes de "Vous n'avez rien à déclarer ?" (1936) de Léo Joannon et la nourrice à bonnet normand de "Miquette et sa mère" (1949) d'Henri-Georges Clouzot.
N'oublions pas le succès phénoménal, prolongé par le disque, de Carton chantant avec Koval le duo des Palétuviers dans "Toi c'est moi" (1936) de René Guisart (édité en DVD René Château), opérette que récupère le cinéma. André Berley se substitue alors au premier partenaire, et l'on peut imaginer - car on ne voit plus guère le film - la scène d'anthologie qui en découle : "Toi c'est moi" consacre la victoire absolue des excentriques sur les vedettes éphémères et des attraits de Pauline sur les appâts des ingénues.
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Quelques mois avant sa mort, le 17 juin 1974 à Paris, peu avant son quatre-vingt-dixième anniversaire, la comédienne interprétait encore, sur une scène genevoise, "le mot de Cambronne" : ce fut sa dernière apparition en public. Elle avait légué son corps à la Faculté de Médecine : "Je ne peux pas dire que je ferai un beau cadeau aux étudiants. J'ai même pensé à me faire tatouer, autour du cou : "Tant pis pour vous!" De cet humour ravageur, plus de cent soixante films conservent la trace ainsi que les deux livres de Pauline Carton : "Les Théâtres de Carton" et "Histoires de cinéma". A noter le spectacle de Christine Murillo, comédienne merveilleuse qui a su avec délices redonner vie à Pauline Carton dans "Pauline & Carton etc." sur une mise en scène de Charles Tordjman. Une sorte de monologue sur les mille et une vie de Pauline Carton.
Extraits de "Noir & Blanc" de Olivier Barrot et Raymond Chirat - Ed. Flammarion
*Affiches-ciné * Cinéma français
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