JEAN-CLAUDE BRIALY, L'AMI DE LA FAMILLE DU CINEMA FRANCAIS
JEAN-CLAUDE BRIALY 1933 - 2007
Comédien, Réalisateur Français
Jean-Claude Brialy a été un comédien d'une grande générosité, il aimait les actrices, de nombreuses actrices pour lesquelles il a parfois su leurs rendre hommages comme pour Danielle Darrieux au théâtre des Bouffes-Parisiens entourés de nombreux comédiens. Il avait expliqué que lors de son adolescence, il avait des photos de Michèle Morgan qui jalonnées le mur de sa chambre.
J'ai eu la chance de le rencontrer chez lui, lorsqu'il habitait sur les quais de Bourbon à l'Ile-Saint-Louis, au dernier étage d'un immeuble ou pour une fois, j'étais à l'heure, mais Jean-Claude Brialy n'était pas encore arrivé, j'ai entendu des pas, c'était les siens, pendant ce temps j'observais l'entrée de son dernier étage, cela me rappelait un peu les décors de chez Jean Marais (Miroir, appliques, colonne etc.). C'est la première fois que j'ai bu un verre de whisky, ce qui m'a un peu désinhibé...
Il aura été un comédien de premier plan au début de sa carrière, et avec l'âge il aura donné la réplique à de nombreux acteurs, tout en étant parfois au second plan. Je me souviens l'avoir découvert dans le film de Mauro Bolognini "Les Garçons", mais aussi dans le film de Costa-Gavras sur la Résistance dans "Un Homme de trop". Il aura tourné de nombreux films avec des cinéastes bien différents dans des registres parfois opposés.
Jean-Claude Brialy est né le 30 mars 1933 à Aumale en Algérie. Son père était lieutenant au 65e d'artillerie et ses affectations successives entraînent quelques perturbations dans ses études, qu'il débute au lycée de Blida, pour les poursuivre à Bône, à Marseille, au collège de Saint-Etienne, puis au Prytanée militaire de La Flèche, et enfin à Strasbourg où il prépare son baccalauréat.
Parallèlement, il suit des cours d'art dramatique et obtient un premier prix de comédie au Conservatoire de Strasbourg et entre ainsi au Centre Dramatique de l'Est, où il développera ses rôles dans des pièces comme "Les Mains sales", "Bobosse", "Les Parents terribles", "Jean de la Lune", "Le Barbier de Séville"... Brialy est affecté au Service cinématographique de l'Armée lors de son service militaire et pendant deux ans, il est chargé de nombreux films. A sa démobilisation, il poursuit dans cette voie sur la proposition du producteur Fred Orain, en enregistrant les textes de plusieurs courts métrages. Mais le jeune comédien est encore plus motivé pour poursuivre sa carrière théâtrale pour une tournée de six mois, au cours de laquelle il joue plusieurs vaudevilles comme "Occupe-toi d'Amélie". Jacques Rivette lui offre un petit rôle dans son court métrage dans "Le Coup du berger" en 1956, mais c'est le comédien Darry Cowl qui le fait débuter au cinéma dans "L'Ami de la famille" (1956) de Jack Pinoteau. C'est ainsi qu'on l'apercevra également dans "Le Triporteur" (1957) et dans "Ascenseur pour l'échafaud" (1958) de Louis Malle.
L'année suivante, il fréquente les critiques de cinéma des "Cahiers du Cinéma" dont la rencontre avec Jacques Rivette dans un premier temps (voir son 1er court métrage), François Truffaut, Jean-Luc Godard et Claude Chabrol, il se trouve au cœur de ce mouvement novateur qu'on appellera la "Nouvelle vague". C'est ainsi qu'il obtient le premier rôle dans "Le Beau Serge" (1958) et "Les Cousins" (1958) tous deux réalisés par Claude Chabrol. On le retrouve également en Italie, ou Mauro Bolognini le dirige pour le film "Les Garçons" (La Notte Brava,1959) il donne la réplique à Laurent Terzieff et Franco Interlenghi. Danielle Darrieux se retrouvera à trois reprises avec Jean-Claude Brialy dans trois films différents : "Les Yeux de l'amour" (1959) de Denys de la Patellière, "Les Lions sont lachés" (1961) de Henri Verneuil et "L'Année Sainte" (1976) de Jean Girault où Gabin est également à l'affiche.
La désinvolture railleuse, l'aisance du comédien s'accordent au style des jeunes maîtres et l'autorité de l'acteur de métier lui permet de triompher dans les genres les plus divers. Il est Marc Desgrez dans "La Chambre ardente" (1962) de Julien Duvivier aux côtés de Claude Rich, Frédéric Moreau dans "L'éducation sentimentale" (1962) de Alexandre Astruc avec Marie-José Nat et Michel Auclair. Sous la direction de Roger Vadim, il donne la réplique à Jane Fonda dans "La Ronde" (1964), quant à Edouard Molinaro, il le dirige dans "La Chasse à l'homme" (1964) où il retrouve Jean-Paul Belmondo avec lequel il avait tourné dans "Une Femme est une femme" (1961) de Jean-Luc Godard.
On peut considérer que Jean-Claude Brialy a tourné de nombreux films tous différents les uns des autres avec tout le gratin du cinéma français : Costa-Gavras "Un Homme de trop" (1966), François Truffaut "La Mariée était en noir" (1968), "Le Genou de Claire" (1970) de Eric Rohmer, Marc Allégret "Le Bal du comte d'Orgel" (1970). Cette abondante carrière cinématographique n'empêche pas Jean-Claude Brialy de s'affirmer sur scène dans plusieurs pièces : "Un Dimanche à New York", "Madame Princesse", "Les Portes claquent" et "La Puce à l'oreille". Cette activité de comédien s'ajoute en 1971 celle de réalisateur. Il entreprend une nouvelle carrière. Son premier film "Eglantine" est une œuvre à réminiscences autobiographiques. Il n'en restera pas là. Il tourne quelques mois plus tard : "Les Volets clos" (1972), "L'Oiseau rare" (1973) et "Un Amour de pluie" (1973) avec son amie Romy Schneider.
Il faut également souligner sa participation au film de Luis Bunuel dans "Le Fantôme de la liberté" en 1974 avec Monica Vitti au sommet de sa gloire. Il joue le rôle du poète Verlaine face à Arthur Rimbaud dans "Une Saison en enfer" (Une Stagione all'inferno,1970) avec Terence Stamp. Comédien né, Jean-Claude Brialy est aussi un créateur et c'est ainsi qu'il poursuit sa carrière de réalisateur dans les années 80 pour signer deux adaptations de la comtesse de Ségur, "Les Malheurs de Sophie" (1981) et "Un Bon petit diable" (1983), où Alice Sapritch incarne avec brio la mère Mac Miche. En 1980, Francis Girod le dirige dans "La Banquière" aux côtés de Romy Schneider, il est également le directeur du Lido dans le film de Claude Lelouch "Les Uns et les autres" (1981), il joue l'imprésario de Clara, la jeune pianiste prodige de "L'Effrontée" (1985) de Claude Miller, il incarne le flic travesti de "Levy et Goliath" (1987) de Gérard Oury ou le banquier véreux de "Ripoux contre ripoux" (1990) de Claude Zidi.
Mais Brialy se veut avant tout un homme de théâtre où selon lui, l'art du comédien trouve le cadre privilégié de son épanouissement : la scène. Et c'est la raison pour laquelle, il devient propriétaire d'un théâtre : les "Bouffes Parisiens", dont la gestion et la programmation vont requérir, à partir de 1988, l'essentiel de son temps, de son énergie et de son talent, en le tenant périodiquement éloigné du cinéma. Pièce après pièce, succès après succès, il savoure ce plaisir de faire plaisir à ses amis comédiens et à lui-même, "ce rendez-vous d'amour quotidien avec le public" qu'est une représentation théâtrale.
Brialy avait été nommé pour le César du meilleur acteur dans un second rôle avec "Le Juge et l'assassin" en 1977 mais il lui faudra attendre 1988 pour l'obtenir pour le film d'André Téchiné "Les Innocents" (1987) où il incarne avec brio Klotz, un chef-d 'orchestre alcoolique et homosexuel, rôle plus complexe et plus douloureux de tous ceux qu'il a interprétés dans les années 80. Ses registres sont divers, de la fantaisie ou de la dérision : Il est le coiffeur efféminé de "La Nuit de Varennes" (Il Mondo nuovo,1982) d'Ettore Scola avec Marcello Mastroianni. Mais il sait aussi susciter le trouble et la pitié, dans "Sarah" (1983) de Maurice Dugowson, "Grand Guignol" (1986) de Jean Marbœuf et "Inspecteur Lavardin" (1986) de Claude Chabrol, où la fragilité, la solitude de ses personnages sont perceptibles derrière la façade de la mégalomanie, voire le mépris ou le dégout, en collaborateur inquiétant "Stella" (1983) de Laurent Heynemann, en avocat retors "Cap Canaille" (1983) de Juliet Berto et Jean-Henrio Roger, en policier corrompu "La Crime" (1983) de Philippe Labro.
La dernière partie de sa carrière cinématographique fut jalonnée de seconds rôles tout aussi important, il est l'amiral de Coligny dans "La Reine Margot" (1994) de Patrice Chéreau avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre, "Beaumarchais, l'insolent" (1996) d'Edouard Molinaro dans le rôle de l'abbé. En l'an 2000, il joue son propre rôle aux côtés de Pierre Arditi dans "Les Acteurs" réalisé par Bertrand Blier, mais c'est dans des films contemporains, souvent signés de jeunes auteurs, qu'il aura été le plus surprenant ou parfois le plus touchant comme dans le film de Henri Herré "Août" (1992) ou dans "In extremis" (2000) d'Etienne Faure. C'est en 2007 que Jean-Claude Brialy apparaît une dernière fois dans un long métrage de Romuald Beugnon dans "Vous êtes de la police ?" avec Jean-Pierre Cassel.
Entre 2000 et 2007, Brialy aura publié deux ouvrages autobiographiques dont "Le Ruisseau des singes" en 2000. Jean-Claude Brialy décède le 30 mai 2007 à l'âge de 74 ans, il n'avait averti aucun de ses amis, Line Renaud ou Nana Mouskouri de la réalité de sa longue maladie, ce qui étonna nombreux de ses amis du cinéma et du spectacle.
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