DELMER DAVES                1904 - 1977 

Cinéaste, Scénariste Américain

Reconnu pour son éclectisme, Delmer Daves fut l'un des cinéastes les plus prolifiques des années quarante et cinquante. On lui doit quelques westerns devenus classiques et confirma la maîtrise dans le genre du western dont il devint aux côtés d'Anthony Mann et de Budd Boetticher, l'un des plus grands spécialistes. Les films du réalisateur sont chargés d'humour très particulier. Du tape-à-l'œil pour les uns, du déjà vu pour les autres, le cinéaste se fond dans son sujet, bien plus qu'il ne le transcende. Delmer Daves est née le 24 juillet 1904 à San Francisco. Tout en poursuivant des études de droit à l'Université de Sanford, il fait des voyages à bicyclette en Europe durant ses vacances et partage un temps la vie des Indiens Hopis et Navajos.

Tout en étant étudiant, il est engagé comme accessoiriste en 1923 sur le tournage de "La Caravane vers l'Ouest" de James Cruze, et fait son apprentissage dans la profession pendant une vingtaine d'années, par la même occasion il devient également dialoguiste et scénariste. Il a aussi été l'assistant de James Cruze pendant les années 20 et fait de la figuration. Il collabore ainsi à certains films célèbres de l'époque comme "La Forêt pétrifiée" (1936) d'Archie Mayo, "Professeur Schnock" (1938) d'Elliott Nugent avec Harold Lloyd, "Elle et lui" (1939) de Leo McCarey dont il signe les dialogues et "O toi ma charmante" (1942) de William A. Seiter.

De la MGM au début des années 30, il arrive chez Warner Bros, en 1934, pour quatre années. S'ensuit alors une période consacrée à l'écriture, en freelance, jusqu'en 1943 où, de retour à la Warner, il réalise son premier film "Destination Tokyo" dont il écrit également l'adaptation avec Albert Matz. Ce film de guerre bien construit, quoique trop bavard, dans lequel, chose rare, Cary Grant interprète un rôle non romantique constitue l'une des premières contributions de Daves à l'effort de guerre. "Destination Tokyo" fut le premier film américain à décrire la vie quotidienne à bord d'un sous-marin de l'U.S. Navy, il eut un succès considérable en France."The Very Thought Of You" (1944) décrit les inquiétudes et les contraintes d'un mariage en temps de guerre. "Hollywood Canteen", la même année, et sa prestigieuse distribution nous réservent quelques bons moments en parodiant les spectacles destinés à remonter le moral des troupes. 

"L'Orgueil des marines" (Pride Of The Marines,1945), bien qu'inspiré de l'histoire authentique d'un héros de guerre, Al Schmid, rendu aveugle par une grenade japonaise à Guadalcanal, tient davantage du drame intimiste cher à Daves que du film de guerre. Ce film anticipe clairement d'autres œuvres du même genre, telles que "Les Plus belles années de notre vie" (1946) ou "C'étaient des hommes" (1950).

Qu'il travaille avec d'autres scénaristes comme Albert Matz 'L'Orgueil des marines" et Richard Brooks "Ombres sur Paris" (To The Victor,1948), ou à partir de scénarios de son cru comme dans "La Maison rouge" (The Red House,1946) avec Edward G. Robinson et "Les Passagers de la nuit" (Dark Passage,1947), Delmer Daves se révèle bon artisan, sans en faire plus qu'il n'en faut par rapport à l'original. Ainsi reste-t'il fidèle au thriller de David Goodis, "Les Passagers de la nuit", et en fait un des films noirs les plus symboliques des années 40, superbement interprété par Humphrey Bogart et Lauren Bacall. A la 20th Century-Fox, son nouvel employeur, le réalisateur s'attaque au western avec "La Flèche brisée" (Broken Arrow,1950), la consécration arrive, film d'une importance capitale dans l'histoire d'Hollywood puisqu'il propose une réhabilitation de l'image de l'Indien au cinéma. En une seule œuvre, Daves est sacré champion du cinéma anti-raciste américain. Lui-même enfant de l'Ouest, petit-fils d'un pionnier ayant travaillé au légendaire Pony Express, Daves a toujours eu un faible pour l'histoire de l'Ouest et des Indiens. Il suffit de regarder "La Flèche brisée" qui conte comment, par son mariage avec une Indienne, un Blanc essaie de faire la paix, pour voir avec quel respect le cinéaste traite les Indiens, ce qui n'a pas toujours été le cas dans d'autres productions majeures. Ce film inaugure un nouveau cycle de westerns pro-indiens et fait entrer James Stewart et, à un moindre degré, Jeff Chandler, interprète du chef indien Cochise, dans le clan des stars du western des années 50.

Hélas, il faut bien admettre que par la suite les films de Daves deviendront routiniers. A une époque où les grands cinéastes goûtent à l'indépendance comme producteurs-réalisateurs, il tourne, toujours pour la Fox, des films de moindre importance comme "Le Trésor du Guatemala" (Treasure Of The Golden Condor,1952) ou "Les Gladiateurs" (Demetrius And The Gladiators,1953) avec Victor Mature et Susan Hayward, l'un des premiers films en cinémascope. Il revient au western en 1954, après avoir quitté la Fox. Avec Glenn Ford devant la caméra et le génial opérateur Charles Laughton Jr, il signe pour Columbia "L'Homme de nulle part" (Jubal,1955) et l'inoubliable "3 heures 10 pour Yuma" (3:10 To Yuma,1957)."Cow-boy" (1958) jette un regard dur, parfois drôle, sur la vie d'un vacher, telle que décrite par Frank Harris interprété par Jack Lemmon. Daves poursuit sa carrière cinématographique avec "La Dernière caravane" (The Last Wagon,1956) avec Richard Widmark, "L'Or du Hollandais" (The Badlanders,1958) avec Alan Ladd et Ernest Borgnine, "La Colline des potences" (The HangingTree,1959) avec Gary Cooper et Maria Schell.

Dans les années 60, romance et comédie parsèment la filmographie de Daves, qui termine sur "The Battle Of The Villa Florita" (1964). Il se cantonne également dans l'adaptation de best-sellers typiquement américains dont la majorité n'a pas été distribuée chez nous. Delmer Daves décède le 17 août 1977 à l'âge de 73 ans à La Jolla en Californie.

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