PETER FINCH, ACTEUR DE COMPOSITION
PETER FINCH Acteur Britannique 1916 - 1977
Que Peter Finch ait reçu un Oscar à titre posthume, pour son rôle magnifique de journaliste déséquilibré voir dépressif dans "Network" (Main basse sur la télévision,1976) de Sidney Lumet, caractérise bien sa carrière. Bien qu'il ait fait partie de ces rares comédiens prompts à changer de rôle avec un égal bonheur, il y a un décalage entre son image publique de fauteur de troubles, et celle du personnage dont on devine, à l'intérieur, une sérénité plus énigmatique.
Peter Finch est né le 28 septembre 1916 à Londres, né William Mitchell. On sait qu'il a été confié à une grand-mère bohémienne, quelque peu fantasque, qui, d'après l'acteur, l'aurait cédé à un moine bouddhiste à Madras. Cette grand-mère aurait voulu faire du jeune garçon un apprenti moinillon de culte bouddhiste.
Après une période passée en Inde à mendier et à méditer, Peter Finch fut alors confié aux soins de son grand-père résidant en Australie. Dès l'âge de quinze ans, il commença à exercer les métiers les plus divers : garçon de café, tondeur de moutons, bûcheron, fabricant de fleurs artificielles, apprenti journaliste... Après avoir été également chroniqueur judiciaire, Peter Finch découvrit alors sa vrai vocation. Il finit par s'intégrer à une troupe itinérante avec laquelle il parcourut le vaste continent australien, puis s'orienta vers la radio.
A partir de 1935, il est l'interprète de plusieurs films en Australie, comme son premier film resté inédit : "Magic Shoes" (1935) de Claude Fleming. Après la guerre, il continua sa carrière théâtrale, jouant des œuvres de Shakespeare et de Molière. Sir Laurence Olivier et Vivien Leigh, en tournée en Australie avec la troupe de l'Old Vic Theatre, le virent dans "Le Malade imaginaire" lui trouvèrent de très grands dons et lui conseillèrent de venir tenter sa chance à Londres. Ils lui obtinrent son premier rôle au théâtre dans "Daphne Lureola" aux côtés de Dame Edith Evans.
Après quelques films, Peter Finch commença dès 1949, une remarquable ascension, on le voit jouer une pièce aux côtés d'Orson Welles et signa un contrat avec Rank. Il incarna surtout des personnages élégants, et sûrs d'eux-mêmes. C'est en Angleterre, qu'il confirme sa réputation de comédien dans "Le Cheval de bois" (The Wooden Horse,1950) de Jack Lee, "Robin des Bois et ses joyeux compagnons" (The Story of Robin Hood And His Merry Men,1951) de Ken Annakin, "Détective du Bon Dieu" (Father Brown,1954) de Robert Hamer et "Simon et Laura" (Simon And Laura,1955) de Muriel Box.
Peter Finch composait à merveille les personnages cyniques mais fondamentalement sensibles comme dans "Ma vie commence en Malaisie" (A Town Like Alice,1956) de Jack Lee ou "Au risque de se perdre" (The Nun's Story,1959) de Fred Zinneman. Personne mieux que lui ne savait porter le kaki dans un environnement tropical comme dans "La Piste des éléphants" (Elephant Walk,1953) de William Dieterle, "Le Voyageur des plaines" (The Shiralee,1957) de Leslie Norman, "Au péril de sa vie" (The Sins of Rachel Cade,1959) de Gordon Douglas ou "Le Vol du Phénix" (The Flight Of The Phoenix,1965) de Robert Aldrich.
Après sa remarquable et intéressante création de l'attachant Commandant Langsdorff dans "La Bataille du Rio de la Plata" (The Battle Of The River Plate,1956) réalisé par Michael Powell et Emeric Pressburger, on remarquera une reconstitution méticuleuse d'un haut fait maritime du début de la Seconde Guerre mondiale. Acteur de composition par excellence qui put avec le même brio incarner le méchant traître et le héros attachant, Peter Finch de nature bohème, sauvage, indépendante était incité à fuir les attaches trop tyranniques d'où de longues périodes de silence.
Peter Finch incarna le médecin paternaliste de "Alerte en Extrême-Orient" (Windom's way,1958) de Ronald Neame, le châtelain amoureux de "Loin de la foule déchaînée" (Far From The Madding Crowd,1967) de John Schlesinger. Il obtint à trois reprises le prix de la British Film Academy : en 1956 pour "Ma vie commence en Malaisie", pour "Le Procès d'Oscar Wilde" (The Trials of Oscar Wilde,1960) de Ken Hughes et en 1961 pour "Pas d'amour pour Johnny" (No Love For Johnnie) de Ralph Thomas. Le film fut nommé parmi les meilleures réalisations de l'année au Festival de Berlin 1961.
En 1969, Peter Finch incarne le général Umberto Nobile dans "La Tente rouge" (Krasnaya Palatka) réalisé par Mikhail Kalatozov (Réalisateur du film "Quand passent les cicognes), le film est construit en flash-back. Paradoxalement, deux rôles d'homosexuels lui ont permis de donner ses performances les plus émouvantes, et l'on peut citer le deuxième long métrage sur ce sujet "Un Dimanche comme les autres" (Sunday Bloody Sunday,1971). C'est John Schlesinger qui lui confia le rôle le plus délicat de sa carrière, notamment dans une scène d'homosexualité que l'acteur sauva de toute vulgarité, filmée avec un réalisme jusque-là tabou. Il obtint pour cette composition une nomination à l'Oscar, ce même Oscar qui lui fut décerné à titre posthume pour "Network", (Main basse sur la T.V.,1976) de Sidney Lumet. En effet, Peter Finch succomba d'une crise cardiaque le 14 janvier 1977, il avait 60 ans.
*Affiches-ciné * Cinetom