SUR UN MALENTENDU TU ES PARTI, ADIEU A MICHEL BLANC
SUR UN MALENTENDU TU ES PARTI,
ADIEU A MICHEL BLANC
Vous le savez....Visage emblématique de la comédie française depuis plusieurs décennies, Michel Blanc est malheureusement décédé dans la nuit du jeudi 3 octobre 2024 à l'âge de 72 ans. Il aurait été victime d'une réaction allergique à un médicament pris peu de temps avant un examen médical. Michel Blanc était venu dans un centre de radiologie pour une échographie rénale , qui ne nécessite pas de produit de contraste. Il aurait plutôt réagi à un traitement antibiotique, suivi dans le cadre d'une suspicion d'infection rénale. Il a succombé à une crise cardiaque.
Une année sombre pour le cinéma, après Anouk Aimée, Alain Delon, Gena Rowlands, Maggie Smith et Micheline Presle, c'est Michel Blanc qui tire sa révérence. Alain Delon était le dernier acteur que j'ai aimé, d'une époque révolue, il était mon préféré du monde des vivants, Michel Blanc, c'est encore une autre douleur, car je l'aimais beaucoup lui aussi, c'est une année noire....pour le cinéma et pour de nombreux cinéphiles.
J'ai eu beaucoup de peine d'apprendre son décès. Je l'avais vu en discothèque près du métro Bonne Nouvelle, mais aussi dans le Marais, lorsque j'habitais Rue du Roi de Sicile, en allant au Piano Zinc, il me semble dans la Rue des Blancs Manteaux, je crois ... Je n'ai jamais osé lui parlé par timidité, comme ce fut le cas pour Serge Gainsbourg dans la Rue Monsieur Leprince, où nous étions réunis autour d'une table.
J'ai aimé l'entendre parler, j'ai aimé le voir dans des films différents les uns des autres. Bien sûr "Les Bronzés" et "Les Bronzés font du ski" dans le rôle de Jean-Claude Dusse, mais aussi dans de nombreux films parmi lesquels : "Je hais les acteurs", "Monsieur Hire", "Grosse fatigue", "Embrassez qui vous voudrez", "Les Témoins" ou "L'exercice de l'état" sans oublier "Je vous trouve très beau".
Michel Blanc est né le 16 juin 1952 à Paris, issu d'un milieu modeste, fils unique d'un père douanier et d'une mère comptable, il est choyé par ses parents du fait qu'on lui avait détecté un souffle au cœur à la naissance. Il suis ses études secondaires au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, il fait la connaissance de Gérard Jugnot également élève de 4eme, en compagnie de Josiane Balasko, Christian Clavier, Marie-Anne Chazel et Thierry Lhermitte.
Après le lycée, il s'inscrit à la faculté de lettres à Nanterre pour devenir enseignant mais ne donne pas suite. Il retrouve ses camarades dans les cours que donne la comédienne Tsilla Chelton dans son appartement à Paris. C'est ainsi que de petits rôles au cinéma lui sont proposés comme dans le film de Bertrand Tavernier "Que la fête commence" (1974) où l'on aperçoit également Christian Clavier. C'est Patrick Bouchitey qui le propose à Claude Miller pour le tournage du film "La Meilleure façon de marcher" (1975) aux côtés de Patrick Dewaere. Il incarne un rôle secondaire également dans le film dramatique réalisé par Serge Gainsbourg "Je t'aime moi non plus" (1976) avec Jane Birkin, Joe Dallessandro et Gérard Depardieu. En 1977, on le retrouve dans un thriller de Roman Polanski "Le Locataire"
Michel Blanc multiplie les apparitions, il devient auteur, écrit avec la troupe du Splendid : "Les Bronzés" (1978) réalisé par Patrice Leconte et adaptée de la pièce "Amours, coquillages et crustacés" crée en commun avec l'équipe du café-théâtre. En 1979, une suite est donnée avec "Les Bronzés font du ski" (1979) avec la même équipe : Michel Blanc aux côtés de Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Dominique Lavanant et Bruno Moynot. toujours sous la direction de Patrice Leconte. On se souviendra aussi de la voix de Michel Blanc, énonçons des vulgarités à "Zézette" et Josiane Balasko en Madame Musquin dans "Le Père-noël est une ordure" (1982) de Jean-Marie Poiré.
Avec Patrice Leconte ils organiseront plusieurs tournages de comédies légères comme "Viens chez moi, j'habite chez une copine" avec Bernard Giraudeau et Anémone, "Ma Femme s'appelle reviens" (1982) avec Anémone, "Circulez y'a rien à voir" (1983) avec Jane Birkin et Jacques Villeret. "Retenez-moi ou je fais un malheur" (1983) de Michel Gérard lui donne l'occasion de faire équipe avec Jerry Lewis, Charlotte de Turkheim et Laura Betti. En 1984, il écrit avec Patrick Dewolf "Marche à l'ombre" qu'il interprète et qu'il réalise, ce qui lui permettra de réussir a attiré plus de six millions de spectateurs au cinéma. Il réussit à prendre à contre-pied public et critique. Après le succès triomphal de "Marche à l'ombre", Michel Blanc quitte la troupe du Splendid.
A ce moment précis, Michel Blanc décide de changer de registre, l'absence de moustache, il interprète un pauvre type, qui accepte pour sauver son ménage, les avances d'un exubérant cambrioleur homosexuel y prend goût et finit par se travestir et se prostituer dans "Tenue de soirée" (1986) sous la direction de Bertrand Blier. Au Festival de Cannes 1986, c'est la surprise totale de voir le comédien dans un registre qui lui était totalement inconnu, le Jury du festival le consacra meilleur acteur. Michel Blanc changea dès lors de statut et, devenu un acteur de tout premier plan, ne fut plus cantonné à la comédie et aux rôles d'hypocondriaques râleurs.
Un autre rôle, un autre film "Monsieur Hire" (1989) de Patrice Leconte avec Sandrine Bonnaire, voyeur solitaire et austère, serré dans des vêtements sombres, né de l'imagination de Georges Simenon. Michel Blanc est remarquable de retenue et de sobriété, il a coupé sa moustache une nouvelle fois, après "Tenue de soirée", c'est un personnage de victime expiatoire qu'il compose, en n'éludant pas son côté malsain et vil. La même année, il joue aux côtés de Lio et Jacques Dutronc dans "Chambre à part" de Jacky Cukier. En 1990, c'est au tour de Claude Berri de le diriger dans "Uranus" (1990) où il incarne un militant du parti communiste. Il réussit également ses interprétations dans la comédie décalée de Bertrand Blier "Merci la vie" (1991). Il s'intègre aussi bien à l'univers baroque si personne du cinéaste Britannique Peter Greenaway dans "Prospero's Book" (1991).
Durant les années 90, Michel Blanc passe à la réalisation et confirme ses talents de cinéaste avec "Grosse fatigue" (1994) où il joue son propre rôle aux côtés de ses amis du Splendid : Josiane Balasko, Anne-Marie Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot et Thierry Lhermitte mais aussi avec Carole Bouquet, Dominique Lavanant et Philippe Noiret. Avec ce film, il écrit une comédie caustique, se déroulant dans le monde du cinéma, où un faux "Michel Blanc" se fait passer pour le vrai... C'est à cette période qu'il partage l'affiche avec l'acteur-réalisateur Italien Roberto Benigni dans "Le Monstre" (Il Monstro,1994). De même, Robert Altman le dirige dans un petit rôle dans "Prêt-à-porter" (1994). En 1999, il réalise son second film "Mauvaise passe", film sombre dont l'action se situe en Angleterre avec Daniel Auteuil, mais ce deuxième long métrage est un échec commercial.
Au début des années 2000, c'est comme réalisateur que Michel Blanc adapte "Vacances anglaises" du romancier britannique Joseph Connolly avec "Embrassez qui vous voudrez" (2002), il incarne un mari très jaloux face à Carole Bouquet. C'est ainsi que le succès lui revient et décide quinze ans plus tard de lui donner une suite sous le titre de "Voyez comme on danse" (2018). Entre-temps, celui que les Français avaient découvert et aimé en Jean-Claude Dusse dans "Les Bronzés" l'ont retrouvé vieilli et radicalement changé, dans le troisième volet des "Bronzés" "Les Bronzés 3, Amis pour la vie"(2006), ce fut un énorme succès, avec plus de dix millions d'entrée et toujours sous la direction de Patrice Leconte. Même si Michel Blanc n'était pas convaincu par le résultat de cette expérience collective, cela ne l'a pas empêché de retrouver Josiane Balasko qui réalisa elle-même "Demi-sœur" (2013).
Les films suivants seront plus nuancés, des emplois plus graves, nuancés, où il a fait preuve d'une belle capacité d'émotion ou de profondeur. André Téchiné lui propose de jouer dans un film dramatique, qui n'est autre qu'une chronique bouleversante des années Sida avec "Les Témoins" (2007), puis avec "La Fille du R.E.R." (2009). Puis, il partage l'affiche du film d'Alain Corneau "Le Deuxième souffle" avec Monica Bellucci et Daniel Auteuil.
Avec "L'Exercice de l'état" (2011) de Pierre Schoeller, Michel Blanc incarne un directeur de cabinet d'un ministre qui n'est autre que Olivier Gourmet, placé face à un dilemme politique. Ce sublime film politico-judiciaire lui vaudra le César du meilleur second rôle masculin. A noter qu'il est également resté un scénariste et dialoguiste affûté, ayant écrit ou participé au scénario de films où il est aussi apparu, comme "Une Petite zone de turbulences" (2010) d'Alfred Lot, où il donne la réplique à Miou-Miou, Mélanie Doutey et Gilles Lellouche, mais aussi "Un Petit boulot" (2016) de Pascal Chaumeil, une comédie noire dans laquelle il se montre fort convaincant en demandant à un chômeur, d'éliminer son épouse fidèle.
Parvenant à la soixantaine, il se donne à des rôles plus ambitieux en incarnant les pères de jeunes adultes, il est dans "Et soudain, tout le monde me manque" (2011) de Jennifer Devoldère, celui de Mélanie Laurent et, dans "Raid dingue" (2017) de Dany Boon, celui d'Alice Pol, ministre de l'Intérieur de son état. Quant au film "Docteur?" (2019) il est dirigé par Tristan Séguéla dont ce fut son troisième long métrage. En 2023, est sorti sur les écrans de cinéma "Les Petites victoires" de Mélanie Auffret où Michel Blanc rayonne, le film fut présenté au Festival International du film de comédie de l'Alpe d'Huez 2023, où il obtient le Prix du public et le Prix spécial du Jury. La même année, Michel Blanc donne la réplique à la chanteuse Louane Emera, sous la direction de Jean-Pierre Améris. Deux autres films devraient sortir en 2025 dont "La Cache" de Lionel Baier et un film avec Christian Clavier.
Durant sa carrière, Michel Blanc a été nommé quatre fois au César du meilleur acteur. A la télévision, le comédien n'apparaît que de façon parcimonieuse, campant des flics dans L'Affaire Dominici" (2003) de Pierre Boutron avec Michel Serrault et "93, Rue Lauriston" de Denys Granier-Deferre, l'année suivante autour de l'histoire de la Gestapo française. Il a obtenu également le Molière de la meilleure adaptation théâtrale en 2004 pour "L'Amour est enfant de salaud" d'Alain Ayckbourn.
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