JACQUES DUTRONC, SALE REVEUR
JACQUES DUTRONC 1943
Acteur, Chanteur, Auteur-Compositeur Français
Jacques Dutronc égal à lui-même, il aura réussi à démontrer ses capacités d'être un comédien d'excellence, après avoir été l'un des plus grands chanteurs français du XXème siècle. Lors de la sortie au cinéma, du film "L'Important c'est d'aimer", on s'est rendu compte du potentiel du jeu d'acteur de Jacques Dutronc, qui s'est confirmé avec "Violette et François", puis "L'Etat sauvage" et tous les autres qui suivront.
Jacques Dutronc est né le 28 avril 1943 à Paris, son père était ingénieur aux Charbonnages de France. Le jeune Dutronc aura fréquenté le lycée Condorcet, mais dès l'année 1958, il fréquente le Golf Drouot. Doué pour le dessin et la musique, il abandonne le lycée en seconde, en partie pour des raisons de santé, après avoir contracté la maladie de Bouillaud.
A l'époque du rock, il a dix-sept ans, ses copains sont Johnny Halliday et "Les Fantômes". Après avoir été guitariste chez "El Toro" et enregistré deux disques chez Vogue avec son groupe "Les Cyclones", il se met à composer pour Françoise Hardy. Sa chanson "Le Temps de l'amour" est un succès.
Peu après, Jacques Dutronc devient assistant-directeur artistique chez Vogue, puis il effectue son service militaire où il continue d'écrire des musiques. A son retour, il devient accompagnateur dans l'orchestre d'Eddy Mitchell, puis rencontre le parolier Jacques Lanzmann. Et, un jour de 1966, Daniel Filipacchi présente son émission "Salut les copains" son premier disque qui ressemble à un gag. Sur un ton monocorde et avec un accompagnement de guitare rudimentaire, le jeune chanteur étonne avec une voix nasillarde, les succès s'enchaînent : "Sept cent millions de Chinois et moi et moi et moi... Suivront une série de tubes : "Les Play-boys", "Les Cactus", "J'aime les filles", "Paris s'éveille", "L'hôtesse de l'air"...tous interprétés avec ironie et une apparente désinvolture.
En 1967, il reçoit son premier disque d'or. Il enchaîne alors tournée sur tournée et devient un chanteur très populaire. Pris d'une certaine lassitude, Jacques Dutronc abandonne la chanson au début des années 70. Il vit alors avec Françoise Hardy (1944-2024) avec qui naîtra leur fils Thomas Dutronc, lui-même chanteur. C'est ainsi, qu'il accepte de changer de registre, son ami de longue date, Jean-Marie Périer, photographe au magazine "Salut les copains", lui propose de jouer dans le premier film qu'il réalise en 1974 avec "Antoine et Sébastien".
Jacques Dutronc n'envisage pas, à cette époque de s'orienter définitivement vers le cinéma. Mais, lassé de jouer les rigolos sur scène, il est ravi des rôles dramatiques qu'on lui offre tel celui de Jacques dans "L'important c'est d'aimer" (1975) de Andrzej Zulawski avec Romy Schneider, film où le public et la critique prendront conscience de ses dons d'acteur. Ecartant avec soin tous les scénarios qui renforçaient l'image de marque qu'il s'était constituée dans la chanson, Jacques Dutronc consolide alors sa popularité en tournant avec Claude Lelouch "Le Bon et les méchants" (1976) aux côtés de Marlène Jobert et Jacques Villeret.
En 1977, Dutronc retrouve Jean-Marie Périer pour le tournage du film "Sale rêveur", entre-temps, il aura donné la réplique à Catherine Deneuve dans le film de Claude Lelouch "A nous deux" (1979), Michel Galabru dans "Le Mors aux dents" (1979) de Laurent Heynemann, Mireille Darc dans "OK patron" (1974) de Claude Vital, Annie Girardot dans "Le Point de mire" (1977) de Jean-Claude Tramont , Jean-Pierre Marielle dans "L'Entourloupe" (1980) de Gérard Pirès, Isabelle Huppert dans "Retour à la bien-aimée" (1979) de Jean-François Adam. Quant à Claude Sautet, celui-ci lui offre un sublime rôle dans "Mado" (1976) aux côtés de Michel Piccoli et Ottavia Piccolo et le cinéaste Francis Girot pour "L'Etat sauvage" (1978). Par ailleurs, Jacques Dutronc est revenu à la chanson, en 1980, avec un nouvel album.
Fidèle à son image de dilettantisme et de légèreté, Dutronc n'a manifestement jamais été entièrement satisfait par le cinéma. Le Septième Art a été pour lui une façon de combler un vide abyssal. Dutronc chanteur continuait dans le même temps à enregistrer des albums et à se produire sur scène. Il a obtenu un gros succès de ventes et de très larges audiences pour la tournée débutée au Casino de Paris en 1993.
Au cinéma, sa carrière cinématographique est un peu en attente durant quelques temps, pendant les années 80-90. Jacques Dutronc tourne de façon irrégulière. Il n'est pas victime d'un insuccès, en réalité il s'abstient de tourner, c'est une décision délibérée, parce que ce qu'on lui proposait "était de plus en plus mauvais", dit-il, se penchant sur sa carrière dans le magazine "Studio" en janvier 1996. Cela ne l'empêche pas en 1982, de participer au tournage du film "Y'a-t'il un Français dans la salle ?", un Mocky de la meilleure veine satirique. En 1983, il incarne un personnage né de l'imagination du romancier Patrick Modiano dans "Une Jeunesse" réalisé par Moshe Misrahi, avant de composer avec Bulle Ogier l'année suivante le couple de "Tricheurs"de Barbet Schroeder. A noter également le film de Maurice Dugowson où Jacques Dutronc a pour partenaires Gabrielle Lazure, Léa Massari et Jean-Claude Brilay dans "Sarah" (1983).
Andrzej Zulawski, qui l'avait vraiment révélé à l'écran en 1975, lui propose une libre adaptation du roman de Raphaëlle Billetdoux "Mes nuits sont plus belles que vos jours" (1988), le cinéaste offre un rôle émouvant et profond, celui d'un homme condamné par la maladie et qui vit ses derniers moments en compagnie de la jeune femme qu'il aime dans un hôtel de Biarritz où se pressent de curieux clients. Il enchaîne avec l'univers, également étrange et désinvolte, de "Chambre à part" (1990) de Jacky Cukier.
Le réalisateur Michel Deville fit appel à deux acteurs plus connus pour leurs performances musicales : Jacques Dutronc et Patrick Bruel pour tourner dans "Toutes peines confondues" (1992), le visage émacié et le regard bleu de Dutronc vont ensuite faire merveille dans ce polar, tourné sur les bords du Lac Léman. L'acteur apporte au personnage de Gardella, un forban de la haute finance piégé par un flic insignifiant de province. Mais la grande rencontre de Dutronc, c'est celle avec le cinéaste Maurice Pialat pour mettre en œuvre au cinéma "Van Gogh" (1991), leur collaboration aboutit à un plein succès artistique. Sélectionné au Festival de Cannes dans un premier temps, puis dans un deuxième temps, Jacques Dutronc reçoit le César du meilleur acteur en 1992. La critique salue tant l'œuvre que la performance du comédien.
Une autre rencontre importante avec le cinéaste Patrick Grandperret, avec lequel, Dutronc, tournera deux films : "Le Maître des éléphants" (1995). Immédiatement après ce film, le cinéaste retrouvera l'acteur pour "Les Victimes" (1996). Entretemps, Jacques Dutronc avait accepté de jouer dans le vingt-cinquième film de Michel Deville "Toutes peines confondues" aux côtés de Patrick Bruel et Mathilda May. Il fut également remarquable en 1990 aux côtés de Nathalie Baye dans un court métrage sélectionné à Cannes, "Le Pinceau à lèvres" de Bruno Chiche.
A la fin des années 90, on retrouve l'acteur aux côtés de Catherine Deneuve, Jean-Pierre Bacri et Emmanuelle Seigner dans "Place Vendôme" (1997) réalisé par Nicole Garcia. Trois ans plus tard, c'est au tour du cinéaste Claude Chabrol de le diriger aux côtés d'Isabelle Huppert dans "Merci pour le chocolat".
Début des années 2000, Jacques Dutronc déclara lors de sa participation au film de Jean-Pierre Améris "C'est la vie" (2001) : "Un vrai rôle de décomposition" : "Cela dit, il faut donner aux gens l'envie d'aller voir le film, et ce n'est pas forcément simple. Je ne vais pas dire non plus "On rigole bien quand on crève", même si tous les gens que j'ai vus là-bas se marraient. Tous avaient davantage le sourire que les mecs que tu vois aux feux rouges dans Paris, en train de téléphoner ou de sur curer le nez." (in "Le Nouvel Observateur", 1er novembre 2001). La même année, Michel Blanc décide lui aussi d'orienter sa caméra sur Jacques Dutronc dans "Embrassez qui vous voudrez", lequel lui fera tourner son dernier film en 2018 dans "Voyez comme on danse".
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