VINCENT PRICE, L'EMPIRE DE LA TERREUR
VINCENT PRICE 1911 - 1993
Acteur Américain
Il peut paraître absurde de faire figurer Vincent Price parmi les acteurs des années 60 puisqu'il a débuté à l'écran en 1938 et participé à des douzaines de films auparavant. Cependant l'acteur, avec cette voix bien connue des générations précédentes de cinéphiles, n'a interprété que quelques grands rôles romantiques au début de sa carrière.
Par la suite, en fait jusque vers les années 60, il était surtout cantonné dans des rôles secondaires, jeunes gigolos sans volonté ou figures historiques caricaturées à l'extrême. Dans ce dernier cas, il a eu sa part : Sir Walter Raleigh, le duc de Clarence, le fondateur mormon Joseph Smith, le cardinal de Richelieu, Casanova, Omar Khayyam ou, hors de l'histoire, Satan.
Vincent Price est né le 27 mai 1911 à Saint-Louis dans le Missouri, dans une famille aisée. Il n'eut, dès son plus jeune âge, qu'une seule ambition : devenir comédien. Après une scolarité brillante à Yale, ses parents l'envoyèrent terminer ses études à l'université d'Oxford. Il avait déjà fait le tour des agences artistiques à New York en quête d'un rôle, partout mal reçu.
L'éducation reçue par Vincent Price est à l'origine de ce jeu langoureux et de cette voix cultivée qui le caractérisent. A la fin des études secondaires, il se voit offrir un voyage en Europe dont il visite toutes les capitales culturelles. Ultérieurement, il obtiendra un diplôme en histoire de l'art et en études anglaises à Yale (conseiller en œuvres d'art chez Sears Roebuck et fervent collectionneur, il écrira plusieurs livres sur l'art culinaire). Il recommença sa ronde dans la capitale britannique et parce qu'il était américain, on lui confia un rôle de policeman dans "Chicago" puis celui du Prince Albert dans "Victoria Regina" qui fut acclamé à Broadway pendant trois ans.
Deux ans après, Hollywood le convoque pour donner la réplique à Constance Bennett dans "Service de luxe" (1939) de Rowland V. Lee. C'est ainsi qu'il débute à l'écran chez Universal, en homme invisible, dans l'une des toutes dernières productions de la série "Le Retour de l'homme invisible" (The Invisible man returns,1940) de Joe May. Après quelques créations de second plan, il fut remarqué pour la première fois dans le film d'Otto Preminger "Laura" (1944), il apparaît en gigolo poltron et sarcastique de Judith Anderson, dans "Les Clés du royaume" (The Keys of the Kingdom,1945) de John M. Stahl, cette fois en prêtre missionnaire, dans "Péché mortel" (Leave Her To Heaven,1945), du même réalisateur, un superbe mélodrame aux couleurs du Technicolor aux côtés de Gene Tierney et Cornel Wilde et dans "Le Château du dragon" (Dragonwyck,1946) de Joseph L. Mankiewicz, où il interprète ce mari hautain et sadique qui terrorise la malheureuse Gene Tierney dans une grande demeure sur les bords de l'Hudson.
En 1950, Vincent Price interpréta un de ses meilleurs rôles dans "Le Baron d'Arizona" (The Baron of Arizona) de Samuel Fuller. "Sa carrière cinématographique se fait incertaine vers les années 50. Ce n'est qu'en 1953 que Vincent Price trouva son point de départ avec "L'Homme au masque de cire" (House of Wax) de André de Toth. Le succès retentissant du film qu'aucun producteur ne songea plus à lui confier d'autres rôles. C'est à partir de cette période qu'il commença à tourner une série de films fantastiques souvent adaptés d'Edgar Poe et dirigé par Roger Corman.
En 1956, le comédien est au générique du film "Les Dix Commandements" (The Ten Commandments) de Cecil B. DeMille. Il enchaîne divers films comme "La Mouche noire" (The Fly,1958) de Kurt Neumann, l'année suivante "Le Retour de la mouche" (The Return of the Fly) de Edward L. Bernds et "Le Désosseur de cadavres" (The Tingler,1959) de William Castle. Le cinéaste Crane Wilbur le dirige également dans "Le Masque" (The Bat,1959).
A partir de 1960, il travaille essentiellement avec Roger Corman; l'enfant terrible du film de série B, qui en fera Roderick Usher dans "La Chute de la maison Usher" (The Fall of The House of Usher) d'après Edgar Allan Poe. Le film, parodie du célèbre original, est un triomphe. Roderick - alias Vincent Price, dément et obsessionnel, inaugure en fanfare le cycle qui allait comprendre six autres films du même genre : "La Chambre des tortures" (The Pit And The Pendulum,1961), le parodique "L'Empire de la terreur" (Tales Of Terror) et "Le Corbeau" (The Raven), tournés respectivement en 1962 et 1963, "La Malédiction d'Arkham" (The Haunted Palace), amalgame cavalier de Poe et de Lovecraft, "Le Masque de la mort rouge" (The Masque Of The Red Death), aux effets visuels fracassants, et "La Tombe de Ligeia" (The Tomb Of Ligeia), tous de 1964.
Interviewé, il déclarait : "en chaque être humain existe à l'état latent un certain sens du mal. Pour s'en libérer, rien ne convient mieux qu'un récit fantastique truffé de vampires et de créatures démoniaques. Parmi les films d'horreur dont il sera la vedette jusque vers les années 80, seuls les deux "Dr Phibes", "L'abominable Dr Phibes" (The Abominable Dr Phibes,1971) et "Le Retour de l'abominable Dr Phibes" (Dr Phibes Rises Again,1972), possèdent un brin de panache qui avait caractérisé la série Poe.
Parmi une centaine de films tournés par Vincent Price entre 1939 et 1993, un nombre important relève du fantastique, principalement des films de terreur qui lui fournirent l'occasion d'interpréter quelques personnages inquiétants sous la direction de réalisateurs spécialisés dans le genre comme Roger Corman, Mario Bava, William Castle ou Robert Fuest. Loin d'un genre qu'il avait illustré tout au long de sa carrière, Vincent Price apparut encore en vieil émigré russe trompant son ennui à la pêche et fréquentant deux sœurs âgées interprétées magistralement par Lillian Gish et Bette Davis dans "Les Baleines du mois d'août" (The Whales of August,1987) de Lindsay Anderson, puis dans le rôle d'un mafioso envoyant un tueur à gages aux trousses d'une jeune femme témoin d'un meurtre dans "Catchfire" (1990) de Dennis Hopper. Vincent Price décède le 25 octobre 1993 à Los Angeles, à l'âge de 82 ans.
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