GÉRARD DEPARDIEU, UNE TITANESQUE LÉGENDE CINÉMATOGRAPHIQUE
GÉRARD DEPARDIEU 1948
Acteur, Chanteur, Producteur Français
Gérard Depardieu est l'un des derniers monstres sacrés du cinéma français, avec Alain Delon et Daniel Auteuil. Il aura réussi à se hisser en haut de l'affiche de 1975 à nos jours, et de tourner avec les plus grands cinéastes du cinéma mondial comme : Bernardo Bertolucci, Maurice Pialat, Alain Resnais, François Truffaut, Andrzej Wajda, Mario Monicelli, Marco Ferreri, Jean-Paul Rappeneau, Claude Sautet, Bertrand Blier, Claude Berri, Alain Corneau, Jean-Luc Godard, Ridley Scott, André Téchiné, Claude Miller, Jacques Rouffio, Ettore Scola, Luigi Comencini, Francis Girod, Barbet Schroeder, Jean-Jacques Beineix, Tony Gatlif, François Dupeyron, Peter Weir, Jean Becker, Kenneth Branagh, Roland Joffé et tant d'autres.
Il aura donné la réplique à de nombreux acteurs et actrices : Jean Gabin, Paul Meurisse, Bernard Blier, Patrick Dewaere, Yves Montand, Michel Piccoli, Serge Reggiani, Michel Serrault, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Simone Signoret, Philippe Noiret, Catherine Deneuve, Jean Carmet, Michel Galabru, Marlène Jobert, Charles Vanel, Marina Vlady, Jane Birkin, Isabelle Adjani, Robert De Niro, Bulle Ogier, Miou-Miou, Lucia Bosé, Maria Schneider, Marcello Mastroianni, Bruno Ganz, Victor Lanoux, Nicole Garcia, Coluche, Jean-Louis Trintignant, Pierre Richard, Fanny Ardant, Jean Rochefort, Nathalie Baye, Carole Bouquet, François Périer, Sigourney Weaver, Gena Rowland, Daniel Auteuil, Michel Blanc, Sandrine Bonnaire, Josiane Balasko, Micheline Presle, Mylène Demongeot, Andie MacDowell, Jean-Pierre Marielle, Fernando Rey, Laurent Terzieff, Didier Bourdon, Roman Polanski, Fabrice Luchini, André Dussollier, Vanessa Paradis, Géraldine Pailhas, Christian Clavier, Michèle Laroque, Roschdy Zem, Guy Marchand, Whoopi Goldberg, Bob Hoskins, Patricia Arquette, Julie Christie, Michel Boujenah, Elsa Zylberstein, Leonardo DiCaprio, Jeremy Irons, John Malkovitch, Gabriel Byrne, Jacques Villeret, Samy Frey, Vanessa Redgrave, Charles Berling, Uma Thurman, Tim Roth, Thierry Lhermitte, Elodie Bouchez, Sylvie Testud, Paul Sorvino, Emmanuelle Seigner, Matt Dillon, James Caan, Glenn Close, Guillaume Canet, Claude Rich, Emmanuelle Béart, Harvey Keitel, Gérard Lanvin, Yvan Attal, Annie Girardot, Monica Bellucci, Bernard Campan, Gérard Jugnot, Catherine Frot, Sabine Azéma, Cécile De France, Mathieu Almaric, Marion Cottilard, Vincent Cassel, Jean-Paul Rouve, Olivier Marchal, Jacques Gamblin, Clovis Cornillac, François Cluzet, Emmanuelle Devos, Benoit Poelvoorde, Dominique Blanc, Yolande Moreau, Gisèle Casadesus, Claire Maurier, Françoise Fabian, Alain Chabat, Edouard Baer, Jacqueline Bisset, Sam Neill, Isabelle Huppert, Patrick Timsit, Chantal Lauby, Juliette Binoche, Xavier Beauvois, Nicolas Duvauchelle, Benoit Magimel, Gaspard Ulliel, Isabelle Nanty et tant d'autres...
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Il n'a rien appris et il sait tout. Il a l'air d'un bloc inattaquable et il est d'une extrême sensibilité (quoi qu'en dise certaines personnes). Il paraît brutal et c'est un charmeur. Sa franchise semble évidente et il prétend qu'il aime mentir. Gérard Depardieu est un comédien né. Pas de légende à lui construire. Sa vie en est une. Il raconte ses difficiles débuts dans l'existence sans hypocrisie ni forfanterie. S'il est devenu comédien c'est parce c'était écrit. Ca ne l'étonne pas. C'est comme ça. Mais il ajoute : "Je suis un passionné. Si, demain, j'ai le coup de foudre pour une autre vie; je change tout de suite".
Pourtant, depuis qu'à l'âge de seize ans, chez Laurent Cochet, il a découvert et aimé d'instinct Alfred de Musset, Gérard Depardieu n'a cessé de progresser. Il est unique dans son domaine de la fantaisie au sens le plus fort du terme, dans son désir et sa puissance de renouvellement, dans sa volonté de collaborer pleinement avec les metteurs en scène : "Je travaille le moins possible afin d'être le plus disponible pour le réalisateur...je ne travaille pas mes personnages, je les vis."
Comédien d'instinct ? Ca n'est pas faux, mais c'est davantage : il est un interprète inspiré qui entre dans les films avec le goût de se donner complètement et aussi de surprendre, de déborder le spectateur : "Chaque film est un hold-up". Il a aussi le désir de rendre le public intelligent; il lui offre de quoi rire ou pleurer mais aussi de quoi réfléchir et participer. Sa faculté d'invention permanente en fait une valeur unique dans le cinéma français. Restant lui-même, tout en multipliant les facettes d'un talent extraordinairement versatile, il passe du théâtre de Nathalie Sarraute ou de Peter Handke au cinéma de Bertrand Blier, Alain Resnais, Claude Sautet, Marco Ferreri, André Téchiné, avec une assurance stupéfiante et une crédibilité totale.
Ce garçon longtemps inculte se meut à l'aise dans l'univers de Marguerite Duras, sa meilleure amie, avec Jeanne Moreau. Son rôle de démarcheur à domicile dans "Nathalie Granger" a été le détonateur pour une carrière commencée timidement au théâtre, à la télévision et dans deux courts métrages. Après l'avoir vu au théâtre, Marguerite l'avait fait venir chez elle. Sans explication, elle lui avait demandé, après s'être mise dans le coin le plus éloignée de la pièce, de marcher sur elle avec son allure menaçante. Il joua le jeu à fond et Marguerite Duras s'écria : "C'est très bien; j'ai vraiment eu peur." Pour "Le Camion" ce fut encore plus singulier. "Marguerite a commencé à me parler du film le matin même, à 8h30, en venant me chercher pour m'emmener à Neauphle et à dix heures du matin on commençait à tourner...C'est un film sur "l'écoute" et sur "l'amour" et Marguerite, que je passe mon temps à écouter, sait que je l'aime."
Ce qu'il dit de l'auteur de "Baxter, Vera Baxter" est vrai - toutes proportions gardées et avec des variantes -pour tous ceux avec qui il travaille. "Les rencontres de ma vie furent toujours un élément essentiel". Claude Régy, qui l'a souvent mis en scène au théâtre, dit : "Sa faculté de percevoir les choses le rend intelligent sans qu'il ait besoin d'utiliser les connaissances livresques. Marco Ferreri ajoute "Sa sensibilité est à fleur de peau et il est très facile de le blesser. Parfois comparé à Robert Mitchum, capable de tenir aussi bien qu'eux les rôles crées par Jean Gabin ou Michel Simon, il possède, en plus de son instinct, de sa puissance de renouvellement et de son ardeur à bien faire, ce fameux don d'enfance qui est l'apanage de ceux par qui le spectacle devient un art. Robert Chazal.
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Gérard Depardieu est né le 27 décembre 1948 à Châteauroux, au sein d'une famille de six enfants. A l'âge de treize ans, le jeune Depardieu se retrouve en liberté surveillé, après avoir été condamné pour vols, sans omettre qu'il se serait prostitué à l'âge de dix ans. Puis à seize ans, il est à nouveau condamné pour vol de voiture à trois semaines de prison. A quatorze ans, il vend des savonnettes en province, entre-temps il est plagiste, puis fait le tour de l'Europe avant de revenir à Châteauroux travailler dans une imprimerie d'où un camarade l'entraîne à Paris.
A seize ans, il se découvre une passion pour le cinéma, c'est ainsi qu'il débute des cours d'art dramatique chez Jean-Laurent Cochet, qui le fait débuter au théâtre dans "Les Garçons de la bande". Il prend contact avec le studio en tournant un court métrage de Roger Leenhardt : "Le Beatnik et le minet", puis Agnès Varda et Jacques Demy le font tourner un long métrage qui ne sera jamais terminé "Christmas Carol". Elisabeth Guignot rencontre Gérard Depardieu qui l'épouse en 1970 et lui fait découvrir le monde de la bourgeoisie. C'est à cette même période que le jeune Depardieu commence à tourner des rôles secondaires dans "Le Cri du cormoran au-dessus des jonques" (1970) de Michel Audiard avec Paul Meurisse, Bernard Blier et Michel Serrault; puis un petit rôle dans un film de Jacques Deray "Un peu de soleil dans l'eau froide" (1971). Il donnera également la réplique à Jean Gabin dans "L'Affaire Dominici" (1972) de Claude-Bernard Aubert.
Marguerite Duras le remarque au théâtre et lui offre un rôle dans "Nathalie Granger" (1972), puis deux ans plus tard dans "La Femme du Gange". C'est à la même période que Pierre Tchernia lui propose un rôle de gangster dans "Le Viager" (1972), puis l'année suivante dans "Les Gaspards". La télévision à son tour l'accueille, il interprète un feuilleton "Rendez-vous à Badenberg" avec Rufus et Romain Bouteille. C'est en 1974 que Gérard Depardieu est révélé au public avec "Les Valseuses" de Bertrand Blier avec Patrick Dewaere, Miou-Miou, Jeanne Moreau et Brigitte Fossey. Depardieu s'impose définitivement au public. Un journaliste le peint ainsi : "Un air d'enfance, des épaules de malabar, l'étoile bleue tatouée sur l'avant-bras, le nez planté comme une apostrophe au travers du visage, les yeux dorés, à la fois hésitants et impétueux. Pas beau certes. Différent. Une force de la nature. Un charme à la Mitchum".
En 1973, on aperçoit Gérard Depardieu face à Alain Delon dans "Deux hommes dans la ville" de José Giovanni, puis aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans "Stavisky" (1973) d'Alain Resnais. L'année suivante est décisive avec la réalisation de Claude Sautet dans "Vincent, François, Paul et les autres" aux côtés de Yves Montand, Michel Piccoli et Serge Reggiani. Il enchaîne avec Bernardo Bertolucci avec Robert de Niro et Burt Lancaster. De 1976 à 1986, Depardieu est nominé neuf fois, on peut citer entre autres "Sept morts sur ordonnance" (1976) de Jacques Rouffio, "La Dernière femme" (1976) de Marco Ferreri, "Dites-lui que je l'aime" (1977) d'André Téchiné, "Le Sucre" de Jacques Rouffio, "Le Dernier métro" (1980) de François Truffaut, "Danton" (1983) de Andrzej Wajda, "Fort Saganne" (1984) d'Alain Corneau, "Les Compères" (1983) de Francis Veber et "Police" (1985) de Maurice Pialat (Depardieu a obtenu en septembre 1985 au Festival de Venise, le prix d'interprétation pour son rôle de l'inspecteur Mangin). C'est le record absolu, toutes catégories, des nominations aux Césars. "Le Dernier métro" lui vaut le César du meilleur acteur en 1981.
A souligner, ses différentes performances dans des films comme "Maîtresse" (1976) de Barbet Schroeder avec Bulle Ogier ou bien "Barocco" (1976) d'André Téchiné lequel fut, malgré tout un échec commercial qui entraîna la faillite de son producteur André Genoves représentant "Les Films de la Boétie. En 1977, Marco Ferreri déclara au sujet de son film "Rêve de singe" : Mes héros, Depardieu et Mastroianni, représentent les derniers gentils avant les barbares. Le singe qu'ils découvrent sous le cadavre de King Long abandonné à l'embouchure de l'Hudson symbolise pour moi l'origine et l'aboutissement de l'homme. Ils le soignent comme on s'éprend d'un mythe". "Le Camion" (1977) de Marguerite Duras avec Gérard Depardieu fit l'effet d'une bombe dans la sélection française du festival de Cannes de 1977. Le film fut largement sifflé lors de sa projection. La même année, Depardieu incarne le personnage de "René la Canne" de Francis Girod aux côtés de Michel Piccoli et Sylvia Kristel.
De nouveau réunis sous l'égide de Bertrand Blier, Patrick Dewaere et Gérard Depardieu ont pour partenaire Carole Laure dans "Préparez vos mouchoirs" (1978), réunissant les mêmes éléments que le premier film de Blier et fit sensation aux Etats-Unis et remporta en 1979, l'Oscar du meilleur film étranger. Peu avant le tournage du film "Le Sucre", Depardieu avait été cruellement blessé par un chien-loup dressé à l'attaque. Cet incident le convainquit d'accepter de jouer dans le film d'Alain Jessua "Les Chiens" (1979) avec Victor Lanoux, dont le tournage débuta juste après la fin de celui du "Sucre", et dont le sujet, justement , était l'autodéfense et ses abus. En 1979, Mario Monicelli dirige Depardieu dans "Rosy la bourrasque" (Temporale Rosy).
Dans les années 80, on peut noter sa performance dans le film d'Alain Resnais "Mon oncle d'Amérique", lequel a obtenu le Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes 1980. A propos de "La Femme d'à côté" (1981), le réalisateur François Truffaut déclara : "Il a fallu qu'un soir de janvier, j'assiste à la rencontre de Gérard Depardieu et Fanny Ardant pour me dire, les voyants côté à côt : voilà les amants qu'il me faut. J'ai l'espoir que le spectateur ne sera pas tenté de prendre parti, de donner tort à l'un et raison à l'autre, mais qu'il les aimera tous les deux comme je les aime". Le cinéaste Francis Veber avait crée un tandem comique entre Gérard Depardieu et Pierre Richard dans "La Chèvre" (1981) qu'il réemploiera avec bonheur dans "Les Compères" (1983) et "Les Fugitifs" (1986). "La Chèvre" connut un triomphe puisqu'il totalisa près de sept millions d'entrées dans toutes la France.
Francis Girod dirige Depardieu dans "Le Grand frère", Daniel Vigne le sollicite pour le tournage du "Retour de Martin Guerre" (1984) avec Nathalie Baye; il est élu meilleur acteur de l'année 1983 par l'Association des critiques new-yorkais pour son rôle dans "Le Retour de Martin Guerre". Quant à Jean-Jacques Beineix, lequel tourne son deuxième long métrage "La Lune dans le caniveau" avec Depardieu, Nastassja Kinski et Victoria Abril, mais le film est un échec cuisant pour le cinéaste, sans omettre la polémique lors du Festival de Cannes 1983. Avec François Périer, il réalise sur la scène du Théâtre National de Strasbourg "Le Tartuffe" (1984) qui fut présenté au Festival de Cannes dans le cadre de la sélection "Un Certain Regard". Cette même année, il est à l'affiche du septième long métrage de Philippe Labro "Rive droite, rive gauche" aux côtés de Nathalie Baye et Carole Bouquet.
La couverture du magazine américain Time a mis en couverture Gérard Depardieu avec ce titre : "Une nouvelle vague à lui tout seul". Il a également obtenu en septembre 1985 au Festival de Venise, le prix d'interprétation pour son rôle de l'inspecteur Mangin dans "Police". Interprète inspiré, il entre dans les films et les pièces avec la volonté de se donner complètement et le désir de rendre le spectateur attentif, compréhensif, intelligent. Il offre de quoi rire ou pleurer mais aussi de quoi réfléchir et participer. Sa faculté d'invention permanente fait de lui une valeur inégalée dans notre cinéma" Robert Chazal "Gérard Depardieu l'autodidacte inspiré".
Sorti à grand renfort de publicité (Putain de film!), clamaient audacieusement les affiches du film "Tenue de soirée" (1986) de Bertrand Blier avec Depardieu, Michel Blanc et Miou-Miou, et ce film ne laissa personne indifférent. "Sous le soleil de Satan" (1987) de Maurice Pialat avec Depardieu et Sandrine Bonnaire a obtenu la Palme d'Or au 40e Festival de Cannes, en 1987. Après maintes difficultés à tourner le premier film du réalisateur François Dupeyron "Drôle d'endroit pour une rencontre" (1988) par le refus de nombreux producteurs; c'est l'engagement à l'interpréter et à le co-produire de Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, enthousiasmés à sa lecture, qui permit au patron d'Hachette Première, de réunir le budget nécessaire. Depardieu aura incarné un Rodin convaincant dans "Camille Claudel" (1988) de Bruno Nuytten avec Isabelle Adjani. Entretemps, Bertrand Blier avait réuni à nouveau Gérard Depardieu et Carole Bouquet dans "Trop belle pour toi" (1989) mais dans un trio ou Josiane Balasko tournait pour la première fois sous la direction du cinéaste. Le thème du film : un garagiste adultère trompe Florence (Carole Bouquet) avec Colette (Josiane Balasko), constitue l'une de ses créations les plus marquantes. Mais c'est le rôle de "Cyrano de Bergerac" (1990), dans l'immense succès de Jean-Paul Rappeneau, qui lui apporte une nouvelle consécration : inspiré et lyrique, touchant et charismatique dans les bottes du héros au long nez, Depardieu obtient le Prix d'interprétation à Cannes, le César du meilleur acteur et même une nomination à l'Oscar.
Ce triomphe marque le début d'une double carrière entre la France et les Etats-Unis pour ce grand comédien, c'est ainsi qu'il incarne Georges Fauré dans "Green Card" (1990) de Peter Weir avec Andie Mac Dowell et qu'il reçoit le Golden Globe du meilleur acteur de comédie en janvier 1991. Par la même occasion, il tournera deux versions de "Mon père ce héros" (1991) de Gérard Lauzier, puis son remake américain "My Father ce héros" (My Father the Hero,1994) de Steve Miner. Il enchaîne sous la direction de Ridley Scott "1492, Christophe Colomb" avec une reconstitution historique opulente et merveilleusement réalisé, suivi d'un conte pour enfants "Bogus" (1996) de Norman Jewison.
Comédien numéro un du cinéma français, Gérard Depardieu n'en demeure pas moins lucide et exigeant : "Jamais je n'aurais la prétention de dire que j'ai bien joué un rôle ou que c'était comme ça qu'il fallait le jouer. Je ne pense pas être vaniteux.(...) Dans la cinquantaine de films que j'ai faits, je n'étais pas toujours bon, j'étais parfois trop abondant, ou maladroit, mais sûrement généreux (...) Après chaque aventure, j'ai toujours envie d'autre chose, d'attaquer de nouveau." (Première, No 86).
En France, Depardieu est très demandé lors des tournages des productions importantes comme "Germinal" (1993) de Claude Berri, d'après le roman d'Emile Zola ou "Le Colonel Chabert" (1994) d'Yves Angelo, d'après le roman de Honoré de Balzac; sans oublier sa participation au film de Jean-Paul Rappeneau "Le Hussard sur le toit" (1995), d'après l'œuvre de Jean Giono. Il est exquis dans "Tous les matins du monde" (1991) de Alain Corneau. Cette diversité le préserve de la tentation facile de "faire du Depardieu", sa prestation dans "Le Garçu" (1995) de Maurice Pialat le prouvant avec éclat. Les années 90 sont riches pour le comédien qui enchaîne de nombreux films comme ceux tournés avec Jean-Luc Godard "Hélas pour moi" (1993) pour lequel il interprète l'incarnation de Dieu, Jean Becker "Elisa" (1995) avec Vanessa Paradis, François Dupeyron "La Machine" (1994) abordant le genre fantastique, inusité par le cinéma français.
Gérard Depardieu voue une profonde admiration au cinéaste John Cassavetes, il accepte d'intepréter un camionneur canadien, au premier film du fils de Cassavetes, Nick aux côtés de Gena Rowlands, dans "Décroche les étoiles" (Unhook the Stars,1996). Figure incontournable du cinéma français, président du Festival de Cannes en 1992, il confirme sa popularité au box-office en s'associant au tandem Christian Clavier-Jean-Marie Poiré pour "Les Anges gardiens" (1995). L'année suivante, il interprète un professeur d'histoire-géographie dans "Le Plus beau métier du monde" de Gérard Lauzier pour lequel constituait des retrouvailles cinématographiques après treize années d'absence.
Mais cette activité frénétique et l'ampleur de ses succès ne l'empêchent pas de considérer ce milieu avec extrême recul : il préfère incontestablement se présenter comme viticulteur, sa seconde passion... Les années 2000 lui permet d'incarner des rôles plus divers les uns des autres. Pour la télévision et sous la direction de la cinéaste Josée Dayan, il devient Jean Valjean dans "Les Misérables" (2000) d'après l'œuvre de Victor Hugo, quelque temps auparavant, il avait endossé les habits du "Comte de Monte Cristo" (1998). Pour le cinéma, il devient le cuisinier François Vatel dans "Vatel" (2000) de Roland Joffé, puis "Vidocq" (2001) de Pitof. Pour le cinéma italien, il se laisse diriger par Ettore Scola dans "Concurrence déloyale" (2001). Avec Jean Réno, il forme un tandem original dans "Tais-toi !" (2003) de Francis Veber. Gérard Depardieu et Catherine Deneuve se retrouvaient devant la caméra pour la sixième fois dans "Les Temps qui changent" (2004) de André Téchiné, puis six ans après de nouveau dans "Potiche" de François Ozon, et en 2017 dans "Bonne pomme" de Florence Quentin.
"Interprète inspiré, il entre dans les films et les pièces avec la volonté de se donner complètement et le désir de rendre le spectateur attentif, compréhensif, intelligent. Il offre de quoi rire ou pleurer mais aussi de quoi réfléchir et participer. Sa faculté d'invention permanente fait de lui une valeur inégalée dans notre cinéma" (Robert Chazal). Depardieu enchaîne sur de nombreux films, en 2005, il donne la réplique à Gad Elmaleh et Sabine Azéma dans "Olé !", à Jean-Paul Rouve et Annie Girardot dans "Je préfère qu'on reste amis", à Bernard Campan, Monica Bellucci et Jean-Pierre Darroussin dans "Combien tu m'aimes ?" de Bertrand Blier, à Gérard Jugnot et Catherine Frot dans "Boudu" de Gérard Jugnot. Quant au film "Bellamy" (2009), le film consacra la première et dernière collaboration de Claude Chabrol avec Gérard Depardieu, alors que tous deux apparaissent comme des figures parmi les prolifiques du cinéma français des dernières décennies.
C'est en Charente-Maritime que fut tourné "La Tête en friche" (2010) de Jean Becker ou Depardieu et Gisèle Casadesus ont sut nous émouvoir sur fond d'illettrisme, de même entre Depardieu et Niels Arestrup dans "Je n'ai rien oublié" (2011) de Bruno Chiche sur fond de maladie d'Alzheimer. Comme l'indique le titre du film de Fanny Ardant qu'elle tourna avec Depardieu "Cadences obstinées" (2013), on peut affirme que le grand comédien qu'est Gérard Depardieu, tourne film sur film, pendant les années 2010, on peut retenir le film de Guillaume Nicloux "The End" (2016), le film de Fanny Ardant dans "Le Divan de Staline" (2017), le film de Claire Denis "Un Beau soleil d'intérieur" sorti en 2017 avec Juliette Binoche et Xavier Beauvois. En 2019, Depardieu retrouve Christian Clavier lors du tournage du film de Bertrand Blier "Convoi exceptionnel" (2019). Quant aux années 2020, on retiendra le film de Lucas Belvaux "Des Hommes" (2021), "Maigret" (2022) de Patrice Leconte et "Les Volets verts" (2022) de Jean Becker avec Fanny Ardant.
Gérard Depardieu a eu deux enfants, devenus comédiens : Guillaume Depardieu (1971-2008) et Julie Depardieu (1973). En ce qui concerne, les affaires judiciaires que connait l'acteur, la présomption d'innocence doit être appliquée pour tous, nul n'a le droit de donner son avis, uniquement la justice doit faire son travail et donner ses conclusions, et le laisser tranquille comme tout citoyen. Quant à l'opinion publique, ou celles des personnalités médiatiques du cinéma ou d'ailleurs, ce serait mieux de ne point donner son avis.
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