MOI JE SUIS TANGO...ADIEU A GUY MARCHAND
MOI JE SUIS TANGO...ADIEU A
GUY MARCHAND 1937 - 2023
Guy Marchand, célèbre notamment pour son rôle du détective Nestor Burma à la télévision, est mort, ce vendredi 15 décembre 2023, à l’âge de 86 ans, ont annoncé ses enfants Jules et Ludivine. L’acteur et chanteur, qui avait incarné, dans une série (de 1991 à 2003), ce personnage de détective parisien créé par le romancier Léo Malet, « s’est éteint paisiblement, ce vendredi (…), à l’hôpital de Cavaillon » (Vaucluse).
C’est avec le cinéma que Guy Marchand va dévoiler tous ses capacités à démontrer le talent de comédien en jouant des rôles secondaires sous l’œil de grands réalisateurs. Il obtient le César du meilleur acteur dans un second rôle, en 1982, lorsqu’il joue l’un des policiers de « Garde à vue », de Claude Miller, où Lino Ventura et Michel Serrault tiennent les rôle principaux. On le voit aussi chez François Truffaut "Une belle fille comme moi" (1972), Maurice Pialat "Loulou" (1980), Bertrand Tavernier "Coup de torchon" (1981) ou encore Christophe Honoré "Dans Paris" (2006).
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Notre crooner français est né le 22 mai 1937 à Ménilmontant (Paris). Après une enfance sans histoire et son incorporation dans les parachutistes, il fréquente assidument les clubs de jazz parisiens et devient un clarinettiste renommé. Auteur-compositeur, il fait graver ses chansons par Hervé Vilard, Régine ou Nicoletta, mais, partiellement déçu par ses interprétations, il saisit le micro et "La Passionata" deviendra le tube de l'été 1965. Bientôt le cinéma est séduit par ce charmeur sur microsillon et il incarne devant les caméras de Robert Enrico la grande vedette du cinéma muet dans "Boulevard du Rhum" en 1971, face à Lino Ventura et Brigitte Bardot.
Passionné par l'époque de la prohibition et les chansons 1900, il enregistre sous la direction de Jean-Christophe Averty un hommage à Al Jolson. Cette émission obtiendra un Oscar américain et décidera de sa carrière de comédien. Il est à l'affiche du film de François Truffaut dans "Une Belle fille comme moi" ou l'on aperçoit la drôlerie du comédien face à Bernadette Lafont. Il sait également camper les niais, les ordures ou les ratés avec une élégante désinvolture.
En 1975, il tourne sous la direction de Nadine Trintignant dans "Le Voyage de noces" puis le cinéaste Jean-Charles Tacchella lui donne l'occasion d'interpréter son premier rôle réaliste dans "Cousin, Cousine" face à Victor Lanoux et Marie-Christine Barrault. C'est un énorme succès en France, puis aux Etats-Unis. Grâce à une certaine décontraction non dénuée de rigueur, il a réussi à s'imposer parmi les acteurs de second plan mais avec l'appui de ses deux nominations aux "Césars" dans cette catégorie, il peut espérer porter un jour un film sur ses seules épaules. Guy Marchand tourne "L'Acrobate" (1975) de Jean-Daniel Pollet, "Le Grand escogriffe" (1976) de Claude Pinoteau avec Yves Montand, "L'Hôtel de la plage" (1975) de Michel Lang, mais les cinéphiles le remarqueront surtout dans le film de Maurice Pialat "Loulou" (1979) avec Gérard Depardieu et Isabelle Huppert.
Avec le temps, Guy Marchand est devenu une figure naturelle et incontestée du patrimoine national, aperçu comme tel en 2017-2018, dans son propre rôle, dans la série "Dix pour cent". Par la grâce de sa carrière au cinéma, bien sûr, et surtout au fil de flamboyantes années 1980, mais également par sa présence sur le petit écran et ce Nestor Burma idéal qu'il y incarna de 1991 à 2003 (le plus vrai que j'ai vu, disait le créateur du détective, Léo Mallet), ou encore dans des films publicitaires, dont certains sont devenus cultes - pour le PMU, avec le fameux "Va comprendre, Charles !" lancé à son complice Charles Gérard en 1990. Sans compter les multiples rediffusions à la télévision de ses comédies les plus populaires et l'inusable "Destinée" du "Père-Noël est une ordure" - pourtant une "chanson saucisson" selon lui ! qui auront assis sa réputation auprès des publics plus jeunes y compris après qu'il se fût mis à tourner moins régulièrement.
Parmi les personnages de cinéma les plus mémorables se détachent d'abord ceux qui lui valurent des nominations au César du meilleur second rôle masculin : le mari, délaissé par Isabelle Huppert de "Coup de foudre" (1983) de Diane Kurys, le flic fouineur de "Noyade interdite" (1987) de Pierre Granier-Deferre avec Philippe Noiret et le père de Romain Duris et Louis Garrel de "Dans Paris" (2006) de Christophe Honoré. A noter sa prestation dans le film de Jean Marboeuf "Vaudeville" aux côtés de Marie-Christine Barrault, Roland Giraud et Jean-Marc Thibault.
Le séducteur volontiers hâbleur des années soixante-dix, qui endossa d'autres emplois du même style par la suite comme dans "La Tête dans le sac" (1984) de Gérard Lauzier avec Patrick Bruel ou "L'Eté en pente douce" (1987) de Gérard Krawczyck, devint, l'âge venant, un père ou grand-père parfois bouleversant devant la caméra de nouvelles générations de cinéastes, comme dans "Otez-moi d'un doute" (2017) de Carine Tardieu ou "L'Arbre et la forêt" (2010) de Olivier Ducastel et Jacques Martineau, où il surprit en incarnant un personnage déporté dans sa jeunesse pour homosexualité. Peu après, l'acteur s'est orienté vers l'écriture, signant plusieurs livres, comme ses mémoires intitulées "Le Guignol des Buttes-Chaumont" (aux éditions Michel Lafon), ainsi que plusieurs romans. Les dernières années de Guy Marchand auront permis à l'acteur de poursuivre son activité cinématographique, d'une part en jouant un retraité malicieux dans le film "Le Doudou" (2018) de Julien Hervé et Philippe Mechelen ainsi qu'un ultime film en 2023 "La Plus belle pour aller danser" (2023) de Victoria Bedos. Guy Marchand décède le 15 décembre 2023 à Cavaillon (Vaucluse) il avait 86 ans.
*Affiches-cine * Cinema français * Cinetom
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