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7 mai 2023

JACK NICHOLSON, UN IMMENSE ACTEUR ANTICONFORMISTE

                 JACK NICHOLSON      1937 -

                   Acteur, Cinéaste Américain

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S'il a été l'un des ferments les plus actifs du nouveau cinéma américain des années 70, c'est cependant presque par hasard que Jack Nicholson est devenu un acteur international. En 1969, lorsque Bruce Dern refuse le rôle que Dennis Hopper lui propose dans "Easy Rider", celui de l'avocat sudiste imbibé d'alcool et mielleux, Jack Nicholson le reprend à son compte auprès des têtes d'affiche du film : le metteur en scène et Peter Fonda.

A une époque où la majorité des grands studios hollywoodiens se voient menacés de faillite parce que les divertissements extrêmement coûteux sur lesquels ils ont fondé leurs espoirs s'éteignent les uns après les autres au box-office, le film à petit budget de Hopper fait rentrer dans les caisses la bagatelle de 35 millions de dollars. Dans le même temps, Nicholson devient une star, non seulement parce qu'il connaît la vie et qu'il en porte la marque sur son visage vif, plein d'humour et fatigué, comme le personnage qu'il incarne, mais aussi parce qu'il s'est retrouvé à cheval sur deux générations d'acteurs fort différents, ce qui n'est pas le cas de son illustre prédécesseur, Marlon Brando, ni de bien de stars après lui. Il possède la ténacité d'un James Cagney, la virilité d'un John Garfield et le charme diabolique d'un Clark Gable. Acteur symbole incontesté des années 70-80, il le reste au cours des années 90 et plus, tant il paraît impossible d'imaginer le cinéma américain sans lui.

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Jack Nicholson est né le 22 avril 1937 à Neptune (New Jersey) où sa mère était esthéticienne. Une enfance qui ne fut pas particulièrement heureuse puisque son père, alcoolique, abandonna son foyer après la naissance d'une jeune garçon. Ayant mené des études secondaires peu enthousiasmantes, le jeune homme arrive à Hollywood à la fin des années 50 rêvant, comme des milliers de garçons de sa génération d'être le nouveau James Dean. Il trouve alors un petit emploi au département d'animation de la MGM et s'inscrit au cours d'art dramatique de Jeff Corey.

La vie de Jack Nicholson sera plutôt chaotique pendant les dix années qui vont suivre, mais en tout cas riche en expériences de toutes sortes, que ce soit sur le plan professionnel ou sur celui de la vie privée : il épouse l'actrice Sandra Knight, le temps que leur naisse une fille, puis divorce; il flirte avec la drogue et les motos de grosse cylindrée, acceptant avec philosophie n'importe quel petit rôle et apparaissant régulièrement dans les films à petit budget produits ou réalisés par le cinéaste Roher Corman. Il se lie alors avec un petit groupe de cinéastes et d'artistes avec lesquels il conservera des relations privilégiées dont Peter Fonda, Bob Rafelson, Monte Hellman, Dennis Hopper notamment et dont l'influence sera décisive pour ses futurs choix d'acteur. Il commence aussi à écrire des scénarios comme cet "Epitaph", un audacieux sujet sur l'avortement, qu'il propose à Monte Hellman, avec qui il tournera deux films aux Philippines, "Back Door to Hell" (1964) et "Flight to Fury" (1965), dont il élaborera le script plein de fantaisie. Corman, jugeant "Epitaph" trop intellectuel, trop "européen", leur suggère de tourner plutôt deux westerns. Cette conversation a eu lieu le 24 décembre 1964 et, le 1er janvier 1965, Nicholson loue un bureau pour écrire le scénario de "L'Ouragan de la vengeance" (Ride in the Whirwind,1966), tandis qu'Adrien Joyce écrit celui de "The Shooting" (1966); Millie Perkins, pressentie pour "Epitaph", deviendra de ce fait la partenaire de Nicholson pour ces deux intéressants western de Monte Hellman dont le succès commercial sera malheureusement très limité.

Deux autres rôles vont témoigner du tempérament anticonformiste de Nicholson et de sa volonté, qui restera toujours affirmée de choisir les sujets et les metteurs en scène qui l'intéressent : "Le Retour des anges de l'enfer" (Hell's Angels on Wheels,1967 et "Psych-Out" (1968), deux films de Richard Rush, qui attendra encore plus longtemps le succès que son interprète puisqu'il ne se verra guère reconnu par les critiques qu'avec "Le Diable en boîte" (The Stuntman,1980). Mais le réalisateur avec lequel Nicholson se sent le plus d'affinités est sans doute Bob Rafelson. Leur longue et fidèle collaboration a débuté avec "Head" (1968), savoureux pastiche cinématographique consacrant le groupe pop des Monkees, et s'est poursuivie avec deux des œuvres majeures du jeune cinéma hollywoodien du début des années 70, "Cinq pièces faciles" (Five Easy Pieces,1970) et "The King of Marvin Gardens" (1972). Dans le premier film, Nicholson incarne Bobby Dupea, transfuge sans racines d'une bourgeoise famille d'esthètes, dont la musique borne l'univers à la fois étriqué et authentique; dans le second, il est un animateur de radio qui vit chaque jour son dérisoire psychodrame avec ses auditeurs, s'arrachant seulement à l'hypnose du micro pour partager les rêves paranoïaques de son frère incarné par Bruce Dern, avant de s'enliser à nouveau dans les simulacres de la société de communication de masse. Dans les deux cas, c'est le même constat lucide et désenchanté que Bob Rafelson exprime dans un langage spécifiquement cinématographique : l'Amérique a perdu son âme et la cherche en vain dans des rêves stériles et des édens illusoires.

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C'est deux très beaux films vont marquer un tournant dans la carrière de Jack Nicholson, dont la performance dans "Cinq pièces faciles" lui vaudra une nomination aux Oscars. Sa participation a d'ailleurs représenté un atout commercial non négligeable pour Bob Rafelson, car, depuis "Head", l'acteur a bénéficié de l'extraordinaire tremplin qu'a été "Easy Rider" (1969). En fait, c'est Rip Torn qui devait tenir son rôle  et qui déclara forfait à la suite de désaccords avec la production; c'est alors que Peter Fonda et Dennis Hopper (principaux interprètes, coscénaristes et respectivement coproducteur et réalisateur du film) firent appel à leur ami et complice Nicholson pour incarner George Hanson, l'avocat raté et alcoolique qui se joint aux deux modernes chevaliers errants et motorisés avant de succomber sous les coups haineux des bourgeois bien-pensants.

Avant les deux chefs-d'œuvre de Rafelson, la présence de Jack Nicholson dans "Melinda" (On a Clear Day You Can See Forever,1970), un film qui n'a guère ajouté au prestige de Vincente Minnelli - peut-être considérée comme une prestation essentiellement alimentaire, qui aura le mérite d'aider financièrement l'acteur à mener à bien ses projets personnels de mise en scène. Nicholson ne se dirigera d'ailleurs pas lui-même, contrairement à beaucoup d'autres acteurs passant à la réalisation, dans son premier film, le charmant "Vas-y fonce" (Drive, He Said,1971), qui évoque avec humour les mésaventures d'un champion universitaire de base-ball qui s'évertue à échapper au service militaire.

Désormais Nicholson est devenu une valeur sûre au box-office, mais il entend ne pas laisser étouffer l'authenticité humaine derrière l'auréole de la star et il va donc choisir avec soin ses rôles, sans pour autant hésiter à prendre des risques lorsqu'une entreprise l'intéresse. Son film le plus "commercial" est sans doute "Ce plaisir qu'on dit charnel" (Carnal KnowLedge,1971) douteuse et pesante fresque sur les tourments du mâle américain au sein d'une société matriarcale. Nicholson toutefois souhaitait travailler avec le réalisateur Mike Nichols et l'énorme succès remporté par cette œuvre faussement audacieuse ne contribuera pas à établir son statut de vedette. Cette consécration va définitivement être confirmée dans les années 70 avec deux autres films qui vont faire des scores retentissants : "Chinatown" (1974) de Roman Polanski et surtout "Vol au-dessus d'un nid de coucou" (One Flew Over the Cukoo's Nest,1975) de Milos Forman. En s'imposant avec aisance, humour et décontraction dans le rôle très classique du "privé" de "Chinatown", qu'il renouvelle par son jeu très distancié, Nicholson prouve ainsi qu'il peut être considéré comme l'héritier valable de Humphrey Bogart et des John Garfield. Mais c'est sa performance dans "Vol au-dessus d'un nid de coucou", où son agressivité roborative donne un relief et une crédibilité saisissants à ce rôle de "perdant", qui va enfin lui valoir un premier Oscar amplement mérité. C'est un triomphe, qui assure solidement à Nicholson son rang de star anticonformiste.

Il est en effet significatif que Nicholson-MacMurphy meure à la fin du film et que le critique du "New York Times" ait pu écrire : "D' "Easy Rider" à "Vol au-dessus d'un nid de coucou", Nicholson apparaît ainsi comme l'antihéros typique du cinéma américain, un perdant, un marginal écrasé par des forces qu'il ne peut ni dominer ni contenir."

Tout en menant magistralement sa carrière, Jack Nicholson a cependant gardé de ses débuts un peu bohème le goût des expériences les plus risquées. Il est aussi fidèle dans ses amitiés, sachant que sa seule présence au générique peut permettre le financement d'un film, comme ce sera le cas pour "Un Coin tranquille" (A Safe Place,1971) de Henry Jaglom, une œuvre poétique et très personnelle. Il ne craint pas non plus de jouer à contre-emploi, comme en témoigne sa brillante composition dans "La Dernière corvée" (The Last Detail,1973) de Hal Hashby où il incarne l'un des deux officiers de marine bornés mais débonnaires chargés de convoyer un prisonnier et décidant de lui offrir une dernière et mémorable virée avant son incarcération.

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Ce constant souci de renouvellement va pousser Nicholson à travailler avec l'un des cinéastes réputés les plus "difficiles" et les plus ésotériques, Michelangelo Antonioni, qui va lui offrir le rôle très très pirandellien de "Profession : reporter" (Profession : reporter,1975) : rôle d'un homme désespéré, qui assume la personnalité d'un mort pour mieux retrouver sa propre identité. Par son jeu très intériorisé, sobre et concentré Nicholson montre ici qu'il est un très grand acteur. Il le prouvera encore en ne se laissant pas éclipser par Marlon Brando dans "Missouri Breaks" (The Missouri Breaks,1976) d'Arthur Penn. Tâche ardue face au cabotinage délirant et aux débordements dionysiaques de cette autre grande star. Il s'en souviendra sans en réalisant son second film, "En route vers le Sud" (Goi' South,1978), un petit western picaresque où il se parodie lui-même avec humour. A noter sa prestation dans le film d'Elia Kazan dans "Le Dernier Nabab" (The Last Tycoon,1976), d'après le roman de Scott Fitzgerald sur un scénario de Pinter. Ces années là, il tient ses meilleurs rôles dans des films comme "Reds" (1981) de et avec Warren Beatty où il incarne avec brio l'écrivain Eugene O'Neill et "Tendres passions" (Terms of Endearment,1984) de James L. Brooks, qui lui vaut son deuxième Oscar, mais celui du Meilleur Second Rôle Masculin. Particulièrement à l'aise dans le registre comique, on le voit dans "L'Honneur des Prizzi" (Prizzi's Honnor,1985) réalisé par John Huston, en tueur de la mafia aux prises avec une redoutable consœur incarnée par Kathleen Turner et la non moins redoutable héritière du clan Angelica Huston, sa compagne d'alors.    

Cette aisance dans la démesure, magistralement utilisée par Stanley Kubrick dans "Shining" (The Shining,1980), représente l'une des facettes du talent d'un acteur capable d'aborder tous les registres, restituant la densité tragique du film noir dans "Le Facteur sonne toujours deux fois" (The Postman Always Rings Twice,1981) de Bob Rafelson. Tout au long de sa carrière, Jack Nicholson n'a cessé de prendre des risques. Mais, ni le cinéma américain ni le public ne sauraient s'en plaindre. Les années 80 sont, pour Jack Nicholson, une période particulièrement faste. Son nom à l'affiche sans être forcément un gage de succès, représente néanmoins un atout inestimable. A défaut d'un rôle principal, les producteurs sont prêts à le payer des fortunes pour une simple apparition : le taciturne et charismatique propriétaire d'une chaîne de télévision dans "Broadcast News" (1987) de James L. Brooks, un colonel fanatique dans "Des Hommes d'honneur" (A few Good Men,1992) de Rob Reiner dont la rémunération est de 5 millions de dollars pour deux semaines de tournage, plus que ne touchera le réalisateur lui-même. Jusqu'au record absolu : 11 millions de dollars pour incarner l'extravagant Joker dans "Batman" (1989) de Tim Burton. Il y eût également "La Brûlure" (Heatburn,1986) de Mike Nichols, adaptation par Nora Ephron de son roman autobiographique, lui permet de dresser le portrait peu flatteur d'un journaliste coureur et vaniteux, fortement inspiré de Carl Bernstein.Le sombre et misérabiliste "Ironweed/La Force d'un destin" (Ironweed,1988) du Brésilien Hector Babenco, où Meryl Streep est de nouveau sa partenaire, après "La Brûlure" est un échec commercial, mais lui vaut une nomination à l'Oscar. A partir de 1985, il s'attelle à un projet qui lui tient particulièrement à cœur : "The Two Jakes" (Piège pour un privé,1990) qu'il réalise lui-même. Après quatre ans de péripéties et de contretemps, il réussit enfin à le porter à l'écran, mais cette troisième incursion dans la mise en scène n'obtient pas le succès escompté. C'est toutefois au cours du tournage qu'il rencontre sa nouvelle compagne, Rebecca Broussard, laquelle lui donnera deux enfants.

Dans "Les Sorcières d'Eastwick" (The Witches of Eastwick,1987) de George Miller, c'est le diable lui-même qu'il incarne, face à un séduisant trio d'apprenties-sorcières : Cher, Susan Sarandon et Michelle Pfeiffer, il retrouvera cette dernière dans "Wolf" (1994) où Mike Nichols le dirige pour la quatrième fois, et où il incarne un loup-garou, et dans "The Crossing Guard" (1994), le deuxième film réalisé par Sean Penn, où il a pour partenaire, dans le rôle de son ex-épouse, celle qui fut sa compagne pendant quinze ans : Angelica Huston. "Hoffa" (1992) de Danny DeVito, qui devait lui offrir un de ses meilleurs rôles, le célèbre leader syndicaliste américain, mystérieusement disparu, s'avère un cuisant échec, heureusement compensé, la même année, par une nouvelle nomination à l'Oscar, pour des "Hommes d'honneur", très apprécié du public. 

Tim Burton réalise "Mars Attacks !" (1996) et dirige Nicholson dans le rôle du Président des Etats-Unis. En 1997, c'est la troisième collaboration de Jack Nicholson avec James L. Brooks avec "Pour le pire et pour le meilleur"  (As Good as It Gets), ce qui lui valut un troisième Oscar d'interprétation. Sean Penn en réalisateur retrouvait Nicholson dans "The Pledge" (2001) , d'après le roman de Friedrich Durrenmatt. L'année suivante ce fut Alexander Payne qui réalisa "Monsieur Schmidt", lequel fut présenté, en première mondiale et en compétition, au Festival de Cannes 2002. Le film fut récompensé par deux Golden Globes, ceux du meilleur acteur et du meilleur scénario. En 2003, on retiendra deux autres films "Self control" (Anger Management) de Peter Segal et "Tout peut arriver" (Something's Gotta Give) de Nancy Meyers aux côtés de Jack Nicholson : Diane Keaton et Keanu Reeves. La carrière cinématographique de cet immense acteur anticonformiste s'est pour l'instant achevé en 2010, après tourné sous la direction de Martin Scorsese dans "Les Infiltrés" (The Departed,2006) et de Rob Reiner dans "Sans plus attendre" (The Bucket List,2007). Son ultime film "Comment savoir" (How do You Know) de James L. Brooks en 2010, fut un échec aussi bien critique que commercial. 

 

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*Affiches-ciné * Cinetom

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