DÉCÈS DE L'ACTEUR CHANTEUR HARRY BELAFONTE, ROI DU CALYPSO
DÉCÈS D'UN ACTEUR-CHANTEUR AMÉRICAIN
HARRY BELAFONTE 1927 - 2023
A l'âge de 16 ans, j'ai découvert Harry Belafonte, non pas par sa musique ou ses chansons mais bien grâce à un film parfois oublié, sur la fin du monde "Le Monde, la chair et le diable" (1959). De la musique joyeuse, rythmée, colorée et des tubes qui lui survivront : Harry Belafonte, chanteur notamment de "Jump in the Line" ou encore de "Banana Boa", est décédé à 96 ans ce mardi 25 avril 2023 selon son attaché de presse.
Le chanteur a également été acteur dans une trentaine de films, de 1949 à 2018. Sa dernière apparition avait d'ailleurs été très remarquée dans le dernier film de Spike Lee, BlacKKKlansman : J'ai infiltré le Ku Klux Klan, où il avait eu comme partenaire Adam Driver ou encore John David Washington.
Il faut dire que l'homme, en plus d'être un artiste de talent, n'a cessé de s'engager auprès de ceux qui en avaient besoin. Il a notamment été un soutien très ardent de l'activiste et pasteur Martin Luther King, réputé pour ses nombreuses actions en faveur des noirs américains et qu'Harry Belafonte avait rencontré dans les années 50.
"I had a dream..."Et il a vécu un moment historique : en effet, lorsqu'en 1963, celui-ci prononce son discours légendaire à Washington, "I had a dream...", dans lequel il raconte qu'il rêve d'un monde de paix et de fraternité, le chanteur est présent et restera son ami jusqu'à sa mort, en 1968. Nommé Ambassadeur de l'Unicef, ou encore consultant pour la paix par John F. Kennedy, l'homme sera de tous les combats : aux côtés de Nelson Mandela en Afrique du Sud, contre la guerre et la famine dans le mouvement We are the world, etc...
Et l'un de ses plus beaux mots vient de l'année 2013 : à l'époque âgé de 86 ans, il est récompensé pour toute une vie d'actions par Amnesty International. Un prix qu'il partage avec la toute jeune Malala Yousafzai, qui n'a que 16 ans et qui s'est fait connaitre en résistant aux Talibans au Pakistan. Et plein d'humilité, il laisse l'adolescente prendre toute la lumière : "Je me sens particulièrement honoré de recevoir ce prix parce que j'ai la chance de le partager avec Malala Yousafzai, une véritable héroïne de notre temps".
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Harry Belafonte né Harold George Belafonte Jr est né le 1er mars 1927 à Harlem, le ghetto noir de New York. Grâce à une enfance passée en Jamaïque, sa culture caraïbe l'orientera très tôt vers le milieu de la chanson "exotique". Après des études à New York et un séjour dans la marine américaine, il a la chance de pouvoir s'insérer dans les rangs de "l'American Negro Theater".
Mais il découvre avec amertume que le marché est peu ouvert aux acteurs noirs. Nous sommes en 1955...le destin et la chance veillent pourtant sur l'avenir du garçon devenu portier de jour et chanteur la nuit dans les cabarets de Manhattan. Sa carrière d'interprète se confirme avec un concert historique en 1956 dans un stade où s'entassent près de 30 000 spectateurs. Son premier album "Calypso" sera même à l'origine de la mode et de l'engouement pour cette danse.
Devenu millionnaire du disque, les studios de cinéma commencent à s'intéresser à son cas. Pour ce fils de marin martiniquais, le métissage va même devenir un passeport pour la gloire. En effet, le cinéma va populariser son personnage et favoriser son engagement dans sa lutte contre le racisme pratiqué par Hollywood. Il débute à l'écran dans une production MGM "Bright Road" (1953) de Gerald Mayer, qui évite le double écueil du drame racial et du musical exotique et qui lui offre comme partenaire féminine Dorothy Dandridge qu'il retrouvera l'année suivante pour "Carmen Jones" d'Otto Preminger. Il y fait preuve de dons dramatiques même si l'inconditionnel du "Roi du Calypso y regrette le "doublage" du comédien par la voix du chanteur Le Vern Hutcherson. Le couple faisant recette, on les réunit à nouveau deux ans plus tard dans un mélo antiraciste et un énorme succès populaire, "Une Ile au soleil" (Island in the Sun) réalisé par Robert Rossen.
Contesté, le film de Rossen devient pourtant très vite un record de recettes parmi les films de l'année. Dans "Le Monde, la chair et le diable" (The World, the Flesh and the Devil,1959) de Ranald MacDougall, il incarne le seul survivant d'un New York dévasté par une arme mystérieuse et devenait producteur avec "Firme Harbel". Entre temps, ses enregistrements se classent parmi les meilleures ventes mondiales et la firme R.C.A. lui décerne ses premiers disques d'or. Bientôt l'acteur semble céder le pas au producteur. Avec son complice et ami Sidney Poitier, ils co-produisent leur premier western en commun, "Buck et son complice" (Buck and the Preacher,1972) mise en scène par Sidney Poitier; où ils offrent un étonnant duo parodique.
En parallèle de cette association prolifique tout entière dévouée à la cause du cinéma noir, Belafonte poursuit habilement une carrière au music-hall, sur les scènes de théâtre, participe à un nombre considérable de shows télévisés et milite depuis 1963 pour divers combats civiques et humanitaire de l'intégration raciales au désarmement nucléaire en passant par la paix dans le monde. Couvert de récompenses pour ces multiples activités, seule l'industrie cinématographique ne semble pas avoir, jusqu'à présent, reconnu ses indéniables qualités de comédien même si elles ne sont parfois qu'au seul service de ses combats. Toutefois Harry Belafonte est sans doute l'un des rares acteurs à avoir de son vivant reçu un ultime hommage culturel en donnant son nom à une université New-Yorkaise. A souligner également sa participation au film de Robert Wise "Le Coup de l'escalier" (Odds Against Tomorrow,1959), une réussite magistrale, aux côtés de Robert Ryan et Shelley Winters. Harry Belafonte décède le 25 avril 2023 à l'âge de 96 ans à New-York.
*Affiches-cine*Cinetom
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