MAURICE RONET, LE FEU FOLLET
MAURICE RONET 1927 - 1983
Comédien Français
Il fut considéré comme l'un des acteurs les plus prometteurs de sa génération. Maurice Ronet est né le 13 avril 1927 à Nice, ses parents étant comédiens, il découvre l'univers des acteurs, en accompagnant son père et sa mère à travers, toute la France. Sa scolarité au lycée Carnot à Paris, puis au lycée de Vanves.
Pendant la guerre, sa famille s'installe à Lausanne de 1939 à 1942 et fait ainsi ses débuts sur les planches en 1941 en compagnie de ses parents, en jouant une pièce de Sacha Guitry. Il connaîtra l'envie de s'éloigner de ses parents, même s'il a connu une vie heureuse. C'est ainsi qu'à l'âge de seize ans, il débute au Centre du Spectacle de la Rue Blanche où il débute des cours d'art dramatique avec Julien Bertheau, Maurice Donnaud ou Bernard Blier pour professeurs. Il effectue un an au Conservatoire sous la direction de René Simon ou de Jean-Louis Barrault, et débute au théâtre dans les grands classiques.
C'est la comédienne Brigitte Auber qui l'oriente vers le cinéaste Jacques Becker avec lequel il tournera son premier long métrage : "Rendez-vous de juillet" (1949) aux côtés de Daniel Gélin, Nicole Courcel, Louis Seigner. Ce premier film rencontrera un grand succès public et permettra à Maurice Ronet d'accéder au statut de jeune premier. Après son service militaire, il épouse la comédienne Maria Pacôme en 1950. On l'aperçoit aux côtés de Pierre Fresnay dans "Un Grand patron" (1951) de Yves Ciampi. Ces années-là, il donne la réplique à Jean Marais dans "Le Guérisseur" (1953) de Yves Ciampi, à Eddie Constantine dans "La Môme vert de gris" (1952) de Bernard Borderie, à Martine Carol dans "Lucrèce Borgia" (1952) de Christian-Jaque, à Danielle Darrieux dans "Châteaux en Espagne" (1953) de René Wheeler, à Pierre Fresnay dans "Les Aristocrates" (1955) de Denys de la Patellière.
En 1954, Maurice Ronet obtient le premier rôle dans "Gueule d'ange" (1954) de Marcel Blistène. En 1957, c'est la consécration avec le film tourné par Louis Malle "Ascenseur pour l'échafaud" avec Jeanne Moreau et Lino Ventura, sur une musique du jazzman Miles Davis. Le film est salué par la critique, obtient le Prix Louis Delluc 1957. Le comédien Maurice Ronet exerce bien d'autres activités, pour son propre plaisir : il est également peintre, sculpteur ou musicien. "Je crois, dit-il, que le cinéma c'est l'art du monde. Je ne crois que dans le cinéma. C'est la douleur de ne pas écrire qui me fait faire du cinéma. Quand on lit Balzac, Dumas, Melville, on se dit qu'en 1978, il est certain qu'ils se seraient exprimés par le cinéma. Le septième art procède de la vie quotidienne comme la littérature faisait au XIXe siècle. Nous souffrons du malaise de médiocrité. Il faut, en peinture, en littérature, à l'écran, donner un souffle nouveau qui ne peut venir que de la France. Il faut faire quelque chose et c'est ce à quoi je m'emploie." (A Anik Marti pour "Le Figaro").
Maurice Ronet débuta dans la mise en scène en 1963 avec "Le Voleur du Tibidado". Il réalisa également dix ans après, deux documentaires : "Vers "l'île des dragons" et "Mozambique" pour la télévision (FR3 ou France 3). En 1959, il est le partenaire de Alain Delon et Marie Laforêt dans "Plein soleil" de René Clément, puis de Lilli Palmer et Michel Auclair dans "Le Rendez-vous de minuit" (1962) de Roger Leenhardt, de Françoise Brion dans "La Dénonciation" (1962) de Jacques Doniol-Valcroze et d'Annie Girardot dans "Trois chambres à Manhattan" (1965) réalisé par Marcel Carné. Mais ce fut Louis Malle qui le dirigea une nouvelle fois avec "Le Feu follet" (1963) aux côtés de Jeanne Moreau. Louis Malle avait pensé confier le rôle principal à un non-professionnel, mais les essais furent négatifs et il pensa à son ami Maurice Ronet auquel il fit perdre vingt kilos. Cette même année, le cinéaste Alexandre Astruc lui avait proposé le rôle d'un prisonnier dans un court métrage intitulé "Le Puits et le pendule".
C'est à nouveau Alexandre Astruc qui dirigera en 1965 "La Longue marche", sur le thème de la Résistance, il est confronté à Robert Hossein et Jean-Louis Trintignant dans "La Longue marche", il incarne également un officier-aristocrate brisé par la défaite de 1940 dans "La Ligne de Démarcation" (1965) de Claude Chabrol avec une pléiade d'acteurs : Jean Seberg, Daniel Gélin, Noël Roquevert, Stéphane Audran, Jacques Perrin et Jean Yanne. Chabrol tournera quatre films avec Maurice Ronet : "Le Scandale" (1966) avec Anthony Perkins et Stéphane Audran, "La Route de Corinthe" (1967) avec Jean Seberg, et "La Femme infidèle" (1967) avec Michel Bouquet et Stéphane Audran. A l'été 1968, il retrouve Alain Delon pour le tournage de "La Piscine" avec Romy Schneider et Jane Birkin. Le film est salué par la critique et le public.
De la fin des années 60 aux années 70, Maurice Ronet tourne de nombreux films, on peut citer "Les Femmes" (1969) de Jean Aurel avec Brigitte Bardot, "La Femme écarlate" (1968) de Jean Valère avec Monica Vitti, "Les Oiseaux vont mourir au Pérou" (1967) de Romain Gary avec Jean Seberg, "La Modification" (1969) de Michel Worms avec Emmanuelle Riva, "Qui ?" (1970) de Leonard Keigel avec Romy Schneider, "Les Galets d'Etretat" (1971) de Sergio Gobbi avec Virna Lisi, "Marseille contrat" (1973) de Robert Parrish avec Anthony Quinn, Michael Caine et James Mason... Alain Delon lui propose de le rejoindre lors du tournage de "Mort d'un pourri" (1977) sous la direction de Georges Lautner, polar de qualité ou pour la troisième fois, Maurice Ronet est tué dans un film avec Alain Delon. Le cinéast américain Terence Young le dirige aux côtés de Romy Schneider, Audrey Hepburn, Omar Sharif, James Mason et Ben Gazzara dans "Liés par le sang" (Bloodine,1978). Il faudra également souligner la réussite du film de Bertrand Blier avec "Beau père" (1980) avec Patrick Dewaere. Sa carrière cinématographique s'achève avec le tournage de "La Balance" (1982) de Bob Swaim avec Philippe Léotard, Richard Berry et Nathalie Baye, long métrage qui connaîtra un grand succès populaire.
En 1977, Maurice Ronet avait publié un ouvrage pertinent : "Le Métier de Comédien" (Editions France-Empire). Il y soulignait que : (...) Le métier d'acteur requiert une forme de sensibilité toutà fait particulière qui permet de s'exhiber devant les gens et d'assumer leurs peines, leurs rires et leurs transmutateurs à l'intérieur de leurs tribus. On n'est pas acteur pour prononcer des beaux textes. On se produit d'abord avant de dire ces textes. On ne vend rien sinon de l'émotion et de la sensibilité. On se vend soi-même. Il y a donc quelque impudence à exercer cette profession qui ne repose que sur l'émotion"... Maurice Ronet décède d'un cancer du poumon le 14 mars 1983 à l'âge de 55 ans. Il repose au cimetière de Bonneux dans le Luberon.
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