RITA HAYWORTH, MYTHE FÉMININ DES ANNÉES 40
RITA HAYWORTH 1918 - 1987
Actrice Américaine
Rita Hayworth fut le grand mythe féminin des années 40. Cette sculpturale beauté qui incarna pour des générations de spectateurs le comble de l'érotisme et du charme. On a connu Jean Harlow, bien plus tard, Marilyn Monroe, Grace Kelly ou Elisabeth Taylor. Mais Rita Hayworth ou Ava Gardner ont connu également leurs heures de gloire. Rita Hayworth s'imposa comme le grand sex-symbol du cinéma au cours des années d'après-guerre.
Rita Hayworth est née le 17 octobre 1918 à New York (Brooklyn), de son vrai nom Margarita Carmen Cansino. Sa mère était la fille d'un acteur britannique et son père, Edouardo, un danseur espagnol célèbre à l'époque. Ses parents se produisaient d'ailleurs dans un spectacle intitulé "The Dancing Cansinos".
La jeune Margarita apprend la danse dès son enfance mais l'arrivée du cinéma parlant contribue à augmenter la crise dont souffre le vaudeville américain. Margarita et ses parents partent alors pour Hollywood où son père Edouardo ouvre une école de danse. Margarita, souvent plus connue sous le diminutif de "Rita" effectue un numéro de danse avec son père dans les night-clubs hollywoodiens et débuta ainsi à l'âge de treize ans. Grâce à ses leçons, elle devint à son tour un excellente danseuse et tout particulièrement dans le style sud-américain. C'est dans un des night-clubs américains que Winfield Sheehan, producteur en chef de la Fox, remarque la jeune fille.
Hollywood découvrit Rita Hayworth en 1933. Après un bout d'essai, la Warner l'avait écartée, la jugeant trop ronde et lui reprochant son front trop étroit. Winfield Sheenan, séduit par son charme et son allure, la prit alors sous contrat. Sous le nom de Rita Cansino, elle dansa dans une séquence de "L'Enfer" (Dante's Inferno,1935) de Harry Lachman, puis apparut dans quatre autre films. Quand la Fox fusionna avec la 20th Century Films, le nouveau producteur en chef Darryl F. Zanuck la remplaça dans le rôle principal du film en Technicolor "Ramona" (1936) par Loretta Young, puis annula son contrat. Libre de tout engagement, on la vit plus tard, dans "Meet Nero Wolfe" (1936) de Herbert Biberman et dans quelques modestes westerns.
C'est à ce moment que son mari, Edward C. Judson, entreprit de s'intéresser à sa carrière. Non seulement il la persuada qu'il lui fallait prendre des cours de diction ainsi que faire un régime santé mais il la conseilla pour ses toilettes, révisa son maquillage et enfin avec le secours de la chirurgie esthétique, dégagea son front. Harry Cohn, le patron de la Columbia, la vit, et fut littéralement fasciné : il lui signa un contrat de 250 dollars par semaine, contrat qui prévoyait que ce chiffre serait porté à 1 750 dollars dans un délai de sept ans, lui fit changer de nom pour effacer ses précédentes expériences cinématographiques et la fit tourner dans une douzaine de films sans grande valeur, à seules fins de lui permettre d'acquérir du métier.
Rita était ambitieuse et opiniâtre. Elle fit patiemment son apprentissage en attendant, non moins patiemment son heure. Celle-ci vint avec "Seuls les anges ont des ailes" (Only Angels Have Wings,1939) de Howard Hawks, film dans lequel elle interprétait le rôle de l'épouse volubile, mais fidèle, de Richard Barthelmess. Malgré la présence écrasante de ses célèbres partenaires, Jean Arthur et Cary Grant, elle réussit à se faire remarquer, George Cukor,le directeur des actrices par excellence, lui avait fait faire un bout d'essai en 1938 pour interpréter le premier rôle de "Vacances" (Holiday) qu'il avait confié ensuite à Katharine Hepburn parce que Rita ne lui semblait pas assez mûre. Il ne l'avait pas oubliée pour autant et la recommanda à la MGM, qui se la fit "prêter" pour "Suzanne et ses idées" (Susan and God,1940) pour lequel Cukor signa la réalisation avec Joan Crawford pour actrice principale; elle n'y interprétait qu'un rôle secondaire, mais riche en glamour. Le public réagit promptement à son charme à tel point que la Columbia dut faire tirer un grand nombre de photos publicitaires pour satisfaire à la demande de ses admirateurs. Parfaitement conscient d'avoir mis la main sur une future star, Cohn ne savait pas très bien cependant comment l'employer.
Il la mit à l'épreuve dans deux productions importantes "The Lady in Question" (1940) dans lequel l'actrice fut dirigée par Charles 1941)Vidor qui réalisera par la suite trois de ses plus gros succès et "L'Ange de Broadway" (Angels Over Broadway,1940). Les critiques furent positives malgré l'échec relatif de ces films. Il devait revenir à deux autres compagnies de révéler à Cohn quel atout il possédait avec Rita Hayworth. Pour Ann Sheridan, la Warne avait bâti sur mesures le scénario de "The Strawberry Blonde" (1941) mais quand, au dernier moment, celle-ci refusa le rôle, la Warner se mit en quête d'une étoile de second plan pour la remplacer. C'est ainsi que le rôle échut à Rita Hayworth : celui d'une fille joyeuse et dépourvue de préjugés, cherchant à "souffler" James Cagney à la sérieuse Olivia de Havilland. Cet excellent film de Raoul Walsh obtint un vif succès et lança Rita Hayworth.
Après une autre comédie mineure tournée à la Warner, Rita Hayworth fut "prêtée" à la 20th Century-Fox pour remplacer Carole Landis dans "Arènes sanglantes" (Blood and And,1941), un film en Technicolor dirigé par Mamoulian. Dans le rôle de Dona Sol, une noble dame fascinante et sensuelle qui cherche à "voler" un torero (Tyrone Power) à Linda Darnell, Rita Hayworth réalisa une magnifique performance. Bien que le film nait pas obtenu le succès espéré, Rita Hayworth était désormais lancée; ses apparitions sur les couvertures de revues donnent la mesure de son prestige : entre 1941 et 1942, son visage lumineux et souriant apparut à vingt trois reprises.
Mise à part un épisode de "Six destins" (Tales of Manhattan,1942) de Julien Duvivier, écrit par Ben Hecht où Rita Hayworth jouait le rôle d'une épouse infidèle, les cinq films qu'elle interpréta par la suite s'inspirèrent plutôt du personnage de "Strawberry Blonde", afin de mettre en valeur le côté le plus sympathique de son personnage. C'est au cours de ces quatre ans qu'elle s'affirma comme une étoile de première grandeur. Elle réussissait se tour de force, en effet, d'être belle et sensuelle d'une façon que l'on pourrait qualifier de "propre".
Rita Hayworth se remit également à danser et le public commença à la considérer comme une actrice de comédie musicale : tant et si bien que jusque vers la fin des années , dans quelque genre de film qu'elle apparût, le public attendait toujours impatiemment "son" numéro. Malheureusement, elle n'avait pas beaucoup de voix et toutes ses chansons devaient être doublées : un secret que la Columbia garda jalousement pour différents motifs. "L'Amour vient en dansant" (You'llNever Get Rich,1941) de Sidney Lanfield et "O toi, ma charmante" (You Were Never Lovelier,1942) de William A. Seiter, répondaient à toutes les exigences de la comédie musicale à succès de l'époque; et dans ces deux films elle partagea la vedette avec Fred Astaire.
L'intrigue de "La Reine de Broadway" (Cover Girl,1944) de Charles Vidor, était assez banale et stéréotypée. Restera-t'elle avec le pauvre danseur qui l'aime ou bien partira- t'elle avec le riche play-boy?, mais le spectateur n'en avait cure. Avec Gene Kelly pour partenaire, Rita Hayworth dansait et chantait les refrains de Jerome Kern et d'Ira Gershwin. Ce film fut un succès sans précédent; il lui valut une renommée internationale.
Un peu avant la sortie de "Gilda" (1946) sur les écrans, les premiers tours de manivelle de "L'Etoile des étoiles" (Down to Earth,1947) de Alexander Hall, avaient été donnés. Tourné dans un Technicolor éblouissant avec une Rita Hayworth dans une forme splendide, le film, malgré les bons résultats obtenus au box-office, fut éclipsé par "Gilda" qui avait révélé une nouvelle image de la vedette, davantage en harmonie avec le goût manifesté par les Américains d'après-guerre. En s'identifiant au personnage de la femme fatale du film noir avec lequel elle serait désormais confondue, Rita Hayworth atteignait sa maturité. Dans ses rôles, elle ne devait plus se limiter à être simplement belle et à savoir danser : on exigeait plus de consistance.
Après "Gilda" le lent déclin de la carrière de l'actrice s'amorça. Pendant sept années encore, ses films firent recette et pourtant une grande partie de la séduction et de la charge érotique de "Gilda" était maintenant perdue. Au cours de ces sept années, toutefois, elle interpréta sous la direction d'Orson Welles, alors son mari, son meilleur film : "La Dame de Shanghai" (The Lady From Shangai,1947) : un désastre financier certainement imputable au fait qu'il s'agissait d'une oeuvre d'auteur, non d'un scénario spécialement conçue pour l'actrice. Rita, pour la circonstance, était devenue blonde et avait fait couper sa flamboyante chevelure. Elle ne dansait pas et ne chantait qu'une seule et ironique chanson. Enfin, son personnage même était différent de celui qui avait enflammé le public de "Gilda". Avec une longueur d'avance sur son temps, "La Dame de Shanghai" démythifia les illusions romantiques et les institutions de la société américaine; avec raison, Rita Hayworth considéra ce film comme un des meilleurs de sa carrière.
A nouveau liée par contrat avec la Columbia, l'actrice fut une Carmen insouciante dans "Les Amours de Carmen" (The Loves of Carmen,1948) de Charles Vidor. Après une absence de quatre ans (correspondant à son mariage avec Ali Khan, dont elle se sépara par la suite), elle revint à l'écran avec "L'Affaire Trinidad" (Affair in Trinidad,1952), insipide remake de "Gilda" pour aborder ensuite le genre biblique et interpréter en 1953 une version angélique de "Salomé" (Salome). Au cours de cette même année, visiblement gênée par un certain empâtement mais toujours aussi sensuelle, elle interpréta "La Belle du Pacifique" (Miss Sadie Thompson) un film en couleurs et en relief, peu apprécié du public alors que "Salomé" se révéla au contraire un beau succès commercial.
Après avoir interprété le rôle d'une femme mûre amoureuse de Frank Sinatra mais contrainte de céder la place à Kim Novak dans "La Blonde ou la rousse" (Pal joey,1957) de George Sidney, Rita Hayworth quitta la Columbia pour laquelle elle tourna cependant, en 1959, un intéressant western : "Ceux de Cordura" (They Came to Cordura) de Robert Rossen. Puis elle aborda le mélodrame interprétant une actrice sur le déclin dans "Tables séparées" (Separate Tables,1958); une épouse malheureuse accusée d'homicide dans "Du sanng en première page" (The Story on Page One,1959) de Cliford Odets et une mère malheureuse dans "Quand le cirque était roi" (Circus World,1964). Avec "Les Joyeux voleurs" (The Happy Thieves,1962), elle revint à la comédie. Mais le succès fuyait Rita. Après "Piège au grisbi" (The Money Trap,1965) de Burt Kennedy, où, toujours splendide elle donna une nouvelle preuve de son talent, on la vit encore dans quelques films et en 1970 dans "La Route de Salina" de Georges Lautner, où, dans le rôle d'une infortunée propriétaire de night-club, elle montra encore ses réelles qualités d'actrice.
L'alcool et les désillusions ont anéanti cette magnifique créature de l'écran, à partir de 1981, elle est placée sous tutelle judiciaire. Tandit que la femme déchue est entrée dans l'ombre, l'actrice survit, rayonnante, dans le souvenir des spectateurs. Son dernier film avec Robert Mitchum fut "La Colère de Dieu" (The Wrath of God,1972) de Ralph Nelson. Rita Hayworth est atteinte de la maladie d'Alzheimer, mal connue à l'époque. Le 14 mai 1987, Rita Hayworth décède à New York à l'âge de 68 ans.
Ma Femme se marie demain - 1941 - LLoyd Bacon
L' Amour vient en dansant - 1941 - Sidney Lanfeld
Mon Amie Sally - 1942 - Irving Cummings
La Reine de Broadway - 1944 - Charles Vidor
La Blonde ou la rousse - 1957 - George Sidney
La Colère de Dieu - 1972 - Ralph Nelson
*Affichescine * Cinetom
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