MACK SENNETT, ROI DU BURLESQUE AMÉRICAIN
MACK SENNETT 1880 - 1960
Cinéaste, Producteur Américain
Mack Sennett n'est pas le créateur du burlesque cinématographique mais s'il est un nom du cinéma muet à jamais synonyme d'invention, de démesure et de liberté, c'est bien de Sennett. Roi incontesté du burlesque américain, il fut aussi un grand découvreur de talents. Il a eu des précurseurs, notamment en France, Jean Durand; il n'a pas été non plus un très grand acteur, bien qu'il ait joué dans un grand nombre de bandes, surtout à ses débuts; mais il a fixé et popularisé les lois d'un genre qui, jusqu'à lui, balbutiait, et formé presque tous les grands ténors de l'école comique américaine.
De son vrai nom Michael Sinnott, celui qui deviendra Mack Sennett naquit le 17 janvier 1880 à Richmond dans la province du Québec. A l'âge de dix-sept ans, il vint s'installer avec sa famille d'origine irlandaise dans le Connecticut. Employé dans une fonderie locale, le jeune homme ne songeait qu'à mettre à profit sa belle voix de basse pour entrer dans le monde du spectacle. Quand la célèbre comédienne Marie Dressler passa à Northampton, où les Sinnott s'étaient établis depuis 1898, Michael fit des pieds et des mains pour lui être présenté. Il parvint à ses fins par l'entremise de Calvin Coolidge (jeune avocat qui allait devenir président des Etats-Unis). Marie Dressler lui accorda une lettre d'introduction pour un célèbre imprésario de théâtre, David Belasco; que Michael s'empressa d'aller trouver à New York. Mais David Belasco lui conseilla sans détour de renoncer à la carrière de chanteur d'opéra et de s'essayer plutôt dans les spectacles de burlesque. Faisant fi de ses ambitions et de son orgueil, Michael Sinnott suivit ce judicieux conseil et réussit à se faire engager sous le nom de Mack Sennett par la Compagnie burlesque de Frank Sheridan.
Tout en participant à des tournées et à des vaudevilles où il tenait toutes sortes de petits rôles comiques, Sennett briguait toujours les scènes de Broadway. Mais la célébrité et la réussite n'étaient toujours pas au rendez-vous. Alors que le chômage commençait à toucher les milieux du spectacle dans les années 1908-1909, Mack Sennett décidé de tenter l'aventure du cinéma alors en plein essor à New York, en se présentant aux studios de la Biograph. Il venait de frapper à la bonne porte, la Biograph était l'une des plus importantes compagnies cinématographiques. Après quantités de figurations et de petits emplois insignifiants (y compris de balayeur de studio), il finit par être remarqué par l'actrice Linda Arvidson, mariée à D.W. Griffith, le directeur de la Biograph.
La première grande chance de Mack Sennett se présenta en 1909 avec "The Curtain Pole", une farce réalisée par D.W. Griffith qui, pour une fois, renonçait à ses mélodrames habituels. Mack Sennett y campait un personnage de Français (à son avis plus propice au comique qu'un Anglais : "Un Français peut tout se permettre!") dont l'excès de zèle déclenche des catastrophes en série. Imbibé d'absinthe, M. Dupont traversait un populeux marché, les bras encombrés d'une perche destinée à soutenir une tente, délicate opération qui se soldait par une cascade de chutes et de collisions. Linda Arvidson, qui jouait dans ce film une femme faisant son marché, se souvient avec émotion et humour, dans son livre "When the Movies Were Young" de sa brutale rencontre sur le plateau avec le jeune Mack Sennett : "Le morceau de bravoure du film devait être la démolition des barrages de Sennett dans le personnage de M. Dupont (...) Je me souviens que j'étais très excitée dans mon rôle de femme qui, sur le marché, regardait des choux verts lorsque le taxi, avec la perche qui émergeait d'environ un mètre et demi, arriva sur la place du marché. M. Dupont qui se sentait particulièrement en forme grâce aux verres d'absinthe avalés cherchait à empoigner la perche avec un enthousiasme suffisant pour provoquer la destruction complète des baraques; et il y réussit si bien qu'avant d'avoir pu payer mes choux, je sentis que j'étais frappée par quelque chose et je fus non seulement jetée à terre, mais aussi à bonne distance et je restai évanouie au milieu de la scène. Quoique je fusse persuadée des capacités de Sennett pour des rôles importants, je n'en fus plus aussi sûre à ce moment-là. Quoi qu'il en soit, il avait réalisé une performance classique et grandiose, bien qu'assez fatigante.
Dans son autobiographie "King of Comedy", Sennett avoue avoir étudié assidûment les méthodes de D.W. Griffith, tant sur le tournage qu'en dehors des plateaux. La femme du réalisateur le rappelle dans son livre : "Le travail terminé, Mack Sennett errait dans le studio, attendant avec impatience le départ de mon mari. Celui-ci, souvent rentrait à pied, pour prendre l'air, Mack Sennett s'en était aperçu. Aussi en face du studio ou juste au coin de Broadway et de la Quatorzième Rue, il s'arrangeait pour provoquer une rencontre "accidentelle". Ainsi pendant cinq cent mètres une conversation impromptue s'engageait qui laissait à Mack Sennett tout loisir de poser mille questions : "Dites-moi, que pensez-vous vraiment de vos films ? Que croyez-vous qu'ils représentent ? Croyez-vous qu'ils auront toujours un public ? Et dites-moi, qu'apportent-ils à l'acteur? Dois-je poursuivre ma carrière dans cette voie? A cette foule de questions, Griffith répondait invariablement : "En tant qu'acteur, je ne crois pas que vous réussissiez jamais. Si vous souhaitez vraiment continuer au cinéma, il vaudrait mieux vous essayer à la réalisation, c'est à mon avis ma seule voie vers le succès."
Déçu par les déclarations de Griffith (qui ne croyait pas à son talent d'acteur ni n'approuvait ses idées sur l'utilisation de policiers comme personnages comiques), Mack Sennett n'en prit pas moins au sérieux les judicieux conseils que le grand réalisateur lui prodigua pendant ces "cours du soir". Il n'allait pas tarder à trouver l'occasion de les mettre en pratique.
En 1910, la Biographe engageait un nouveau réalisateur Frank Powell, pour prendre en charge une seconde équipe de tournage et superviser toute la production comique de la compagnie. Le jour où il tomba malade, Mack Sennett fit tout pour ce qu'il put pour le remplacer et y parvint. Les historiens du cinéma sont partagés sur la date des débuts de Mack Sennett à la réalisation; cela tient sans doute au fait qu'il travailla un temps comme assistant de Griffith et de Frank Powell. Certains la situent en octobre 1910 avec "Oh! ce mal de dent" (A Lucku Toothache) et "The Masher"; d'autres retiennent celle de mars 1911, début du tournage de "Deux bons copains" (Comrades). Ce qui est certain, c'est que toutes les comédies produites par la Biograph entre mars 1911 et l'été de 1912 (représentant une centaine de titres) ont été dirigées par Mack Sennett. Ce fut pour lui une merveilleuse occasion de donner libre cours à son imagination débordante et d'acquérir la maîtrise de la direction de films comiques. Mack Sennett ne cacha jamais avoir puisé nombre de ses gags dans le répertoire des clowns français dont il admirait l'invention. Avec son acteur favori, Fred Mace, Sennett interpréta et dirigea la série à succès des "two sleuths", dans laquelle ils formaient un tandem de détectives désopilants. C'est aussi à cette époque que Mack Sennett fit la rencontre de sa vie, selon son propre aveu. Mabel Normand gracieuse et piquante jeune première, n'avait que quinze ans quand Sennett la rencontra dans les studios de la Biograph. Ce fut le début d'une intense et fructueuse collaboration mais aussi celui d'une longue et turbulente histoire d'amour qui ne prit fin qu'à la mort de Mabel (elle mourut en 1930, âgée de trente-cinq ans à peine), la liaison entre ces deux fortes et exubérantes personnalités ne fut qu'une suite ininterrompue de fiançailles, de ruptures et de réconciliation. Mack Sennett n'en garda pas moins, sa vie durant et bien après la mort de Mabel, une profonde estime et une réelle admiration pour elle.
Si les drames de la Biograph réalisés par D.W. Griffith suscitaient plus de louanges de la part des critiques que les comédies, c'étaient ces dernières, cependant, qui emplissaient les caisses de la compagnie. Fort des ses succès personnels, Mack Sennett persuada sans trop de peine deux bookmakers, Kessel et Baumann de l'aider à financer l'installation de ses propres studios. Ainsi naquit la Keystone. La suite leur prouva qu'ils avaient eu raison de faire confiance à Mack Sennett. La Keystone devint très rapidement la plus importante compagnie américaine de films comiques. Bientôt Sennett décidait de quitter New York pour la Californie où il comptait s'installer dans les locaux de la Bison situés à Edendale. Ces deux bailleurs de fonds, Baumann et Kessel, ne firent aucune objection à son projet. Dès lors, la Keystone se mit à produire des films à un rythme soutenu : de deux films en une bobine par semaine, elle passa bientôt à trois auxquels venait de s'ajouter un "long métrage" mensuel de deux bobines. Il engagea Mabel Normand, Fred Mace et l'acteur et réalisateur Henry "Pathé" Lerhman, tous trois transfuges de la Biograph tout en formant de nouveaux talents. Avec eux il lançait les célèbres "Keystone Cops" (les brigades de policiers déments qui sont à jamais la marque de la compagnie) et les séries burlesques mettant en scène des enfants (les fameux "Keystone Kids") et des animaux.
Sous l'experte férule de Mack Sennett, la Keystone entrait dans son âge d'or fondé sur un style comique immédiatement reconnaissable : frénétique, débridé, surréel et surtout, et avant tout, totalement visuel. Tout préoccupé par le rendement de ses production, Mack Sennett participait pourtant, sans trop s'en rendre compte lui-même, à l'émancipation du langage cinématographique. Avec lui, caméra et acteurs se découvraient une toute nouvelle liberté, Mack Sennett recrutait ses équipes aussi bien dans les théâtres de burlesques les music-halls, les cirques que dans les rues, voire les hôpitaux psychiatriques. Au début, il dirigeait lui-même tous les films. Mais bientôt, malgré sa formidable puissance de travail, il était dépassé par l'expansion de la Keystone. Pour y faire face, il mit sur pied plusieurs unités de tournage dont il recruta et forma les réalisateurs, puissant à l'occasion dans les rangs de ses comédiens : Mabel Normand, Fatty Arbuckle, Dell Henderson et Charles Parrott (alias Charlie Chase) passèrent ainsi derrière la caméra. Tous ces films étaient largement improvisés; un simple objet (une voiture, un bateau, un téléphone...) ou un lieu (une épicerie, un garage...) servirent ainsi souvent de prétexte au déferlement de gags.
Les Comédies de la Keystone puisaient indifféremment leurs idées dans les bandes dessinées, le cinéma comique français, le music hall et la pantomime. Quant à leur style, il rappelait, en plus frénétique, celui de la commedia dell'arte. Mais leur immense originalité est d'avoir su transcender tous ces emprunts : les comédies de la Keystone sont une véritable création de l'art populaire des vingt premières années du siècle dernier dont elles donnent une image de monumentale et perpétuelle farce et un commentaire malicieusement sulfureux. Avec leurs orgiaques destructions de maisons, de voitures, de gadgets, elles constituent une roborative forme d'apologue de l'anarchie. Rien n'y échappe, surtout pas ceux qui, en principe, sont chargés de défendre l'ordre et d'appliquer la loi. Patauds, balourds, plus bêtes que méchants et d'une incommensurable incompétence, les Keystone Cops auront servi d'exutoire à des millions de spectateurs. Qu'ils se lancent à la poursuite d'un contrevenant, aussitôt leur voiture est privée de freins. Qu'ils se penchent à une fenêtre, et ils tombent sans coup férir. Escaliers, portes, carrefours, pentes ou falaises se transforment illico, et leur pour leur seul usage, en autant de traquenards...et mines de gags. Quiconque se souvient d'un film de la Keystone revoit aussitôt ses meutes de policiers moustachus filant à la queue leu leu on ne sait où.
Miroir déformant de la réalité, les comédies de la Keystone sont peuplées de personnages qui appellent les superlatifs. Qu'ils soient plus gros, plus maigres, plus grands, plus rachitiques, plus moustachus ou plus bigleux que le commun des mortels, ils sont toujours affublés de vêtements, et surtout de couvre-chefs, trop vastes ou trop étroits pour eux. Parmi les grandes figures de cette extravagante galerie on ne peut oublier Ford Sterling, le barbichu colérique (souvent surintendant de la police), Fatty Arbuckle, le gros poupon maladroit. Ben Turpin, l'infatigable loucheur à la proéminente pomme d'Adam, Charlie Chase, l'efflanqué, Billy Bevan et ses étonnantes bacchantes, Chester Conklin l'ahuri perpétuel, et Mack Swain, l'impressionnante "brute". Un peu plus tard, ils furent rejoints par Charles Murray, Slim Summerville, Sydney Chaplin (le frère de Charles), Hank Mann, Edgard Kennedy, Harry McCoy, Cary Brooks, Don Barclay, Harry Booker, Francis Wilson et Billy Walsh. Deux des célèbres Keystone Cops, Edward Sutherland et Edward Cline, se distinguèrent plus tard comme réalisateurs; il en fut de même pour deux gagmen de la compagnie : Malcom St. Clair et Frank Capra.
Au nombre des talentueuses vedettes féminines : outre Mabel Normand, il faut citer : Polly Moran, Minta Durfee, Alice Davenport, Phyllis Allen, Louise Fazenda et Alice Howell. Enfin , parmi les grands comiques qui firent leurs classes à la Keystone, il faut rappeler Harold Lloyd (qui ne réussit pas à imposer son style) et Charlie Chaplin, la plus prestigieuse découverte de Sennett. Resté un an à la Keystone, il y travailla sur trente-cinq films en une ou deux bobines. Sennett préféra les laisser partir plutôt que d'augmenter leurs cachets.
En juillet 1915, les trois "grands" de Hollywood, Mack Sennett, David Wark Griffith et Thomas Ince, s'associaient pour créer la Triangle, au sein de laquelle Sennett conserva le label de sa compagnie, "Sennett Keystone Comedy Features". Pour se conformer aux ambitieux critères de production définis par la Triangle, Mack Sennett fit appel à de populaires acteurs de variétés : Raymond Hitchcock, Eddie Foy, Weber et Fields. Ces recrues de prestige n'ayant pas donné les résultats escomptés, la Triangle-Keystone revint à ses vedettes lausib déjà rompues aux exigences de l'écran.
C'est dans le cadre de la Triangle que Mack Sennett commença a étendre la durée de ses films et à soigner les scénarios et les personnages. L'improvisation céda le pas à l'écriture et aux plans de tournage. Fort heureusement, cette nouvelle politique ne se fit pas au détriment de l'imagination dont l'invention et la fraîcheur restèrent les qualités maîtresses des productions Triangle-Keystone. Vers 1917, la belle entente de la Triangle éclatait. En juin 1917, après bien des pourparlers, Sennett résiliait son contrat en abandonnant la marque Keystone qui restait sa propriété de la Triangle. Après un rapide déclin des productions comiques, le nom de Keystone disparaissait des écrans en 1919.
Privé de sa marque, Mack Sennett conservait cependant la propriété de ses studios d'Edendale. Il allait y déployer une intense activité en produisant les "Sennett Comedies", dont la distribution était assurée par la Paramount. C'est de cette époque que date l'apparition des fameuses "Bathing Beauties" (les belles au bain). Très appréciées du grand public, ces joyeuses cohortes de jeunes beautés en costume de bain devinrent, à l'instar des Keystone Cops, un argument publicitaire pour Mack Sennett. Alors que la presse renâclait à publier les portraits peu gracieux de ses acteurs comiques, elle réserva un tout autre sort à ses charmantes ambassadrices. C'est semble-t-il, après avoir vu dans un journal la photo d'une jeune femme accidentée montrant ses genoux qu'il décida d'engager de jolies filles pour servir de faire-valoir aux comédiens. "Montrez ces filles sur les écrans, ordonna-t'il à ses assistants, je sais parfaitement qu'elles ne savent pas jouer, mais cela n'est pas nécessaire. Mettez-les en costume de bain et faites en sorte qu'on puisse les admirer pendant que les acteurs amusent." Pour les rendre plus aguichantes encore, Sennett fit dessiner des tenues de bain aussi succinctes que le tolérait la morale de l'époque. Les résultats furent à la hauteur de ses espérances; bientôt, tous les autres producteurs l'imitaient. Pour la petite histoire des grands stars, on se souviendra que Carole Lombard et Gloria Swanson sont issues du range de ces jolies baigneuses.
Sans négliger la production des séries courtes. Sennett songeait à réaliser des films plus importants. L'occasion se présenta après une sérieuse brouille avec Mabel Normand. Comme gage de réconciliation, il lui fit construire son propre studio, la Mabel Normand Feature Film Company et lui proposa d'y interpréter un long métrage. A rebours de la profession, hostile aux comédies de longue durée, Mack Sennett s'accrocha à son projet, n'hésitant pas à y investir sa fortune personnelle. Après un an de travail, "Mickey" (1918) était prêt à sortir sur les écrans. Ce fut une levée de boucliers chez les exploitants. Intensifiant la campagne publicitaire, Mack Sennett réussit finalement à lever toutes les réticences : le film fit un véritable triomphe, rapporta près de seize millions de dollars et éleva Mabel Normand (passée entre-temps au service de Goldwyn) au rang de monstre sacré de l'écran.
Elle retourna par la suite chez Mack Sennett pour y interpréter deux autres brillantes comédies "Rêve de seize ans" (Molly O,1921) et "Suzanna" (1922) où, malgré la maladie, la drogue et les scandales, elle fut éblouissante de charme et de talent. A la fin de son contrat avec la Paramount, le grand producteur constitua la Mack Sennett Inc., la distribution des films étant assurée par la First National. Puis en mars 1923, il signait un contrat avec la société Pathé. Dans l'intervall, il produisit d'hilarantes parodies, des grands succès hollywoodiens interprétées par Ben Turpin dont "Un chic Sheik" (The Shriek of Araby,1923) et "L'As, hélas, tique" (Three Foolish Weeks,1924).
Sa période Pathé, qui devait durer jusqu'en 1929, fut surtout marquée par la découverte d'un des plus grands comiques américains : Harry Langdon. Si, en tant que gagman de Sennett, Frank Capra a contribué à modeler et peaufiner l'image de ce Pierrot lunaire (qu'il dirigera plus tard dans ses chefs d'œuvres, entre autre "Sa première culotte" (Long Pants,1927), il serait injuste de lui attribuer (comme il le fait lui-même dans son autobiographie) tout le mérite de cette découverte. En vingt ans de scène, Harry Langdon avait déjà établi les grandes lignes de son personnage de vieil adolescent somnambulique.
Mack Sennett poursuivit sa production de courts métrages comiques pour la Pathé jusqu'en 1929, année où il signa un contrat avec l'Educational Film Company. Mais les temps avaient changé : le long métrage avait supplanté les petites séries tandis que les goûts du public avaient évolué. Les batailles de tarte à la crème et les vieilles Ford T faisaient déjà partie de l'histoire du cinéma. Bientôt Al Jolson ferait entendre sa voix dans "Le chanteur de Jazz"... Si Mack Sennett fut conscient du problème, il ne réussit pas, malgré ses efforts, à trouver les solutions de rechange : "Je dus repartir de zéro, déclara-t'il dans une interview. A peine mes personnages caricaturaux commencèrent-ils à parler qu'ils cessèrent de faire rire. Le réalisme faisait obstacle au rire (...) Après y avoir longtemps réfléchi, je conclus que la parole, au lieu d'être un obstacle, pouvait être une aide pour les comiques parce qu'elle devait ajouter l'élément auditif (...). Je décidai de m'en tenir pour le moment à la formule de l'ancien cinéma muet pour les films comiques, mais en y ajoutant modérément son, dialogues et couleurs. Plus tard, je considérai comme absolument nécessaire d'éliminer le "slapstick" et de le remplacer dans les films par des situations de "comédies sophistiquées". Son premier film parlant, "The Lion's Roar" (1928) fut un échec. Il en fut de même pour ses premiers essais en couleurs dans "Radio Kisses" (1930). En 1932, Sennett fut obligé de fermer ses studios. En 1935, il subissait de plein fouet la banqueroute de la Paramount. Ruiné, il rejoignit sa mère au Canada. En 1939, il revenait pour quelques temps au cinéma comme producteur associé de la Fox. Mack Sennett s'éteignit le 5 novembre 1960 dans un hospice de Hollywood.
1912
1914
1917
1924
1928
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* Décès du chanteur-acteur Jacques Higelin