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CINETOM
21 août 2017

DÉCÈS DE L'ACTEUR AMÉRICAIN JERRY LEWIS

                DÉCÈS DE L'ACTEUR AMERICAIN                       

               JERRY LEWIS          1926  -  2017 

       

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L'acteur humoriste, connu notamment pour ses rôles de comique absurde, dans des films comme Le Tombeur de ces dames ou encore Docteur Jerry et Mister Love, est décédé dimanche 20 août 2017 à son domicile de Las Vegas. Si Dieu est français, il a dû accueillir Jerry Lewis sur un tapis rouge. En revanche, s'il est américain, il aura reçu le comique en se demandant pourquoi Les Cahiers du cinéma  et Positif  le considéraient comme un génie. Au départ, il y a un gamin né à Newark en 1926. Jerome Levitch est fils unique. Plus tard, il trouvera en la personne de Dean Martin le frère qui lui manquait.

À la fin des années quarante, leur duo fit des étincelles. Que n'aurait-on pas donné pour assister à un de leurs spectacles au Club 500 d'Atlantic City, pour avoir une table au Copacabana de New York? Ils se sont rencontrés en 1946. Pendant dix ans, ils ne se sont plus quittés. Dans la salle, le public, qui n'avait jamais vu ça, se tordait de rire. Martin le coroner décontracté, Jerry l'idiot du village. «Jamais vous n'aviez eu un playboy et un singe. Le sexe et la bouffonnerie, voilà ce qu'on représentait», résumait Lewis. Les dollars pleuvent. Les filles se bousculent dans leur loge. Le rêve américain surgit au milieu des éclats de rire et de la fumée de cigarettes. Leurs cachets sont astronomiques. Ces deux-là sont les nouveaux dieux du show-business. Ensemble, ils tourneront vingt-trois films, généralement sous la direction du futé Frank Tashlin auquel on doit le mythique Artistes et modèles . La recette était simple. Dean Martin attirait les hommes, les femmes et les Italiens. Les femmes, les Juifs, les enfants venaient pour Jerry Lewis. Cela faisait du monde. Leur célébrité défie l'entendement. Aucun ego ne pourrait résister à pareil traitement. En 1956, Dean Martin jette le gant. Le chanteur envisage une carrière solo. «Pour moi, tu n'es que le symbole du dollar», lâche-t-il à son partenaire. «That's amore». Ils ne se reparleront plus jusqu'en 1976, lorsque Frank Sinatra les réunit par surprise au cours d'un téléthon. Les retrouvailles occasionnèrent des yeux humides.

Lewis vole de ses propres ailes. Il passe à la réalisation avec Le dingue du palace (1960), suite de gags qu'il a écrit en une semaine et où il incarne un groom. Son œuvre la plus fameuse reste Docteur Jerry et Mister Love (1963), parodie de Jeckyll et Hyde. Ne pas oublier Le tombeur de ces dames et Le zinzin d'Hollywood (1961). La critique française se noie dans les superlatifs. Dans son pays, personne ne prend Lewis au sérieux. Il serait, selon les cinéphiles, le contempteur de la société de consommation, un subversif déguisé, un philosophe malgré lui. Sur un plateau, le comique ne rigole pas. Il a la réputation d'être un emmerdeur patenté. Lui appelait ça professionnalisme. Il mise sur le burlesque, travaille sur le son, accorde une grande importance aux bruits. Sa gestuelle est inimitable. Avec son visage en caoutchouc, son corps de chewing-gum, il élève la grimace au rang des beaux-arts. Il a toujours l'air d'avoir les doigts dans la prise. Laurence Olivier lui aurait dit: «Je donnerais mon âme pour avoir fait un de vos films.»

En 1958, il s'installe dans la villa de Louis B. Mayer à Bel Air. Il lui arrivait de parler de lui à la troisième personne. On ne saura jamais au juste s'il est l'auteur de chefs d'œuvre ou de navets. Dans Les tontons farceurs (1965), il joue sept personnages différents (au départ, il y en avait quatorze). Une légende circule au sujet de The day the Clown cried, son film de 1974 sur un clown engagé par les nazis pour accompagner les enfants à la chambre à gaz. Le long métrage n'est jamais sorti. Selon certains, il s'agissait du comble du mauvais goût. Jusqu'à la fin, Lewis continua à en dire du bien.

Il vivait à Las Vegas dont le kitsch lui allait bien. Des festivals lui rendaient hommage. Les journalistes découvraient un monsieur un peu revêche, au faciès bouffi, les cheveux teints. Ils évoquaient devant lui sa prestation dans La valse des pantins en 1983 (Robert de Niro le baptisait Oncle Jeery ou Le Vieux) ou son apparition dans Arizona Dream de Kusturica (1993). Il était devenu un personnage de télévision, le monsieur en smoking qui animait chaque année le téléthon pendant vingt-quatre heures, gavé de percodan, repensant à ses heures de gloire. C'était une institution, un monument qu'on visitait une fois par an. Le coup du verre dans la bouche était sa marque de fabrique. On est peu de chose. Quand même, maintenant, Dean Martin se sent un peu moins seul.

Le Figaro

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Jerry Lewis est né le 16 mars 1926 à Newark dans le New Jersey, au sein d'une famille de comédiens, Joseph Levitch suivi ses parents, Rhea et Danny "Lewis" dans les tournées qu'ils effectuaient pour le circuit Borscht; c'est ainsi qu'il chante sur scène dès l'âge de cinq ans. 

Ouvreur de cinéma, puis mime, il mit au point un numéro de lyp-synch (pantomine synchronisée sur un air célèbre) avec lequel il eut un grand succès. En 1946, à la suite d'un malentendu Jerry Lewis et Dean Martin se retrouvèrent ensemble sur la scène du Club 500 d'Atlantic City. Le tour de chant du crooner, "agrémenté" par les facéties et les grimaces simiesques de l'affreux Jerry (il faisait gicler l'eau de Seltz, laisser tomber des assiettes en souriant de toutes ses grandes dents) connut un triomphe immédiat si bien que toutes les boîtes de nuits américaines et les chaînes de télévision se disputèrent le nouveau tandem, et qu'un producteur de la Paramount, Hal Wallis s'empressa de lui offrir un contrat de cinq ans à 10 000 dollars par semaine. 

Après avoir débuté dans "Ma bonne amie" (My Friend Irma,1949), Dean Martin et Jerry Lewis enchaînèrent avec toute une série de parodies des grands genres cinématographiques (films de guerre, d'aventures maritimes ou sportives, westerns...) comme l'avaient fait avant eux tous les comiques, de Laurel et Hardy aux Marx Brothers, et dans lesquelles Jerry Lewis intégrait, à l'occasion quelques trouvailles personnelles. S'étant composé le personnage de l'avorton calamiteux, mi-chouchou à sa maman, mi-collégien fugueur, lewis se faisait tout à tour bousculer et consoler par un Dean Martin cynique et flegmatique, qui séduisait les filles et fredonnait des romances telles que "Tonda Wonda", "Hoy", "Inamorato", "Simpatico", ou "That's Amore", tandis que son copain dormait dans des réfrigérateurs ou flirtait avec la plus vilaine fille du lot. 

Après cette série de films, conçus selon des recettes éprouvées par des professionnels efficaces mais impersonnels comme Hal Walker et George Marshall, le tandem, dont le succès ne faisait que croître, rencontra deux excellents réalisateurs, Norman Taurog et Frank Tashlin, qui comprenant fort bien les qualités propres aux deux acteurs, concoctèrent pour eux des projets sur mesure, en particulier Frank Tashlin, qui avait travaillé à la Warner avec les plus grands maîtres du gag de dessins animés : Tex Averyn Chuck Jones et Bob Clampett. Tashlin, tenant de la parodie débridée et de la grosse farce, donnait une image apocalyptique de l'Amérique provinciale livrée à un consumérisme effréné, droguée de télévision et du sexe. 

Norman Taurog fit quatre films avec le tandem Lewis-Martin, et Tashlin six. Ainsi ce dernier lui enseigna toutes les ficelles du métier de réalisateur à Jerry Lewis, avide de tout connaître sur les aspects techniques du cinéma. En fait, il n'aspirait qu'à passer à la réalisation. Il s'y essaya très tôt en tournant des films d'amateur pastichant les grands classiques contemporains, avec le concours de ses amis Tony Curtis, Janet Leigh, Jeff Chandler et Dean Martin lui-même.  

"Irma à Hollywood" (My Friend Irma,1950) les amènera à jouer ensemble quelque quatorze comédies dans lesquelles Dean Martin, le séducteur, exploite l'idiotie de son ami Jerry. C'est ainsi que défilèrent quelques-uns de leurs meilleurs films : "Bon sang ne peut mentir" (That's My Boy,1951), "La Polka des marins" (Sailor Beware,1952) de Hal Walker, "Le cabotin et son complice" (The Stooge,1953), "Un pitre au pensionnat" (You're Never Too Young,1955) de Norman Taurog. Ce dernier adapta avec beaucoup d'intelligence  les classiques de la comédie pour le tandem Lewis-Martin : "La Joyeuse suicidée" de William A. Wellman devint "C'est pas une vie" (Living it Upn1954) de Norman Taurog et "Uniforme et jupon court" de Billy Wilder, "Un pitre au pensionnat". Ayant dirigé un grand nombre d'acteurs-enfants de Jackie Cooper à Mickey Rooney, Taurag traitait Martin et Lewis comme des gamins allant jusqu'à habiller ce dernier en garçonnet. 

Les meilleurs films que Tashlin réalisa pour le duo furent les deux derniers : "Artistes et Modèles" (Artists and Models,1955) et "Un vrai cinglé de cinéma" (Hollywood or Bust,1956); dans ce film, les deux partenaires doivent traverser une Amérique peuplée de pulpeuses pin-up pour débarquer dans un Hollywood pris de folie. Le tournage du film débuta le 16 avril 1956 et s'acheva le 19 juin de la même année. Ce fut quelques semaines plus tard que nos deux compères décidèrent d'arrêter leur union cinématographique, lors d'un dernier show qui les rassemblèrent à New York, au célèbre cabaret Copacabana. 

Dans "Artistes et modèles", on voit Lewis, vorace lecteur de bandes dessinées, affronter, déguisé en souriceau, une inquiétante femme chauve-souris (en fait une voisine travestie). A cette époque, Lewis et Martin bénéficiaient de fabuleux contrats d'un montant de 5 millions de dollars par an!. 

Retrospectivement, la plupart des comédies interprétées par Dean Martin et Jerry Lewis semblent élémentaires, triviales et truffées de stéréotypes, mais elles sont aussi pleines de chansons et de jolies filles et offrent ce mélange infaillible de loufoquerie et de musiques langoureuses que l'on attendait alors de ce genre de divertissement. Elles plaisaient à tout le monde et déridaient petits et grands. Qui aurait pu résister à Jerry Lewis en athlète de collége débile, en marin hypocondriaque allergique au sexe faible ou dévorant avec délice un unique haricot? 

Frank Tashlin continua tout seul dans cette voie, mais il eut moins de succès que son élève quand celui-ci passa à la réalisation. La compagnie, considérant Dean Martin et Jerry Lewis comme un bien inaliénable, leur enjoignit de mettre un terme à leurs incessantes querelles, qui étaient presque toujours du même ordre : l'un des deux comédiens travaillait beaucoup (Jerry), tandis que l'autre ne faisait pratiquement rien (Dean). Tous deux étaient nantis d'une nombreuse famille et se faisaient construire une luxueuse résidence; tous deux avaient des épouses acariâtres qui se chamaillaient sans cesse. 

Finalement, ce fut la rupture. Martin en avait assez de n'être que le faire-valoir de son ambitieux partenaire. Lewis, qui faisait le siège de Stan Laurel pendant les dernières années du grand comique pour apprendre les secrets de celui qu'il admirait, a raconté comment, s'étant mutuellement confié l'histoire de leur vie, les deux acteurs s'étaient découverts de nombreux points communs. Tous deux, perfectionnistes et tentés par l'envie d'écrire et de passer derrière la caméra, étaient affligés d'un partenaire paresseux qui ne songeait qu'à profiter de l'existence et à jouer au golf. 

Le tandem se sépara en 1956. Jerry Lewis réalisa ses ambitions en mettant en scène ses propres films, très admirés en Europe et surtout en France (notamment par le critique Robert Benayoun) pour leurs satires cocasses des moeurs américaines. Parmi les meilleurs citons : "Le Dingue du Palace" (The Bellboy,1960), "Le Tombeur de ces dames" (Ladie's Man,1961), "Docteur Jerry et Mister Love" (The Nutty Professor,1963), et "Jerry souffre-douleur" (The Patsy,1964). 

Jerry Lewis et Dean Martin rapportèrent des sommes fabuleuses à la Paramount. A la radio, à la télévision, dans les boîtes de nuit et au cinéma, leur dynamisme et leurs bouffonneries déclenchaient des avalanches de rire, et, dans le monde entier, constituaient le divertissement n° 1 du samedi soir. Seize films resteront de cette association qui restera dans toutes les mémoires. 

"Le Zinzin d'Hollywood" (The Errand Boy,1961) est le troisième film dont Jerry Lewis soit le chef d'orchestre à tous les niveaux (scénario, réalisation, production). "Jerry chez les cinoques" (The Discoderly Orderly,1964) est le huitième  et dernier long métrage réalisé par Frank Tashlin, interprété par Jerry Lewis. Suivront en 1965 "Les Tontons farceurs" (The Family Jewels,1965) qu'il réalisa lui-même en paradiant des films ayant connu un certain succès. "Jerry la grande gueule" (The Big Mouth,1967). Malgré sa préférence pour les tournages en studio, ce dernier long métrage fut tourné du 5 décembre 1966 à fin février 1967. 

On peut retenir deux autres longs métrages qui confirmeront la fin d'une époque burlesque débutée vingt ans auparavant : "Ya, Ya, mon général ! " (Which way to the Front,1970) et "Au boulot, Jerry !" (Hardly Working,1979)  deux films qu'il réalisa, dont le premier, après sept années d'absence. En 1983, Martin Scorsese lui proposa un rôle important dans "La Valse des pantins" (The King of Comedy,1983) au côté de Robert De Niro. Son dernier rôle au cinéma "Max Rose" en 2013, lui permit de revenir en France au dernier Festival de Cannes. 

 Cinetom

Voir lien Cinetom JERRY LEWIS, LE COMIQUE AU GRAND COEUR

 

  

 


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