LANA TURNER, TOUT EN GLAMOUR !
LANA TURNER 1921 - 1995
Actrice Américaine
Actrice Américaine, Julia Jean Mildred Frances Turner, dit Lana Turner, estnée le 8 février 1921 à Wallace (Idaho). Pendant la grande dépression économique des années trente la famille Turner émigre à San Francisco où le père trouve un emploi de docker avant de mourir, assassiné. Lana Turner est alors placée dans une école religieuse à Modesto (Californie) avant de venir rejoindre sa mère, devenue esthéticienne, à Los Angeles.
En 1936, dans un drugstore, Lana Turner, qui est élève à la Hollywood High School, est remarquée pour sa beauté par un responsable de la revue "Hollywood reporter". Elle est ensuite présentée, après accord maternel, aux dirigeants de l'agence de Zeppo Marx, par l'entremise desquels, outre l'obtention d'une figuration dans "Une étoile est née" (A star is born,1937) de Wellman, elle fait la connaissance du metteur en scène à qui elle doit véritablement sa carrière : Mervyn LeRoy. Sous sa direction, la jeune fille, désormais prénommée Lana (à la demande de LeRoy lui-même), tient le rôle d'une collégienne amoureuse de son professeur dans "La ville gronde" (They Won't Forget,1937). Il lui suffisait de passer dans la rue d'une petite ville du Sud pour enflammer l'imagination des hommes et finir ainsi par se faire violer et assassiner. Un rôle qui nécessite le port d'un sweater, pour le quelle elle reçoit les plus vives ovations, lors de la première du film et lui vaut le surnom de "Sweater sweetheart" donné par l'échotier Walter Winchell. Cette sexualité un peu troublante, Lana Turner allait l'incarner tout au long de sa carrière, à travers des personnages dont la simplicité native se trouvait comme dévoyée par les démons de la corruption amoureuse et sociale : processus classique dans une société aussi fondamentalement puritaine que la société américaine, et qui explique largement le succès de la comédienne.
Il faut dire aussi qu'entre la vie privée de Lana Turner et ses créations à l'écran, la frontière a toujours été pour le moindre indécise. Peu de comédiennes peuvent en effet se targuer d'autant de beaux scandales : dix mariages, des foyers brisés, un probable penchant à l'alcoolisme et à la nymphomanie, et pour en finir, sa liaison avec Johnny Stompanato, petit truand aux moeurs de gigolo, qui allait périr sous le couteau de cuisine de la fille de son inconséquente et trop belle maîtresse.
Si ses talents de comédienne n'ont guère ajouté à la légende hollywoodienne, ses charmes spécifiquement féminins, en revanche, ont indéniablement apporté un certain piment érotique au cinéma américain des années 50. Intraduisible en français, le terme de "glamour" lui seyait admirablement, comme les robes ou les pantalons qu'elle portait de préférence moulés autour de ses formes, dont la perfection quasi académique ne cherchait aucunement à masquer une extrême vulgarité. Lana Turner n'en était sans doute que plus exitante, comme en témoigne le personnage de Cora dans "Le facteur sonne toujours deux fois" (The Postman Always Rings Twice,1946), remarquable film de Tay Garnett d'après le célèbre roman de James Cain, dont Raymond Borde et Etienne Chaumeton ont écrit : "Lana Turner, presque toujours habillée de blanc, le parait de sa plastique, des ses mouvements de hanches. On cherchait d'instinct, à deviner sous cette blancheur la rondeur d'un sein ou la ligne des fesses" ("Panorama du film noir américain"). L'accueil fut enthousiaste et le costume de bain blanc de Lana Turner lança alors la vogue des shorts chez les femmes américaines. Ce fut le film préféré de l'actrice.
Si Lana Turner, a pu ainsi émouvoir plusieurs générations de cinéphiles, c'est que, sous des dehors parfois extravagants et le plus souvent fabriqués, l'expression "Lanallure" fut même lancée par les publicitaires hollywoodiens pour les besoins de la cause, elle a su toujours rester profondément naturelle. Bien vite promue au rang d'idole de la jeunesse, elle troque le sweater porte-bonheur pour les costumes sophistiqués du film d'époque dans "Le grand Garrick" (The Great Garrick,1937) de James Whale et "Les Aventures de Marco Polo" (The Adventures of Marco Polo,1938) d'Archie Mayo, où on la retrouve en séductrice orientale. Un contrat spécial la lie à Mervyn LeRoy. Lorsque celui-ci quitte la Warner pour la MGM, Lana fait de même. En 1938, elle tourne un premier film pour la firme au lion, laquelle s'est engagée à lui donner des cours de danse et de comédie, un film dans lequel elle tient un rôle d'ingénue aux côtés du couple Judy Garland-Mickey Rooney : "L'amour frappe Andy Hardy" (Love finds Andy hardy).
Propulsé au firmament des stars grâce à son personnage de maîtresse pousse au crime du "Facteur sonne toujours deux fois", Lana Turner, devenue comédienne symbole de la MGM (firme qu'elle quittera en 1956 à la fin de son contrat) est, par son goût vestimentaire très sûr, sa séduction teintée de sophistication et sa beauté sans faille, l'interprète idéale des grandes amoureuses du "roman d'alcôve". Lady de Winter dans "Les trois Mousquetaires" (The Three musketeers,1948) de George Sidney, Crystal Radek surnommée "La veuve joyeuse" (The Merry widow,1952) de Curtis Bernhardt, Samarra, la biblique maîtresse du "Fils prodigue" (The Prodigual,1955) de Richard Thorpe ou l'ensorcelante "Diane de Poitiers" (Diane,1956) de David Miller. "Le Pays du dauphin vert" (Green Dolphin Street,1947) de Victor Saville devait être tourné avec Katharine Hepburn pour le rôle principal, mais le studio opta finalement pour Lana Turner, qui avait déjà prouvé dans le passén ses capacités dans le registre dramatique. Le film fut l'un des plus grands succès de l'année 1947.
Plusieurs fois partenaire de Clark Gable, son alter ego masculin "France Jeu" (Honky Tonk,1941) de Jack Conway, "Je te retrouverai" (Somewhere I'll find you,1942) de Wesley Ruggles, "Le retour" (The Homecoming,1948) de Mervyn LeRoy, "Voyage au-delà des vivants" (Betrayed,1954) de Gottfried Reinhardt. Les meilleur films de Lana Turner demeurent sans conteste "Les Ensorcelés" (The Bad and The Beautiful,1952) de Vincente Minnelli, et "Mirage de la vie" (Imitation of Life,1959) de Douglas Sirk. Ces deux chefs-d'oeuvre baroques ont en commun d'avoir réalisé une parfaite adéquation entre la comédienne et ses personnages. Dans le film de Vincente Minnelli,, en effet, elle incarne une actrice confirmée dont la carrière soumise à la mégalomanie des producteurs, nous est dépeinte avec un lyrisme prodigieux, tandis que dans celui de Douglas Sirk, elle offrait le portrait d'une actrice qui, poussée par l'ambition, sacrifie le bonheur de tous ceux qu'elle aime. Le titre même de "Mirage de la vie" pourrait être d'ailleurs celui d'une biographie de Lana Turner, et lorsque l'héroïne du film découvre que sa fille est éprise de son amant, on ne peut pas ne point songer à l'affaire Stompanato.
Ces personnages, comme aussi ceux de "Lune de miel au Brésil" (Latin Lovers,1953) de Mervyn LeRoy ou des "Plaisirs de l'enfer" (Peyton Place,1957) de Mark Robson, auraient pu la rendre odieuse à son public. Si ce ne fut pas le cas, c'est que Lana Turner avait réussi garder en elle un fond de simplicité qui en faisait la victime souffrante de ses propres passions. Malgré les dévoiements et ses dépravations, Lana Turner était une petite Américaine semblable à beaucoup d'autres, très ordinaire en fin de compte, avec cette forte dose de vulgarité qui la rendait immédiatement familière à l'immense majorité des spectateurs masculins et féminins. La destinée de ses personnages, aussi lamentable fût-elle, s'inscrivait dans la plus pure tradition morale américaine et s'accordait parfaitement aux sermons dispensés le dimanche matin dans les temples de la province profonde. Le glamour de Lana n'était jamais aussi efficace que lorsqu'elle était vêtue d'un simple chandail.
Née des fantasmes obsessionnels du puritanisme américain, elle connaît une évolution, elle aborde les rôles de mère puis, sous l'égide du producteur Ross Hunter et du réalisateur Douglas Sirk, peaufine son nouveau portrait de femme-riche marquée par la vie, après "Mirage de la vie", ce fut "Meurtre sans faire-part" (Portrait in black,1960) de Michael Gordon. Dans les années 70, on la verra un peu sur scène, à la télévision et dans quelques films mineurs. Lana Turner décéde le 29 juin 1995 dans le quartier de Century City à Los Angeles en Californie, elle avait 74 ans.
1937 - 1938
1941
Franc Jeu - 1941 de Jack Conway
Johnny roi des gangsters - 1942 de Mervyn LeRoy
L'Amour travesti - 1943 de Wesley Ruggles
1946
1947
1952
1953
Voyage au-delà des vivants - 1954 de Gottfried Reinhardt
1955
1956 - 1957
Madame et son pilote - 1958 de Jack Arnold
1959
1960
1961
1965
1966
*Certaines Affiches - Cinetom - Affiches-Cine
_____________________________Akira Kurosawa