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CINETOM
1 mai 2016

JOSEF von STERNBERG, L'UN DES PLUS PRODIGIEUX MONTREURS D'OMBRES DE L'HISTOIRE DU CINÉMA

         JOSEF von STERNBERG                    1894 - 1969 

 Cinéaste, Scénariste, Producteur Américain d'origine Autrichienne  

 

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Josef von Sternberg (de son vrai nom Jonas Sternberg et sans particule) est né le le 29 mai 1894 à Vienne. Il semblerait qu'il ait connu une enfance difficile à cause de son père, homme robuste mais manquand beaucoup de confiance en lui (les hommes forts des films de Sternberg sont toujours, d'ailleurs, des êtres psychologiquement fragiles). Enfant, il aimait beaucoup Vienne et ses hivers neigeux : "Les bruits familiers ont disparu, le silence s'est installé comme si un grand secret allait être révélé." Sternberg était attiré par les foires où venait une foule de gens, et par les jardins publics, où il aimait flâner. A deux reprises en l'espace de quelques années, sa famille émigra en Amérique, le premier "essai" s'étant soldé par un échec.

Dans son autobiographie "Souvenirs d'un montreur d'ombres", Sternberg décrit rapidement la personnalité étouffante de son père et raconte comment il se libéra de son influence : "J'étais déjà grand quand j'osai l'affronter pour la première et unique fois. Il était encore en train de corriger un autre membre de la famille et je menaçai de le frapper à mon tour s'il ne cessait pas. Il aurait pu me réduire en miettes facilement, mais en fait depuis ce jour-là il ne leva plus jamais la main sur l'un d'entre nous. Il ne s'était pas peut-être pas rendu comptte jusque-là de la façon dont il se comportait quand il était en colère. J'étais battu et roué de coups jusqu'au moment où je commençais à geindre comme un chiot. Après les raclées, il me présentait à baiser la main qui m'avait châtié, selon la noble tradition de l'époque.

Dans les films de Sternberg les hommes se rendent ridicules, mais c'est la seule voie qui s'offre à eux pour retrouver dignité et honneur. Cette attitude est révélatrice de son goût du paradoxe, mais aussi de sa conception -en avance sur son temps-de la nature féminine : la femme est, davantage que l'homme, portée aux sentiments profonds. La mère de Sternberg fragile et délicate, mourut jeune. Peut-être est-ce dans cette image maternelle qu'il faut chercher le penchant de Sternberg pour les femmes quasi murées dans le silence, trop orgueilleuses pour donner ou solliciter des explications, attitude qu'on retrouve bien dans "Shanghai Express" (1932) où l'officier anglais (incarné par Clive Brook) tente de comprendre l'étrange amour que lui porte Lily, tandis que "L'Impératrice rouge" (The Scarlet Empress,1934) aucun homme ne parvient à expliquer ou à admettre la politique menée par l'impératrice russe, indissociable de sa nature féminine. Esthétique et divertissant chef d'oeuvre. Il est fascinant de voir comme le cinéaste sait y plier les règles du studio à son bon vouloir, à partir d'un genre populaire qu'il métamorphose littéralement. Ostensiblement présentée comme une autre production à la gloire de l'actrice Marlene Dietrich, l'histoire authentique de la Grande Catherine de Russie, devenue par la magie de Sternberg une étude inventive et spirituelle, non dépourvue d'ironie, a dérouté les spectateurs comme la critique.

uant à la mysogynie de "La femme et le pantin" (The Devil Is a Woman,1935), titre imposé par la Paramount au réalisateur, elle est contrebalancée par le comportement des personnages masculins, imposteurs grotesques qui font piètre figure devant la justesse des émotions féminines.  Sternberg et les hommes du film se résignent à l'humiliation, comme s'ils étaient conscients de l'avoir méritée.

Sternberg affronta très jeune le monde du travail. Acceptant toutes sortes d'emplois, c'est presque par hasard qu'il entra dans un laboratoire cinématographique. Lorsqu'il eut acquis une certaine expérience du montage et du traitement de la pellicule, on lui confia la production des films destinés à l'entraînement des jeunes recrues, ce qui lui permit de se familiariser avec la prise de vues. Quand la chance se présenta, Sternberg connaisait donc déjà pratiquement, toutes les étapes de la réalisation d'un film : plus tard il travaillera avec les meilleurs opérateurs, mais personne ne pourra l'égaler pour créer les effets de lumière. Dès le début des années 20, son nom assorti de sa particule germanique, apparaît dans nombre de films en tant que monteur, scénariste ou assistant. Pour son premier film, "The Salvation Hunters" (1925), le jeune cinéaste se vit octroyer un budget de 5000 dollars, qui furent récupérés en une seule soirée, dès la présentation du film. Pour un homme qui allait devenir plus tard si renfermé, il s'agissait d'une oeuvre singulièrement idéaliste, racontant l'histoire -située dans un cadre à propos duquel on pouvait parler de réalisme, mais qui relevait en fait de l'épopée stylisée - de quelques garçons très pauvres qui cherchent seuls, à faire leur chemin dans la vie. En dépit d'un trop grand nombre d'intertitres, l'action muette qui se déroule à l'écran témoigne déjà de la prédilection de Sternberg pour l'instrospection. Il pressentit donc dès ce premier essai qu'au-delà de leur réalité objective les images cinématographiques recelaient un pouvoir : celui de capter les ondes invisibles des personnages.

Dès ses débuts, Sternberg adopta un comportement qui allait lui causer beaucoup de tort. Très impressionnée par "The Salvation Hunters", Mary Pickford manifesta le désir de tourner sous la direction de son auteur. Sans ambrages, Sternberg répondit qu'il abhorrait "les boucles et les minauderies", et l'actrice préféra alors s'adresser à des réalisateurs plus plus conventionnels, certes, mais surtout plus conciliants. Durant le tournage de "The Exquisite Sinner" (1925), on accusa Sternberg de jouer au dictateur sur le plateau. En une autre occasion, au moment "The Masqued Bride" (1925) pour être précis, il n'hesita pas à renoncer au projet quelques jours seulement après le premier tour de manivelle. En 1926, à la demande de Charles Chaplin, il dirigea Edna Purviance dans "The Sea Gull/A Woman of the Sea". Devant le résultat, Chaplin préféra jeter le film au fond d'un tiroir. Il ne pouvait en effet, pardonner à Sternberg d'avoir transformé sa charmante partenaire en femme perpétuellement ivre et d'avoir outrepassé ses ordres une "preview" du film.

Pour Sternberg qui végétait quelque peu, le succès vint enfin, éclatant avec "Les Nuits de Chicago" (Underworld,1927). Adapté d'une nouvelle de Ben Hetch et interprété par Evelyn Brent, George Bancroft et Clive Brook, premier des "triangles" amoureux chers au réalisateur. Avec son climat lourd de violence et de sensualité "Les nuits de Chicago" marqua une étape décisive pour l'évolution du film noir en tant que genre. Après cet énorme succès, commercial pour la Paramount productrice du film, et personnel pour son réalisateur, Sternberg enchaîna sur "Crépuscule de gloire" (The Last Command,1928) tableau corrosif de la vieille noblesse européenne et du pragmatisme hollywoodien, avec Evelyne Brent, William Powell et Emil Jannings. Suivirent un film de gangsters, "La Rafle" (The Drag Net,1928), deux sombres mélodrames, "Les Damnés de l'Océan" (The Docks of New York,1928) et "Le Calvaire de Lena X" (The Case of Lena Smith,1929), histoire d'une mère célibataire hongroise, et un thriller, "L'Assommeur" (Thunderbolt,1929), premier film parlant de Sternberg.

Il se rendit alors à Berlin pour y réaliser "L'Ange bleu" (Der blaue Engel,1930) dans le cadre d'un accord de coproduction entre l'UFA et la Paramount. La suite appartient à la légende de cinéma. A la recherche d'une partenaire pour Emil Jannings, déjà engagé pour le rôle principal, Sternberg jetait son dévolu sur une jeune actrice berlinoise pour laquelle il allait, sans coup férir, modifier l'ensemble du projet, au grand dam d'Emil Jannings. L'exaltation du culte de Marlène Dietrich commençait. Inauguré dans l'univers de volupé morbide du cabaret où se produit Lola-Lola, il se conclura dans l'Espagne baroque de "La femme et le pantin". Entre-temps Marlène succombera, dans les sables du Maroc, aux charmes d'un légionnaire (Gary Cooper) "Coeurs brûlés" (Morocco,1930); finira, belle espionne amoureuse, sous les balles d'un peloton d'execution "Agent X27" (Dishonoured,1931); traversa la Chine en guerre "Shanghai Express"; dansera dans un cabaret sous une peau de gorille "Blonde Vénus" (1932) et montera sur le trône impérial de Russie "L'Impératrice rouge". Les sept films de Sternberg-Marlene semblent n'être que les parties d'un tout, d'une oeuvre unique tournée en tête à tête, la nuit, après la fermeture des studios...En dépit de quelques faiblesses, notamment dans "X-27" et "Blonde Vénus", tous, quels que soient le cadre ou l'époque de l'intrigue, baignent dans la même lumière, composée pour Marlene et pour elle seule.

Intemporels, laconiques et concis dans leur ambiguïté, ce sont des films dont le véritable point commun -outre la présence de l'actrice - est d'abord la célébration du septième art. Après avoir été un grand maître du muet, Sternberg le fut aussi du parlant, et ce n'est pas le moindre de ses paradoxes, avec des personnages pourtant peu loquaces. Chez Sternberg, les pauses, les silences, les regards participent totalement au rythme de la parole. On se souviendra à cet égard de la scène de "Coeurs brûlés" dans laquelle la chanteuse de night-club Amy Jolly (Marlene, en frac) laisse passer un long moment.  

Restrospectivement, il paraît incroyable que l'industrie cinématographique américaine ait pu employer un réalisateur aussi peu conciliant que Josef von Sternberg. Si, quelques années durant il cultiva en les exacerbant les aspects les plus artificiels de l'univers d'Hollywood, il n'y fut jamais un homme de compromis et y resta, fondamentalement, un solitaire et un marginal. Convaincu qu'un maître de sa trempe ne pouvait partager une once de pouvoir, il exerçait son autorité en véritable despote. Ce qui lui valut à l'instar de Stroheim (et plus tard d'Orson Welles), de devenir la tête de Turc du sytème hollywoodien. Sarcastique, renfermé vaniteux, souffrant d'un incurable complexe de supériorité, Sternberg adoptait des comportements d'une totale provocation ; arrogance de l'incompris ou besoin d'épater la galerie, cette attitude reste aujourd'hui encore un mystère.    

Sorti en France en 1955 sous le titre "Fièvre sur Anatahan"  (The Saga of Anatahan,1953), puis en janvier 1982 sous son titre original. Ce dernier film de Josef von Sternberg tout à la fois producteur, réalisateur, scénariste, chef-opérateur, a été tourné entièrement au Japon. Josef von Sternberg meurt le 22 décembre 1969 à Hollywood (Los Angeles)

 

 

                                        Les Nuits de Chicago - 1927         

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                                                     1928

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                                 Les Damnés de l'océan -1928                   

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                                  L'Assommeur - 1929 

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                                                1930 

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                                        Agent X-27 - 1931

             

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                                                   1932

 

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                                                1935

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                                                  1952           

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 ____________________________________Anthony Quinn

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