FRANÇOISE ARNOUL, OU LA FÉMINITÉ PROVOCATRICE A LA FRANÇAISE
FRANCOISE ARNOUL 1930 - 2021
Actrice Française
Françoise Arnoul de son vrai nom Françoise Gautsch est née le 3 juin 1931 à Constantine en Algérie. Fille d'un polytechnicien et officier supérieur et d'une mère comédienne superbe, Janine Henry, qui joua dans la troupe de Firmin Gémier. Une enfant en Afrique du Nord, baignée de l'amour des beaux-arts. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Françoise Arnoul quitte Rabat, où elle suivait des cours de danse, et vient en métropole pour étudier le théâtre, des cours dramatiques chez la fameuse madame Bauer Thérond. Condisciples : Roger Hanin, Catherine Sellers.
Toute première apparition en 1949 dans "Rendez-vous de juillet" de Jacques Becker, le film du renouvellement de la classe des comédiens, suivi de "L'épave" (1949) du cinéaste Willy Rozier, qui ne laisse rien ignorer de sa séduisante plastique, et de "Nous irons à Paris" (1950), fantaisie musical de Jean Boyer avec Philippe Lemaire, Henri Genès, Christian Davaleix, Martine Carol et l'orchestre de Ray Ventura; ce film lui apporta une très réelle popularité. Avec ce beau départ, elle est lancée, elle va désormais tourner quatre ou cinq films par an, entreprises commerciales de peu d'ambition où sa beauté suggestive la confine à des emplois de ravageuse.
Entre 1951-1952 elle donna la réplique à Fernandel dans un film où l'adultère est le thème principal du film dans "Le Fruit défendu" (1952) de Henri Verneuil, quant à lui, prend le parti de jouer de son personnage à contre-emploi. Son film est une heureuse adaptation de la fameuse "Lettre à mon juge" de Simenon : le sein nu de Françoise ne trouble pas seulement Fernandel, elle confirme une sensibilité incontestable, que Verneuil, manifestement épris de son interprète, sollicite à nouveau pour "Le Mouton à cinq pattes". "Les Amants du Tage" (1954) et le méconnu "Des gens sans importance" (1955) un amer film de routiers où, de nouveau face à Jean Gabin, Françoise entre de plain-pied dans le mélodrame avec beaucoup de conviction. Mais le Gabin, elle l'avait déjà séduit l'année précédente où Jean Renoir, de retour à Paris, l'avait imposée contre toute attente et avec quel éclat en Nini de "French-Cancan".
Peu de temps avant, elle donna la réplique à Bernard Blier et Danielle Darrieux dans "La maison Bonnadieu" (1951) de Carlo Rim. On peut citer également "Les amants de Tolède" (1952) de Henri Decoin avec Alida Valli et Pedro Armendariz. Ce fut la période des rôles plus dramatiques pour Françoise Arnoul, plus déshabillés où on utilisait ses moues boudeuses. Ralph Habib lui témoigne sa fidélité en la faisant tourner dans "Les compagnes de la nuit" (1953). "J'ai su parfois dire non, mais pas toujours, à des navets ou à des films n'ont pas marché. Je ne regrette rien. On apprend toujours quelque chose en travaillant, confiait-elle à Jean-Louis Mingalon dans son livre de souvenirs très éclairant sur cette époque négligée, "Animal doué de bonheur" (1995).
L'une des princes du temps, du côté des metteurs en scène, est encore Henri Decoin, à qui Danielle Darrieux devait tant, et dont la côté demeurait intacte depuis près de vingt ans. C'est Decoin qui va sortir la jeune françoise de ses emplois un peu automatiques pour mettre en évidence ses autres aptitudes. Moins dans "Le désir et l'amour" (1951) qui en dépit de son titre raconte un tournage de film où elle joue la partition modeste de la script-girl, que dans "Les amants de Tolède" où elle tient fort bien son rôle de soubrette de la sculpturale Alida Valli, et plus encore dans "Dortoir des grandes" (1953) de Decoin, elle était entourée d'autres comédiennes en herbes, Jeanne Moreau, Dany Carrel, elle s'éprend d'un Jean Marais, idole de la France entière. Mais c'est "La Chatte" (1958) suivit de "La Chatte sort ses griffes" (1959) de Henri Decoin où, résistante de choc, elle paraît moulée dans un imperméable noir et brillant, confectionné par Guy Laroche, qui la font accéder au sommet du box-office. Les deux films ont un peu vieilli, mais on est pas prêt d'oublier la rafale d'émotion sensuelle que déclenche Françoise Arnoul.
Mariée à Georges Cravenne (Fondateur des César) avec Maurice Chevalier et Pierre Lazareff pour témoins, elle est alors à son zénith. Et c'est très injustement que cette femme de moins de trente ans, très liée au couple Montand-Signoret, amorce à son insu un déclin insensible que l'émergence de la "Nouvelle Vague" ne suffit pas à expliquer. "Le pays d'où je viens" (1956) n'est certes pas le meilleur film de Marcel Carné mais "Sait-on jamais" (1957) est l'une des meilleures réussites de Roger Vadim, dans laquelle la gravité de Françoise s'accorde à Venise filmée en hiver. "Le chemin des écoliers" (1959) de Michel Boisrond brille des feux d'une distribution éclatante, Bourvil, Lino Ventura, Alain Delon, Jean-Claude Brialy. Et deux autres "compagnons de route" de la génération montante, Michel Deville et Pierre Kast, la requièrent. Le premier pour le très désenchanté et très charmant "Lucky Joe" (1964) avec Eddie Constantine en looser où Françoise, que la maturité embellit encore, passe un peu vite. Le second à deux reprises : "La Morte Saison des amours d'abord" marivaudage trop intellectuel sis aux Salines d'Arc-et-Senans, "Vacances portugaises" (1962) ensuite; sarabande amoureuse où se retrouve, comme dans "Rendez-vous de juillet" trente ans plus tôt, une génération de comédiens : Auclair, Brion, Gélin, Vaneck, Prevost...
On ne verra plus guère Françoise Arnoul sur grand écran dans les années ultérieures. Quelques apparitions fugaces dans des films trop peu remarqués. "Dernière sortie avant Roissy" (1976) de Bernard Paul, "Violette et François" (1976) de Jacques Rouffio, "Ronde de nuit" (1983) de Jean-Claude Missiaen, où elle est une très attirante et une très plausible journaliste de radio, "Voir l'éléphant" (1984) de Jean Marboeuf. Elle tourna régulièrement pour la télévision et cultiva l'amitié. Elle a réussi sa vie....
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_____________________________Josef von Sternberg