INGRID BERGMAN, UNE LONGUE ET BRILLANTE CARRIERE
INGRID BERGMAN 1915 - 1982
Actrice Américaine d'origine Suédoise
Ingrid Bergman est née le 29 août 1915 à Stockholm en Suède. Son décès, le même jour que son anniversaire, soit le 29 août 1982 à Londres (Royaume Uni). Elle perd ses parents très jeune : sa mère, à deux ans, son père, à douze ans, elle fut élevée par un vieil oncle; à dix-sept ans, elle s'inscrivit à l'Ecole d'art dramatique de l'Académie royale de Stockholm.
En 1933, elle fut engagée sous contrat par la Svenskfilmindustri et fit ses débuts à l'écran dans "Munkbrogreven" (1934). Dès son cinquième film, "Pa solsidan" (1936), elle était déjà considérée comme une grande actrice par le public suédois. Dans ce film, comme dans beaucoup d'autres, elle était dirigée par Gustaf Molander, un cinéaste qui contribua à révéler son talent.
En 1939, David O. Selznickn qui avait suivi son ascension, l'appela à Hollywood pour lui confier le rôle principal dans "Intermezzo" ou "La rançon du bonheur", remake du film dont elle avait été la protagoniste dans la version originale suédoise, "Intermezzo". Découvreur avisé et Pygamlion de nombreuses actrices, Selznick était conscient des risques que comportait le lancement d'acteurs étrangers sur le marché américain et il décida, fort judicieusement, de miser sur la fraîcheur et la spontanéité de l'actrice et sur une histoire que le public ne pourrait qu'apprécier.
Selznick avait vu juste et, du jour au lendemain, Ingrid Bergman se trouva projetée au firmament hollywoodien. Après avoir continué avec quelques rôles semblables de femme aussi pure que fidèle, Ingrid Bergman se rebella. Consciente de ses propres capacités, elle refusait de se laisser enfermer dans ce dangereux stéréotype et batailla pour obtenir le rôle d'Ivy, la barmaid de moeurs légères, dans le film que préparait Victor Fleming, "Dr Jekyll et Mister Hyde" (Dr Jekyll and Mister Hyde,1941) avec Spencer Tracy.
Ce renversement total, éloigné de son personnage habituel, donna un tour nouveau à sa carrière. A partir de ce moment , elle se vit proposer des rôles psychologiquement beaucoup plus riches, dont elle put rendre toute l'ambiguïté. Elle fut ainsi, de fascinante manière, l'aventurière aux origines incertaines dans "L'Intrigante de Saratoga" (Saratoga Trunk, 1943 de Sam Wood), l'épouse malheureuse d'un agent nazi qui finit par travailler pour la C.I.A. dans "Les Enchaînés" (Notorious,1946) avec Cary Grant et l'excellent Claude Rains. Elle fut aussi la femme tourmentée noyant son remords dans l'alcool dans "Les Amants du Capricorne" (Under Capricorn,1949) deux films réalisés par Alfred Hitchcock. Ces héroïnes projetées dans un monde de cauchemar, subissant une dégradation physique et morale, étaient d'autant plus fortes qu'elles étaient incarnées par une actrice au visage et au jeu purs et limpides. Cet apparent contre-emploi d'Ingrid Bergman dans le registre "noir" est une des plus belles trouvailles du star system. Hollywood sut égalementn et avec le même bonheur, exploiter son côté, "positif". Elle campa des femmes énergiques, idéalistesn sincères et généreuses dans nombre de films : "Pour qui sonne le glas" (For Whom the Bell Toll,1943) de Sam Wood avec Gary Cooper, "La Maison du Dr Edwards" (Spellbound,1945) de Hitchcock avec Gregory Peck, "Les Cloches de Sainte-Marie" (The Bells of St Mary's,1945) de Leo McCarey avec Bing Crosby et "Jeanne d'Arc" (Joan of Arc,1948) de Victor Fleming.
Mais sans doute est-ce dans "Casablanca" (1942) de Michael Curtiz qu'Ingrid Bergman, femme déchirée entre le devoir et son attirance pour un ancien amour, atteint des sommets d'émotion. Tourné au beau milieu de la Seconde Guerre mondiale, oeuvre mythologique, le film de Curtiz obtint 8 nominations à l'Oscar. Bien qu'elle est travaillé pour des maisons de production très diverses et interprété toutes sortes de personnages, Ingrid Bergman sut conserver, tout au long de sa carrière américaine, une certaine unité de style, grâce, sans doute, à l'influence de l'omniprésent Selznick. Bergman perdit d'ailleurs beaucoup en rompant avec son producteur, en 1946. A l'origine de cette rupture, on trouve un certain Peter Lindstrom, un dentiste suédois qu'Ingrid avait épousé au début de sa carrière. S'il avait su la conseiller très intelligement en Suède, il fut beaucoup moins heureux à Hollywood : "Arc de Triomphe" (Arch of Triumph,1948) de Lewis Milestone fut un fiasco. C'est à cette époque que l'actrice découvrit Roberto Rossellini en allant voir "Rome, ville ouverte". Elle fut si bouleversée qu'elle écrivit sur le champ au réalisateur pour lui proposer d'être son interprète. Entretemps, l'actrice avait retrouvé Hitchcock et Joseph Cotten pour le tournage des "Amants du Capricorne" (Under Capricorn,1949). Aussi fut-il un échec critique et public considérable.
"Stromboli" (Stromboli, terra di Dio,1950) marqua le début de la collaboration entre Ingrid Bergman et Rossellini, une nouvelle orientation dans sa carrière et dans sa façon de jouer. On peut pourtant remarquer une certaine coïncidence entre ses films américains et ses films italiens : l'intense spiritualité d' "Europe 51" (Europa 51,1951) rejoint le mysticisme des "Cloches de Sainte-Marie" et de "Jeanne d'Arc", tandis que l'enfer conjugal de "Stromboli" rappelle les tourments de la femme amoureuse d'un aventurier de "Hantise" (Gaslight,1944), le film de George Cukor avec lequel l'actrice remporta son premier Oscar. Mais ces comparaisons faciles ne doivent pas faire oublier que Rossellini révéla une Bergman insoupçonnée, capable de composer des portraits féminins très subtils.
En 1950, Ingrid Bergman divorça d'avec Lindstrom pour épouser Rossellini, légalisant ainsi une relation qui l'avait desservie auprès du public bien-pensant et avait gravement compromis sa carrière hollywoodienne. En 1957, après une série de films mal accueillis et un autre divorce, la "période rosellinienne" d'Ingrid Bergman prit fin. En décembre 1953, Rossellini avait déjà dirigé Ingrid Bergman et une partie de l'équipe de "Jeanne au bûcher" (Giovanna d'Arco al rogo) pour plusieurs représentations scéniques de l'oeuvre de Claudel et Honegger au théâtre San Carlo de Naples, lieu où fut tourné le film débit 1954. La prestation d'Ingrid Bergman était bien différente de la super-production hollywoodienne de Victor Feling en 1948. C'est le quatrième des six films que Ingrid Bergman tourna sous la direction de Rossellini depuis 1950, année de leur mariage. Un an après "Voyage en Italie" (Viaggio in Italia,1954), ce fut la rupture puis le divorce. Quant au tournage de "La Peur" (Angst,1954) fut très rapide, trente jours en Allemagne. La critique italienne fut très sévère...
Certains journalistes considèrent que ces cinq années italiennes marquèrent une régression dans la carrière de l'actrice. Pour eux, privée des protections du star system, Ingrid Bergman n'était plus, sous la direction de Rossellini, qu'un "personnage" et avait cessé d'être une actrice. Pourtant aujourd'hui avec le recul, on peut affirmer que ces films sont, avec ceux qu'elle tourna sous la direction d'Hitchcock, les plus intéressants de sa carrière.
En 1956, la 20th Century-Fox lui offrit la possibilité de revenir sur la scène internationale avec "Anastasia", l'histoire romancée de la fuite de la fille présumée du tsar en 1918. Le film obtint un très grand succès et valut un deuxième Oscar à Ingrid Bergman. Elle interpréta par la suite quantité de rôles soigneusement étudiés pour conforter son image de star internationale. C'est ainsi qu'elle retrouva Cary Grant dans "Indiscret" (Indiscreet,1958) de Stanley Donen et qu'elle s'imposa en missionnaire dans "L'auberge du sixième bonheur" (The Inn of the Sixth Happiness,1958) réalisé par Mark Robson. En France, Jean Renoir prépare pour elle "Eléna et les hommes" (1956) aux côtés de Jean Marais et Mel Ferrer. Elle ne tourna plus de films jusqu'en 1961, c''est Anatole Litvak qui lui proposa de rejoindre Yves Montand et Anthony Perkins dans "Aimez-vous Brahms ?" (Good-Bye Again,1961), puis enchaîna deux ans après avec "La Rancune" (Der Besuch,1963) de Bernhard Wicki (l'un des réalisateurs du "Jour le plus long") aux côtés de Anthony Quinn et Claude Dauphin.
En 1974, elle remporta un nouvel Oscar comme meilleure actrice de complément avec "Le Crime de l'Orient-Express" (Murder on the Orient Express) de Sidney Lumet. En 1978, dans "Sonate d'automne" (Herbstsonate), elle interpréta le rôle d'une mère égocentrique et obsédée par sa propre carrière de pianiste, le meilleur rôle qu'on lui ai confié depuis sa rupture avec Selznick. L'actrice s'offrit courageusement au regard impitoyable du cinéaste Ingmar Bergman et, avec sa complicité, elle composa un personnage très humain, tout en nuances. Après "Sonate d'automne", la boucle sera bouclée pour moi. Je viens de revenir en Suède après 38 ans passés aux Etats-Unis, en Italie et en France. Je ne détesterais pas que ce film soit le dernier de ma carrière.
Tout en menant sa carrière au cinéma, elle ne néglige a jamais le théâtre et, entre 1940 et 1967, elle interpréta une dizaine de pièces dont "Joan of Lorraine" (1946) pour laquelle on lui décerna le Tony Award, "Tea and Sympathy" (1956), "Hedda Gabler" (1962) et "A Month in the Country" (1965), sous la direction de Sir Michael Redgrave. C'est sans aucun doute grâce à son professionnalisme sévère et à sa force de caractère qu'Ingrid Bergman parvint à surmonter la chute du star system et l'échec personnel de sa "période rossellinienne". le 29 août 1982, le jour de son 67ème anniversaire, Ingrid Bergman meurt à Londres d'un cancer du seins détecté neuf ans plus tôt. Son corps sera incinéré en Suède. Cette année-là, le cinéma avait perdu de nombreux artistes : iingrid Bergman, Romy Schneider, Patrick Dewaere, Henry Fonda...
1935 - 1936
1936
1939
1941 -1942
Casablanca (1942) HD
Hantise - 1944 de George Cukor avec Charles Boyer
Gaslight
1945
1946
Arc de Triomphe - 1948 de Lewis Milestone
Jeanne d'Arc - 1948 de Victor Fleming
1949
1950 - 1951
1953 - 1955
Voyage en Italie - 1954 de Roberto Rossellini
La Peur - 1955 de Roberto Rossellini
1956
1958
1958
Aimez-vous Brahms ? - 1961 de Anatole Litvak
1964
La Rolls-Royce jaune - 1965 de Anthony Asquith
Nina - 1976 de Vincente Minnelli
Sonate d'automne - 1978 de Ingmar Bergman
____________________________Louis Feuillade