CARY GRANT, SUBTIL ET DISTINGUE
CARY GRANT 1904 - 1986
Acteur Américain
De son vrai nom Alexander Archibald Leach, Cary Grant naquit le 18 janvier 1904 à Bristol en Angleterre. Fils unique, son père exerça la profession de tailleur. Elève médiocre et rêveur, mais bricoleur et habile, il confectionna très jeune, un nouveau moyen d'éclairage théâtral. L'invention impressionna l'un des électriciens de son collège qui le présenta au directeur d'un théâtre de Bristol. De cette rencontre naquît chez l'adolescent le désir impérieux de devenir comédien...
Agé de quinze ans, le jeune garçon s'enfuit de chez lui et se fait engager dans la troupe des Pender où il apprend à danser, faire des clowneries et marches avec des échasses. En 1920, il part pour New Yoek, avec une partie de la troupe, afin de participer à un "musical" de Fred Stone, monté à l'hippodrome de New York, alors plus grand théâtre du monde. De retour en Angleterre il fait la connaissance du producteur Arthur Hammerstein qui le ramène à New York comme doublure de Paul Gregory dans "Golden dawn". Sous le nom d'Archie Leach, il obtient ensuite le principal rôle masculin de "Polly with a past", puis on le voit aux côtés de Jeannette Mac Donald dans "Boom Boom", suivront "A Wonderful night", "Street singer" et bien d'autres opérettes, montées à Broadway, où il tient presque toujours le rôle du playboy chantant. On le voit une ultime fois en 1931 dans "Nikki", auprès de l'actrice Fay Wray (la fiancée de King Kong) qui lui conseille d'aller tenter sa chance à Hollywood. Après un bout d'essai, B.P. Schulberg, alors grand patron de la Paramount, lui signe un contrat.
Devenu Cary Grant il chante auprès de Lily Damita dans "La belle nuit" (This is the Night) de Frank Tuttle, son premier film. Très intelligent partenaire de Marlène Dietrich dans "Blonde Vénus" (1932) de Josef von Sternberg, ou de Mae West dans "Lady Lou" (She done him wrong,1933) de Lowell Sherman (Film qui l'impose, après que Mae West se soit rendue compte que ce grand et beau garçon aux yeux noisettes savait aussi parler. Cary Grant excellait alors en jeune premier romantique. Il fut également le partenaire de Gary Cooper dans "Le démon du Sous-Marin" (Devil And The Deep,1932) de Marion Gering.
Son premier grand film devait toutefois être l'admirable "Sylvia Scarlett" (1936) de George Cukor, où son association avec Katharine Hepburn, appelée d'ailleurs à se poursuivre, était très réussie. De ce film, qui n'eut aucun succès commercial, Michel Grisolia a écrit : "Ce joyau où s'effacent les frontières du drame et de la comédie sur les chapeaux de roues lyriques d'un cirque picaresque est un des premiers films à instituer en règle absolue la rupture de ton délibérée. (...) Le spectacle y fait l'amour avec la vie, les masques y caressent le réel des visages en un éclairage surexposé de songe surréaliste.
1937 marque la sortie de deux films très intéressants avec Cary Grant : "Le coupe invisible" (Topper) de Norman Z. Mc Leod avec Constance Bennett dans le rôle féminin et "Cette sacrée vérité" (The Awful Thruth) de Leo McCarey avec Irene Dunne. Dans le premier c'est l'histoire fantaisiste d'un couple de fantômes et de leur chien. "Topper" mêle donc le fantastique et la comédie. Avec George Cukor, Cary Grant tournera encore "Vacances" (Holiday,1938), et surtout le charmant "Indiscrétions" (The Philadelphia Story,1940), deux films également interprétés par la malicieuse Katharine Hepburn.
Elégant comme une chanson de Cole Porter et sec comme un Martini, selon l'amusante expression de l'historien britannique David Thompson, Cary Grant a très vite trouvé en Howard Hawks le cinéaste capable de faire de lui l'acteur idéal de la comédie de moeurs américaine. De "L'Impossible M. Bébé" (Bringing Up Baby,1938) à "La Dame du vendredi" (His Girl Friday,1940), d' "Allez coucher ailleurs" (I Was a Male War Bride,1949) à "Chérie, je me sens rajeunir" (Monkey Business,1952). Cary Grant s'est plié avec une souplesse stupéfiante à la misanthropie de Hawks, incarnant de façon désopilante de véritables concentrés de vanité masculine et de débilité intellectuelle. Howard Hawks était toutefois trop bon cinéaste pour ne pas déceler en Cary Grant un acteur susceptible de faire autre chose que des caricatures, aussi brillantes et pénétrantes fussent-elles. C'est ainsi que Cary Grant fit montre d'une rare densité dramatique dans "Seuls les anges ont des ailes" (Only Angels Have Wings,1939), sans pour autant se départir, bien au contraire, de son expression ironique et flegmatique.
La même observation peut être faite au sujet de Leo McCarey qui, vingt ans après ce prototype de la comédie américaine qu'est "Cette sacrée vérité", allait retrouver Cary Grant et tourner avec lui ainsi que Deborah Kerr, le bouleversant "Elle et Lui" (An Affair to Remember,1957). Comme l'a expliqué Jacques Lourcelles, le contraste entre les moments comiques et les moments d'émotion, qui constitue l'une des originalités de ce chef-d'oeuvre de délicatesse humaine, a pour effet d'accentuer "le relief des personnages" et la vérité de leur périple, de leur évolution morale, dominée ici par le thème de la découverte de la fidélité que fait, à sa plus grande surprise un Don Juan international". ("Anthologie du cinéma".)
Tourné quatre ans après "Les trois lanciers du Bengale", "Gunga Din" (1939) est inspiré d'un poème de Rudyard Kipling. Le réalisateur George Stevens s'entoura de Cary Grant, Victor McLaglen, Douglas Fairbanks Jr. et Joan Fontaine pour mener à bien le tournage de son film d'aventures. Sorti en novembre 1942 aux Etats-Unis, "Lune de miel mouvementée" (Once Upon a Honeymoon) de Leo McCarey (comme toute la production de l'époque), ne fut diffusé en France qu'après la guerre, en avril 1949, puis repris en février 1970.
En 1941, arrive la reconnaissance tant attendue, une première reconnaissance. Force est d'admettre que cette nomination récompense un un rôle qui ne figure pas parmi les plus impérissables, celui d'un père et d'un mari plein d'égards, auprès d'Irene Dunne dans "La chanson du passé" (Penny Serenade,1941) conte sentimental signé par George Stevens. La même année, s'instaure une collaboration fructueuse avec Alfred Hitchcock, qui saura tirer parti de la séduction de l'acteur pour lui confier le rôle d'un play-boy sympathique, époux à la fois aimé et craint de Joan Fontaine dans "Soupçons" (Suspicion,1941). Apparemment, le cinéaste caresse même l'idée d'en faire un meurtrier...
En 1944, Cary Grant campe un personnage tout à fait différent, Ernie Mott, cockney paumé et débrouillard de "Rien qu'un coeur solitaire" (None But The Lonely Heart) écrit et mis en scène par Clifford Odets. Même si l'émotion est présente dans le film, l'acteur ne réussit pas à se mettre dans la peau du personnage comme l'aurait fait un Garfield ou un Brando, mais il remporte malgré tout une seconde nomination.
Cary Grant incarne le capitaine Cassidy dans la première réalisation de Delmer Daves dans "Destination Tokyo" (1944). Cette même année, il est l'interprète principal du film de Frank Capra "Arsenic et vieilles dentelles" (Arsenic and Old Lace), tourné en 1941, le film ne sortira qu'en septembre 1944. Sans cesser de jouer dans toutes sortes de comédies de facture inégale, Cary Grant poursuivit ainsi mais de manière très discrète, une carrière dramatique pratiquement sans défaut. Il devait revenir à Alfred Hitchcock d'utiliser l'ensemble de ses qualités, c'est-à-dire de mettre son humour au service des personnages complexes. Cary Grant était très troublant dans "Soupçons", et plus encore dans "Les Enchaînés" (Notorious,1946), où il mêlait avec art cynisme et sensibilité. Le résultat est sublime, le merveilleux couple qu'il forme à l'écran, prisonnier d'un amour tourmenté, passionné, dont l'existence même se heurte au suspense et au danger de cette période de guerre, est bouleversant. Le film remportera un immense succès. Le cinéaste et l'acteur devaient être à nouveau réunis avec "La Main au collet" (To Catch a Thief,1955) auprès de Grace Kelly, portrait d'un ancien cambrioleur poursuivi et persécuté par son passé, puis avec "La Mort aux trousses" (North by Northwest,1959), dont la drôlerie incomparable n'a d'égale que la profondeur.
Devenu son propre producteur, Cary Grant fut loin d'être malheureux dans le choix de ses metteurs en scène. Jouant avec un entrain inaltéré les séducteurs pris aux pièges de l'amour ou surpris par les malices de l'éternel féminin, il eut d'abord la bonne idée de produire l'une des premières comédies de Blake Edwards, "Opérations Jupons" (Operation Petticoat,1959). Flanqué d'un diabolique Tony Curtis. Cary Grant commandait, en plein Seconde Guerre mondiale, un sous-marin peint en rose et dont une soupape, détruite au cours d'une attaque japonaise, était avantagement remplacée par la gaine-culotte d'une accorte auxiliaire de l'US Navy... A suivre prochainement
1932
1933
Lady Lou - 1933 de Lowell Sherman
Je ne suis pas un ange - 1933 de Wesley Ruggles
Princesse par intérim - 1934 de Marion Gering
1934
1935
Le Couple invisible - 1937 de Norman Mc Leod
L'Or et la Femme - 1937 de Rowland V. Lee
1938
Ciné-Philo -- Hugo Clémot -- Impossible Monsieur Bébé -- Scène 9
Vacances - 1938 de George Cukor
1939
La Dame du vendredi - 1940 de Howard Hawks
La Dame du vendredi ( bande annonce VO )
Mon épouse favorite - 1940 de Garson Kanin
Indiscrétions - 1940 de George Cukor
The Philadelphia Story 1940
Suspicion (1941 film) - Alfred Hitchcock - Cary Grant - Joan Fontaine -
La Dame du vendredi - 1942 de Howard Hawks
1944
ARSENIC ET VIEILLES DENTELLES - Bande annonce
1948
1958
Ingrid Bergman
1959
La Mort aux Trousses - Bande Annonce Officielle (VOST) - Alfred Hitchcock / Cary Grant
Cary Grant Oscar®
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