LILLIAN GISH, UN PROFESSIONNALISME EXCEPTIONNEL
LILLIAN GISH 1896 - 1989
Comédienne Américaine
Lilian de Guiche plus connue sous le nom de Lillian Gish, est née le 14 octobre 1896 à Springfield dans l'Ohio. Afin d'améliorer les revenus familiaux sa mère la fait débuter au théâtre dès l'âge de cinq ans, puis une tournée en compagnie de sa mère actrice et de sa soeur Dorothy Gish. Et c'est la "Little Mary" qui, en 1912, présente la famille Gish à David Wark Griffith. Le même jour, les deux soeurs se retrouvent dans le même film "L'invisible ennemi" (An Unseen Enely,1912) de D.W. Griffith.
Lillian Gish est la parfaite héroïne de Griffith, mélange de pureté virginale et de force morale. Son intelligence aïgue et son talent d'actice transforment la lourde sentimentalité victorienne des héroïnes qu'elle incarne. A peine adolescente, elle interprète l'épouse maltraitée de "Coeur d'Apache" (The Musketeers of Pig Alleyn1912), où elle montrait déjà toute l'étendue de son talent : mais à la Biograph elle venait bien après Mary Pickford et Blanche Sweet. Ce fut après le passage de Griffith à la Reliance (et aux longs métrages) qu'elle put donner tout sa mesure. Elle joua d'abord le rôle principal dans "La Bataille des sexes" (The Battle of Sexes) et "Home, Sweet Home" (tous deux de 1914)), avant d'incarner Elsie Stoneman dans "Naissance d'une Nation" (The Birth of a Nation,1915) de D.W. Griffith. Fille d'un politicien nordiste amoureuse d'un officier sudiste, Elsie est l'axe autour duquel s'ordonne l'ensemble du film. En butte aux éléments déchaînés, à la guerre ou à la révolution, cette petite personne ne faisait confiance qu'à elle-même et restait toujours sur ses gardes. Et le public n'eut d'yeux que pour elle, tout comme les figurants: lorsqu'elle tourna la scène d'hôpital, l'un deux nommé Freeman, la contemplait avec admiration. Griffith nota son expression, demanda à Freeman de la reprendre devant la caméra, et il en résulta un grand moment de cinéma.
Lillian Gish pouvait suggérer l'inquiétude maternelle avec tant de conviction que nombre de ses meilleurs rôles sont centrés sur une relation mère-enfant. Dans "Intolérance" (1916), elle ne joue que dans la scène qui relie tout l'ensemble : elle est la mère qui balance éternellement le berceau de l'histoire. On s'est demandé pourquoi Griffith ne lui a pas confié un rôle plus important; pour cette scène, n'importe quelle figurante aurait fait l'affaire. Mais, comme toujours, Griffith avait raison. Seule Lillian pouvait faire preuve d'une telle intensité expressive.
Suivit toute une série de personnages tous pour Griffith: l'épouse hagarde des "Coeurs du monde" (Hearts of the World,1918), qui erre en robe de mariée sur le champ de bataille; la petite campagnarde touchante et résolue du charmant et très drôle "Le Pauvre Amour" (True Heart Susie, 1919); la toute jeune adolescente, encore du "Lys brisé" (Broken Blossoms,1919), sans doute son meilleur rôle. C'est dans ce film que, contrainte de sourire au milieu des pires malheurs, elle a ce geste miraculeux de soulever le coin de ses lèvres avec ses doigts. Dans le même film, enfermée dans un placard, elle plonge dans l'hystérie, non pas en recourant à des débordements spectaculaires, mais en tournant rapidement sur elle-même, comme un écureuil en cage. C'est là aussi que le directeur de la photographie, Henrik Sartov, responsable de tous ses gros plans depuis "Coeurs du monde" eut recours à la gaze et aux objectifs spéciaux afin de rendre sa grâce plus irréelle encore.
On se souvient d' "A travers l'orage" (Way Down East,1920 pour sa scène dans la débâcle des glaces ou celle où elle baptise son enfant mourant. Edward Wagenknecht écrivit à ce sujet dans "The Movies in the Age of Innocence" : "Je ne vois pas qui aurait pu, comme elle l'a fait, élever ce moment au-dessus de la misère du quotidien, et suggérer aussi magnifiquement l'éternel miracle de la femme qui devient mère."
Le dernier film qu'elle ait tourné avec Griffith fut "Les Deux Orphelines" (Orphans of the Storm,1921), où elle donnait la réplique à sa soeur Dorothy (elles avaient déjà joué ensemble trois ans auparavant dans "Coeurs du monde", déjà sous la direction de Griffith); Lillian avait également Dorothy dans sa propre réalisation, "Remodelling Her Husband" (1920). Face à Dorothy qui incarnait Louise, la jeune aveugle, Lillian jouait le rôle d'Henriette, sa soeur dévouée, où, comme à son habitude, elle créa l'émotion pure par les moyens les plus humbles et les plus simples. Toutes deux jouent avec une complicité et un naturel charmants; l'émotion culmine dans la bouleversante scène où Louise marche dans une rue en chantonnant, tandis qu'Henriette, qui l'a entendue, essaie en vain d'attirer son attention depuis son balcon. Les films "muets" ne l'étaient pas vraiment : le public d'alors était parfaitement capable d'"entendre" Louise chanter, et d'"entendre" Henriette l'appeler.
Puis Griffith laissa partir Lillian, comme il l'avait déjà fait avec ses actrices les plus célèbres; elle pouvait gagner plus ailleurs et il n'eut pas le coeur de la retenir. Elle eut trois triomphes à la MGM. Dans "Au temps de la bohème" (La Bohème,1926) de King Vidor elle était opposée à John Gilbert, la glace contre le feu. Dans son livre de souvenirs, King Vidor raconte qu'elle avait un droit de regard sur le choix du metteur en scène et sur le scénario, et qu'elle insista, comme son contrat l'y autorisait, pour répéter à la manière de Griffith, sur un plateau nu et sans accessoires. Il rapporte aussi comment elle se prépara pour le tournage de la mort de Mimi : "Quand elle arriva sur le plateau ce jour-là, nous vîmes ses yeux enfoncés, ses joues creuses, et remarquâmes que ses lèvres étaient retroussées et desséchées. Qu'avait-elle bien pu faire pour se mettre dans un tel état? Je m'aventurai à lui parler de ses lèvres, et elle me répondit, d'une voix à peine audible, qu'elle avait réussi à priver sa bouche de salive en ne buvant rien depuis trois jours, et en gardant des morceaux de coton entre ses dents et ses gencives, même pendant son sommeil."
Elle fut tout aussi parfaite dans le rôle d'Esther Prynne de "La Lettre rouge" (The Scarlet Letter,1926) de Victor Sjöström, où elle rendait magnifiquement la chaleur, la tendresse et la passion instinctive de la jeune femme qu'elle opposait à la rigueur puritaine de son entourage. Elle donnait à son personnage une complexité qu'on ne trouve pas dans le roman de Hawthorne. Dans "Le Vent" (The Wind,1928) du même réalisateur, proie des rafales incessantes qui balaient la Prairie, elle sombre dans la folie meurtrière. Elle quitta la MGM, victime du phénomène Garbo et d'un public changeant, et revint au théâtre. Toutefois elle retourna à l'occasion au cinéma : l'indomptable protectrice des enfants dans "La Nuit du chasseur" (Night of the Hunter,1955) unique réalisation de l'acteur Charles Laughton, ce film restera un de ses plus beaux personnages.
N'oublions pas qu'elle donna la réplique à Audrey Hepburn, Burt Lancaster et Audie Murphy dans "Le Vent de la plaine" (The Unforgiven,1960) de John Huston, Gregory Peck et Jennifer Jones dans "Duel au Soleil" (Duel in the Sun,1947) de King Vidor, Richard Widmark et Lauren Bacall dans "La Toile d'araignée" (The Cobweb,1955) de Vincente Minnelli et sans oublier "Le Portrait de Jennie" (Portrait of Jennie,1949) de William Dieterle. Dans son ultime tournage, Lillian Gish fut l'aïeule dont la mort jette la pertubation dans le bon déroulement d' "Un Mariage" (A Wedding,1978) de Robert Altman. En plus de ses activités d'actrice au cinéma, théâtre et télévision, Lilliane a publié une autobiographie "The Movies, Mr Griffith and Me" et un magnique album "Dorothy and Lillian Gish" en 1973. Le 15 avril 1971, à Los Angeles, Lillian Gish a reçu l'Oscar qui couronnait "son extraordinaire travail cinématographique. Le 27 février 1993, Lillian Gish meurt presque centenaire, à l'âge de 99 ans à New York.
1912
1913
Naissance d'une Nation - 1915 de David Wark Griffith
1916
Intolerance (1916)
Les Coeurs du Monde - 1918 de David Wark Griffith
A travers l'orage - 1920 de David Wark Griffith
Dans les Laves du Vésuve 1923 de Henry King
La Lettre rouge - 1926 de Victor Sjöström
Lillian Gish - Scarlet Letter (Lettre écarlate)
1927
Le Vent - 1928 de Victor Sjöström
1928 Victor Sjöström - "The wind"
1933
Le Commando frappe à l'aube - 1942 de John Farrow
1948
1955
Robert Mitchum The Night Of The Hunter 1955
1960
Les Baleines du mois d'août -1987 de Lindsay Anderson
The Whales of August - Bette Davis and Lillian Gish
Lillian Gish recoit un Oscar d'Honneur
____________Cary Grant, Louis Jouvet, Viviane Romance, Howard Hawks