FERNAND CHARPIN, LE MÉRIDIONAL
FERNAND CHARPIN 1887 - 1944
Comédien Français
Fernand Charpin est né le 1er juin 1887 à Marseille. Il fait ses premiers pas sur la scène de l'Odéon dans la troupe de Firmin Gémier après la Première Guerre mondiale, jouant très vite les classiques du répertoire. Son nom reste indissociable de ceux de Raimu et de Pagnol.
-Raimu, on le sait, admirait et respectait Charpin. Le long séjour que celui-ci avait été effectué à l'Odéon, sa fréquentatiion des classiques, l'emphase méridionale avec laquelle il abordait les tirades versifiées éblouissaient le créateur de César. Engagé à la Comédie-Française, il sollicitait les conseils de Charpin. C'était en 1944, Charpin souffrait de la maladie de coeur qui allait bientôt l'emporter. Deux ans plus tard, Raimu devait le rejoindre. Ce qui reste dans la mythologie cinématographique Maître Panisse s'intègre avant tout dans cette bande d'acteurs venus du Midi sous l'égide de Pagnol et dont les noms restent inséparables de ceux des personnages de la trilogie : "Marius" (1931) d'Alexander Korda, "Fanny" (1932) de Marc Allégret et "César" (1936) de Marcel Pagnol, ". Charpin, dans le rôle clé de sa carrière, produit la démonstration de ses qualités et de ses défauts : sensibilité à fleur de peau, bonhomie, sens de l'effet à produire sur certaines répliques, émotion qui déborde dans la grandiloquence, monotonie du jeu et du ton -tournant volontiers à la psalmodie - mais de la présence, de la couleur, une certaine force persuasive.
Le cinéma des années trente et quarante a fait largementcelui-ci appel à son ventre rondelet et à sa physionomie expressive. Il est passé de l'épicerie de "Chotard et Cie" (1932) de Jean Renoir, à celle du "Schpountz" (1937), qui embaume le savon de Marseille et la morue salée. Dans "Le train de 8h47" (1934) d'Henri Wulchleger, puis dans "Ignace" (1937) de Pierre Colombier, il s'est glissé dans des culottes de peau, en évitant les poncifs de la caserne. S'il représente le marquis dans "La femme du boulanger" (1938) de Marcel Pagnol, il se garde d'en épaissir les traits, croque sur le vif un gentleman provençal, coiffé d'un panama, poli, disert et aimé des villageois. Lorsqu'il s'environne de feu et de fumée pour camper le brave commandant Bravida de "Tartarin de Tarascon" (1934) réalisé par Raymond Bernard, il trace avec gentillesse la figure du chasseur de casquettes.
Parfois curé de campagne, il joue également avec sa voix chantante les papas affectueux, les amoureux rancis, les policiers stupides et le gendarme débonnaire qui dans "La belle équipe" (1936) de Julien Duvivier devient l'instrument du destin. Avec la même faconde, il se glisse dans la peau des méchants et des tartuffes qui camouflent leur aigreur derrière le sourire de Judas ; c'est l'indicateur enturbanné de "Pépé le Moko" (1936) de Duvivier, qu'on tasse contre un piano mécanique pour lui crever la panse, c'est le louche provincial du "Secret de Mme Clapain" (1943) d'André Berthomieu, c'est encore l'adversaire retors de Jules Berry, qui s'acharne à contrecarrer le dernier voyage du roi des gitans "Le Camion blanc" (1942) de Léo Joannon.
Ces gargouilles et ces mascarons, Charpin les fignole pour en tirer les figures grimaçantes de la lâcheté, de la veulerie, de la trahison à la petite semaine avec son talent d'observateur qui démontre que Raimu était dans le vrai lorsqu'il demandait le conseil de son ami avant d'aborder Molière. Il faut noter ses différentes prestations de qualité dans "La Nuit merveilleuse" (1940) de Jean-Paul Paulin aux côtés de Fernandel et Charles Vanel et "Les Rocquevillard" (1943) de Jean Dréville. Il fut aussi l'un des cinq otages des allemands dans cette France occupée, aux côtés de Noël Roquevert et Pierre Larquey.
Fier de ses origines méridionale, bénéficiant d'une très forte présence, il cultivait avec bonhomie son accent et donnait à sa diction une certaine emphase, apportant parfois une tonalité très personnelle à des textes classiques. Charpin était malade du coeur, Il meurt subitement le 6 novembre 1944, à l'âge de 57 ans, quelques mois après la Libération, après avoir monté par l'escalier les sept étages de son immeuble alors qu'il était cardiaque, l'ascenseur étant à l'arrêt en raison des restrictions d'électricité...
Noir&Blanc Raymond Chirat - Olivier Barrot
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