PAUL MEURISSE, LE GENTLEMAN AU GRAND COEUR
PAUL MEURISSE 1912 - 1979
Comédien Français
Paul Gustave Pierre Meurisse plus connu sous le nom de Paul Meurisse, est un comédien français né le 21 décembre 1912 à Dunkerque. Les origines de sa famille sont flamandes. Le père de Paul travaillant dans une banque, fut engagé par la succursale de Dunkerque en tant que employé principal. A trente-deux ans directeur et fut envoyé en Corse pour y organiser l'agence de Bastia. La famille Meurisse vivait paisiblement, quant au futur comédien, il fut bouleverser en ayant vu au cinéma Rudolph Valentino dans "L'aigle noir", "Le Cheik"...
En octobre 1926, Paul Meurisse demanda à être pensionnaire dans un collège religieux, fit des études de droit à Aix-en Provence où il devint clerc de notaire. Mais la scène l'attira et fut engagé par le directeur du casino d'Ajaccio en tant que chanteur. En septembre 1936, c'est à Paris que l'on retrouva le jeune Paul qui ne cessait de voir de nombreuses pièces de théâtre avec les plus grands noms comédiens français : Elvire Popesco, André Lefaur, Louis Jouvet, Jules Berry, Gaby Morlay...
En 1936, Paul Meurisse participa à un radio-crochet qu'il remporta; puis signa le 11 janvier 1937, son premier contrat. Piqué par le "virus" de la scène contracté lors de tours de chant amateur en Corse et sur la Côte. Au culot, il appella au téléphone la grande chanteuse Damia, qui lui prodigua force encouragements tout comme la comédienne Huguette Duflos chez qui il se paye l'audace d'aller sonner et qui, attendrie, le recommande au directeur de l'ABC. C'est au music-hall que notre jeune homme, force de la prestance du cavalier émérite qu'il fut toujours, fît ses débuts dans "La revue du rire", un spectacle dont Marie Tubas tint la vedette. "Tabarin", "La Lune Rousse", "L'Européen", "L'Amiral et les tournées avec Pierre Dac et son club des loufoques : on est en 1939, et dans la bande figurent aussi Joseph Kosma et Francis Lemarque.
Dans une autre boîte, le Night-Club, où il poussa là encore la chansonnette, il fut avec Edith Piaf l'interprète du "Bel indifférent" de Jean Cocteau. La France entra en guerre en septembre 1939, Paul Meurisse fut démobilisé en 1940, reprit sa carrière, et joua "Trois jeunes filles nues" au théâtre Marigny. Ses débuts au cinéma se fit avec "Ne bougez plus" en 1941 sous la direction de Pierre Caron, puis "Montmartre-sur-Seine" (1941) de Georges Lacombe où il retrouva Edith Piaf en incarnant un metteur en scène de music hall. Il est lançé au point que la Continental allemande le menace du STO (service du travail obligatoire) en Allemagne s'il n'accepte pas de travailler avec François Périer et Martine Carol la tête d'affiche de "La Ferme aux loups" un film policier fantaisiste que tourna Richard Pottier en 1943. Exécution.
Sa carrière cinématographique commença, tournant sans cesse avec le même flegme, en étant ironique parfois inquiétant en interprétant des personnages très divers. "Defense d'aimer" (1941) de Richard Pottier, lui permet de retrouver d'autres chansonniers comme Gabriello et Jean Rigaux. C'est avec le même réalisateur qu'il joua "L'insaisissable Frédéric" (1945). C'est avec Jacques Feyder qu'il doit en 1946 sa première vraie composition dans "Macadam" que le grand cinéaste supervise. Le metteur en scène titulaire, Marcel Blistère, venant de triompher avec "Etoile sans lumière" où Piaf encore a fait sensation. Ici Meurisse joue très plausiblement une gouape de bas étage, et déjà se profile l'un de ses emplois les plus courants, le salaud élégant à la diction décalée, sardonique. Mais qui se souvient que dès cet époque, il est la vedette eponyme de la série des trois thrillers tournés par Jacques Daroy, "Inspecteur Sergil" (1946), "Sergil et le dictateur" (1948), "Sergil chez les filles" (1951). On peut noter aussi sa participation au rôle principal dans "Dernière heure, édition spéciale" (1949) de Maurice de Canonge aux côtés d'Odette Joyeux, Pierre Dac, Marguerite Pierry et Jean Carmet.
Henri-Georges Clouzot lui confie le principal rôle masculin des "Diaboliques" en 1955. Tournage conflictuel, mais Paul Meurisse, tout à fait terrifiant de cynisme et de maîtrise de soi, est devenu un grand premier rôle. Sa voix métallique, son oeil soupçonneux, noir comme des souliers vernis, la démarche un peu raide et surtout sa mise, toujours impeccable, costume sombre et chemise blanche, font merveille. A la scène, il a enthousiasmé ce même été les dix mille spectateurs des arènes d'Arles où il joue "Jules César" de Shakespeare sous la direction de Jean Renoir. A ses côtés, Françoise Christophe, Jean-Pierre Aumont, Jean Parédès, Yves Robert. La saison d'après, le même Renoir le convie à interpréter sa première pièce, "Orvet", écrite pour Leslie Caron, au théâtre de la Renaissance. Le succès est moindre, mais notre homme reçoit alors à ses yeux l'offre la plus improbable : rejoindre la première scène nationale ! Paul Meurisse ne demeurera que deux ans au Français, mais jouera cependant "Coriolan" de Shakespeare et surtout "Domino" de Marcel Achard. On le verra quelques années plus tard recevoir des hommages unanimes quand il illustre le meilleur théâtre de boulevard "L'hurluberlu" (1956), "Le directeur de l'Opéra" (1972) d'Anouilh, "Un sale égoïste" (1970) de Françoise Dorin, et des textes plus ambitieux, "Don Juan aux enfers de Shaw, "L'Escalier" (1969) de Charles Dyer où il interprète avec génie un homosexuel bourreau de son propre compagnon joué non moins prodigieusement par Daniel Ivernel.
Ce sont au cinéma aussi ses années les plus fastes. En 1959, Georges Franju l'oppose à Pierre Brasseur dans "La Tête contre les murs", un film de metteur en scène ou deux conceptions de la médecine mentale s'affrontent. A l'égard des malades, Meurisse en tient pour la compréhension, Brasseur pour la véhémence. Au-delà de l'aspect clinique, ce sont bien deux monstres sacrés qui se mesurent sans tendresse, tous deux soucieux de terrasser l'autre aux yeux du spectateur : jubilatoire ! . Plus convenu mais également efficace, "Marie-Octobre" (1958) de Julien Duvivier, fait émerger Meurisse de ce sombre réglement de compte à huis clos entre anciens résistants. Mais quelle distribution : avec lui, Danielle Darrieux, Lino Ventura, Bernard Blier, Serge Reggiani, Paul Frankeur, Noël Roquevert...
La carrière cinématographique de Meurisse connaît alors un net infléchissement vers le haut, comme si avec la maturité lui venait l'intérêt des meilleurs. "Le Déjeuner sur l'herbe" (1959) peut apparaître comme l'adieu de Renoir à son enfance impréssionniste. L'acteur y incarne un savant dont l'austérité fond au soleil de Provence et aux charmes d'une jolie fille interprétée par Catherine Rouvel.
Les trois monocles de Georges Lautner comme une illustration réussie du clin d'oeil complice et prolongé ("Le Monocle noir" (1961), "L'Oeil du Monocle" (1962), "Le Monocle rit jaune" (1964)) : personne avant Meurisse dans ces parodies savoureuses du film noir n'avait tenu de la sorte un revolver. "Le Deuxième souffle" (1969) demeure l'un des exemples insurpassés du drame policier français. Jean-Pierre Melville prend Meurisse à rebrousse-poil. Lui, le méticuleux, organise la mise en scène et les éclairages, puis fait venir son interprète à qui il raconte le difficile plan séquence qu'il va devoir tourner. "Vous ferez ce que vous voudrez", lui confie-t'il." "Comment ce que je veux?", s'étonne l'acteur. "Faites ce qui vous semble logique" : et ce sera cette scène prodigieuse où Meurisse, littéralement habité, prend la parole dans le restaurant après la fusillade. Ils se retrouveront en 1969 dans "L'Armée des ombres" (d'après le roman de Joseph Kessel) aux côtés de Lino Ventura, Simone Signoret et Jean-Pierre Cassel.
Cette abondante carrière cinématographique n'a pas empêché Meurisse de remporter aussi de très beaux succès à la scène. Il fut pendant deux ans, de 1956 à 1958, pensionnaire puis sociétaire de la Comédie française. Au cinéma, on le verra en soutane dans "Doucement les basses" (1971) de Jacques Deray, où en professeur de séduction dans "L'éducation amoureuse de Valentin" (1974) de Jean L'Hôte avec Bernard Menez jouant le fils maladroit... Sa dernière apparition au théâtre aura été une reprise de "Mon père avait raison" de Guitry. Ce croyant convaincu rend l'âme peu après avoir achevé la rédaction de ses souvenirs, parus chez Robert Laffont (Les éperons de la liberté) la veille de sa disparition. Il décéda d'une crise d'asthme, alors qu'il jouait au théâtre ce 19 janvier 1979 . Paul Meurisse
Avec le concours de Olivier Barrot et Raymond Chirat "Noir&Blanc" aux éditions Flammarion
1940
1941 1942
1943
1946
1947
1948
1952
1954
1955
1957
1958
1959
1960
1962
1963
1965
1966
1970
*Affiches-cine - Cinemafrançais - Cinetom
____________________________________