SOPHIA LOREN,UNE CARRIERE CINEMATOGRAPHIQUE INTERNATIONALE EXEMPLAIRE
Actrice Italienne
Conte de fées moderne que l'ascension de l'actrice italienne Sophia Loren au faite du vedettariat international. Il lui aura fallu du temps et de la ténacité pour gravir les échelons qui mènent à la gloire. Elle a abordé le cinéma par la voie des concours de beauté, filière que suivirent nombre d'actrices italiennes de sa génération.
Sophia Loren, de son vrai nom Sofia Scicolone est née à l'hôpital Santa Margherita de Rome le 24 décembre 1934, fille de Riccardo Scicolone et de Romilda Villani, qui avait remporté un concours organisé par la Metro Goldwyn Mayer pour trouver un sosie de Greta Garbo. Son enfance et son adolescence se situèrent pendant sa période à Pozzuoli, le village natal de sa mère, sont marquées par les privations et les difficultés des années de guerre. D'après ses souvenirs, elle était alors "très maigre, avec une bouche trop grande et trop large pour un visage émacié et deux yeux perpétuellement écarquillés". Après avoir décroché le titre de "Princesse de la mer" dans un concours de beauté à Naples en 1949, elle part tenter sa chance à Rome dans les studios de Cinecittà, en compagnie de sa mère. C'est ainsi qu'on peut l'apercevoir parmi la multitude de figurants de "Quo Vadis" (1951) de Mervyn LeRoy.
Les difficultés économiques contraignent la jeune débutante à se tourner vers ce qui était alors le "cinéma de pauvre" : le roman-photo. On la voit pour la première fois dans les pages de "Sogno" en novembre 1950. Elle s'appelle alors Sofia Lazzaro, nom sous lequel elle débutera véritablement à l'écran. En 1951, elle participe à Salso-maggiore au concours de Miss Italie; le titre convoité lui échappe, mais elle remporte celui de Miss Elégance. Après avoir longtemps piétiné, Sophia se fait remarquer dans "La Traite des blanches" (La Tratta delle bianche,1952) de Luigi Comencini, où elle incarne une fille-mère poussée par la misère sur le chemin de la perdition, petit rôle qui sera sa grande chance.
On la retrouve ensuite, sous le nom de Sophia Loren, que lui a choisi le producteur Goffredo Lombardo, au générique de "Sous les mers d'Afriques" (Africa sotto i mari,1953) de Giovanni Riccardi. Sur le plateau d' "Aïda" (1953), un film de Clemente Fracassi, elle rencontre le producteur Carlo Ponti, qui lui fait signer un contrat de sept ans. Sophia Loren joue dès lors dans de nombreux films : "Quelques pas dans la vie" (Tempi nostri,1953) d'Alessandro Blasetti, "Deux nuits avec Cléopâtre" (Due notti con Cleopatra,1953) et "Misère et Noblesse" (Miseria e nobiltà,1954) de Mario Mattoli, "Les Gaietés de la correctionnelle" (Un giono in pretura,1954) de Steno, "Attila fléau de Dieu" (Attila,1954) de Pietro Francisci, mais elle s'affirme surtout avec son personnage de fille du peuple, exubérante effrontée, avec le soubrette du "Carrousel fantastique" (Carosello napoletano,1954) d'Ettore Giannini, et la "pizzaiola" de "L'Or de Naples" 'L'oro di Napoli,1954), son premier grand succès personnel. Sa carrière cinématographique prend un grand départ. Quatre années ont passé depuis son arrivée à Rome, la petite figurante d' "Anna" (1951) d'Alberto Lattuada devient l'une des grandes vedettes italiennes.
On devine les ambitions de l'actrice dans "La Fille du fleuve" (La donna del fiume,1955) de Mario Soldati, taillé sur mesure pour mettre en valeur la triomphante plastique de Sophia mais aussi, si limitées soient-elles encore à l'époque, ses possibilités dramatiques. Conçu par le producteur Carlo Ponti pour Sophia Loren, le film fut un des plus grands succès populaires du cinéma italien des années 50 et contribua à lancer l'actrice sur un plan international. La même année, la fille sympathique du Trastevere dans "Dommage que tu sois une canaille" (Peccato che sia una canaglia) de Alessandro Blasetti. C'est la première fois que le cinéaste réunit dans un même film : Sophia Loren et Marcello Mastroianni à leurs côtés Vittorio De Sica. Le succès du film transformant les récentes consécrations respectives des deux acteurs en popularité. Il y eut aussi la jeune épouse provocante de "Par-dessus les moulins" (La Bella mugnaia,1955) de Mario Camerini présente d'autres facettes du même personnage : la fille du peuple aguichante et sans complexes, le rôle le plus conforme à la nature profonde de la comédienne. En 1955, Sophia Loren reprend le personnage créé par Gina Lollobrigida dans "Pain, Amour, Ainsi soit'il" (Pane, Amore e...) de Dino Risi
Sophia Loren fut souvent la partenaire de Vittorio De Sica, cela débuta avec "Dommage que tu sois une canaille" à "C'est arrivé à Naples" (It started in Naples,1960) de Melville Shavelson avec Clark Gable dans le rôle principal. De Sica la dirigea dans "L'Or de Naples" (L'Oro di Napoli,1954), "La Ciociara" (1960), "Hier, Aujourd'hui et Demain" (Ieri, Oggi, e domani,1963) ,"Mariage à l'italienne" (Matrimonio all'italiana,1964)...
Sophia Loren se montra moins convaincante dans "La chance d'être femme" (Fortuna di essere donna,1955) de Blasetti. En 1956 commence pour l'actrice l'aventure américaine. Les débuts n'ont rien d'exaltant. Stanley Kramer, Jean Negulesco, Henry Hathaway, les trois réalisateurs américains qui la dirigent dans "Orgueil et Passion" (The Pride and The Passion,1957), "Ombres sous la mer" (Boys on a Dolphin,1957), "La Cité disparue" (Legend of the Lost,1957), tournées respectivement en Espagne, en Grèce et en Lybie, avec la participation d'acteurs comme Cary Grant, Frank Sinatra, Alan Ladd, John Wayne, semblent vouloir n'exploiter que ses charmes physiques. Après cela, Sophia Loren est condamnée à faire un détour par Hollywood. Elle y arrive effectivement en 1957 pour signer un contrat avec la Paramount. On pourra citer "Désirs sous les Ormes" (Desire under the Elms,1958) de Delbert Mann à "La Péniche du bonheur" (Houseboat,1958) de Melville Shavelson, de "La Diablesse en collant rose" (Heller in Ping Tights,1960) de George Cukor (avec Anthony Quinn) à "Une espèce de garce" (That Kind of Woman,1959) de Sidney Lumet, de "Scandale à la cour" (A Breath of Scandal,1960) de Michael Curtiz à "C'est arrivé à Naples" (It started in Naples,1960) de Melville Shavelson , sans oublier "La Clé" (The Key,1958) de Carol Reed et "L'Orchidée noire" (Black Orchid,1958) de Martin Ritt, film qui lui valut au Festival de Venise le prix de la meilleure interprétation féminine. Mais son image d'actrice, nettement plus sophistiquée, sort grandie sur le plan professionnel de cette première aventure américaine.
A son retour en Italie, Sophia Loren va donner le meilleur d'elle-même. Ce sera sous la direction de Vittorio De Sica, son réalisateur fétiche depuis "L'Or de Naples", avec "La Ciociara" (1960) la confirmation extraordinaire de ses qualités dramatiques et de ses capacités expressives. Au Festival de Cannes, le film reçoit trois récompenses dont le prix du meilleur premier rôle. Il consacre définitivement l'actrice comme star d'envergure internationale. Elle obtint pour sa performance l'Oscar de la meilleure actrice, le premier qui ait été donné à un comédien étranger pour sa prestation dans un film ne parlant pas anglais.. Elle reçut pas moins de vingt distinctions...
1952
1954
1955
La Chance d'être une femme (1955) d'Alessandro Blasetti
1957
1958
1959
1960
1961
Après avoir été la partenaire de Peter Sellers dans "Les Dessous de la millionnaire" (The Millionnairess,1960) sous la direction d'Anthony Asquith; Sophia Loren joua dans deux péplums dirigés par Anthony Mann "Le Cid" (El Cid,1961) avec Charlton Heston et "La Chute de l'Empire romain" (The Fall Of The Roman Empire,1963) aux côtés de Stephen Boyd, Alec Guinness et James Mason. Sophia fut à nouveau réclamé par Vittorio De Sica afin de participer au film à sketches "Boccace 70" (Boccacio 70,1962). Elle renouvella avec "Le Voyage" (Il Viaggio,1973), en passant par "Les Séquestrés d'Altona" (I Sequestrati di altona,1962), tiré d'après la pièce de Jean-Paul Sartre avec Maximilien Schell, Fredric March et Robert Wagner. En 1967, elle joue au côté d'Omar Sharif dans "La Belle et le Cavalier" (C'era une volta) de Francesco Rosi.
Sophia Loren aura eu pour partenaire masculin, les principaux acteurs américains, européens du Septième Art : Vittorio De Sica, Marcello Mastroianni, Charles Boyer, Alan Ladd, Cary Grant, John Wayne, Anthony Perkins, Burl Ives, William Holden, Anthony Quinn, Maurice Chevalier, Clark Gable, Peter Sellers, Charlton Heston, Robert Hossein, Fredric March, Maximilian Schell, Alec Guinness, Stephen Boyd, George Peppard, Paul Newman, David Niven, Gregory Peck, Charles Chaplin, Marlon Brando, Omar Shariff, Vittorio Gassman, Peter O'Toole, Richard Burton, Jean Gabin, James Coburn, Roger Hanin, Philippe Noiret...Sur le plan purement professionnel, Sophia Loren ne semble cependant pas être à la hauteur de son prestigieux statut de superstar internationale. Nombreux sont pourtant les réalisateurs qui lui offrent des rôles propices à l'expression de son talent, mais le résultat n'est pas toujours convaincant.... Tel est bien le cas de "La Comtesse de Hong Kong" ( A Countess from Hong Kong,1967), le pathétique adieu de Chaplin au cinéma, dans lequel Sophia Loren semble mal à l'aise (notamment dans son imitation très insuffisante, de Charlot).
Poursuivant une carrière internationale marquée par les cachets élevés et les campagnes publicitaires, la comédienne est devenue une des cibles des feuilles à sensation du monde entier, notamment en raison de sa liaison avec Carlo Ponti, qu'elle épouse finalement le 9 avril 1966, après des relations orageuses et compliquées, et dont elle a eu deux fils : Carlo Junior né en 1968 et Edoardo né en 1973.
C'est Vittorio De Sica qui devait tourner le film "Une bonne planque" (Bianco, Rosso E...,1972), c'est Alberto Lattuada qui eu le privilège de retrouver Sophia Loren, à laquelle, il avait offert un petit rôle à ses débuts, vingt deux ans plus tôt, dans "Le Moulin du Pô (1949). Ce sont Adriano Celentano et Fernando Rey qui lui donnèrent la réplique. Ses interprétations des années 70 seront celles avec Ettore Scola, le film le plus important de cette période reste "Une Journée particulière" (Una Gionata particulare,1977) avec Marcello Mastroianni son complice avec qui, elle a tourné pour la huitième fois. Elle campe avec une sensibilité digne d'une grande comédienne une "mamma" affligée d'une marmaille pléthorique, durant la période mussolinienne. Tous témoignent cependant du grand métier de l'actrice même si elle cache désormais derrière un masque hollywoodien sa spontanéité d'autrefois. On retiendra, entre autres, celles de l'ex-chanteuse napolitaine de "La femme du prêtre" (La moglie del prete,1970) de Dino Risi, l'italienne à New York de "Mortadella" (La mortadella,1971) du regrétté Mario Monicelli, disparu tragiquement, la passagère effrayée du "Pont de Cassandra" (The Cassandra Crossing,1976) de George Pan Cosmatos (film catastrophe), la veuve déchaînée du film de Lina Wertmüller "D'Amour et de sang" (Fatto di sangue fra due uomini per causa di una vedova, si sospettano moventi politici,1978) de Titina Paterno, la dure Adèle Tasca de "L'arme au poing" (Firepower,1979) de Michael Winner. A noter aussi sa participation au rôle principal de "La Cible étoilée" (Brass Target,1978) de John Hough aux côtés de John Cassavetes, Geroge Kennedy, Robert Vaughn, Patrick McGoohan et Max Von Sydow.
En 1974, André Cayatte réunit pour la première fois Jean Gabin et Sophia Loren dans "Verdict", s'inspirant du fait réel d'un magistrat soudainement compréhensif à l'égard d'un truand, suite à un chantage sur la vie de sa fille. En 1980, elle interprète pour la télévision américaine "Sophia Loren" : Her Own Story" une biographie romancée. L'année suivante, elle publie en France son autobiographie. En juillet 1982, après être rentrée en Italie afin de purger, par un bref séjour à la prison de Caserta qui fit grand bruit, une peine à la suite de fraude fiscale, elle quitte à la surprise générale le plateau de "Miracoli e peccati d'allegria di Tiesta de Agreste" un film de Lina Wertmüller. Un an plus tard, elle n'a toujours pas reparu à l'écran.
En 1994, Sophia Loren accepte de figurer dans le générique du film de Robert Altman "Pret à Porter" avec Marcelle Mastroianni. Elle fut aussi la "mamma" de Roger Hanin dans le film qu'il réalisa en 1997 : "Soleil" au côté de Philippe Noiret. Sophia Loren fut pendant plusieurs décennies, l'une des plus grandes actrices italiennes.
1961
1963
1964
1966
1967
Sophia Loren - Charles Chaplin - Marlon Brando
1970
1973
1977
1994
1996
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