LOUIS DE FUNES, LE GÉNIE BURLESQUE
Acteur Français
Il est en chair et en os ce qu'est le canard Donald en dessins. Râleur, il s'attaque à tout et à tous, du geste et de la voix. Il est le porte-parole des humiliés mais, quand il feint de se soumettre, c'est pour mieux flanquer un coup bas. En douce. S'il devient le chef il peut être le plus odieux des tyrans. A ce titre son personnage du "gendarme" qu'il a joué six fois en 18 ans est exemplaire : intraitable avec ses sous-ordres, il est servile avec ses supérieurs...en montrant bien qu'il aura sa revanche.
Il peut faire le joli coeur mais avec ironie. "Tout est dans l'oeil" dit-il, avec, dans le regard, toute la malice du monde. Ce personnage animé des plus joyeux desseins, ce comique ravageur dont les répliques et les mimiques ont amusé des centaines de millions de spectateurs est aussi un grand acteur. Jean Anouilh dont il fut l'interprète a écrit : "Louis de Funès a le génie instinctif de retrouver le très ancien syle de jeu qui remonte aux Atellanes, passe par la Commedia dell'Arte, les tréteaux du Pont Neuf, pour aboutir à l'Illustre Théâtre et, j'en suis persuadé, à la façon de jouer de Molière. En ajoutant à ce palmarès Chaplin, Laurel et Hardy et quelques autres, on à la vraie mesure de cet acteur phénomène à la puissance comique stupéfiante.
Toujours à la recherche d'idées nouvelles, qu'il note, de scénarios inédits, qu'il réclame, de Funès a rarement trouvé des cinéastes capables d'utiliser pleinement son talent. A 68 ans et après plus de 150 films, il est encore une richesse insuffisamment exploitée. Robert Chazal
Avec ses tics et ses colères de vieux gamin incorrigible qui lui valurent le surnom mérité de "L'homme aux quarantes visages -minute", Louis de Funès est le plus populaire des comiques français. Il lui aura pourtant fallu près de vingt ans pour imposer son personnage.
Quoi dire de plus après la formule écrite par Robert Chazal sur Louis de Funès!. On peut citer quelques uns de ses plus grands succès cinématographiques : "Le Corniaud","La Grande Vadrouille", "La Folie des grandeurs" et "Les Aventures de Rabbi Jacob" tous signés par Gérard Oury. 1964 est sûrement l'année la plus importante, dans la carrière du comique, car trois de ses plus grands succès finissent par apporter la gloire et un succès fulgurant. (Le Gendarme de Saint-Tropez, "Fantomas" et bien entendu "Le Corniaud", premier des grands succès des films d'Oury.
Louis de Funès naquit à Courbevoie le 31 juillet 1914, de son véritable nom Louis Germain David de Funès de Galarza. Il est le fils d'un ancien avocat de Séville devenu diamanaire. Enfant son goût pour le dessin, le piano et les pitreries lui font quitter l'école assez tôt. Il tente vainement d'apprendre un métier, il travaille successivement chez un fourreur, un carrossier, un dessinateur industriel mais ses facéties permanentes découragent ses multiples employeurs. En 1939, jugé inapte à faire la guerre pour raison de santé (en fait une erreur de dossier), il se rerouve grâce à une petite annonce pianiste dans une boîte à Pigalle. C'est alors qu'il décide de devenir comédien et s'inscrit au Cours Simon où il fit son apprentissage de comédien .
De Funès qui pense avoir le physique idéal pour jouer les jeunes premiers romantiques et ténébreux est vite dissuadé par le maître du lieu. Il retourne à son piano, mais ce bref passage au cours Simon lui aura permis de se lier avec le comédien Daniel Gélin qui comptera bientôt dans sa carrière. C'est aussi en cette période qu'il fait la connaissance de Jeanne Barthélémy de Maupassant, qu'il épouse en secondes noces e 1943 et dont il aura un fils.
Le hasard va ramener De Funès vers la comédie : "Un harsard prodigieux. Je descendais d'un wagon de première classe dans le métro, et Daniel Gélin (mon copain de chez Simon) montait dans un wagon de seconde classe. La porte allait se refermer,lorsqu'il me crie : "Téléphone-moi demain. J'ai un petit rôle pour toi". C'était pour "L'Amant de paille" (1945) de Marc-Gilbert Sauvageon. Je reprenais le rôle qu'avait créé Bernard Blier." C'est Gélin, toujours qui le fait débuter au cinéma dans "LA TENTATION DE BARBIZON" (1945) de Jean Stelli, où son rôle se résume...à ouvrir une porte. Les personnages principaux sont François Périer, Simone Renant et Pierre Larquey.
Jusqu'en 1954, il apparaîtra dans une cinquantaine de films mais dans des rôles si insignifiants qu'un jour Françoise Rosay, qui tournait avec lui "LA REINE MARGOT" (1954) de Jean Dréville, s'insurgea : "On me voit tout le temps de face. C'est son tour de temps en temps." De Funès, réduit pendant des années à n'être qu'un "dos", on juge ainsi mieux de la longue marche qu'il aura dû accomplir avant de devenir la coqueluche du public français. En attendant, pour survivre, De Funès réduit se livre à toutes sortes de travaux : "A l'époque, je doublais le matin (entre autres la voix de Toto le comique italien), je tournais l'après-midi, et j'étais le soir au théâtre."
De Funès était conscient des difficultés pour accéder au vedettariat Depuis quelques mois Paris est libéré et Louis de Funès poursuit son activité cinématographique en acceptant différents petits rôles comme dans le film de Jacques Becker "Antoine et Antoinette" (1947) aux côtés de Roger Pigaut et Claire Maffei, puis "Du Guesclin" (1948) interprété par Fernand Gravey sous la direction de Bernard de La Tour ou l'on peut souligner la prestation de Gérard Oury dans le rôle du Dauphin et de sa première rencontre au cinéma avec Louis de Funès.
1949 marque sa première collaboration avec le cinéaste André Hunebelle dans "Millionnaires d'un jour", cette même année, Raymond Bernard l'engage dans "Le Jugement de Dieu" avec Jean-Claude Pascal dans le rôle principal. De Funès retrouve à nouveau André Hunebelle pour le tournage de "Mission à Tanger" où Raymond Rouleau se partage l'affiche avec Gaby Sylvia et Mila Parély.
En 1949, De Funès travaille de moins en moins comme pianiste, les petits cachets qu'il cumule grâce au cinéma lui permet de faire vivre toute sa petite famille. Du Cabaret "La Tomate (aux côtés de Jean Carmet, en 1953 il y interpretera "Le Journal de Jules Renard) au Théâtre Michel en passant par le Pot-au-Feu (où, en 1951 il donna la réplique à Micheline Dax e Jean Carmet dans une série de sketches plus ou moins drôles. Ce sont ces années là que donneront naissance à une nouvelle générations de comédiens dont font partie Jacqueline Maillan, Michel Serrault, Jean Carmet, Micheline Dax, Jean-Marc Thibault, Marthe Mercadier et tant d'autres.
1950, De Funès rencontre et joue avec l'immense acteur qu'était Fernandel dans "Boniface somnambule" qu'il retrouvera en 1954 sous la direction d'Henri Verneuil dans "Le Mouton à cinq pattes". Accumuler les prestations ne lui suffit plus, ce qu'il souhaite maintenant c'est un rôle, un véritable rôle même si celui-ci doit être épisodique mais valorisant. Il enchaîne avec "Le Roi du blablabla" (1950) de Maurice Labro, "L'Amant de paille" (1950) de Gilles Grangier, "La Rue sans loi" (1950) de Marcel Gibaud avec André Gabriello et Paul Demange, "La Rose rouge" (1950) de Marcel Pagliero, "Sans laisser d'adresse" (1950) de Jean-Paul le Chanois avec Bernard Blier, "Knock" (1950) de Guy Lefranc avec Louis Jouvet et Jean Brochard.
De Funès completa l'affiche du film de Sacha Guitry "LA POISON" (1950) où Michel Simon donna une dimension exceptionnelle dans son rôle d'époux humilié et désabusé. Après cette escapade dans l'univers de Guitry, De Funès enchaîne avec "Monsieur Leguignon, Lampiste" (1952) réalisé par Maurice Labro avec Yves Deniaud, Jane Marken et Pierre Larquey. De Funès énonça "Toutes mes apparitions dans les films, j'essayais de les marquer le plus possible. ce qui fait que, même dans ces petits rôles, on me voyait, on se souvenait de moi..."Résultat? Un producteur a dit un jour : "Celui-là, il a une binette, je vais en faire une vedette".
De 1951 à 1954, on peut citer sa prestation dans "Agence Matrimoniale" (1951) de Jean-Paul Le Chanois avec Bernard Blier et Julien Carette, "Monsieur Taxi" (1952) d'André Hunebelle avec Michel Simon et Jane Marken, "La P... Respectueuse" (1952) de Charles Brabant et Marcello Pagliero, "Je l'ai été trois fois" (1952) à nouveau sous la direction de Sacha Guitry avec Bernard Blier et Pauline Carton, "Les Dents longues" (1952) réalisé par son ami Daniel gélin, "Légère et court vêtue"(1952) de Jean Laviron, "La Tournée des Grands-Ducs" (1952) de Norbert Carbonnaux. 1953 -
De 1951 à 1954 inclus, Louis de Funès apparait dans une cinquantaine de films, qui permirent de lui façonner sa personnalité comique ainsi qu'un perfectionnisme propre à lui. Les films qu'il a tourné, pendant cette période sont bien différents les uns des autres, mais ont tous un point commun, la drôlerie de De Funès, le temps de quelques minutes, mais qui ont marqué les esprits : "Légère et courte vêtue" (1952) avec Jean Parédès, "Les Loups chassent la nuit" (1952) de Bernard Borderie (bien avant la période des Angélique qu'il a réalisé) avec Jean-Pierre Aumont et Fernand Ledoux, "Au Diable la vertu" (1952) de Jean Laviron..."La Vie d'un honnête homme" (1952) de Sacha Guitry avec Michel Simon. De 1952 à 1955 environ, De Funès tourne dans quelques courts métrages publicitaires, ce qui lui permit d'arrondir les fins de mois avec les différents tournages de longs métrages...
Avec "Dortoir des Grandes" (1953 , Louis de Funès interprète un photographe dans "un drame policier enlevé et plutôt gai, réalisé avec un sens parfait du rythme et l'ar de filer le récit" -(Raymond Chirat, in "Henri Decoin", Anthologie du Cinéma, Tome VIII) . Au côté de De Funès, Jean Marais qui deviendra son partenaire dix ans plus tard....dans la trilogie du célèbre "Fantomas"
Louis de Funès continue de jouer du piano la nuit, pendant qu'il retrouve Michel Simon, le jour, le temps d'un tournage, dans "L'Etrange désir de Monsieur Bard" (1954), qui fut considéré par le comédien lui-même comme son dernier grand rôle au cinéma avec "Le viel homme et l'enfant" de Claude Berri.
Sur un scénario et des dialogues de Norbert Carbonnaux (cinéaste de Candide ou l'optimisme du XXème siècle ou Louis de Funès participa, on put constater que le nom de De Funès apparaissait de plus en plus sur les affiches de ses film. Il donna la réplique à Raymon Bussières, Annette Poivre, sa compagne, Noel Roquevert et Paulette Dubost (bientôt centenaire) dans "MON FRANGIN DU SENEGAL" (1953)
Avant la venue du film de Robert Dhéry "Ah! les belles bacchantes" qui donnera un élan à la carrière de De Funès, il enchaîne le tournage de films tels que "Le Blé en herbe" (1953) de Claude Autant-Lara avec Edwige Feuillère, "Mam'zelle Nitouche" (1953) d'Yves Allégret avec Fernandel et Pier Angeli, "Tourments" (1953) de Jacques Daniel-Norman avec Tino Rossi et Blanchette Brunoy, "Faites moi confiance" (1953) du cinéaste Gilles Grangier avec Gabriello, Pierre Larquey, Jeanne Fusier- Gir, "Les Corsaires du Bois de Boulogne" (1953) de Norbert Carbonnaux avec Raymond Bussières et Annette Poivre.
Louis de Funès est l'un des acteurs principaux du premier long métrage d'Yves Robert "Les Hommes ne pensent qu'a çà" (1953) aux côtés de Jacques Morel, Yves Robert, Jacques Fabbri et Rosy Varte. On retrouve De Funès dans "Les Impures" (1954) de Pierre Chevalier avec Micheline Presle et Raymond Pellegrin qui déclara : "Serais-je assez cabotin pour dire que c'est Louis de Funès qui, en 1953, a travaillé avec moi. Et non le contraire. A l'époque, il n'était plus, je crois pianiste de bar. Il commençait à tourner gentiment. Ici et là, il faisait de petites choses. Je l'avais remarqué lorsqu'il jouait chez Dhéry, à l'Amiral aussi. C'était un personnage irrésistible et drôlatique.
De Funès poursuit sa carrière cinématographique avec un "Huit-Clos" signé par Jacqueline Audry avec Arletty et Franck Villard. Puis ce fut "Les Pépées font la loi" (1954) de Raoul André, "Les Intrigantes" (1954) du cinéaste Henry Decoin avec Raymond Rouleau, Jeanne Moreau et Raymond Pellegrin, puis à nouveau Guitry avec "Napoléon" (1953) et enfin une rencontre qui sera décisive bien des années plus tard, celle de Bourvil et Louis de Funès. Certes ce ne fut pas "POISSON D'AVRIL" (1954) réalisé par Gilles Grangier qui déclencha dans l'oeil de Gérard Oury, l'envie du tandem De Funès-Bourvil, mais d'ores et déjà des signes avant-coureurs de talent de comédie burlesque de Funès sont apparents....
Le cinéaste Henri Verneuil a dirigé une seule fois De Funès et ce fut dans "LE MOUTON A CINQ PATTES" (1954), il expliqua dans quelles circonstances le rôle lui a été attribué. "J'ai donné à cet acteur déjà hors du commun un petit second rôle. A l'époque, De Funès n'était plus un figurant, il n'était pas non plus un second rôle total. Il oscillait entre la panouille et le petit emploi. A propos de ce "Mouton à cinq pattes", je me souviens de cette anedocte qui en dit long non seulement sur le métier d'acteur mais aussi sur Louis débutant.
Le scénario campait plusieurs personnages don Fernandel (qui aimait beaucoup De Funès) et qui interprétait les cinq rôles de 5 hommes nés quintuplés. L'un était commandan sur un vieux raffiot, l'autre était laveur et pauvre, le troisième était esthéticien dans un grand salon....bref chacun avait suivi une trajectoire différente de celle de ses quatre autre frères. Louis de Funès, dans un des sketches du film apparaissait en croque-mort. A peine fut-il engagé que je compris sa nature. Il vint tout d'abord me remercier de l'avoir retenu dans la distribution. Courtois, il me dit combien il était content....Nous convînmes d'un costume de circonstance : un costume noir, une chemise blanche, etc. Le lendemain, il vin me présenter son costume. Je dis "ok". Le surlendemain, il vint me suggérer : "Est-ce qu'une moustache en brosse conviendrait?". je répondis "parfait", étonné par le perfectionnisme de cet acteur en herbe. Trois jours après, il réapparut sur le plateau alors qu'il n'était pas encore attendu : "Comment trouvez vous mes chaussures ?" et il me demanda encore : "J'ai trouvé un tic qui me semble intéressant. Je l'ai vu sur quelqu'un. Ne puis-je pas pour mon rôle, le faire à la fin de chaque phrase?. Comme ça....Et il me montra. Il s'agissait d'un pincement entre la lévre inférieure et la lèvre extérieure qui ressemblait à une moue...Quelle conscience professionnelle possédait ce débutant !.
Le jour du tournage, nous répétons, Louis lance sa phrase et fait son tic. Fernandel répond et...refait le tic, enlevant l'effet à De Funès. Louis blémit. Je prends Fernandel à part : "Fernand, laisse-lui l'effet, c'est un acteur débutant...". "O.k." me répond Fernandel. On recommence et ce dernier reprend le tic : "J'ai déjà pris l'habitude".
1954, De Funès s'engage dans trois autres tournages, l'un réalise par Jean Dréville "La Reine Margot" avec Jeanne Moreau et Françoise Rosay qui ne comprenait pas la raison pour laquelle, la caméra était toujours dirigé vers les trois acteurs principaux et pas assez sur De Funès, qu'elle ne considérait plus comme un simple figurant. Les deux autres films sont "Scénes de ménage" d'André Berthomieu avec Bernard Blier et Sophie Desmarets et "Escalier de service" de Carlo Rim avec Fernand Sardou.
Henri Verneuil se souvenait du tournage du film "LE MOUTON A CINQ PATTES" (1954) : "Dans (Le mouton à cinq pattes), seul film que j'ai réalisé où Louis de Funès apparaissait, j'ai donné à cet acteur déjà hors du commun un petit second rôle. A l'époque, De Funès n'était plus un figurant, il n'était pas non plus un second rôle total. Il oscillait entre la panouille et le petit emploi. A propos de ce (Mouton à cinq pattes), je me souviens de cette andedocte qui en dit long non seulement sur le métier mais aussi sur Louis débutant.
Le scénario campait plusieurs personnages dont Fernandel (qui aimait beaucoup De Funès) et qui interprétait les 5 rôles de 5 hommes nés quintuplés. L'un était commandant sur un vieux raffio, l'autre était laveur et pauvre, le troisième était esthéticien dans un grand salon...Bref chacun avait suivi une trajectoire différente de celle de ses 4 frères. Le père, enfin était également joué par Fernandel...
Louis de Funès, dans un des sketches du film, apparaissait en croque-mort. A peine fut-il engagé que je compris sa nature. Il vint tout d'abord me remercier de l'avoir retenu dans la distribution. Courtois, il me dit combien il était content....Nous convînmes d'un costume de circonstance : un costume noir, une chemise blanche, etc. Le lendemain, il vint me présenter son costume. je dis "O.K.". Le surlendemain, il vint me suggérer : "Est-ce qu'une moustache en brosse conviendrait?" je répondis "Parfait", étonné par le perfectionnisme de cet acteur en herbe. trois jours après, il réapparut sur le plateau alors qu'il n'était pas encore attendu : "Comment trouvez-vous mes chaussures? " et il me demanda encore : "J'ai trouvé un tic qui me semble intéressant. Je l'ai vu sur quelqu'un. Ne puis-je pas, pour mon rôle, le faire à la fin de chaque phrase? Comme ça..." Et il me montra. Il s'agissait d'un pincement entre la lèvre inférieure et la lèvre extérieure qui ressemblait à une moue...Quelle conscience professionnelle possédait ce débutant!
Le jour du tournage, nous répétons. Louis lance sa phrase et fait son tic. Fernandel répond et...refait le tic, enlevant l'effet à De Funès. Louis blémit. Je prends Fernandel à part : "Fernandel, laisse-lui l'effet, c'est un acteur débutant...". "O.K." me répond Fernandel. on recommence et ce dernier reprend le tic ; "J'ai déjà pris l'habitude." -Louis de Funès -Brigitte Kernel -Edition Jacques Grancher.
En 1952, sa rencontre avec Robert Dhéry va lui permettre de s'affirmer sur les planches, puis à l'écran dans "AH ! LES BELLES BACCHANTES" (1954) avec Robert Dhéry, Jacqueline Maillan, Raymond Bussières, Francis Blanche, Colette Brosset et Jacques Legras. Au début des annees cinquante Robert Dhéry avai formé une troupe théâtrale spécialisée dans le burlesque. Nos joyeux lurons s'imposèrent sous le nom de "Branquignols" (des maladroits comiques). "Ah !les belles bacchantes" fut une parodie des spectacles coquins dont le concert Mayol s'était fait une spécialité. La pièce connut un grand succès, à tel point que Robert Dhéry eut l'idée de l'adapter à l'écran, en confiant la réalisation à Jean Loubignac. Robert Dhéry fit appel notamment à Louis de Funès, qui était jusqu' alors utilisé dans des rôles secondaires. Le film fut tourné dans les décors du théâtre de Suresnes avec de modestes moyens financiers. Loubignac accepta de tourner en Afgacolor, procédé en perte de vitesse dans nos studios puisque seulement deux films français avaient utilisé ce procédé en neuf ans. Ce fut le premier film de Michel Serrault.
Après le succès des "Belles bacchantes", De Funès incarne des personnages plus étoffés, tels que dans le film de Jean-Paul Le Chanois, "PAPA, MAMAN, MA BONNE ET MOI" (1954) avec Robert Lamoureux, Fernand Ledoux, Gaby Morlay. Après un franc succès, les producteurs du film donnèrent une suite l'année suivante qui fut tout aussi honorable : "PAPA, MAMAN, MA FEMME ET MOI" , tourné avec la même équipe.
De Funès retrouve Michel Simon pour le tournage de "L'IMPOSSIBLE MONSIEUR PIPELET" (1955) d'André Hunebelle. On se souvient de la fameuse réplique de De Funès à Michel Simon sur l'autodidacte....
Puis un autre film "LA BANDE A PAPA" (1955), mise en scène par le réalisateur de "Knock", Guy Lefranc avec Fernand Raynaud et Noel Roquevert. De Funès intervient sur d'autres tournages comme "Bébés à Gogo" (1955) avec Raymond Souplex et Jane Sourza, ainsi que la première réalisation de Claude Sautet avec "Bonjour Sourire" (1955) avec Henri Salvador et Annie Cordy.
1956 est une année importante pour l'acteur De Funès, juste avant , il complète l'affiche avec le tandem Bourvil -Bernard Blier et "Les Hussards" (1955) d'Alex Joffé. Il poursuit avec Sacha Guitry, et le tournage de "Si Paris nous était conté" (1956).
Il faudra attendre 1956, après dix ans de carrière et près de 80 films, pour qu'il accède enfin aux premiers rôles. Cette année là, il tourne "LA TRAVERSEE DE PARIS" (1956) de Claude Autant-Lara, un des meilleurs réalisateurs du moment avec Jean Gabin et Bourvil. Son rôle de Jambier, l'épicier du marché noir égorgeur de cochon, est le premier grand personnage crée par De Funès. Il laisse entrevoir toute son ignominie le temps d'une scène véritablement exceptionnelle entre Jean Gabin, Bourvil et De Funès dans cette fameuse cave. C'est à partir de ce film en tout cas que l'acteur va devenir "un film à lui tout seul". La critique commence d'ailleurs à s'interesser à lui.
Brialy expliqua : "Au moment de la sortie de "La Traversée de Paris", film important de Claude Autant-Lara, dans lequels étaient présents Gabin, Bourvil -qui venait d'avoir un prix d'interprétation à Venise -on parlait peu de Louis de Funès qui pourtant avait fait un numéro exceptionnel qui avait d'ailleurs agacé Gabin...Avec Gabin, ça n'allait pas vraiment. Avec Fernandel, non plus. Gabin et Fernandel trouvaient que Louis en faisait trop, qu'il chargeait. Gabin était pour un naturel de quotidienneté, de réalisme...
Terminé le temps grisaille des petites figurations de toutes espèces, il va pouvoir s'en donner à coeur joie, à ses différentes mimiques de l'homme aux quarantes visages minute. Il enchaîne dans la foulée "COURTE TETE" (1956) les dialogues sont signés de Michel Audiard, de nombreux comédiens se succèdent Fernand Gravey, Micheline Dax, Jean Richard, Jacques Duby, Louis de Funès, Darry Cowl, Jacques Dufilho, Harry Max, Hubert Deschamps et Guy Bedos. Le film se clôt sur le mot "faim" et l'image de Fernand Gravey jetant, comme au générique, des miettes à des pigeons qui se pressent autour de lui...
Puis "LA VIE A DEUX" le film à sketches de Sacha Guitry, mais malheureusement,la maladie du grand Sacha Guitry ne lui avait pas permit d'achever son film, celui-ci fut terminé par l'acteur -cinéaste Clément Duhour. "COMME UN CHEVEU SUR LA SOUPE" (1957) représente enfin son premier rôle de vedette à Louis de Funès, qui se confirme avec "NI VU, NI CONNU" (1957) d'Yves Robert, la critique le présente comme l'un des meilleurs comiques français du moment.
Jean Marais - Sacha Guitry - Louis de Funès - Jacques Jouanneau - Jean Tissier
Voir 2ème partie____________________