BRAD DAVIS, UNE VIE TROP BRÈVE
BRAD DAVIS 1949 - 1991
Acteur américain
Acteur météore, Brad Davis passe pour avoir été l’acteur d’un film culte, MIDNIGHT EXPRESS. Disparu trop tôt, à 42 ans, il fut aussi un comédien très apprécié des scènes de théâtre new-yorkaises et des dramatiques télévisées américaines.
Né le 6 novembre 1949 à Tallahassee (Floride), Brad Davis meurt le 8 septembre 1991 à Los Angeles (Californie) des suites du sida..., il était le fils d’un dentiste, il a peu de goût pour l’école et à douze ans le théâtre lui apparaît comme le seul exutoire de ses démons intérieurs. Il participe alors à quelques spectacles estivaux puis, séduit par la comédie musicale, il rejoint Atlanta. Hélas, il lui faut vite déchanter, sa voix n’est pas à la hauteur de ses espérances et il ne trouve pas sa place dans le monde des revues. Débarqué à New York, il suit plusieurs cours d’art dramatique. L’expérience est nettement plus positive. À partir de 1973, il collabore à de nombreuses pièces off Broadway : «Crystal and Fox», «Naomi Court» et «Four Friends» de Larry Kramer.
En 1976, il s’établit à Los Angeles et son démarrage dans cette ville est plus rapide encore. En quelques mois, il enchaîne dramatique sur dramatique, ce qui lui permet de se faire un nom : «Song of Myself» de Robert Markowitz, qui relate la vie du poète Walt Whitman; «Stop Thief» de William F. Claxton, dans laquelle il a pour partenaire Howard Da Silva; "SYBIL" (1976) de Daniel Petrie, où Sally Field joue une jeune schizophrène et «The Secret Life of John Chapman» de David Lowell Rich, une comédie dont les vedettes sont Ralph Waite et Susan Anspach. Après "SYBIL", porté au cinéma, Brad Davis fait le siège du bureau du réalisateur Alan Parker et décroche le rôle écrasant de Billie Hayes dans "MIDNIGHT EXPRESS". L’histoire de ce jeune étudiant américain, Billy Hayes, condamné à moisir à perpétuité dans les geôles turques pour trafic de drogue est un succès mondial. Présenté au Festival de Cannes, le film crée l’événement car la délégation turque l’accuse de partialité. En un éclair, Brad Davis est sacré star même si cette année-là, le Prix d’Interprétation masculine va à Jon Voight pour "Retour" d’Hal Ashby. . En 1975 il réussit à s'évader et regagne l'Amérique. Il entreprend alors d'écrire le récit de son expérience, qui devient très vite un best-seller. Casablanca Record en acquiert les droits cinématographiques et entreprend l'adaptation filmée. Le scénario du film est fidèle à 80 % du livre et à l'aventure qu'il retrace.
Pour des raisons évidentes, il était impossible à l'équipe de tourner à l'intérieur de la prison turque de Sagmaleilar. C'est donc après d'intenses recherches qu'Alan Parker découvrit dans l'île de Malte le décor naturel qu'il recherchait. Sous la direction du décorateur Geoffrey Kirkland le fort de Saint-Elmo fut minutieusement transformé en copie conforme de la prison de Sagmalcilar. C'est là que fut tournée la majeure partie du film ainsi qu'au Knight's Hall et à l'église dominicaine de Rabat. Le même soin minutieux fut apporté par Milena Canonero dans l'élaboration des costumes : on connaît sa précision exigente depuis "Barry Lyndon" de Stanley Kubrick.
(voir ci-dessous, en bas de page, l'évocation du film Midnight Express")
Cependant, Brad Davis résiste mal à cette pression médiatique : «J’ai sombré dans l’alcoolisme et la cocaïne. L’être humain n’est pas assez fort pour vivre une gloire aussi foudroyante…» avouera-t-il plus tard au terme d’un passage à vide de deux ans. C’est David Puttnam, le producteur de "MIDNIGHT EXPRESS", qui lui remet le pied à l’étrier en lui confiant un petit rôle dans "LES CHARIOTS DE FEU" (1981) de Hugh Hudson, vaste fresque autour de deux sportifs participant aux Olympiades de 1924.
Lors d'un séjour à Los Angeles, le producteur David Putnam découvrit par hasard un livre intitulé "L'histoire officielle des Jeux Olympiques". Il fut particulièrement intéressé par les détails très curieux des Jeux de 1924. Il confia l'élaboration du script à Colin Welland (scénariste de "Yanks"). L'histoire fut écrite en fonction des deux figures légendaires du sport britannique : Harold Abrahams et EricLiddell. Le réalisateur Hugh Hudson, qui n'avait jusqu'alors réalisé que des films publicitaires et documentaires, fut choisi pour sa sensibilité aux valeurs religieuses et aux rapports de classe et aussi pour son sens visuel. Il accorda une importance primordiale à la musique. Vangelis Papathanassiou, durant les prises de vues, joua des morceaux de sa composition, et les machinistes déplaçaient les caméras en fonction du rythme. L'opposition entre l'ancien et le nouveau se retrouve à tous les niveaux dans la structure même du film. Les dialogues, les narrations ont une saveur littéraire qui date très précisément le film. En revanche, le style est très moderne.
L'acteur Ian Holm reçut le prix du meilleur second rôle au Festival de Cannes 1981. Le film obtint les Oscars de la photo, du scénario, de la musique et des costumes.
L’année suivante, après avoir hésité, Brad Davis accepte finalement l’offre de Rainer Werner Fassbinder de devenir "QUERELLE" de Brest, le marin mythique rêvé par Jean Genet : «J’avais peur de ne plus travailler après, que la ville entière me persécute. Puis j’ai pensé : je dois vaincre cette souris bourgeoise en moi, je dois faire ce film…» (in «Studio»). La mise en scène de Fassbinder est remarquable, aux côtés de Brad Davis, on peut voir, Franco Nero, Jeanne Moreau et Laurent Malet...
Prévu initialement pour le 35e Festival de Cannes, "QUERELLE" ne fut prêt que pour la "Mostra" de Venise, Rainer Werner Fassbinder terminant le montage quelques jours avant sa mort le 10 juin 1982.
Tourné dans une vision volontairement non-réaliste, le film est tiré du livre de Jean Cenet. "De par la contradiction - soulignait R. W Fassbinder - qui existe entre l'intrigue objective et les fantasmes subjectifs qui y sont dépeints," Querelle de Brest "me paraît être le roman le plus foncièrement extrémiste de toute la littérature mondiale (...) il y a la façon dont Genet raconte cette histoire, son imagination débordante qui donnent vie à un monde qui nous paraît tout d abord étranger, un monde qui ne semble exister qu'en fonction de ses propres lois et qui trouve sa source dans une mythologie tout à fait extraordinaire."
Pour Brad Davis, " "Querelle" : Je n'ai pas pu résister une seconde quand Fassbinder m'a offert ce rôle. Pour moi travailler avec lui ne pouvait signifier qu'une chose : vivre une expérience fascinante".
tenancier du bordel.
Brad Davis et le réalisateur Rainer Werner Fassbinder
A Rumor of War "Rumeurs de guerre" (1980) de Richard T. Heffron
Par la suite, Brad Davis interprète encore à l’écran un boxeur sur le retour dans "HEART" (1987) de James Lemmo, puis un policier vengeant le meurtre de son père dans "COLD STEEL" (1987) de Dorothy Ann Puzo et enfin un paysan lunaire de l’Arkansas dans "ROSALIE GOES SHOPPING" (Rosalie fait ses courses) (1989) de Percy Adlon, pour lequel il remonte, onze ans après "MIDNIGHT EXPRESS", les marches mythiques du Palais des Festivals de Cannes, ou le film fut présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 1989. Parallèlement, il effectue son retour à la scène. En 1983, il retrouve notamment Larry Kramer, grand animateur du mouvement «Act-up !», association réactive face au danger du S.I.D.A pour «The Normal Heart», pièce à succès où il incarne, à nouveau, un homosexuel. Très actif à la télévision, il apparaît dans «A Rumor of War» de Richard T. Heffron (1980), drame ayant pour cadre la guerre du Viêt-nam; «Ouragan sur le Caine : le procès» de Robert Altman (1988), où il est le paranoïaque capitaine Queeg ou «Unspeakable Acts» de Linda Otto (1990), drame consacré aux abus sexuels commis envers des enfants.
Marié à Susan Bluestein, directrice de casting dont il avait eu une fille en 1983, Brad Davis meurt le 8 septembre 1991 du sida sans doute contracté en 1985 lors d’une prise de drogue.
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Filmographie - DVD
- 1976
SYBIL (id., Daniel Petrie).
-1977
Roots
- 1978
MIDNIGHT EXPRESS (id., Alan Parker).
What Really Happened to the Class of '65
- 1979
UN PETIT CERCLE D’AMIS (A Small Cercle of Friends, Rob Cohen).
-1980
The Greatest Man in the World
- 1981
LES CHARIOTS DE FEU (Chariots of Fire, Hugh Hudson).
- 1982
QUERELLE (id., Rainer Werner Fassbinder)
DER BAUER VON BABYLON (Dieter Schidor).
-1983
-1984
Robert Kennedy and His Times
-1986
Blood Ties
Vengeance
- 1987
HEART (James Lemmo)
SUR LE FIL DU RASOIR (Cold Steel, Dorothy Ann Puzo).
When the Time Comes
-1988
The Caine Mutiny Court-Martial
- 1989
ROSALIE FAIT SES COURSES (Rosalie Goes Shopping, Percy Adlon).
-1990
The Plot to Kill Hitler
Unspeakable Acts
-1991
HANG FIRE (Peter Maris).
Child of Darkness Child of Light
- 1992
THE PLAYER (id., Robert Altman, apparition).
- The Habitation of Dragons
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