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CINETOM
10 août 2025

FRANCIS FORD COPPOLA, PARRAIN DU CINÉMA AMERICAIN

FRANCIS FORD COPPOLA             1939

Réalisateur, Scénariste, Producteur Américain

Francis Ford Coppola est le cinéaste complet, il est aussi le chef de file d'une école de cinéma dans laquelle, précisément, il n'y a pas de maître. S'il a indéniablement une très forte personnalité, et s'il fut, durant les années 70 et 80, un des membres influents de la "nouvelle génération" de cinéastes américains, il a surtout montré qu'il était capable de travailler efficacement avec le système établi à Hollywood, sur des projets rentables, ce dans le but de pouvoir financer le genre de cinéma qu'il préférait.

 

L'histoire de Francis Ford Coppola ressemble souvent à un tonitruant psychodrame où s'affrontent en permanence deux volontés : celle de tourner des films, celle d'en produire. L'image qu'il entretient soigneusement aux yeux du public est celle de l'artiste luttant pour modifier et contrôler les conditions de tournage : image romantique de l'artiste solitaire en butte à la machine industrielle, qui culmine dans la scène tragi-comique à laquelle il se livra sur le plateau de "Coup de cœur" (One from the Heart,1981) : des sanglots dans la voix, il remerciait les employés du studio Zoetrope d'avoir accepté de poursuivre leur tâche sans être payés.

 

Son intention de devenir un nabab du cinéma s'est manifestée très tôt, Francis Ford Coppola est né  le 7 avril 1939 à Détroit dans le Michigan. D'origine italienne, il est le fils du compositeur et chef d'orchestre, Carmine Coppola. Comme il le raconte lui-même : tout enfant, il s'était fait un peu d'argent en montrant les films amateurs que ses parents avaient réalisés après les avoir remontés pour les structurer en histoires dont il était le héros. Pourtant, contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'était moins le fait de se mettre en vedettes que l'envie de toucher à la technique qui l'intéressait. Le futur chef de file des jeunes réalisateurs hollywoodiens des années 70 était bien un enfant prodige. Après avoir obtenu un diplôme d'études théâtrales, il entre en 1960, à l'UCLA (Université de Californie et de Los Angeles) dans la section cinéma. Là, il réalise quelques films "déshabillés" et obtient le prix Samuel Goldwin pour un scénario "Pilma, Pilma" (jamais tourné) avant d'être engagé par le réalisateur-producteur Roger Corman. Son travail sur plusieurs productions Corman permet à Coppola de réaliser son premier long métrage, "Dementia 13" (1963) dont le tournage s'effectue en Irlande avec les acteurs et l'équipe technique de "The Young Racers" (1963). Corman accepte d'avancer la moitié du budget soit 20 000 dollars sur la seule description d'une scène comprenant une femme, un lac, un enfant qui se noie et un meurtre à la hache. A partir de ces éléments, Coppola mit trois jours et demi à étoffer son histoire. Certaines images sorties de ses fantasmes personnels, certaines scènes s'avèrent-elles plus fortes que l'intrigue elle-même? Le désaccord avec Corman survint-il au moment du montage? Toujours est-il que Coppola donna sa démission.

 

Suivit une période pendant laquelle Coppola travailla comme scénariste à la Seven Art Company, emploi qu'il obtint en grande partie grâce au prix Goldwin. Si son scénario pour "Reflets dans un oeil d'or" (1967) ne fut pas utilisé, son nom apparaît par contre au générique de "Propriété interdite". Il est également mentionné à celui de "Paris brûle-t'il?" (1966) dont il dit : "Je pourrais écrire un livre sur les ennuis qu'on a eus.". En 1964, il travaille sur "Patton" qui ne sera tourné qu'en 1970. Selon Coppola : "Les meilleures scènes du film, le début par exemple, sont mot pour mot tirées de mon script." Tout cela n'avait rien de très encourageant.

 

Pour tourner son deuxième film, "Big Boy" (You're a Big Boy Now,1966) qu'il considère comme un bon exercice de mise en scène, Coppola argue de ses droits sur son propre scénario. Avec ce film, très marqué par l'influence de Richard Lester, Coppola défie déjà l'industrie cinématographique. "Je travaillais déjà comme je le fais aujourd'hui. Je ne demande jamais l'avis de personne pour faire un film, je décide de le faire et si les producteurs ont un tant soit peu de jugeote, ils acceptent."

 

D'emblée, Coppola affirmait sans ambages son intention de ne pas s'en laisser imposer par les décideurs de l'industrie cinématographique (les financiers et les syndicats, par exemple). "Vous ne pouvez pas imaginer l'état d'esprit de ces types-là!" n'hésite-t'il pas à déclarer. Ses relations avec la Warner et à la Seven Arts (les deux compagnies avaient fusionné en 1967) ne s'améliorèrent guère pendant le tournage de "La Vallée du bonheur" (Finian's Rainbow,1967) qu'on lui avait proposé alors qu'il rédigeait le scénario des "Gens de la pluie" (Rain people,1969). Il souhaitait filmer cette comédie musicale en décors naturels, ce que n'acceptèrent pas les studios. L'ancien danseur Hermes Pan qui supervisait la chorégraphie abandonna la production, la Warner gonfla le film en  70 mm (supprimant du même coup les pieds de Fred Astaire!), pourtant Coppola ne fut pas trop mécontent du résultat qu'il jugea "non dénué d'allégresse" tout en déplorant qu'il n'ait pas peu faire une œuvre plus personnelle.

 

Parce qu'elle croyait, à tort, au succès de "La Vallée du bonheur", la Warner décida de confier un nouveau film à Coppola : "Les Gens de la pluie", histoire de l'errance à travers les Etats-Unis d'une jeune femme enceinte qui reporte ses sentiments maternels sur un joueur de football un peu demeuré, interprété par James Caan, rencontré au cours de son périple. Obligé , compte tenu d'un tel sujet, de partir sur les routes, Coppola échappait ainsi à l'emprise de Hollywood. Embarquant une équipe réduite dans quelques véhicules, armé d'un matériel léger, il se lance sur les routes américaines, improvisant au hasard des évènements. Sorte de film féministe avant la lettre, "Les Gens de la pluie" voyait pourtant son propos initial compromis par les idées fantasques de l'auteur sur les femmes : "Il existe chez la femme une sorte de magie innée qui remonte chez moi aux vieux souvenirs de catéchisme, entre autres à la Vierge Marie". Sa paranoïa envers les syndicats s'aggrave; tous les problèmes qu'il affronte confortent l'image qu'il a de lui-même, celle de l'artiste seul face à sa création. "Ils étaient à ma porte tous les jours, me traquant comme un rat. Qui d'autres que moi aurait accepté une équipe comme celle-là pour un film qui représentait un véritable engagement personnel! Personne."

 

Dans ces conditions, on comprend que Coppola se soit décidé, en 1969, à emménager dans son propre studio : l'American Zoetrope, situé à San Francisco, dans lequel il entraîne George Lucas dont il produira, en 1972, "American Graffiti". En se dotant d'une maison de production indépendante, Coppola se donnait enfin les moyens de favoriser les débuts de jeunes talents, de s'essayer aux nouvelles techniques de tournage tout en échappant à l'emprise des puissantes organisations de Los Angeles. Coppola imaginait l'American Zoetrope comme un foyer propice à la création.

 

Mais reprit par le goût du combat Coppola renoue avec la Warner pour sa première production "THX 1138" (1970) mis en scène par George Lucas. Mécontente du résultat, la Warner retire son soutien à Coppola : l'avenir de la Zoetrope semble fort compromis. C'est alors que la carrière de Coppola prend un nouveau tour marqué par deux types de films fort différents : "Le Parrain" (The Godfather,1972) et "Le Parrain II" (The Godfather, Part II,1974), d'une part, et "Conversation secrète" (The Conversation,1974), d'autre part. Sollicité par la Paramount, Coppola s'attelle à la lourde tâche de l'adaptation du best-seller de Mario Puzo, "Le Parrain". Le succès phénoménal du film aura, outre ses colossales retombées financières, des conséquences particulièrement heureuses pour Coppola : la Paramount crée la Director's Company pour favoriser la réalisation de films à petit budget avec lesquels certains cinéastes tels que Peter Bogdanovich, William Friedkin et, bien sûr Coppola pourront s'exprimer en toute liberté. Seul Coppola bénéficiera de cette intéressante initiative, les deux autres réalisateurs pressentis s'étant engagés dans d'autres projets. A la fois film d'auteur et thriller hollywoodien, "Conversation secrète" est dominé par la performance de son interprète principal, Gene Hackman, en tous points remarquables dans le rôle de Harry Caul, spécialiste des écoutes téléphoniques gagné par la paranoïa du complot. Après l'énorme "machine" du "Parrain, "Conversation secrète" surprit par son aspect intimiste; c'est sans doute ce qui séduisit les jurés de Cannes puisqu'ils lui attribuèrent le grand prix. Après quoi, Coppola exploitait le succès du "Parrain" avec "Le Parrain II", en dépit de ce qu'il avait déclaré au moment de la sortie du premier volet de cette saga : "Je n'ai pas envie de me lancer dans de grosses productions, ce qui m'intéresse c'est de faire des petits films sur les problèmes de la société actuelle." Puis, tel le dernier des nababs, Coppola déploie une énergie tous azimuts : il acquiert un théâtre, une station de radio, une revue de San Francisco tout en prenant une large part dans des réseaux de production et de distribution.

 

Fort de cette confortable assise financière, Coppola décide alors de relancer un vieux projet, sur lequel John Milius avait travailler dès 1969 et dont la réalisation devait, à l'origine, être confiée à George Lucas. Commencé en mars 1976 aux Philippines, le tournage d' "Apocalypse Now" (Apocalypse Now) dura près de trois ans, quant au budget final, il atteignit plus de 31 millions de dollars au lieu des 12 prévus. Tout a été dit sur les difficultés que Coppola rencontra pour "boucler" ce film-fleuve qui fut pour lui un gouffre financier (il hypothéqua même sa maison) et une source de problèmes très personnels. On rappellera la crise cardiaque de son interprète, Martin Sheen, la destruction des décors à la suite d'un typhon, les exigences exorbitantes de Marlon Brando... Présenté à Cannes dans une version non définitive, étant donné que le cinéaste hésitait entre deux fins; le film n'en partagea pas moins la Palme d'or avec "Le Tambour" de Volker Schlöndorff. Transposition dans le cadre du conflit vietnamien, d'un court roman de John Conrad "Au cœur des ténèbres", "Apocalypse Now" n'est pas selon son réalisateur, un film "sur le Viêt-Nam, il est le Viêt-Nam". 

 

Depuis "Apocalypse Now", la liste des multiples activités de Coppola est assez déroutante : il s'est occupé de la distribution de "Sauve qui peut (la vie) (1980) de Jean-Luc Godard et de la restauration du "Napoléon" (1927) d'Abel Gance; il renfloua "Hammett" (1982) de Wim Wenders, suspendu après dix semaines de tournage remonte la Zoetrope en achetant les Hollywood General Studios, engage, en pied, le réalisateur Michael Powell et, comme chorégraphe attitré, Gene Kelly. Parallèlement, il investit massivement dans l'achat de matériel vidéo. Mais son bel empire commence à vaciller. Après l'échec de "Hammett", les financiers retirent peu à peu l'argent de "Coup de cœur". Là se situe la fameuse scène de larmes évoquée plus haut. Une fois de plus, c'est à la Paramount qu'il doit une provisoire rémission, grâce à l'appoint d'un million de dollars. Ironie du sort : le démiurge de "Apocalypse Now" qui clamait haut et fort sa volonté d'affranchir le cinéma des grandes compagnies est sauvé par le système qu'il condamnait.  

 

Avec "Coup de cœur" cela devient une folie grandiose, sinon une merveille de la technique : elle ruine définitivement les studios Zoetrope et, étant à des années-lumière de toute mode ou tendance, ne rapporte pas un sou! Dès lors, Coppola va se contenter d'adapter à l'écran deux romans de S.E Hinton : "The Outsiders" (Outsiders,1983) qui rappelle "La Fureur de vivre" (1955) de Nicholas Ray avec James Dean; le second film, plus complexe, plus ambitieux, filmé en noir et blanc, serait influencé, selon Coppola lui-même, par Albert Camus et Orson Welles; c'est "Rusty James" (Rumble Fish,1983). Ces chroniques intimistes d'une jeunesse à la dérive sont appréciées par la critique pour leur sensibilité et la présence d'une pléiade de futures vedettes comme Tom Cruise, Mickey Rourke, Nicolas Cage, Patrick Swayze, Matt Dillon, Rob Lowe, Emilio Estevez ou Larry Fihburne.

 

C'est alors que Robert Evans lui offre de s'embarquer à bord de la "luxueuse galère" à cinquante millions de dollars de budget que représente "Cotton Club" (The Cotton Club,1984), l'histoire de musiciens de jazz et de gangsters dans les années 20. Deux ans plus tard Coppola, change de registre, et prépare un film qui abonde en détails authentiques et les notations sur les adolescents des années soixante avec "Peggy Sue s'est mariée" (Peggy Sue Got Married,1986). Cette même année 1986, le réalisateur perd son fils Gian-Carlo dans un accident de hors-bord. Un chagrin immense l'accapare et tourne "Jardins de Pierre" (Gardens of Stone), sur la mort d'un jeune combattant au Viêt-Nam et le vide que ce deuil a laissé auprès de son entourage. Il enchaîne en 1988, le tournage d'une biographie de Preston Tucker "Tucker" (Tucker : The Man and His Dream), mythique constructeur de voitures des années quarante, interprété magistralement par Jeff Bridges.

 

Une réunion de trois cinéastes de renom pour le tournage d'un film à sketches : Martin Scorsese, Woody Allen et Francis Ford Coppola pour "New York Stories" (1989) co-écrit avec sa fille Sofia Coppola, lui permet de s'apaiser du décès de son fils. En 1990, il décide de préparer un troisième volet de la saga du "Parrain", seize ans après le deuxième volet "Le Parrain, 2e Partie", nous retrouvons Michael Corleone incarné à nouveau par Al Pacino, vieillissant et souffrant, tentant de conférer à sa fortune bâtie sur le crime un semblant de légitimité dans "Le Parrain 3e Partie" (The Godfather Part III). Cette trilogie s'achève comme une fresque de qualité, il n'en demeure pas moins que cette œuvre parachève une saga dont l'importance dans la carrière cinématographique de Coppola ne peut-être sous-estimée. 

 

En 1992, Coppola change totalement de registre avec "Dracula" (Bram Stocker's Dracula), le style flamboyant de sa mise en scène est immédiatement reconnaissable, l'interprétation des acteurs principaux est une réussite (Gary Oldman, Winona Ryder et Anthony Hopkins et remporte trois Oscars dont celui des costumes, des maquillages et des effets sonores mais ni le réalisateur et ses acteurs ne seront récompensés. Il faudra attendre quatre longues années pour revoir Coppola à l'oeuvre pour mettre en scène "Jack" (1996), dans une comédie qui relate l'histoire d'un enfant de dix ans qui vieillit trop vite. Ce fut Robin Williams qui eut la primeur de ce rôle, totalement prévu pour lui.

 

En 1996, Francis Ford Coppola a présidé le 49e Festival de Cannes, puis s'en retourne au cinéma pour préparer son nouveau film "L'Idéaliste" (The Rainmaker" avec Matt Damon, Danny DeVito et Jon Voight. Malgré la présence d'acteurs de renom et de bonnes critiques le film n'eut pas le succès escompté. Il faudra attendre dix ans de plus, pour finaliser son film suivant "L'Homme sans âge" (Youth Without Youth,2007), mais à nouveau le film est un échec cuisant, le film ne connaîtra qu'une sortie limitée en salles aux Etats-Unis. En 2009, sort "Tetro" son vingt-deuxième long métrage, avec pour principal rôle Vincent Gallo. Le film est plutôt bien accueilli par la critique et les spectateurs,

 

En 2019, Coppola annonce préparer un projet de longue date, auquel il songeait depuis les années 1980 et pour lequel il s'endetta, "Megalopolis" (Megalopolis : A Fable,2024), son premier film depuis "Twixt" (2011). Il s'inspire de la conjuration de Catilina, un noble romain qui, en 63 avant Jésus-Christ, projetait de renverser la République romaine. Partant de l'idée que les institutions, les lois, l'architecture des Etats-Unis se sont fortement inspirées de la Rome antique, il comparait le monde contemporain à la décadence de l'empire romain.  

*Affiches-ciné * Cinetom

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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