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CINETOM
30 août 2025

DON SIEGEL, SPÉCIALISTE DU FILM D'ACTION

DON SIEGEL                    1912 - 1991

Réalisateur, Producteur Américain

Au cours de sa longue carrière cinématographique, Don Siegel a abordé tous les genres, tournant notamment des films de science-fiction, des films de guerre, thrillers, comédies et des westerns; c'est toutefois son excellent maîtrise du thriller qui lui a sans doute valu la célébrité. Parmi les "vieux de la vieille" de Hollywood, il était le plus jeune. Œuvres de commande pour la plupart, ces films sont avant tout des films d'action pour lesquels Siegel mettait son point d'honneur à remplir son contrat.

 

Don Siegel appartient à la génération des cinéastes américains qui se révélèrent, au cours des années 40, comme les maîtres du film d'action hollywoodien. Siegel partage en effet avec Samuel Fuller, Nicholas Ray, Robert Aldrich, Anthony Mann ou Phil Karlson la même prédilection pour un certain type de héros et de situations, la même volonté de privilégier l'action en s'appuyant sur des scénarios rigoureux, la même maîtrise à entretenir une tension dramatique constante, à créer des atmosphères pensantes à peine tempérées par un optimisme intermittent. Peuplé de "durs à cuire" prêts à tout pour sauvegarder les valeurs auxquelles ils sont attachés, l'univers cinématographique de ces réalisateurs poursuit, en fait, d'une façon ou d'une autre, la grande tradition romanesque d'écrivains tels qu'Ernest Hemingway, Dashiell Hammett ou Raymond Chandler. 

 

Don Siegel ou plutôt Donald Siegel est né le 26 octobre 1912 à Chicago. Il était le fils d'un mandoliniste célèbre qui songe pour lui à une carrière de musicien. Mais Don, fait ses études en Angleterre, au Jesus College de Cambridge, puis il a fréquenté la Royal Academy of Dramatic Arts de Londres et vécu quelques temps à Paris, où il suivait des cours des Beaux-Arts, préférant se rendre à Hollywood en 1933, pour débuter dans la vie professionnelle;.

Par chance, il bénéficie du soutien d'un oncle, il prend contact avec le producteur Hal Walls et entre à la Warner Bros. Après avoir été successivement documentaliste, archiviste, assistant monteur et directeur du département des "inserts". Siegel devint monteur avant de se voir confier la réalisation de scènes de raccord. Elargissant son champ d'action et son expérience, il devient bientôt metteur en scène de seconde équipe.

Siegel juge cette période comme la plus exaltante de sa carrière. C'est grâce à cet apprentissage aussi vaste que varié qu'il a acquis une grande maîtrise technique de l'outil cinématographique à partir de laquelle il a su développer un double savoir-faire fondamental : son travail aux raccords et en seconde équipe l 'a entraîné à la rapidité et à l'efficacité; sa connaissance du montage lui a donné un indéniable pouvoir sur la façon de concevoir un plan et d'en obtenir l'effet maximal.

 

A propos de l'importance du montage, Siegel a déclaré : "Après avoir tourné un film, je m'en désintéresse pendant quelque temps. N'oubliez pas que j'ai été terriblement sous  pression à toutes les étapes du film, depuis la rédaction du scénario jusqu'à la construction des décors, en passant par la sélection des acteurs, les repérages, le choix des costumes. C'est un boulot interminable. Ensuite, quand j'étudie le premier "bout à bout" du film, je n'accepte l'avis de personne. Je me contente de le visionner comme un tout. Mais l'impatience me gagne : je reviens le lendemain, et je ne peux plus attendre pour m'atteler à ce fichu film et le mettre en pièces. Car, à ce stade, il n'y a rien de sacré dans le film, absolument rien. Je me moque éperdument si cela me prend toute une journée pour faire un plan. Si je trouve qu'il ne convient pas, je l'abandonne. Je ne pourrais certainement pas laisser prendre de telles décisions à un monteur."

 

Débutant dans le long métrage en 1946, avec "Le Verdict" (The Verdict), Siegel devra attendre trois longues années pour retrouver le chemin du long métrage avec "Ca commence à Vera-Cruz" (The Big Steal,1949), entièrement filmé au Mexique pour des raisons économiques, il fut tourné dans des conditions assez fantaisistes car l'acteur principal Robert Mitchum était en prison pour usage de stupéfiants et que le cinéaste devait prouver qu'il l'employait légitimement. RKO le prête alors à Universal. Cette société deviendra "sa" maison dans les années 60, mais pour l'heure, il s'agit de tourner un petit western "Duel sans merci" (Duel At Slver Creek,1952) avec Audie Murphy en vedette et, dans un de ses premiers rôles de méchant un certain Lee Marvin. Malgré un script plutôt sommaire, Siegel réussit un petit chef-d'œuvre de film d'action ne se prenant pas au sérieux. 

 En 1956, la mode est aux scripts sur les délinquants juvéniles. Siegel apporte sa digne contribution au genre avec "Face au crime" (Crime in the Streets) avec John Cassavetes et Sal Mineo. Tout au long de sa carrière, Siegel se signalera par sa capacité à tirer le meilleur parti des plus petits budgets et par sa rapidité à boucler les tournages. Ces deux qualités sont particulièrement évidentes dans "L'Ennemi public" (Baby Face Nelson,1957) : tourné en dix-neuf jours, le film ne coûta que 175 000 dollars; comme Siegel l'a fait remarquer : "Il a fallu beaucoup d'ingéniosité pour arriver à dépenser tout ça."

 

Dans de telles conditions, on ne s'étonnera pas que la qualité du travail ait quelquefois pâti de cette hâte. La carrière du réalisateur se décompose en deux grandes périodes. La première, pendant  laquelle il a doté le film de série B de ses lettres de noblesse, s'étend de 1954 à 1958. La seconde au cours de laquelle son champ d'action s'est élargi grâce à de meilleures conditions de production, va de de 1967 à 1973.

Les films clés de la première période, "Les Révoltés de la cellule 11" (Riot in Cell Block 11,1954), "L'Invasion des profanateurs de sépultures" (Invasion of the Body Snatchers,1956), "L'Ennemi public" et "The Lineup" (1958), reposent presque entièrement sur les éléments fondamentaux du cinéma d'action, avec force poursuites, hold-up, bagarres et fusillades. La force et l'intérêt de ces films doivent tout à la façon dont Siegel structure et orchestre ces matériaux de base. Ils se caractérisent par une progression dramatique claire et rigoureuse et par des personnages tout d'une pièce pour lesquels la violence représente souvent le seul moyen de s'affirmer. "Les Révoltés de la cellule 11" en est un exemple typique : exclusivement centré sur l'affrontement entre des prisonniers et leurs gardiens, le film ne s'évade pour ainsi dure par des murs de la prison, et s'interdit toute échappée sur le passé des protagonistes. Chacun d'eux représente un stade de la violence : de celle, incontrôlée, de Carnie (Leo Gordon) à la quasi-passivité du colonel (Robert Osterloh), en passant par la violence mesurée de Dunn (Neville Brand). Rien ne doit ralentir le rythme de la narration; c'est ainsi qu'on cherchera en vain tout ce qui peut nuire à cet objectif prioritaire : l'intrigue reste simple et la psychologie des plus élémentaires.

 

L'univers de Siegel est singulièrement rudimentaire et sombre. Ses protagonistes se trouvent inéluctablement pris dans la spirale de la violence : au départ simples délinquants agissant dans un but bien précis, ils dégénèrent en anarchistes suicidaires. Ne disposant ni du temps ni du budget nécessaires, comment Don Siegel aurait-il pu se lancer dans l'exploration des méandres de la psychologie ? Il n'en reste pas moins qu'il a su conférer une réelle densité à ses personnages. "Les Révoltés de la cellule 11" fut entrepris à la suite d'une série d'émeutes dans les prisons américaines, et bénéficia du concours de l'administration pénitentiaire et fut en grande partie tourné dans la prison d'Etat de Folsom en Californie. Pour beaucoup de critiques de l'époque, il demeure le film sur les prisons, pour la clarté de son discours, sa sobriété, son réalisme et son efficacité. 

 

En 1959, Siegel est à la Fox. Il tourne en cinémascope et en couleurs. D'abord "Hound Dog Man", bon support pour le chanteur Fabian qui, exceptionnellement, est un acteur intéressant. Puis, Siegel fait la même année un bref crochet pour la Columbia pour un western, "Le Secret du grand canyon" (Edge Of Eternity) en technicolor et cinémascope également, puis il récidive avec "Les Rôdeurs de la plaine" (Flaming Star,1960) obtenant un numéro "possible" de la part d'Elvis Presley. La Paramount l'appelle alors au secours : le projet déraille. Siegel reprend le tournage et opére une véritable opération de sauvetage en collaborant étroitement avec la vedette de ce film de guerre, Steve McQueen. C'est l'histoire d'un peloton posté devant la ligne de Siegfried durant la Seconde Guerre mondiale. "L'Enfer pour les héros" (Hell Is For Heroes,1962) est un film remarquable pour ses scènes d'action héroïques et violentes, photographiées en noir et blanc. Les offres d'emploi n'affluent pas pour autant et Siegel doit retourner à la télévision, ce qui est pour lui une punition.

 

A noter en 1964 est sans doute l'une de ses plus belles réussites avec le film "A bout portant" (The Killers) avec Lee Marvin, Angie Dickinson et John Cassavetes, remake du film de Robert Siodmak, d'après le roman de Ernest Hemingway. Humour noir, rythme soutenu, scènes d'action caractérisent cette production, qui jugée trop violente pour la télévision, sera finalement présentée dans les salles de cinéma. En 1967; Siegel revient "officiellement" au cinéma avec "Police sur la ville" (Madigan). Un flic de Brooklyn interprété par Richard Widmark oppose ses méthodes vigoureuses à celles plus "libérales" d'un commissaire (Henry Fonda) au prix de sa propre vie.

Au milieu des années 60; Siegel pâtira du déclin de Hollywood. Moins sollicité par le cinéma qu'au cours de la décennie précédente, il se tourna donc comme indiqué ci-dessus, vers la télévision; c'est ainsi qu'il fut l'heureux producteur du célèbre feuilleton western : "The Legend of Jesse James" (1965-1966). La relance de sa carrière cinématographique tient à plusieurs facteurs au premier rang desquels on peut placer son association avec Clint Eastwood. Ce fut presque par hasard qu'il eut à diriger l'acteur, en 1968, dans "Un Shérif à New York" (Coogan's Bluff). A partir de ce premier contact se développa une collaboration ininterrompue : Siegel retrouvait Eastwood en 1970 dans "Sierra Torride" (Two Mules for Sisters Sara), en 1971, dans "Les Proies" (The Beguiled) et "L'Inspecteur Harry" (Dirty Harry) et, en 1979, dans "L'Evadé d'Alcatraz" (Escape from Alcatraz); le réalisateur fera même une apparition, comme acteur, dans le premier film, en tant que metteur en scène de Clint Eastwood : "Un Frisson dans la nuit" (Play Mist for Me,1971).

 

Grâce à cette amitié avec le grand champion du box-office des années 70, Siegel allait bénéficiait d'une plus grande latitude tant dans le choix des sujets que dans l'importance des budgets. Nul doute que, sans l'appui de Clint Eastwood, Don Siegel n'aurait pu mener à bien un projet aussi peu commercial que "Les Proies" ou aussi sophistiqué que "Sierra Torride". Cinéaste de la violence à une époque où elle était soumise à la vigilante surveillance de la censure, Siegel a également bénéficié du déclin de cette dernière. Qu'il ait émis des réserves quant à l'utilisation de la violence dans le cinéma contemporain ne l'a pas empêché de tirer parti de la libéralisation des mœurs. Paradoxalement, les manifestations de la violence se feront, à cette époque, plus abstraites que dans ses premiers films. Peut-être fut-il alors contaminé par le jugement un peu trop laudatif de certains critiques portés à la "politique des auteurs". Cette flatteuse "découverte" de ses films encouragea certainement Siegel à utiliser désormais le cinéma comme un moyen d'expression personnelle.

 

Le film qui rend le mieux compte de cette évolution est sans doute "L'Inspecteur Harry". Outre le fait qu'il rapporta des sommes considérables, il suscita une vive controverse parmi la critique, très troublée par le propos du film. Parce qu'il semble prendre fait et cause pour les mouvements d'autodéfense qui se dressent contre une justice trop libérale avec les délinquants, le film suscita sinon la colère du moins l'étonnement. Il faut rappeler à cet égard que depuis "Les Révoltés de la cellule 11", critique en règle du système pénitentiaire, et le très anti maccartiste "Invasion des profanateurs de sépultures", Don Siegel s'était vu attribuer l'étiquette de farouche libéral.

A la vérité, il ne semble pas que le réalisateur soit devenu réactionnaire en vieillissant, mais qu'on s'était trop hâté de considérer ses premières œuvres comme celles d'un progressiste épris de justice. Rétrospectivement, on découvre qu'elles célèbrent plutôt un certain individualisme, dont on ne sait s'il se situe à gauche ou à droite.

 

Il est a beaucoup d'égards fort dommage que l'on ait pris l'habitude de limiter Siegel à "L'Inspecteur Harry", car d'autres films de cette période méritent l'attention. "Tuez Charley Varrick" (Charley Varrick,1970), mélange réussi d'action et d'humour, témoigne que Siegel à su dépasser le stade de bon artisan de Hollywood pour s'élever au rang de véritable auteur de films. Il n'a certainement rien donné de meilleur que la séquence d'ouverture de ce film : glissant du comique dans le bizarre et l'agressivité pour revenir finalement à la comédie la plus pure, jamais Siegel n'a aussi bien montré son sens aigu de la tension cinématographique. Don Siegel se rend en Angleterre pour diriger par Michael Caine dans "Contre une poignée de diamants" (The Black Windmill,1974). Ce sera son dernier film produit par Universal. En 1975, pour Paramount, il réalise le dernier film de John Wayne "habilement intitulé en France "Le Dernier des Géants" (The Shootist). En 1977, malgré un script signé par le célèbre Stirling Silliphant et le réalisateur Peter Hyams, Siegel réalise un médiocre film d'espionnage "Un Espion de trop" (Telefon) avec Charles Bronson et Lee Remick. Cette production de la MGM est suivie par un film Paramount plus digne d'intérêt, d'abord parce qu'il marque les retrouvailles Eastwood-Siegel, ensuite parce qu'il n'est pas question pour eux de céder à la facilité : "L'Evadé d'Alcatraz". L'année suivante, le réalisateur signe un aimable divertissement avec "Le Lion sort les griffes" (Rough Cut,1980), dans lequel Burt Reynolds et le regretté David Niven font leurs numéros habituels. Depuis, Siegel nous a déçus avec "La Flambeuse de Las Vegas" (Jinxed,1982), film destiné à faire de la chanteuse Bette Midler une grande actrice de la comédie. Don Siegel décède le 20 avril 1991 à l'âge de 78 ans à Nipomo en Californie.

*Affiches-ciné * Cinetom

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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