MICHAEL REDGRAVE, FINESSE ET ÉLÉGANCE D'UN GENTLEMAN COMÉDIEN
Sir MICHAEL REDGRAVE 1908 - 1985
Comédien Anglais
Ce fût Alfred Hitchcock qui lui offra ses deux premiers rôles au cinéma dont le fameux film britannique "Une Femme disparaît" en 1938. Dix ans plus tard, c'est au tour de Fritz Lang de le diriger dans l'un de ses plus belles réussites avec "Le Secret derrière la porte".
Sir Michael Redgrave est né le 20 mars 1908 à Bristom (Angleterre), de parents comédiens de théâtre; ce qui lui permet, à l'âge de deux ans, d'apparaître sur les planches, dans les bras de sa mère, à Sidney en Australie. Après ses études à Cambridge, incertain d'avoir la vocation familiale, il est tenté par le journalisme, puis devient professeur de langue, parlant couramment le français et l'allemand.
Mais la passion du théâtre est la plus forte, il fait donc ses véritables débuts à Liverpool en 1934, et se produit à l'Old Vic à Londres, deux ans plus tard, en étant Laerte face à Sir Laurence Olivier dans "Hamlet". Il travaille dans la troupe de Sir John Gielgud quand il est sollicité par le cinéma : il signe en 1938 un contrat à long terme avec la Gaumont-British. C'est ainsi qu'après une brève apparition dans un rôle de figuration de "Quatre de l'espionnage" (Secret Agent,1936), il commence vraiment sous la férule d'Hitchcock en jeune premier dans "Une Femme disparaît" (The Lady Vanishes,1938). Dès lors, il est dirigé par quelques-uns des plus grands cinéastes britanniques : Charles Frend, Roy Boulting et surtout Carol Reed.
Mobilisé en 1941, il est blessé et libéré un an plus tard car on l'estime plus utile pour la continuité d'une certaine tradition de qualité du théâtre britannique. Après trois ans d'absence au cinéma, il fait sa rentrée dans "Le Chemin des étoiles" (The Way To the Stars,1945), chronique réaliste de la vie de tous les jours d'une station de la RAF durant les années de tourmente écrite par Terence Rattigan et devenue pour les Anglais le film le plus populaire de la période de la guerre. En 1946, il est à l'affiche d'un film de Basil Dearden dont l'action se situe dans un camp de prisonnier "J'étais un prisonnier" (The Captive Heart); c'est aussi le premier d'un genre qui allait devenir l'un des plus traditionnels du cinéma britannique : le film sur les camps de prisonnier.
Puis il se fait remarquer dans une composition difficile : celle du ventriloque guetté par la folie de "Au coeur de la nuit" (Dead of Night,1945) dans le sketch réalisé par Alberto Cavalcanti. Fidèle durant tout sa vie au cinéma anglais, il accepte en 1947 de se rendre à Hollywood pour le tournage de deux films "Le Deuil sied à Electre" (Mourning Becomes Electra,1947) de Dudley Nichols et "Le Secret derrière la porte" (The Secret Beyond the Door,1948) réalisé par Fritz Lang, mais écoeuré par la "folie" de la capitale de cinéma, il ne renouvellera pas cette expérience. Il revient donc en Angleterre pour l'un des sommets de sa carrière cinématographique, le petit professeur incompris de "L'Ombre d'un homme" (The Browning Version,1951).
Michael Redgrave a fini par s'imposer comme l'un des comédiens britanniques les plus en vue de son temps par la finesse et l'élégance de son jeu et l'exemplaire régularité de son talent. En 1955, il s'amuse à incarner pour Orson Welles un antiquaire passablement excentrique dans "Mr Arkadin". Il est le père alcoolique déchirant de "Temps sans pitié" de Joseph Losey et le journaliste aigri et déçu avec "Un Américain bien tranquille" (The Quiet American,1958) de Joseph L. Mankiewicz. Michael Poweel et Emeric Pressburger le font tourner dans "Oh...Rosalinda !!" célèbre opérette de Johan Strauss fils, Michael Redgrave, Anthony Quayle et Annelise Rothenberger sont les seuls à ne pas avoir été doublés pour les chansons. Peu de temps avant il avait joué sous la direction de Michael Anderson dans "Les Briseurs de barrages" (The Dam Busters,1955), prototype du film de guerre anglais tourné avec objectivité et sans fioritures aucune dans le style "document-vérité" avec la sécheresse et la rigueur d'un rapport militaire. En récompense des services qu'il a rendu à la cause du théâtre anglais, il est anobli en 1959.
Il est à nouveau remarquable en directeur paternaliste d'un centre de redressement dans "La Solitude du coureur de fond" (The Loneliness of the Long Distance Runner,1962) de Tony Richardson, l'une des oeuvres primordiales de la Nouvelle Vague anglaise; puis il incarne le poète et écrivain irlandais W.B. Yeats dans "Le Jeune Cassidy" (The Young Cassidy,1965) de Jack Cardiff, qui retrace l'éveil littéraire de Sean O'Casey; avant de composer le portrait d'un officier déchu et minable dans "La Colline des hommes perdus" (The Hill,1965) mis en scène par Sidney Lumet. Ce sera l'un de ses derniers grands rôles au cinéma, il abandonne sa carrière cinématographique en 1971.
Parallèlement à ces activités, Michael Redgrave a toujours poursuivi une carrière au théâtre appartenant à toutes les grandes compagnies anglo-saxonnes : l'Old Vic, le British National Theatre, la Royal Shakespeare Company. Il a également écrit deux pièces, deux livres sur l'art du comédien, un roman et une autobiographie. Sir Michael Redgrave est mort le 21 mars 1985 à l'âge de 77 ans, la veille de son anniversaire, de la maladie de Parkinson qui le tenait éloigné de la scène depuis 1979. Il allait fêté ses cinquante ans de mariage avec l'actrice Rachel Kempson épousée en 1935 et qui lui donna trois enfants, eux aussi devenus comédiens : Vanessa Redgrave fut la plus célèbre mais également Corin et Lynn Redgrave.
Une Femme disparaît - 1938 - Alfred Hitchcock
Sous le regard des étoiles - 1940 - Carol Reed
Au coeur de la nuit - 1945 - Alberto Cavalcanti
J'étais un prisonnier - 1946 - Basil Dearden
Le Secret derrière la porte - 1948 - Fritz Lang
L'Epopée dans l'ombre - 1959 - Michael Anderson
La Soltitude du coureur de fond - 1962 - Tony Richardson
Les Héros de Télémark - 1965 - Anthony Mann
La Vingt-cinquième heure - 1967 - Henri Verneuil
La Bataille d'Angleterre - 1969 - Guy Hamilton
*Affiche-cine * Cinetom
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