UN GRAND PASSIONNÉ DE CINÉMA S'EN EST ALLÉ

                BERTRAND TAVERNIER    1938 - 2021

AFP, publié le jeudi 25 mars 2021 à 15h50

Le réalisateur Bertrand Tavernier, auteur de films comme "Coup de Torchon" et "L.627", est décédé jeudi 25 mars 2021 à l'âge de 79 ans, a annoncé l'Institut Lumière à Lyon, qu'il présidait.

"Avec son épouse Sarah, ses enfants Nils et Tiffany et ses petits-enfants, l'Institut Lumière et Thierry Frémaux ont la tristesse et la douleur de vous faire part de la disparition, ce jour, de Bertrand Tavernier", a tweeté l'institution dédiée au 7e art.

Éminente personnalité du cinéma français, artiste engagé à l'œuvre éclectique et reconnue à l'étranger, Bertrand Tavernier a réalisé des films d'époque et contemporains, avec une prédilection pour les sujets sociétaux.

Il fut aussi un grand cinéphile investi dans la préservation et la transmission des films, mû à la fois par le souci de défendre un cinéma français indépendant et la passion pour le cinéma américain du 20e siècle.

Ses films ont été largement récompensés : prix 74 Louis-Delluc pour "L'horloger de Saint-Paul", nomination aux Oscars 83 pour "Coup de torchon", prix de la mise en scène à Cannes en 1984 pour "Un dimanche à la campagne", BAFTA 90 du meilleur film étranger pour "La vie et rien d'autre", Ours d'Or 95 à Berlin pour "L'appât", Lion d'Or à Venise pour l'ensemble de sa carrière.

Bertrand Tavernier était né le 25 avril 1941 à Lyon, haut lieu du cinéma avec l'Institut Lumière dont il était président. Fils de l'écrivain et résistant René Tavernier, il avait découvert le cinéma lors d'un séjour en sanatorium.

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Bertrand Tavernier fut l'un de nos plus grands cinéastes français du XXe siècle, un passionné de cinéma, une culture cinématographique hors du commun, il restera à jamais celui qui a su donner ses lettres de noblesse au cinéma français, quelques-uns des plus grands rôles à Philippe Noiret "L'Horloger de Saint-Paul", "Que la fête commence", "Le Juge et l'Assassin", "Coup de torchon" et "La Vie et rien d'autre".

Bertrand Tavernier est né le 25 avril 1941 à Lyon, fils de l'écrivain René Tavernier, fondateur de la revue "Confluences" qui, sous l'Occupation publia Aragon, Eluard et Michaux. Après avoir effectué ses études secondaires au lycée Henri IV à Paris. Dans la capitale, il peut enfin satisfaire pleinement sa soif de cinéphile, et passe souvent plusieurs heures par jour dans les salles obscures.

Inscrit à la Faculté de droit, il crée avec Yves Martin et Bernard Martinand, le ciné-club "Nickelodéon", dont les présidents d'honneur sont les metteurs en scène américains King Vidor et Delmer Daves. Parallèlement, Tavernier collabore à des hebdomadaires et revues de cinéma telles que "Les Lettres françaises", "Télérama", "Cinéma 60", "Positif" et "Les Cahiers du Cinéma" où l'on remarquera notamment ses articles sur les cinéastes Budd Boetticher, Jean-Pierre Melville et Robert Parrish.

En 1961, Tavernier est engagé par Melville comme assistant sur le tournage de "Léon Morin prêtre", il devient également attaché de presse du producteur Georges de Beauregard et défend jusqu'en 1972, des films de plusieurs cinéastes comme Claude Sautet, Pierre Granier-Deferre, Jacques Rouffio, Sam Peckinpah, Joseph Losey ou Robert Altman entre autres.

C'est en 1963 et 1964 que Tavernier fait ses premiers essais de mise en scène, avec deux sketches : "Le Baiser de Judas" pour le film "Les Baisers" et "Une Chance explosive" pour "La Chance et l'amour". Il lui faudra attendre dix ans de plus pour enfin, réaliser son premier long métrage, en 1974 avec "L'Horloger de Saint-Paul" qu'il a entièrement tourné dans sa ville natale. Tous les films qui vont  suivre ont bien été reçus à la fois par la critique et le public. Bertrand Tavernier se situant d'emblée dans la tradition "américaine", narration classique, avec une histoire solide et des personnages forts, tout en abordant des sujets divers. C'est avec Philippe Noiret qu'il tournera le plus grand nombre de ses films, suivront "Que la fête commence" (1975), "Le Juge et l'assassin" (1976), "Coup de torchon" (1981), "La Vie et rien d'autre" (1989) et "La Fille de d'Artagnan" (1994). 

En 1977, sort sur les écrans de cinéma "Des Enfants gâtés",Tavernier dirigea Michel Piccoli dans ce film plein d'émotions, mais il lui faudra attendre trois ans pour réaliser "La Mort en direct" avec Romy Schneider où l'émotion règne à nouveau, il aime mettre en scène basée sur l'émotion. Au début des années 80, après le succès de "Coup de torchon" (1981). Tavernier s'oriente vers le documentaire, puis il part pour le Sud des Etats-Unis et réalisera avec la collaboration du cinéaste Robert Parrish : "Mississippi Blues" où le jazz comporte une place prépondérante, depuis son adolescence et c'est ainsi que lors d'un dîner avec Martin Scorsese et Irwin Winkler, le cinéaste français donna naissance au projet d'un film dont les héros seraient des jazzmen dans "Autour de minuit" (1986). Avec une veine intimiste, il fit d' "Un Dimanche à la campagne" (1984) une oeuvre majeure avec pour acteurs principaux : Sabine Azéma, Louis Ducreux et Michel Aumont.

"La Vie et rien d'autre"permettra à Philippe Noiret d'obtenir le César du meilleur acteur, quant à Tavernier, l'ampleur de son sujet (Guerre de 14-18) et son message pacifiste, réconcilie le cinéaste avec la critique et les spectateurs. Il sera également raconter une des ces histoires de famille qu'il aime tant raconter comme dans "Daddy Nostalgie" (1990). Avec la réalisation du film "L.627" (1992), enquête nerveuse à l'américaine, sur les méthodes et les moyens de la police parisienne, il complètera sa filmographie avec "L'Appât" (1995), hallucinant portrait de jeunes criminels et miroir d'une société sans âmes, ,ni repères moraux ou idéologiques. L'interprétation de Richard Berry est excellente. La fresque historique  est son terrain d'élection, de ce cinéaste, épris de grands espaces et de mouvements de foule comme "Capitaine Conan"(1996) qui permettra à Tavernier d'être couronné meilleur cinéaste et à Philippe Torreton d'obtenir le César du meilleur acteur de l'année. A noter, la réalisation du film "Laissez-passer" (2002), oeuvre majeure sur le cinéma français de la période de l'Occupation, celle où de nombreux cinéastes ont dû travailler dans la clandestinité comme le cinéaste Jean-Paul Le Chanois, l'arrestation de l'un de nos plus grands comédiens : Harry Baur. 

Cinéphile passionné, il était Président de l'Institut Louis Lumière à Lyon, réhabilite et faît connaître des oeuvres du patrimoine, il défend partout le cinéma français, il ne manque aucune occasion de parler et dénattre du cinéma français, il a su également donner une dimension importante au cinéma français des années 30 à 60 en signant un documentaire à plusieurs volets d'une qualité exceptionnelle, des images et un son inoubliables avec "Voyage à travers le cinéma français" (2016). Bertrand Tavernier est assurément le cinéaste le plus connu, voir le plus populaire, des cinéastes contemporains. Son décès le 25 mars 2021 à l'âge de 79 ans, laisse nombreux cinéphiles orphelins. 

                              Voyage à travers le cinéma français "Remarquable"

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