JOEL McCREA, L'ANTI-STAR DU CINÉMA AMÉRICAIN

1 avril 2020

JOEL McCREA, L'ANTI-STAR DU CINÉMA AMÉRICAIN

JOEL McCREA 1903 - 1990

Acteur Américain

Lors d'une conversation entre Preston Sturges et Joel McCrea, Sturges aurait fait remarquer qu'un grand pianiste ne se contente pas de répéter une même note encore et encore, mais qu'il utilise toutes les notes et toutes les possibilités expressives de l'instrument. A cela, McCrea aurait répondu : "Pour moi Preston, Rubinstein et les autres cherchent la note - et moi je l'ai déjà trouvée."

Joel McCrea a mené une longue carrière au cinéma, sous la férule des plus grands cinéastes hollywoodiens, comme Wyler, DeMille ou Cukor, et fait trois films avec Preston Sturges...Cet acteur américain est né le 5 novembre 1905 à Los Angeles dans une famille d'origine écossaise. Etudes à l'Université de South California et au collège de Pomona. Il s'intéresse très tôt au théâtre et joue dans les troupes locales. A la même époque, il fait quelques brèves apparitions au cinéma comme doublure ou simple figurant.

Ses véritables débuts se situent en 1929 avec "L'âge du Jazz" où il est déjà cinquième au générique. Il signe la même année un contrat avec la MGM et devient tête d'affiche dès 1931, tournant aussi pour la RKO notamment dans la célèbre "Chasse du comte Zaroff". Grand, séduisant et décontracté, il passe allègrement des rôles romantiques aux films d'aventure ou à la comédie chez RKO, où il est sous contrat pendant les années 30. Au début de sa carrière, on retiendra deux films d'action, tournés en 1932 : "Quatre de l'aviation" (The Lost Squadrom) et "La Chasse du comte Zaroff" ( The Most Dangerous Game) de Ernest B. Schoedsack & Irving Pichel qui restera célèbre dans la mémoire de nombreux cinéphiles. A noter également sa prestation dans le film de King Vidor "L'Oiseau de Paradis" (Bird of Paradise,1932) où il donne la réplique à l'actrice d'origine mexicaine Dolorès Del Rio. Après sa composition remarquée de médecin ambitieux de "Mondes privés" (Private Worlds,1935) de Gregory La Cava

Joel McCrea figure au générique de "The Silver Cord" (1933), aux côtés de Frances Dee qu'il épousera l'année suivante. Par suite du nouveau contrat passé avec Sam Goldwyn, preuve que l'acteur jouit d'une certaine considération à Hollywood, on lui propose de meilleurs rôles. Il se montre excellent en séducteur dans "Ils étaient trois" (These Three,1936) comédie de moeurs réalisé par William Wyler, et "Rue sans issue" (Dead End,1937), du même réalisateur. Grâce à DeMille, dans "Pacific-Express" (Union-Pacific,1939), il partage l'affiche avec Barbara Stanwyck, dont il dira : "C'est la meilleure actrice avec qui j'ai été amené à travailler." (Ils feront six films ensemble). Homme modeste, conscient de ses propres limites, il remarque un jour : "J'ai refusé autant de rôles que je ne trouvais pas dans mes cordes que de rôles jugés médiocres." Il est également jeune chercheur d'or dans "Ville sans loi" (Barbary Coast,1935) d'Howard Hawks, aristocrate dans "Splendor" (1935) d'Elliott Nugent, bûcheron dans "Le Vandale" (Come and Get It,1936) de Howard Hawks et William Wyler au côté de Frances Farmer. Elégant et subtil, simple et sans prétention, il inspire une sympathie innée et ne jouera pratiquement jamais un seul rôle de "méchant" durant sa longue carrière. A noter sa prestation réussie dans "La Loi du milieu" (Internes Can't Take Money,1937) de Alfred Santell.

A partir de 1940, Joel McCrea devient "free lance", l'un de ces comédiens qui travaillent indifféremment pour l'une ou l'autre major company d'Hollywood. Il apparaît ainsi dans le fameux "Correspondant 17" (Foreign Correspondent,1940) d'Hitchcock. A la Paramount, Preston Sturges le fait tourner deux de ses films les plus convaincants "Les Voyages de Sullivan" (Sullivan's Travels,1941), où il joue un réalisateur parcourant les Etats-Unis à la recherche de sujets, et "The Great Moment" (1944), tourné en 1942, film de fiction sur la découverte des anesthésiques, ainsi que dans une comédie fort plaisante "Madame et ses flirts" (The Palm Beach Story,1942) auprès de Claudette Colbert. Ce film, le cinquième signé par Preston Sturges, remporta un assez vif succès et conforta la position du cinéaste chez Paramount. Des retrouvailles avec l'actrice, deux ans plus tard dans "Buffalo Bill" (1944), western en Technicolor de William A. Wellman. Puis dans "Le Traître du Far-West" (The Virginian,1946), sorte de tournant dans sa carrière, puisqu'on le verra ensuite dans de nombreux westerns.

A partir de 1946, l'acteur va se consacrer essentiellement au western, vingt-deux des vingt-six films qu'il tournera de 1946 à 1962. On peut citer "La Fille du désert" (Colorado Territory,1949) de Raoul Walsh. Joel McCrea ne fut jamais un "monstre sacré", mais sa popularité régulière lui assura une carrière sans faiblesse et il était réputé pour n'avoir jamais fait perdre d'argent à ses producteurs. "Alors que quelques-uns sont devenus de grandes stars parce qu'ils le voulaient ardemment. McCrea n'a jamais atteint les sommets parce qu'il n'en avait pas vraiment le désir", dit de lui David Shipman (The Great Movie Stars). En 1962, il y aura "Coups de feu dans la Sierra" (Ride the High Country) magistralement réalisé par Sam Peckinpah, avec Randolph Scott pour partenaire, qui nous offre un merveilleux duo de cow boys vieillissants. On peut considérer qu'il s'agit de leur dernier film à leurs carrières respectives lesquels s'illustrent avec talent. A l'origine, Joel McCrea devait tenir le rôle de Gil Westrum et Randolph Scott celui de Steve Judd. Sans s'être concertés au préalable, les deux comédiens demandèrent que leurs rôles fussent échangés. Par la suite, on ne voit plus guère l'acteur sur le grand écran, sauf, en 1976, dans "Mustang Country". Joel McCrea décède le 20 octobre 1990 à Los Angeles, il avait 84 ans.