DÉCÈS DE LA COMEDIENNE ET MUSE DE J-L GODARD
ANNA KARINA 1940 - 2019
AFP, publié le dimanche 15 décembre 2019 à 09h14
L'actrice Anna Karina, principalement connue pour ses rôles dans les films de Jean-Luc Godard, est morte samedi 14 décembre 2019 à Paris des suites d'une complication post-opératoire, à l'âge de 79 ans, a annoncé dimanche son agent à l'AFP. D'origine danoise, l'actrice au visage pâle dévoré par de grands yeux bleu-gris avait tourné sept films avec Godard, alors son compagnon, dans les années 60. Elle a également eu une carrière de chanteuse, notamment aux côtés de Serge Gainsbourg.
L'inspiratrice de Godard incarna, pour la jeunesse des années soixante, le fin du fin. C'est la Muse de la génération Godard. Avant que la nouvelle vague inonde le cinéma français, Anna Karina est née Hanne Karin Blarke Bayer le 22 septembre 1940 à Solbjerg au Danemark
Issue d'un milieu ouvrier, Anna Karina exercera divers petits boulots, débute dans un cabaret comme chanteuse, elle devient cover-girl et tourne un film publicitaire, puis un court métrage de son pays qui obtient un prix à Cannes en 1959 : "La Fille avec ses chaussures". Elle vient à Paris à l'âge de 18 ans et commence une carrière chez Pierre Cardin. Travaille essentiellement dans la publicité; c'est en voyant un de ses films publicitaires que Godard lui propose un rôle dans son film "A bout de souffle". Mais elle refuse et continue sa carrière dans la publicité. Godard revoit une photo d'elle, chez Agnès Varda, le metteur en scène tombe amoureux et lui propose et insiste à nouveau pour lui confier le rôle féminin du "Petit soldat" (1960). Le film est interdit pendant des années mais l'idylle est sur toutes les bouches. Anna Karina va rester six ans avec le cinéaste et interpréter sept de ses films. Notons surtout sa loufoquerie et son talent de comique dans "Une Femme est une femme" (1961) aux côtés de Jean-Paul Belmondo et Jean-Claude Brialy, sa composition dramatique de "Vivre sa vie" (1962). Ce troisième long métrage avec Godard est une réussite, celui-ci expliquera "J'ai essayé de filmer une pensée en marche, l'intérieur de quelqu'un, mais vu de dehors". Mais ce fut la comédie de Michel Deville "Ce soir ou jamais" (1961) qui la révèle au public.
Puis ce fut "Bande à part" (1964), "Alphaville" (1965)...et bien entendu "Pierrot le fou" (1965) avec Jean-Paul Belmondo
Parallèlement elle se fera connaître à l'étranger dans des films de Luchino Visconti : "L'Etranger" adapté du roman d'Albert Camus avec Marcello Mastroianni et Bernard Blier, George Cukor : "Justine" (1969) aux côtés de Dirk Bogarde et Anouk Aimée, André Delvaux : "Rendez-vous à Bray" (1971) et "L'Oeuvre au noir" , Valério Zurlini : "Des Filles pour l'armée" (1965) avec Marie Laforêt et Léa Massari. En 1973, elle réalise son propre film "Vivre ensemble"; son merveilleux portrait de femme dans "Comme chez nous" (1977) de Marta Meszaros qu'elle tournera en Hongrie. C'est beaucoup la sensibilité de Anna Karina y transparaît, mieux que chez Godard où elle était surtout sa muse. On voit la Karina-sensible, la Karina-écrivain, la Karina-qui-a-vécu. Karina s'est longtemps cru porteuse de malchance, résultat de l'interdiction, au début de sa carrière, du "Petit soldat" et de "La Religieuse" (1967) de Jacques Rivette.
Jean-Luc Godard, ex-mari d'Anna Karina avait dit : "Elle était tellement sincère dans sa volonté de jouer quelque chose, que c'est finalement cette sincérité qui a joué". On notera également sa prestation réussie dans "L'Alliance" (1971) de Christian de Chalonge et "La Roulette chinoise" (Cinesisches roulett,1976) de Rainer Werner Fassbinder. Son dernier film a été tourné en 2002 sous la direction de l'acteur Richard Berry "Moi César, 10 ans 1/2, 1,39 m".